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II.5 Besoins en traduction de l’IPMB

II.5.5 Pharmacovigilance

En Suisse, les entreprises pharmaceutiques sont tenues, une fois leur médicament commercialisé, d’annoncer tout nouvel effet indésirable observé à Swissmedic (Swissmedic, Pharmacovigilance, 2019, s.p.). L’annonce peut être faite en anglais.

En France, les entreprises pharmaceutiques doivent également transmettre à l’ANSM les observations individuelles d’effets indésirables (ICSR) après la mise sur le marché du médicament (ANSM, Pharmacovigilance. Rôle des différents acteurs, 2017, s.p.). Les langues acceptées par l’ANSM pour cette procédure sont l’anglais et le français (ANSM, Transmission électronique d'observations individuelles d’effets indésirables, 2018, p. 7). L’ANSM doit ensuite transmettre ces ICRS à la base de données de pharmacovigilance de l’Union européenne EudraVigilance s’ils ont été observés dans un État de l’Union européenne ou un État partie à l’Espace Économique Européenne (ANSM, Signaler un effet indésirable, 2017 ; ANSM, Bonnes pratiques de pharmacovigilance, 2018, p. 15).

Les sociétés pharmaceutiques doivent en plus transmettre des rapports périodiques actualisés de pharmacovigilance (PSUR) à l’Agence européenne des médicaments (EMA) une fois le médicament mis sur le marché en Suisse ou en France. Ces rapports contiennent des informations à jour sur les risques et les effets bénéfiques du médicament et sur le volume des ventes (AFSSAPS, 2008, p.1 ; Swissmedic, Guide complémentaire : envoi des informations PSUR/PBRER HMV4, 2019, p. 2). Malgré l’absence d’informations sur la langue de la procédure dans les documents concernés (EMA, Guidelines on good pharmacovigilance practices, 2018), nous pouvons déterminer que le rapport peut être soumis en anglais et n’a pas nécessairement besoin d’être traduit puisqu’il s’agit d’une procédure européenne dont les résultats n’ont pas vocation à être publiés ou mis à disposition du public (EMA, ESubmission : PSUR Repository, 2019).

33 II.5.6. Publicité et marketing

Les annonces publicitaires pour les médicaments sont elles aussi étroitement réglementées et surveillées.

En Suisse, la publicité destinée au grand public n’est autorisée que si elle porte sur des médicaments non soumis à ordonnance (Confédération suisse, 2000, art. 31). Il est en revanche possible d’adresser des annonces publicitaires aux professionnels de la santé pour tout type de médicaments (ibid). Avant d’être diffusée, la publicité qui porte sur certains types de médicaments (analgésiques, somnifères, sédatifs, laxatifs et anorexigènes auxquels est associé un risque de dépendance ou d’utilisation abusive) est soumise à un contrôle préalable par Swissmedic (SWISSMEDIC, 2016, p. 648). Le titulaire de l’AMM doit soumettre un scénario détaillé du projet de publicité dans toutes les langues de diffusion envisagées (Swissmedic, 2006, p. 17).

En France, la publicité destinée au grand public n’est autorisée que si elle porte sur des médicaments qui peuvent être délivrés sans prescription médicale et qui ne sont pas remboursables par l’assurance maladie obligatoire (ANSM, Modalités de contrôle de la publicité, 2017). Elle fait l’objet d’un contrôle préalable par l’ANSM à l’issue duquel un visa GP (autorisation de publicité auprès du grand public) est délivré (ibid). Le titulaire de l’AMM doit alors fournir un scénario du projet publicitaire ainsi que le ou les documents visuels faisant partie du projet (ANSM, Constituer un dossier de demande de visa de publicité, 2017). Cette procédure doit être effectuée en français.

Les annonces publicitaires destinées aux professionnels de la santé doivent également être soumises à un contrôle préalable, à l’issue duquel un visa PM (autorisation de publicité auprès des professionnels de la santé) est délivré au titulaire de l'AMM (ANSM, Modalités de contrôle de la publicité, 2017). Le dossier de demande est constitué non seulement du projet publicitaire, mais aussi des références bibliographiques des études qui démontrent les propriétés du médicament ou les allégations faites dans la publicité concernant le médicament (ANSM, Constituer un dossier de demande de visa de publicité, 2017). Les formulaires à remplir ainsi que le projet publicitaire doivent être soumis en français.

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En résumé, les documents marketing et publicitaires produits par l’IPMB qui doivent être traduits en français sont les suivants :

- le scénario du ou des projets publicitaires, qu’ils soient destinés au grand public ou au professionnels de la santé, ainsi que tous les documents visuels faisant partie du projet ; - les références bibliographiques des études scientifiques concernant les propriétés du

médicament mentionnées dans le projet publicitaire.

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III Typologies des textes et traduction

III.1 Typologie des textes et critères de classement : aperçu théorique général

III.1.1 Définitions

L’idée d’établir une typologie des textes vient de la linguistique et de l’analyse du discours et vise à définir des catégories de textes sur la base de critères objectifs. La définition reste vague et différentes théories ont été émises sur la question : il existe une grande diversité de typologies, fondées sur des critères différents, internes ou externes au texte, et qui répondent à des besoins spécifiques (Schäffner, 2002, p. 3). La prémisse sur laquelle se fondent toutes ces façons de catégoriser les textes est que le regroupement de différents textes dans des catégories selon certains critères permettrait d’en faciliter l’étude et la compréhension du point de vue linguistique, structurel, formel et culturel.

Avant de procéder plus avant, nous nous proposons de définir plusieurs termes que nous utiliserons dans ce mémoire. Le terme « texte » désignera, dans ce travail, une entité de communication écrite concrète et autonome, synonyme de « document », par opposition au

« discours », qui correspond à l’ensemble des textes produits dans un même domaine, traitant d’un même sujet ou écrits par le même auteur (ibid). Les termes « type » et « genre » sont également très fréquents dans la littérature concernant la typologie des textes et sont utilisés avec des sens différents selon les auteurs (ibid). Nous parlerons de « type » pour désigner les catégories générales et primaires sur lesquelles reposent une typologie des textes, soit le plus haut niveau de distinction. Par exemple, pour Katharina Reiss, tous les textes peuvent être classés dans une des trois catégories suivantes, qui forment des types de textes : textes informatifs, textes expressifs et textes incitatifs. Nous réserverons l’utilisation du terme

« genre » aux différentes manifestations des types de textes. Un genre est constitué de l’ensemble des textes qui présentent une même fonction, des aspects linguistiques et une structure similaires et qui sont utilisés dans un même contexte (par exemple, une notice d’emballage, un article de recherche publié dans une revue scientifique ou un contrat sont des genres de textes) (ibid, p. 4). Les genres sont donc des sous-catégories des types de textes et sont, à ce titre, très importants pour une étude théorique et pratique des textes puisque leurs caractéristiques peuvent souvent être établies et définies très précisément (Lee, 2001, p. 1).

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III.1.2 Utilité d’une typologie des textes pour la traduction

Aujourd’hui, l’analyse des types et des genres de textes est un outil très répandu dans la formation des traducteurs (Schäffner, 2002, p. 2). Dans le domaine de la traduction, la typologie des textes est considérée comme un outil offrant au traducteur un cadre d’analyse lui permettant de prendre des décisions relatives à la stratégie à adopter pour traduire un texte donné (Hatim et Mason, 1990, p. 138). Le but de l’analyse des textes reposant sur une typologie est d’identifier les aspects linguistiques, conceptuels, structurels ou contextuels du texte source qui pourraient poser problèmes lors de la traduction (Schäffner, 2002, p. 5). Les traducteurs sont ainsi amenés à une compréhension plus profonde du texte source, leur permettant de faire des choix de traduction pertinents. Christina Schäffner souligne d’ailleurs que, pour traduire un texte donné, il faut être capable d’en comprendre non seulement les éléments conceptuels et linguistiques, mais également la finalité dans un contexte socio-culturel particulier, auprès d’un type de lecteurs cibles spécifique (ibid). L’utilisation d’une typologie des textes en traduction est aussi utile pour la rédaction du texte cible, puisqu’elle permet de lier une fonction cible, un contexte de réception, et des lecteurs cibles à une forme textuelle propre à la culture cible.

Ainsi, à chaque type et genre de textes correspondent des caractéristiques spécifiques qui méritent d’être respectés et doivent faire l’objet d’une attention particulière de la part d’un traducteur.

III.1.3. Une typologie des textes fondée sur le domaine

Bien qu’elle soit née dans le domaine de la linguistique, la typologie des textes et l’étude des genres a ensuite gagné d’autres domaines d’étude, notamment celui des langues de spécialité (Language for Special Purposes, LSP), qui correspondent à des usages spécifiques de la langue dans des domaines précis, tels que le discours scientifique, le discours médical ou le discours journalistique (Trosborg, 1997, VII). En effet, les langues de spécialité sont régies par des conventions et des codes précis bien plus stricts que la langue générale ou que la littérature, lesquels peuvent être mis en évidence grâce à une analyse des types et des genres de textes (ibid). Une typologie des textes a donc été élaborée sur la base du domaine ou de la branche d’activité : textes journalistiques, textes scientifiques, textes juridiques, etc. (Hatim et Mason, 1990, p. 138). Nous pouvons établir ici un premier lien avec la traduction, puisque les

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spécialités communément reconnues en traduction (traduction scientifique, traduction médicale, traduction journalistique, entre autres) correspondent assez précisément aux différentes langues de spécialité utilisées dans les contextes professionnels correspondants. Les études de traduction et la formation des traducteurs suivent souvent un modèle fondé sur un domaine de spécialité, dans le but de permettre au traducteur de se spécialiser.

Cependant, une telle classification pose deux problèmes. Premièrement, les domaines de spécialité restent très vastes. En effet, les textes scientifiques peuvent porter sur des sujets aussi variés que la physique quantique, la protéomique et la chimie supramoléculaire. Il est peu probable qu’un traducteur scientifique soit un expert de tous ces domaines ou ait des connaissances suffisantes dans chacun de ceux-ci pour traduire des textes portant sur des sujets aussi divers. Deuxièmement, une telle classification met l’accent sur les connaissances conceptuelles du sujet traité dans un texte au détriment de la façon dont est communiquée l’information. Or, un texte est un acte de communication, il a donc une fonction, s’adresse à un type de lecteurs et répond à un besoin. Deux textes scientifiques peuvent porter sur le même sujet, mais avoir des fonctions distinctes, s’adresser à des types de lecteurs très différents, et donc présenter des aspects structurels et linguistiques distincts, comme une étude scientifique et un ouvrage de vulgarisation scientifique portant tous deux sur la cosmologie. À l’inverse, deux textes portant sur des sujets distincts peuvent avoir la même fonction et revêtir la même forme et structure textuelle, c’est-à-dire appartenir au même genre.

III.1.4 Typologie des textes et fonction

De nombreuses typologies des textes se sont fondées sur la notion de fonction, ou de finalité communicative (Schäffner, 2002, p. 3). Il peut être intéressant de s’appuyer sur une typologie des fonctions des textes pour en établir une typologie pour la traduction et mettre ainsi l’accent sur l’intention communicative et non pas uniquement sur les aspects linguistiques textuels. Cela permet de reconnaître que la traduction est un acte à la fois cognitif et socio-culturel (ibid, p.

1).

L’une des premières approches fonctionnalistes préconisait d’assimiler les différentes fonctions des textes aux différentes fonctions du langage, comme la fonction poétique, la fonction didactique, la fonction littéraire, etc. (Hatim et Mason, 1990, p. 138). Une des catégorisations

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des fonctions du langage les plus connues est celle établie par Jakobson (1960), qui comprend six fonctions :

- référentielle (information sur le monde extérieur) ;

- expressive (expression des sentiments ou émotions de l’auteur) ; - conative (message visant à faire agir le destinataire) ;

- phatique (initiation et maintien de la communication) ;

- métalinguistique (message concernant le message lui-même) ; - poétique (accent mis sur la forme du message).

C’est avec Katharina Reiss (1971) que la typologie des textes fondée sur la fonction des textes a réellement pénétré le domaine de la traduction et qu’est né le fonctionnalisme. Sa démarche est née en réaction aux théories de l’équivalence, centrées sur le texte source, qui dominaient jusqu’alors (Byrne, 2006, p. 31). Selon ces auteurs, l’acte de traduire ne devait plus viser uniquement l’équivalence terminologique, stylistique ou pragmatique d’un texte, mais devait également intégrer la fonction spécifique des textes sources et cibles (ibid). Traduire le sens d’un texte signifie dès lors traduire la fonction de ce texte dans un contexte spécifique, ce qui suppose d’adapter sa forme linguistique en fonction du but visé (Schäffner, 2008, p. 115).

La typologie des textes de Katharina Reiss reste très populaire dans le domaine de la traduction (Tsiplakou et Floros, 2013, p. 123). Elle se fonde sur la typologie des fonctions du langage élaborée par Karl Bühler (1934), une des premières et des plus connues, qui distingue la fonction expressive (Ausdruck), la fonction représentative (Darstellung) et la fonction appellative (Appel). La typologie des textes de Katharina Reiss, qui se veut universelle (tous les textes produits doivent pouvoir être intégrés dans une des catégories définies) établit elle aussi trois catégories : les textes informatifs, dont la fonction est représentative et qui visent à transmettre des informations ; les textes expressifs, dont la fonction est expressive et dont le but est de véhiculer des émotions ou des impressions ; et les textes incitatifs, dont la fonction est appellative et qui visent à provoquer un certain comportement chez le lecteur (Reiss, 1993). À chaque type de texte correspondent plusieurs genres de textes en fonction du domaine (Textsorten), par exemple les textes publicitaires, les textes de propagande et les textes religieux missionnaires, qui sont tous des exemples de textes incitatifs (ibid, p. 36). Selon Katharina Reiss, déterminer à quel type appartient un texte donné et connaître les codes linguistiques propres à chaque fonction permettrait de choisir la stratégie de traduction la plus adaptée à un texte (Tsiplakou et Floros, 2013, p. 123).

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Cependant, la dépendance du texte cible envers le texte source et leur proximité restaient au centre de l’acte de traduction. Or, pour une grande partie des traductions produites pour être utilisées dans un cadre professionnel (comme c’est bien souvent le cas en traduction technique, scientifique ou juridique), le lecteur du texte cible ne reçoit pas le texte comme une traduction, mais le considère comme un texte indépendant (Byrne, 2006, p.31). C’est avec la théorie du Skopos de Hans Vermeer (1978) que la place centrale de la fonction du texte cible a été réellement établie (Byrne, 2006, p. 38). Le Skopos (but, finalité ou fonction d’un texte) est déterminé à la fois par le mandataire et sa conception des lecteurs cibles et par les aspects culturels et contextuels des milieux dans lesquels le texte cible va être publié, lu et utilisé (ibid).

La fonction du texte cible devient alors l’élément fondamental qui permet de déterminer une stratégie de traduction efficace. La comparaison de la fonction du texte cible dans un contexte donné, tel que défini par le mandataire, avec la fonction du texte source dans son contexte de publication permet de déterminer les éléments du texte source qui doivent être modifiés ou adaptés (Trosborg, 2002, p. 43). Selon Jody Byrne (2006, p. 45), la théorie du Skopos est la seule approche qui permette au traducteur de répondre aux attentes et aux exigences du monde professionnel (ibid).

S’inspirant de la théorie du Skopos, Christiane Nord a proposé une distinction fondamentale entre deux stratégies de traductions : la traduction documentaire et la traduction instrumentale, qui est déterminée par la fonction de la traduction (Nord, 1991). Lorsque la traduction a pour but de fournir une trace, pour une autre culture, d’un acte de communication qui a eu lieu entre un destinateur et un destinataire appartenant tous deux à la culture source, il s’agit d’une traduction documentaire (ibid, p. 72). La traduction est alors reconnue et lue comme une traduction. Si la traduction, en revanche, est à l’origine d’un nouvel acte de communication et doit remplir une fonction précise dans la culture cible, alors il s’agit d’une traduction instrumentale (ibid). Dans ce cas, la traduction doit être perçue comme indépendante et ne doit pas être reconnue comme une traduction par ses lecteurs.

III.1.5 Fonction et lecteurs cibles

Christiane Nord part du principe que la fonction d’un texte n’est pas contenue dans le texte lui-même, mais qu’elle est en partie déterminée par l’intention de son auteur ou de son mandataire et, surtout, par l’usage qu’en fait le lecteur et par ses attentes concernant le texte (Nord, 1997,

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p. 49). Puisque la fonction d’un texte dépend notamment de l’interprétation qu’en fait le lecteur dans un certain contexte, la fonction du texte source et la fonction du texte cible peuvent différer lors d’une traduction, et le texte cible doit alors être adapté (ibid).

L’apport de Christiane Nord revêt un intérêt particulier pour la traduction spécialisée, qui relève dans la majeure partie des cas de la traduction instrumentale : ce type de traduction répond à un besoin particulier des lecteurs dans un contexte spécifique et doit servir un but pratique. Selon Jody Byrne, le type de lecteurs cible est le deuxième élément fondamental, après la fonction, qu’il est nécessaire de déterminer pour traduire un texte de façon adéquate et précise (Byrne, 2012, p.30). Il est nécessaire de se poser des questions concernant le niveau de connaissances des lecteurs cibles sur le sujet abordé, ses besoins, l’usage qu’il va faire du texte et pourquoi il le lit. Ainsi, une typologie des textes utile pour la traduction spécialisée doit permettre de catégoriser les documents et textes à traduire par rapport à leur fonction et à leurs lecteurs cibles afin d’en identifier les caractéristiques essentielles et d’aider le traducteur à choisir les meilleures stratégies de traduction à utiliser pour une communication efficace (ibid, p. 70).

III.1.6 Notion d’hybridité

L’établissement d’une typologie des textes fondée sur la fonction n’échappe pas au problème de l’hybridité : un même texte peut avoir plusieurs fonctions et se trouver donc à cheval entre plusieurs catégories (Hatim et Mason, 1990, p. 138). Pour répondre à ces problèmes, Hatim et Mason ont cherché à établir une typologie des textes qui satisfasse les besoins des traducteurs, fondée sur les intentions de la communication et le contexte de la traduction, ce qu’ils appellent la « fonction rhétorique » (rhetorical purpose) (ibid, p.139). Par exemple, selon Tsiplakou et Floros (2013, p. 125), les fonctions du langage (conative, expressive, référentielle, etc.) peuvent toutes être utilisées et se mélanger au sein d’un même texte, mais ne représentent pas nécessairement la fonction prédominante de celui-ci, car diverses fonctions du langage peuvent être sollicitées pour atteindre un but précis. Ainsi, Hatim et Mason proposent une catégorisation des types de textes en fonction de leur « force textuelle », qui repose sur le contexte de production du texte, incluant des éléments socio-culturels comme linguistiques (ibid, p. 126).

Ils définissent ainsi trois grands types de textes fondés sur leur fonction rhétorique : le type argumentatif (argumentative), le type expositif (expository) et le type opérationnel (instructional) (Hatim et Mason, 1990, pp. 153-158). Selon eux, chaque texte sert une seule et

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unique fonction rhétorique, ou en tout cas doit avoir une fonction rhétorique prédominante (ibid, p. 145-146).

Quelle que soit la typologie utilisée, il est évident qu’un texte peut avoir plusieurs fonctions. Il reste toutefois possible de distinguer une fonction primaire, qui correspond à l’intention communicative du client ou de l’auteur du texte, et une ou plusieurs fonctions secondaires, qui servent le plus souvent la fonction primaire. Certains documents sont donc hybrides, c’est-à-dire qu’ils présentent des caractéristiques appartenant à différents types de texte ou propres à différents types de communication (Byrne, 2012, p. 70 ; Olohan, 2016, p. 18). Néanmoins, la fonction primaire, ou « fonction rhétorique » selon Hatim et Mason, permettrait de distinguer les différents types de textes et de déterminer la stratégie de traduction la plus adaptée.

III.1.7 Typologie et genres de textes

Un genre constitue une classe de textes caractéristiques d’un groupe professionnel ou d’un domaine d’activité, dont la structure est normalisée et qui utilisent des procédés linguistiques spécifiques communs (Alcaraz et Hughes, 2014, p. 101 ; Schnell et Rodriguez, 2007, p. 154).

L’élaboration d’une typologie des textes sert justement à distinguer différents genres de textes et à en regrouper certains sur la base de critères, ou caractéristiques, communs (Göpferich, 1995, p. 306).

Selon Gommlich (1993, p. 176), un bon système de catégorisation repose sur l’établissement de critères non ambigus qui permettent de regrouper tous les textes qui partagent un même critère et de les séparer des autres. De plus, chaque genre de texte doit pouvoir être classé et doit n’appartenir qu’à une seule des catégories établies (Isenberg, 1983, p. 324).

Diverses caractéristiques permettent de regrouper les textes dans un même genre, dont :

Diverses caractéristiques permettent de regrouper les textes dans un même genre, dont :