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CHAPITRE 3 : MÉTHODOLOGIE

II. MATÉRIEL ET MÉTHODE

1. Évaluation pré-training

1.1 Bilan neuropsychologique

La trame générale du bilan neuropsychologique était identique pour les deux populations. Ce bilan était centré sur la vitesse de traitement de l’information et l’attention. Tous les patients avec traumatisme crânien ont débuté par un questionnaire d’anosognosie (cf. annexe 7) pour mesurer le niveau de prise de conscience des troubles. La plupart des tests choisis sont connus pour être sensibles à des troubles spécifiques observés suite à un traumatisme crânien (Rousseaux, et al., 2002). Les performances cognitives des participants étaient évaluées par différentes batteries de tests dans l’ordre qui suit.

a) Trail Making Test (TMT)

Le TMT (Reitan, 1958) est un test de flexibilité réactive, qui fait également intervenir les capacités visuo-motrices. Il permet de mesurer la vitesse de traitement dans sa première partie (partie A) et la flexibilité mentale dans la deuxième partie (partie B). Dans la partie A,

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le sujet doit relier à l’aide d’un crayon et par ordre croissant des nombres (de 1 à 25) disposés pseudo aléatoirement sur une feuille. Dans la partie B, il doit relier alternativement des chiffres et des lettres tout en tenant compte de l’ordre chronologique et alphabétique (1A-2B, etc). La variable mesurée est le temps de réaction en milliseconde. Les normes utilisées pour l’évaluation de la performance sont celles du Grefex (2001).

b) Stroop (version GREFEX)

Le test de Stroop (Stroop, 1935) évalue les capacités d’inhibition de processus automatiques. Il est constitué de trois planches sur lesquelles se trouvent dix lignes et dix items par ligne, soit cent items au total. Il est composé de trois conditions expérimentales : une condition de dénomination, une condition lecture et une condition interférence. Dans la première condition, le participant doit dénommer la couleur de l’encre de rectangles (vert, rouge ou bleu). Dans la deuxième condition, il doit lire des mots écrits en noir (ce sont des noms de couleurs : rouge, bleu et vert). Enfin, dans la dernière condition le participant ne doit pas lire le mot (inhibition du processus automatique) mais nommer la couleur de l’encre dans laquelle le mot est écrit (par exemple pour l’item : rouge, la réponse est : bleu). Les résultats permettent d’obtenir le nombre d’erreurs (corrigées ou non) du participant ainsi que le temps mis pour les cent items et pour chaque condition.

c) Le Mesulam

Il s’agit d’un test de barrage (Mesulam, 1985) qui mesure l’attention sélective et l’exploration visuelle. Le participant doit chercher et barrer une cible (un cercle étoilé) dispersée sur une feuille A4 au milieu de distracteurs (autres symboles). Dans une première partie les items sont désorganisés sur la feuille, c’est donc au sujet de trouver une stratégie d’exploration visuelle. En revanche, dans la deuxième partie les items sont organisés (de manière linéaire), ce qui facilite l’exploration visuelle et devrait permettre de diminuer les omissions. Il s’agit d’être le plus rapide possible pour trouver toutes les cibles car l’épreuve est chronométrée, sans en oublier pour autant. Les variables de mesures sont donc le temps de réponse et le nombre d’erreurs d’omission.

d) WAIS-III “Arithmétique”

Il s’agit d’un subtest de la Wechsler Adult Intelligence Scale III (Weshler, 1997). C’est une épreuve orale de résolution de problèmes arithmétiques. La mémoire de travail est aussi impliquée dans la réalisation de ce test. Ce sub-test permet de mesurer les connaissances acquises et les capacités de traitement séquentiel.

Le sub-test « arithmétique » a été administré comme mesure de contrôle, dans l’unique but de vérifier les capacités de calcul mental des participants pour être sûr qu’ils ne soient pas en trop grande difficulté lors du training. En effet, lors du training sur simulateur de conduite, le participant effectuait une tâche de calcul mental tout en conduisant.

e) Paced Auditory Serial Addition Test (PASAT)

Le PASAT (Gronwall, 1977) permet d'évaluer la capacité de traitement de l'information, l'attention soutenue et l'attention partagée. Elle permet également d’appréhender les capacités de mémoire de travail d’un individu, puisqu’elle fait appel simultanément aux capacités de maintien, de mise à jour, d’inhibition et de traitement d’informations en mémoire à court terme. Le sujet écoute ainsi une bande audio sur laquelle est présentée une série aléatoire de 61 chiffres variant de 1 à 9 (par exemple, " 1, 9, 4, 5 … "). La tâche du participant est d’additionner des paires de chiffres de façon à ce que chaque chiffre soit additionné avec le chiffre précédent de la série. Après chaque addition, le sujet doit produire verbalement une réponse. Il doit d'abord additionner la première paire de chiffres (par exemple, "1 et 9") et

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fournir la réponse (" 10 "), puis additionner la seconde paire de chiffres de la série (le " 9 " avec le " 4 ") et émettre à nouveau une réponse (" 13 "), et ainsi de suite jusqu'à la fin de la série. La même série de 61 chiffres est présentée à quatre reprises à un rythme de présentation d’un item toutes les quatre secondes. Les variables de mesures sont le nombre de bonnes réponses et le nombre d’erreurs (télescopage, calcul, non-réponse).

f) Test d’Evaluation de l’Attention informatisé (TEA)

Afin de compléter cette évaluation neuropsychologique composée de tests « papier-crayon », il nous a semblé pertinent d’utiliser une batterie informatisée. L’ordinateur tient une place importante dans l’évaluation des troubles de l’attention. En effet, certains processus attentionnels sont de courte durée et ne peuvent être mesurés qu’en millisecondes (comme par exemple, l’alerte phasique).

La TEA est une batterie modulaire et hiérarchisée, traduite, standardisée et adaptée en différentes langues. Elle a été conçue par Zimmermann et Fimm (et adaptée en français par North et al., 1994).

Nous avons sélectionné quatre sub-tests de la batterie parmi les douze proposés (alerte phasique, vigilance, attention sélective et attention divisée). D’une part, ces quatre sub-tests permettent de mesurer les quatre composantes attentionnelles du modèle théorique précédemment décrit (Van Zomeren & Brouwer, 1994). D’autre part, nous voulions une évaluation rapide de l’attention, nous ne pouvions donc effectuer l’intégralité de la batterie (d’une durée de trois heures).

 Alerte phasique : Cette épreuve évalue la vitesse de traitement de l’information et les capacités d’alerte du participant. La tâche consiste à répondre à un stimulus visuel (une croix) précédé ou non d’un signal auditif. Deux temps de réponse sont enregistrés : en condition avec avertisseur sonore (A) et sans avertisseur sonore (B). La passation se déroule d’après un schéma de type ABBA.

En plus des mesures classiques, un score d’index d’alerte phasique est également calculé. Il s’agit de la comparaison des TR moyens avec et sans avertisseur, selon la formule suivante :

 Vigilance : L’objectif est de mesurer la capacité d’un sujet à soutenir son attention durant de longues périodes de temps (période de trente minutes par exemple). Parmi les quatre épreuves de vigilance proposées, nous avons choisi d’étudier la vigilance visuelle (version simple) car 90% des informations traitées par le conducteur sont visuelles (Simms, 1985). On présente au sujet, au centre de l’écran, une barre horizontale qui se déplace de façon régulière du haut vert le bas avec une oscillation de 1.8 centimètres. Par moment, l’amplitude de la déviation de la barre est nettement plus marquée (3.5 cm). Le sujet doit appuyer sur la touche réponse dès qu’il perçoit cette différence d’amplitude. Nous avons choisi une fréquence d’apparition des stimuli faible afin de rendre le test le plus monotone possible. Enfin, nous avons paramétré une durée de 30 minutes (versus une heure) pour éviter la fatigabilité souvent présente chez les patients avec traumatisme crânien. Le temps de réponse représente notre variable d’intérêt.

 Go/No Go : Cette épreuve mesure l’attention sélective. Elle permet d’évaluer la capacité du sujet à inhiber sa réaction lorsque le stimulus n’est pas pertinent et de mesurer la

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vitesse de traitement de l’information cible. Nous avons utilisé la version simple du test comprenant deux stimuli (une croix et un plus) et une seule cible (le plus) apparaissant sur l’écran. La tâche consistait à appuyer sur une touche dès l’apparition du plus et ne pas appuyer lors de l’apparition de la croix. La mesure d’attention sélective est la différence entre le temps de réaction simple (enregistré avec le test d’alerte phasique sans avertisseur sonore) et le temps de réaction en tâche de go/no-go.

 Attention divisée : Ce sub-test utilise des doubles tâches au cours desquelles le sujet doit intégrer simultanément deux types de stimulations. Le sujet est soumis à la fois à une tâche visuelle et auditive. Concernant la tâche visuelle, il s’agit d’une matrice de 10 x 10 cm présentée pendant 2 secondes, 16 points sont présentés avec 7 petites croix surajoutées de façon aléatoire. La tâche du sujet est de détecter un carré formé par quatre croix. Concernant la tâche auditive, le sujet doit détecter les irrégularités dans l’alternance de deux sons : un aigu (2000 Hz) et un grave (1000 Hz). Les deux types de tâches sont d’abord réalisés isolément (test A : carrés ; test B : sons), puis présentés de manière simultanée (test A + B). Il est demandé au sujet de répondre le plus rapidement possible en appuyant sur une touche. Les mesures dépendantes sont représentées par le temps de réponse et le nombre d’erreurs.