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L’objectivité est un point récurrent dans la recherche d’indicateurs en général. Le choix des données, le traitement des variables dans l’équation qui définit l’indicateur sont supposés objectifs, surtout lorsqu’on traite de recherches en sciences pures. Toutefois, dans les sciences multidisciplinaires comme la santé publique, l’urbanisme, la sociologie ou l’écologie, la quête d’indicateurs de durabilité vise à tisser des arguments suivant une théorie scientifique, encadrée elle aussi dans un corpus idéologique ou paradigmatique qui essaye de répondre à l’incertitude de la science (Canguilhem 1981; Kuhn 1983; Pichot 1993), ainsi qu’aux nombreuses questions qui se posent au chercheur face un système complexe.

L’objectivité reste, donc, une cible toujours actuelle dans la recherche d’indicateurs de durabilité. Pour la gestion urbaine, l’objectivité des indicateurs constitue une nécessité à la fois pragmatique et politique, permettant aux décideurs une prise de décision plus éclairée et plus rapide car facilement comprise par l’opposition, en diminuant des débats

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Les hausses et les baisses marquées d’incidence de maladies, l’émergence de maladies nouvelles et le manque possible de notification de certaines maladies comme le suicide, le SIDA ou la maladie de Hansen, servent à situer la ville dans l’enjeu mondial de santé. Ces informations sont disponibles dans les sources officielles, comme l’OMS, (OMS-WHO. (2006). "Organisation Mondiale de la Santé." Retrieved 31 mai, 2006, from http://www.who.int/fr/.) les divers organismes gouvernementaux du Brésil, tels le ministère de la Santé, (Fiocruz. (2006). "Fundação Oswaldo Cruz." Retrieved 31 mai, 2006, from http://www.fiocruz.br/ , FUNASA. (2006). "Fundação Nacional da Saúde." from www.funasa.gov.br, Saúde, M. d. (2006). "Ministério da Saúde." Retrieved Fevrier, 2006, from www.saude.gov.br.) la SESA, (SESA. (2006). "Secretaria de Estado da Saúde do Parana." Retrieved fevrier 2006, from http://www.saude.pr.gov.br/.) et les Secrétariats de la santé des municipalités de l’agglomération.

ite des objectifs.

inutiles en plus de favoriser le niveau de participation de la population dans la construction de la ville.

Pour ce qui est de cette recherche, étant donné que l’approche épidémiologique écosystémique sur la quête d’indicateurs de durabilité du développement urbain semble être inédite, les perspectives actuelles sont fournies par le rassemblement de pistes soulevées par les chercheurs en évaluation environnementale, en santé environnementale et en écologie urbaine traitant des indicateurs de durabilité.

Quoique conçue pour évaluer les impacts positifs et négatifs avant l’exécution de grandes œuvres d’infrastructure, la méthodologie EIE et SEA peuvent être utiles pour évaluer l’impact présent et futur de la ville sur le milieu, afin de mieux orienter les prises de décision concernant le développement urbain. Parmi les chercheurs en évaluation environnementale, Morris et Therivel (2009) suggèrent à la fois un guide pour l’étude d’impact traditionnel et des méthodes pour une analyse intégrée, comme l’évaluation et la gestion des risques,12 la détection par satellite,13 le système d’information géographique,14 le capital qualité de vie 15 ainsi que le développement durable et l’évaluation de durabilité.16 Ces auteurs suggèrent que l’utilisation de ces nouvelles techniques complémente la méthode traditionnelle en permettant une analyse plus ciblée et rapide des résultats, en prenant en compte la multiplicité de variables incidentes, pour évaluer le niveau de réuss

En fait, si la durabilité n’a jamais été explicitée comme un des objectifs des études d’impact, peut-être que son inclusion formelle leur apportera plus de pertinence et d’efficience, en traitant en même temps de l’aspect social, économique et environnemental pour trouver des solutions intégrées qui puissent mieux répondre à l’impératif de la durabilité (Morrison-Saunders and Therivel 2006).

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Environmental Risk Assessment and Risk Management

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Environmental Remote Sensing ou RS

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Geographical Information Systems, ou GIS

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L’intérêt pour des méthodes intégrées d’évaluation environnementale est consonant avec la proposition de Brandon et Lombardi (2005) en prônant un cadre d’analyse holistique et universel cohérant avec la complexité de l’environnement, tout en reconnaissant l’impossibilité de la maîtriser. Sans affirmer une méthode ou une autre, ces auteurs stimulent la recherche par de nouvelles méthodes et par de modélisations selon les besoins de chaque réalité, mais, dans un cadre d’analyse holistique universel permettant d’intégrer plusieurs systèmes de valeur. Selon eux, la poursuite de la recherche dans des différentes réalités sous un cadre d’analyse holistique permettra le perfectionnement par comparaison, en vue de l’établissement de politiques locales et universelles de durabilité, et d’un consensus pour l’action locale ou en concertation régionale ou planétaire.

En fait, le nombre de méthodes d’évaluation environnementale est aussi large que le nombre d’études qui traitent ce sujet (Parent 1998; André, Delisle et al. 2003; Brandon and Lombardi 2005; Glasson, Therivel et al. 2005; Morris and Therivel 2009). Même si elles ont des similaritudes permettant de les classer en groupes, ces études utilisent, en général, plusieurs approches pour composer une méthode originelle. Par conséquent, les possibilités de construction d’indicateurs de durabilité en utilisant les données compilées par les études d’impact deviennent encore plus vastes. L’expérimentation pratique continuelle des indicateurs pourra démontrer leur utilité pour le contrôle et le suivi des actions visant la durabilité, dans la mesure où les indicateurs peuvent être améliorés et adaptés selon l’avancement des connaissances dans ce domaine.

Les études de santé environnementale en général explorent surtout les variables spatiales influençant les incidences de santé (Duhl 1963). Parmi eux, l’indicateur d’espérance de vie humaine pondéré par le GDB17 permet d’estimer la qualité qu’on peut espérer de cette longévité, comme l’indicateur d’espérance de vie en bonne santé, toutefois, dans une perspective anthropocentrique. La justice environnementale est peut-être l’approche le plus traditionnelle concernant l’étude de la relation entre la santé et le milieu

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Sustainable developpement and sustainability appraisal

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(Duhl and Tamer 1986; Wilkinson 1996; Fitzpatrick and La Gory 2000; Kawachi, Daniels et al. 2000; Kawachi and Kennedy 2002; Curtis 2004; Kawachi, Daniels et al. 2004). Cet approche insiste sur la pertinence de traiter l’inégalité socioéconomique et spatiale urbaine comme le dernier obstacle pour faire avancer l’espérance de vie dans les villes.

En reliant la maladie aux conditions du milieu urbain, le programme Healthy Cities (WHO Healthy Cities Project 1988) a élargi le concept de santé en incluant l’espace urbain comme variable environnementale. Quoique anthropocentrique, cet élargissement conceptuel s’ouvre vers la possibilité de considérer la santé humaine comme une partie de la santé écosystémique, partagée avec les autres espèces, ce qui permet une décentralisation du concept anthropocentrique vers une perspective biologique et écosystémique de la ville.

En relativisant la primauté du bien-être humain pour considérer l’ensemble planétaire comme une unité évolutive vouée à la complexification de la vie et à la relation d’interdépendance des organismes, la perspective biologique de la santé touche au point névralgique de l’éthique environnementale : la contradiction entre le droit humain et le droit des autres espèces. Concernant la planification des villes, l’approche écosystémique de la santé humaine pointe vers l’hypothèse d’un seuil de densité démographique maximal par rapport à la capacité de charge de l’écosystème local.

Les recherches en écologie urbaine entamées depuis la naissance de l’école de Chicago se sont reparties entre des études ciblant les réseaux d’infrastructures urbaines et des études concernant la dynamique socio spatiale (Roseland 1997; Burgess, Halbwachs et al. 2004; Newman and Jennings 2008). Ces études semblent pointer vers deux perspectives de recherche : l’une, de caractère plutôt sociologique, cible les relations entre les groupes sociaux et tient le niveau de solidarité sociale comme une des conditions de base pour la gouvernance et la durabilité du développement; l’autre, ciblant plutôt la relation de la population avec l’espace urbain ouvre une perspective de recherche d’ordre plutôt sanitaire, supposant un seuil minimal d’aire construite privée par personne, nécessaire à la santé physique, mentale et sociale des individus.

L’interpénétration de ces deux perspectives de recherche, en santé environnementale et en écologie urbaine, correspond au besoin de multidisciplinarité des indicateurs de

durabilité du développement urbain sous une approche épidémiologique. La multidisciplinarité implique une perspective de recherche ouverte à la combinaison de variables issues de plusieurs domaines et à la multiplicité de méthodes de traitement de données et d’analyse des résultats, afin d’identifier les voies qui servent le mieux à tester les hypothèses.

Dans le cas de sujets complexes comme l’épidémiologie, la climatologie et l’écologie, l’incertitude est potentialisée par le nombre de variables et par les différentes méthodes utilisées, surtout lors de la prédiction. Lorsque la recherche traite d’un sujet qui réunit plusieurs champs complexes, il est souvent nécessaire de simplifier les concepts pour réduire le nombre de variables et d’indicateurs en vue de faciliter la modélisation et l’intelligibilité, ce qui oblige à une prudence accrue dans l’analyse des résultats. Dans le sens inverse, lorsque la modélisation utilise des concepts dans le sens large, elle nécessite l’utilisation d’un nombre infinie de variables, en créant des indicateurs très nuancés mais parfois redondants composant un modèle difficile à déchiffrer. Même si les résultats peuvent être plus précis et objectifs pour le chercheur, leur hermétisme méthodologique peut poser obstacle à leur utilisation par les décideurs, en les poussant à la subjectivité idéologique.

Le jugement du chercheur, pour bien doser la précision et l’intelligibilité des concepts, modèles et indicateurs, semble être nécessaire à l’efficacité lors de la décision pour les actions durables. Ce jugement n’exclut pas la nécessité de rigueur scientifique lors de la construction du modèle, et de transparence lors de l’exposition de la méthodologie en décrivant les limites et l’utilité des résultats obtenus pour aider à la solution des problèmes posés.

Tenant les études d’impact comme une source de pistes pour la recherche d’indicateurs de développement urbain durable, certaines tendances d’approche concernant l’environnement identifiées par Therivel (1992) semblent être applicables aussi à l’évaluation de la durabilité urbaine.

La première de ces tendances est l’internationalisation de la perspective environnementale, poussant à l’examen de la contribution locale sur des problèmes

globaux. La réduction de la biodiversité, la destruction de la couche d’ozone et le changement climatique sont les problèmes globaux les plus évidents. Toutefois, la généralisation de modèles urbains qui stimulent des modes de vie pollueurs et ravageurs de ressources semble être à l’origine des problèmes environnementaux globaux. Le développement d’indicateurs permettant de mesurer la contribution locale pourra servir comme argument dans la discussion des politiques internationales de conservation, incluant des partenariats pour la recherche de technologies durables et le transfert économique des pays pollueurs vers les pays non pollueurs. Ce mécanisme pourrait déjà être mis en place à l’intérieur des pays en utilisant les indicateurs de durabilité régionale pour établir une politique incitative de gestion urbaine durable.

Une autre tendance, reliée l’internationalisation de l’enjeu environnemental, est représentée par l’équité intra et inter générationnelle, qui constitue un des axes du concept de développement durable. La réduction des inégalités locales et mondiales tout en réduisant l’impact du niveau de vie humaine sur la capacité de charge des écosystèmes semble mettre en avant la coopération comme élément clef de la durabilité. L’accessibilité à l’éducation et à l’information, la participation de la population dans la gestion de la ville constituent des indicateurs importants pour l’efficacité des politiques de durabilité locale et régionale. Aussi, le développement et le transfert de connaissances et de technologies propres vers les pays pauvres constituent des mécanismes de compensation pour leur crédit environnemental qui peuvent s’appliquer aussi à l’échelle locale, afin de diminuer les inégalités internes. La reconnaissance et le payement de ce crédit sont de plus en plus perçus comme une condition de base pour l’établissement de politiques de coopération capables de surmonter les rancunes historiques et ethniques, pertinente autant à l’échelle interétatique qu’à l’échelle urbaine.

La troisième tendance concerne l’intégration et la cohérence institutionnelle concernant les politiques, les normes et leur application afin d’éviter la redondance légale, la contradiction entre les organismes ou l’absence de réglementation sur les activités nocives à l’environnement. L’intégration institutionnelle implique aussi la construction d’une base de données commune, ou bien l’inter communicabilité de données entre les

bases de chaque institution en utilisant la technologie GIS, ce qui faciliterait grandement les analyses sectorielles, selon l’objectif de chaque institution, et des analyses complexes requises pour l’estimation et prévention de risques, en réduisant l’incertitude.

Une quatrième tendance consiste à ajouter le coût environnemental au coût des biens de consommation. Le coût hédonique, le coût de voyage, le coût d’emballage, la mesure des émissions de carbone et le calcul de l’empreinte écologique sont des exemples de méthodes permettant d’estimer le coût environnemental des produits, parfois en utilisant d’autres unités de mesure et de comparaison que la monnaie.

Notre projet de recherche se situe dans le processus de reconstruction de la ville, suivant certaines valeurs assumées comme prioritaires pour le développement humain, tel que résumé dans la Figure 1.1.

Figure 1.1 - L’évaluation du développement urbain

Tenant la vie biologique comme une nouvelle valeur émergente, cette recherche reprend l’idée de qualité de vie en ciblant l’aspect sanitaire de la ville de Maringá, pour proposer un concept de santé écosystémique qui agrège la santé humaine et la santé biologique en vue d’une définition objective de la durabilité urbaine. Cette objectivité est exprimée par des indices et indicateurs statistiques qui révèlent l’état de santé des personnes et de l’écosystème dans le milieu urbain.

Les bases théoriques qui soutiennent cette recherche sont issues de la théorie Gaia prônant l’interdépendance et la coopération des organismes en vue de la durabilité, qui s’accorde avec la définition de santé proposée par René Dubos. Cependant plusieurs auteurs offrent un cadre théorique consonant avec l’interdépendance et la coopération

symbiotique comme axe de la durabilité, comme Ian McHarg en cherchant un lien entre la démographie et la santé urbaine, Leonard Duhl en démontrant l’importance du réseau social pour la santé mentale et qualité de vie des citadins, Wilkinson en affirmant l’inégalité comme dernière frontière de la santé humaine, Fitzpatrick et La Gory en prônant la justice environnementale comme condition de la durabilité.

Chapitre 2 - Cadre théorique

La question de départ de cette recherche - comment évaluer la durabilité en examinant la contradiction entre le développement urbain et da dégradation du milieu? - est issue du conflit entre la ville et le milieu biologique. Cette question assume différentes formes, conduisant à différentes réponses, selon les concepts de qualité de vie et d’équilibre de l’écosystème qui la composent.

Trois concepts autour de la question de recherche meritent plus de dicussion afin de comprendre le cadre théorique dans lequel cette investigation a été produite, pour ensuite passer aux bases théoriques concernant les indicateurs et les indices de durabilité urbaine.