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CHAPITRE 3 : MÉTHODOLOGIE

I. LES PARTICIPANTS

1. Critères généraux de sélection des participants

Tous les participants devaient être des assurés sociaux, titulaires d’un permis de conduire de véhicule léger depuis trois ans minimum et ne devaient pas avoir fait l’objet d’une mesure de suspension récente. Ceux qui étaient susceptibles de ressentir le mal du simulateur ou répondant à l’un des critères d’exclusion suivants n’ont pas été retenus : femmes enceintes, personnes majeures protégées par la loi (conformément aux articles L.1121-5 et L.1121-8), insuffisance respiratoire ou cardiaque, chirurgie cardiaque récente, prédisposition au mal des transports, problèmes d’oreille interne, déficiences visuelles ou auditives non corrigées, troubles neurologiques (accident vasculaire cérébral, tumeur…), antécédents psychiatriques majeurs (psychose, névrose…), antécédents d’éthylisme et/ou de toxicomanie, traitement par psychotropes non stabilisés, troubles de la compréhension (score au Token Test supérieur à 29), NSU (Négligence Spatiale Unilatérale), syndrome de Balint, atteinte maculaire. En ce qui concerne les troubles moteurs, les personnes avec atteinte des membres inférieurs (si trouble sévère) ont été exclues. Par ailleurs, comme pour toute étude réalisée sur un simulateur de conduite, les personnes souffrant d’épilepsie n’ont pas été autorisés à participer.

Certains critères d’inclusion étaient spécifiques aux patients traumatisés crâniens : ils devaient être âgés de moins de 65 ans (afin de limiter au mieux les effets liés à l’âge), avoir un traumatisme modéré à sévère (score à l’échelle de Glasgow inférieur à 12), et être sortis d’Amnésie Post-Traumatique (un score au GOAT supérieur à 76). Les patients devaient avoir suffisamment récupérés pour que la question de la reprise de la conduite automobile puisse commencer à se poser pour le patient ou l’équipe soignante.

Les critères d’exclusion pour les personnes âgées étaient les suivants : elles devaient être âgées de plus de 65 ans pour faire partie de la catégorie « senior », avoir un score au Mini Mental State Examination (MMSE) supérieur à 26 sur 30, un score à la Batterie Rapide d’Efficience Frontale (BREF) supérieur à 14 sur 18 et enfin un score à la Batterie d’Evaluation Cognitive (BEC 96) supérieur à 80 sur 96. Un score inférieur à toutes ces batteries était considéré comme pathologique et pouvait refléter un début de démence.

Les tests neuropsychologiques utilisés comme critère de sélection évaluent divers processus cognitifs. Plus précisément, le MMSE (Folstein, Folstein, & Mchugh, 1975) évalue des domaines cognitifs généraux : l’orientation temporelle et spatiale, l’apprentissage, le calcul mental, la mémoire, le langage et les praxies constructives. La BREF (Dubois, Slachevsky, Litvan, & Pillon, 2000) évalue les fonctions cognitives tributaires du lobe frontal comme : la conceptualisation, la flexibilité mentale, la programmation, la sensibilité à l’interférence, l’inhibition et le comportement de préhension. Enfin, la BEC 96 (Signoret, Allard, Benoit, Bonvarlet, & Eustache, 1989) évalue les troubles de mémoire et désordres cognitifs associés (activités organisatrices, activités verbales et activités perceptivo-motrices).

Tous les participants ont perçu une indemnité de 150 euros et ont donné par écrit leur consentement libre et éclairé pour participer à cette étude (cf. annexe 6 : Formulaires de consentement). Par ailleurs, cette étude a été approuvée par l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (AFSSAPS) le 30 juin 2009 et par le Comité de Protection des Personnes (CPP) SUD-EST II Lyon, le 17 juillet 2009.

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2. Caractéristiques des patients traumatisés crâniens

Dix patients avec traumatisme crânien (deux femmes et huit hommes) ont été recrutés au sein de l’hôpital Henry Gabrielle à St Genis Laval. Ceux-ci ont été répartis aléatoirement dans deux groupes correspondant à deux types de training différents. Le faible effectif de patients traumatisés crâniens recrutés s’explique par des difficultés d’inclusion liées aux troubles moteurs ou visuels souvent associés au traumatisme. De ce fait, un grand nombre de patients admis à l’hôpital n’ont pas pu participer.

Le Tableau 5 récapitule les caractéristiques individuelles des patients selon leur groupe d’attribution (training sur simulateur de conduite ou training sur ordinateur). Le calcul du Quotient Intellectuel (QI) est une pratique courante après atteinte cérébrale, il a donc également été calculé pour les 10 patients traumatisés crâniens.

Tableau 5. Caractéristiques individuelles des patients traumatisés crâniens selon leur groupe

Patients Sexe Age (ans) NSC1 QI2

Simu P1 F 25.42 3 81 Simu P2 M 25.05 3 82 Simu P3 F 34.67 3 82 Simu P4 M 39.08 3 107 Simu P5 M 39.42 1 100 Moy ± ET Simu 32.82 ± 6.97 90.4 ± 12.22 Ordi P1 M 26.75 3 95 Ordi P2 M 45.33 2 97 Ordi P3 M 27.33 3 123 Ordi P4 M 28.17 3 111 Ordi P5 M 54.08 3 90 Moy ± ET Ordi 36.33 ± 12.60 103.2 ± 13.54 1

Niveau Socio Culturel (1 : niveau d’études< CEP, 2 : niveau d’études entre CEP et BAC, 3 : niveau d’études>BAC)

2 Quotient Intellectuel mesuré à partir du test des Matrices Progressives de Raven (PM 38 ; Raven, 1941)

Les dix patients traumatisés crâniens avaient un âge compris entre 25 et 54 ans au moment de l’expérience (34.58 ± 10 ans). Huit patients ont fait des études supérieures au BAC, un patient entre le BAC et le CEP, et un patient s’est arrêté au CEP. Il n’y a pas de différence significative entre les patients traumatisés crâniens du groupe simulateur et les patients du groupe ordinateur au niveau de l’âge (U=9 ; Z=-0.731 ; p=.465), du niveau socio culturel (Khi2=2, p=.368), et du quotient intellectuel (U=6 ; Z=-1.362 ; p=.173).

Le Tableau 6 décrit les caractéristiques du traumatisme crânien pour chaque patient au moment de l’expérience.

Tableau 6. Caractéristiques du traumatisme crânien pour chaque patient

Patients Lésion cérébrale Score

GCS1

Distance

TC (mois)2

Simu P1 Hématome sous-dural aigu temporo-occipito-pariétal gauche 6 10 Simu P2 Hématome sous dural aigu fronto-temporo-pariétal droit 3 30

Simu P3 Hématome droit 7 37

Simu P4 Lésion axonale diffuse, frontale et pariétale, bilatérale / 72

Simu P5 / / 6

Ordi P1 Lésions diffuses 5 25 Ordi P2 Lésions frontales / 106 Ordi P3 Embarrure fronto-temporale droite / 1 Ordi P4 Hématomes frontaux 5 2 Ordi P5 Hématome orbitaire gauche 7 2

1

Glasgow Coma Scale (échelle de coma de Glasgow)

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Tous les patients testés avaient subi un traumatisme crânien sévère. Il faut noter que quatre d’entre eux étaient classifiés comme TC sévères bien que le score à l’échelle de Glasgow n’était pas spécifié dans le dossier médical. La distance moyenne par rapport au traumatisme crânien est de 31 ± 26.38 mois pour le groupe simulateur et de 27 ± 45.20 mois pour le groupe ordinateur. Cette distance peut varier d’un individu à un autre car l’inclusion ne s’est pas faite par rapport à une date précise mais à partir du moment où la récupération cognitive et physique était jugée suffisante pour pouvoir participer à l’étude. Ainsi, certains patients ayant très vite récupérés ont pu être inclus un ou deux mois après la lésion alors que d’autres ont été vus trois ans après leur traumatisme. Un patient a été inclus 8 ans après le traumatisme crânien parce qu’il n’avait toujours pas repris la conduite automobile. Cependant, il n’y a pas de différence significative entre les patients traumatisés crâniens du groupe simulateur comparés aux patients du groupe ordinateur au niveau de la distance du TC (U=7 ; Z=-1.152 ; p<.249).

3. Caractéristiques des personnes âgées

Seize personnes âgées de plus de 65 ans (quatre femmes et douze hommes) ont été recrutées par le biais d’associations de personnes retraitées et sont venues passer les expériences à l’hôpital Henry Gabrielle, où est situé le simulateur de conduite. Deux groupes de huit personnes âgées ont été constitués (training simulateur versustraining ordinateur). Au total, 22 personnes âgées ont été volontaires, mais 6 ont été obligées d’arrêter après avoir ressenti le mal du simulateur. Le Tableau 7 récapitule les caractéristiques individuelles des personnes âgées selon leur groupe d’attribution et leurs scores à certains tests neuropsychologiques.

Tableau 7. Age, sexe, niveau socio-culturel et critères d’inclusion des sujets âgés

Sujets Sexe Age (ans) NSC1 MMSE2 BREF3 BEC964

Simu S1 M 66.33 3 30 17 96 Simu S2 M 71.00 2 30 17 94 Simu S3 M 72.17 2 30 18 94 Simu S4 M 72.50 3 30 18 96 Simu S5 F 75.67 1 30 17 92 Simu S6 M 78.33 3 29 18 92 Simu S7 M 70.58 1 28 18 96 Simu S8 M 66.00 3 30 18 95 Moy ± ET Simu 71.57±4.20 29.63 17.63 94.38 Ordi S1 M 71.83 2 30 16 89 Ordi S2 M 73.00 3 29 18 95 Ordi S3 M 75.75 1 30 18 95 Ordi S4 M 78.92 3 27 17 95 Ordi S5 F 70.00 2 30 18 93 Ordi S6 F 73.50 3 29 18 93 Ordi S7 F 66.42 2 25 16 94 Ordi S8 M 67.42 3 30 18 96 Moy ± ET Ordi 72.11±4.16 28.75 17.38 93.75 1

Niveau Socio Culturel (1 : niveau d’études<CEP, 2 : niveau d’études entre CEP et BAC, 3 : niveau d’études>BAC)

2 Mini Mental State Evaluation

3Batterie Rapide d’Efficience Frontale

4Batterie d’Evaluation Cognitive

L’âge des 16 personnes âgées était compris entre 66 et 79 ans au moment de l’expérience (71.84 ± 4 ans). Il n’y a pas de différence significative entre les personnes âgées du groupe simulateur et celles du groupe ordinateur au niveau de l’âge (U=27 ; Z=0.525 ;

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p=.600) et du niveau socio culturel (Khi2=0.533, p=.766). Il en est de même pour les scores obtenus au MMSE (U=23 ; Z=-1.090 ; p=.276), à la BREF (U=29 ; Z=-0.366 ; p=.714) et à la BEC96 (U=27 ; Z=-0.525; p=.592).