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CHAPITRE 4 : RÉSULTATS

III. ANALYSES INDIVIDUELLES ET CHRONOLOGIQUES DES PERFORMANCES AU TRAINING CHEZ LES

1. Training sur simulateur de conduite

1.2 Patient 2

Le patient 2 est un homme de 25 ans, victime d’une chute dans un escalier survenue en mai 2007. Il a subi un traumatisme crânien grave (GCS=3) avec des lésions principalement fronto-temporales. Il a effectué l’évaluation pré-training 30 mois après son traumatisme.

a) Tâche d’alerte phasique

La Figure 28 permet de comparer les temps de réponse moyens du patient 2 obtenus à la tâche d’alerte phasique dans deux conditions expérimentales : avec et sans avertisseur visuel.

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Figure 28. Evolution du temps de réponse moyen selon la condition expérimentale (Patient 2) L’analyse de la variance a révélé un effet statistiquement significatif de la condition expérimentale (F(1,17)=504.08 ; p<.001). Les temps de réponse du patient étaient plus rapides dans la condition avec stimulus avertisseur (423.95 ± 113.98 ms) comparés à la condition sans avertisseur visuel (699.43 ± 140.24 ms) toute session confondue. En revanche, il n’y a pas d’effet de la variable session sur les temps de réponse ni d’interaction entre ces deux facteurs. Ceci laisse supposer qu’il n’y a pas d’amélioration des performances durant l’intégralité du training et que le pattern d’évolution des temps de réponse est similaire lors de la condition avec ou sans avertisseur. Par conséquent, le patient 2 se sert autant du stimulus avertisseur au début de trainingqu’en fin de training.

Dans la condition avec avertisseur visuel, une autre variable a été prise en compte, il s’agit du temps d’alerte, variable d’un essai à un autre. La Figure 29 présente les temps de réponse moyens à la tâche en fonction du temps d’alerte, toutes sessions confondues.

Figure 29. Comparaison des temps de réponse à la tâche d’alerte enfonction du temps d’alerte

(Patient 2)

Une ANOVA à un facteur a été réalisée sur le facteur temps d’alerte avec cinq modalités. Les résultats ont montré un effet principal du temps d’alerte sur les performances à la tâche d’alerte phasique (F(4,44)=10.43 ; p<.001). Les analyses post-hoc montrent que les meilleurs temps de réponse du patient, toutes sessions de training confondues, s’observent lorsque le temps d’alerte est de 500 ms (366.44 ± 83.44 ms).

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Ce patient semble donc utiliser l’avertisseur visuel comme indice puisqu’il répond plus rapidement dans la condition avec avertisseur comparé à la condition sans avertisseur. L’alerte phasique serait alors préservée chez Le patient 2. De plus, le temps d’alerte impacterait ses temps de réponse et serait optimal à 500 milisecondes.

b) Tâche de vigilance

La Figure 30 présente les TR moyens du patient 2 et l’écart-type existant entre les 12 temps de réponse pour chaque session de training.

Figure 30. Effet principal de la session de training sur les temps de réponse et évolution de l’écart -type à la tâche de vigilance (Patient 2)

L’ANOVA à un facteur a révélé un effet de la session sur les temps de réponse du patient (F(8,104)=4.08 ; p<.001). Les temps de réponse du patient ont diminué à partir de la sixième séance, mais les tests post-hoc ont montré une différence significative seulement entre les TR de la dernière séance et les session qui précèdent. En effet, ce patient est plus rapide lors de la dernière session de training (858.08 ± 51.04 ms) comparé à la troisième (1249.70 ± 409.61 ms ; p<.001), la quatrième (1123.67 ± 252.11 ms ; p=.063) et la cinquième session (1145.67 ± 232.16 ms ; p=.027). Il s’agit d’une diminution progressive des temps de réponse, ce qui explique que chaque session n’est pas significativement différente des autres.

De plus, lorsqu’on regarde l’écart-type existant entre les douze temps de réponse session par session, on s’aperçoit qu’il est très faible lors des trois dernières sessions de training. Il semblerait donc que Le patient 2 est réduit la variabilité intra-session de ses TR, en plus d’avoir diminué ses temps de réponse moyen. De ce fait, il obtient des résultats plus homogènes durant cette tâche de dix minutes lors des dernières sessions de training.

c) Tâche d’attention sélective

Le test Q’ 2xk n’a montré aucune différence significative entre les séances à la tâche d’attention sélective (Q’(8)=9.23 ; p=.320). Ainsi, la proportion d’erreurs reste stable d’une séance à une autre. Cependant, ce test compare des proportions, le nombre d’erreurs est donc ramené sur le nombre de stimuli total (N=60). Or, si l’on regarde la Figure 31, on s’aperçoit que le patient 2 a fait sept erreurs en première session, puis ce chiffre chute brutalement à partir de S2. Il semblerait qu’il y ait un « effet plancher ». La difficulté de la tâche résiderait seulement dans l’effet de nouveauté qu’elle représente (en S1), puis le niveau deviendrait trop facile pour ce patient.

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Figure 31. Nombre total d’erreurs pour chaque session de training à la tâche d’attention sélective

(Patient 2) d) Tâche d’attention divisée

Trois mesures principales ont été enregistrées durant la tâche d’attention divisée : le nombre de franchissements de ligne, la déviation standard de la position du véhicule et la vitesse kilométrique.

Concernant le nombre de franchissements de ligne, le test du Q’ modifié 2x2xk a mis en exergue un effet principal du type de tâche (Q’(1)=8.97 ; p<.003) (Figure 32). Le nombre d’erreurs de franchissement de ligne était plus important en double tâche (157 ± 5.61) qu’en simple tâche (99 ± 5.46). L’ajout d’une tâche complémentaire (calcul mental) a donc eu pour effet d’augmenter le nombre d’erreurs à la tâche principale de conduite. Le test a ensuite indiqué un effet principal du côté du franchissement (Q’(1)=22.61 ; p<.0001). Le patient 2 a franchi plus de lignes à gauche (174 ± 6.11) que de lignes à droite (82 ± 3.96) toutes conditions confondues (tâche et session). Enfin, l’effet principal de la session s’est avéré très significatif (Q’(8)=36.88 ; p<.0001). Le nombre d’erreurs a diminué progressivement entre la première et la dernière session (S1=50 ; S3=32 ; S6=19 ; S9=13). Le nombre de franchissements total du patient était de 256.

Figure 32. Effet principal du type de tâche, du côté du franchissement et de la session (Patient 2) Après ces trois effets principaux, l’analyse du Q’ a permis d’identifier plusieurs interactions. Tout d’abord une interaction entre le type de tâche et le côté de la ligne franchie (Q’(1)=8.45 ; p<.004) (Figure 33).

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Figure 33. Interaction entre le type de tâche et la latéralité de la ligne franchie (Patient 2) Les analyses post-hoc ont révélé un nombre de franchissements de lignes plus important à gauche, d’autant plus en condition de double tâche (tâche de calcul mental). La deuxième interaction concerne le côté de la ligne franchie et la variable session (Q’(8)=26.66 ; p<.001). Les analyses post-hoc montrent que le nombre d’erreurs diminue dès la deuxième session et devient statistiquement significatif à la session sept pour les lignes franchies à droite alors que pour le côté gauche c’est seulement la session quatre qui diffère de la dernière session de training. Autrement dit, en plus de faire plus de franchissement de lignes du côté gauche, la diminution de ses erreurs est plus tardive.

Enfin, on observe une double interaction entre la session, le côté de la ligne et le type de tâche (Q’(8)=22.36 ; p<.004). La situation pour laquelle le nombre d’erreurs est moindre concerne les franchissements de ligne à droite en situation de simple tâche lors de la septième session alors que la situation où il y a le plus d’erreurs concerne la première session en double tâche pour le côté gauche. En résumé, même si le test n’a pas révélé d’interaction entre les sessions et la condtion de la tâche, la double interaction permet de conclure que le nombre d’erreurs est moindre en simple tâche.

Nous avons ensuite calculé la déviation standard de la position du véhicule en fonction du type de tâche (simple ou double) (Figure 34).

Figure 34. Évolution de la déviation standard moyenne selon la condition expérimentale (Patient 2) Le type de tâche semble avoir un effet sur la déviation moyenne du véhicule. En effet, la déviation est plus importante en situation de double tâche (60.74 ± 8.98 cm) comparée à la situation de simple tâche (48.45 ± 7.08 cm) et ceci se vérifie dans huit sessions sur neuf

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(excepté S9). De plus, on observe une légère diminution de la déviation du véhicule d’une séance de training à une autre, toute condition confondue (S1=60.55 cm ; S3=60.64 cm ; S6=50.59 cm ; S9=46.17 cm). Que ce soit en double tâche ou en simple tâche, le profil semble similaire, à savoir une diminution progressive en centimètre de la déviation du véhicule. Le coût dû à la double tâche ne s’améliorerait donc pas sur cette mesure.

Enfin, concernant la vitesse kilométrique, L’ANOVA à deux facteurs (sessions et type de tâche) a seulement révélé un effet principal de la session (F(8,17)=3.06 ; p<.005). Le test complémentaire de Bonferroni a montré une certaine stabilité de la vitesse kilométrique de la première à la sixième session, puis une diminution significative à la session sept et neuf (S1=97.64 ± 7.07 km/h ; S7=87.25 ± 2.16 km/h ; S9=89.06 ± 2.83 km/h). Autrement dit, le patient 2 a tendance à rouler plus doucement lors des dernières sessions comparées à la première (Figure 35). La double tâche n’influe donc pas sur la vitesse kilométrique.

Figure 35. Évolution de la vitesse kilométrique moyenne selon la condition expérimentale (Patient 2) Nous avons ensuite isolé l’écart-type de la vitesse kilométrique pour chaque condition expérimentale dans un autre graphique, de manière à pouvoir observer les variations kilométriques au sein d’une session de training (Figure 36).

Figure 36. Évolution de l’écart-type de la vitesse kilométrique selon la condition (Patient 2) On s’aperçoit que le profil est semblable entre les deux conditions expérimentales. En effet, l’écart-type de la vitesse kilométrique diminue d’une session de training à une autre, que ce soit en simple tâche (S1=5.07 ; S3=4.30 ; S6=4.20 ; S9=2.42) ou en double tâche (S19.08= ; S3=3.43 ; S6=2.31 ; S9=3.23). Le patient 2 a donc stabilisé son allure kilométrique

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au fur et à mesure des séances, quelle que soit la condition expérimentale. Le coût dû à la double tâche n’a donc pas d’impact sur la variabilité de la vitesse kilométrique.

e) Synthèse des résultats du patient 2

L’alerte phasique semble préservée chez le patient 2. En effet, dès la première session de training, il se sert de l’avertisseur visuel pour se préparer à l’action et réagir plus rapidement lors de la survenue de l’obstacle. De ce fait, la différence entre la condition avec avertisseur et la condition sans avertisseur reste stable durant tout le programme d’entraînement. On n’observe pas non plus d’amélioration de la vitesse de traitement (condition sans avertisseur) au cours du training, à l’exception d’une diminution des temps de réponse entre la première et la deuxième session, qui pourrait être liée à la nouveauté de la tâche. En revanche, le temps d’alerte (temps entre le stimulus avertisseur et l’obstacle) semble influencer les résultats du patient, qui est plus rapide pour éviter l’obstacle lorsque l’avertisseur est présenté 500 millisecondes avant celui-ci.

Dans la tâche de vigilance, le patient améliore sa vitesse de traitement de l’information (diminution progressive des temps de réponse), mais seulement à partir de la cinquième session. De plus, on observe une diminution de la variabilité intra-session au cours du programme de training (diminution de l’écart-type d’une séance à une autre). Le patient semble donc avoir amélioré ses capacités de vigilance.

Concernant la tâche d’attention sélective, on note une chute brutale du nombre d’erreurs entre la première et la deuxième session montrant un effet d’habituation à la tâche. Le nombre d’erreurs s’est ensuite stabilisé pour devenir très faible, mettant en évidence un « effet plancher ». En effet, l’absence d’amélioration serait due au fait que la tâche n’est pas assez complexe pour le patient. De ce fait, il ne peut pas s’améliorer davantage (une erreur en moyenne par session). Le patient n’aurait pas de difficulté à sélectionner l’information pertinente parmi les distracteurs.

Lors de la double tâche, la tâche additionnelle de calcul mental a un effet direct sur les performances du patient : les erreurs de franchissement de ligne sont plus nombreuses et la déviation du véhicule est bien plus importante comparés à la situation de simple tâche. Au cours du training on observe une amélioration générale du nombre d’erreur de franchissement (surtout pour la ligne de droite), une diminution générale de la déviation dans les deux conditions, et une diminution de la variabilité kilométrique (écart-type) quelle que soit la condition expérimentale. Ceci ne peut donc être attribué à une amélioration de l’attention divisée mais plutôt à une amélioration générale à cette tâche bien spécifique. En revanche, on note une diminution de l’écart-type de la vitesse kilométrique en situation de double tâche dès la deuxième session. Ainsi, la double tâche a un impact sur l’écart-type de la vitesse seulement lorsque la tâche est nouvelle, le patient régule ensuite sa vitesse aussi bien qu’en simple tâche.