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infrastructures VBCI et SCORPION

1. Quel retour d’expérience peut-on tirer du programme d’infrastructures VBCI ?

1.3 Contentieux, réclamations, pathologies et problèmes de maintenance rencontrés sur les opérations VBC

1.3.2 Les pathologies rencontrées dans les bâtiments des zones techniques VBC

Pathologies rencontrées sur les bâtiments neufs :

D’une manière générale, les problèmes rencontrés sur les bâtiments neufs viennent plus de la conception et de la construction, que de leur utilisation :

Problèmes de conception :

- Les locaux bureaux, vestiaires, stockage ingrédients sont trop petits.

- Il n’y a pas de local « convivialité » dans l’atelier NTI 1&2 notamment ; ce qui a pourtant une grande importance pour les utilisateurs.

- Les façades bois vieillissent mal à Épinal.

- Sur tous les sites, des adaptations ont dû être apportées postérieurement à la livraison des bâtiments pour répondre aux demandes des utilisateurs : installation de machines à laver, cloisonnement supplémentaire, utilisation de l’abri déchets pour le stockage d’ingrédients avec création de bacs de rétention...

- Problèmes récurrents sur les compresseurs surdimensionnés par rapport à l’utilisation qui en est faite.

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Causes possibles ou probables :

1/ - Les surfaces des locaux techniques (ateliers, magasins, stockages) et des bureaux ont été définies par l’État-major de l’Armée de Terre ; certainement par des personnes qui ne sont pas des maintenanciers et qui ne sont pas familiers avec les volumes d’outillages et d’ingrédients nécessaires à l’entretien d’un VBCI.

Pour les surfaces des vestiaires, les architectes des sections de maîtrise d’œuvre intégrée du Service ont suivi les normes.

2/ - Un local de convivialité ne fait pas partie de la liste des locaux nécessaires au fonctionnement de l’atelier NTI 1&2 retenus par l’État-major de l’Armée de Terre.

Si ce local n’est pas spécifiquement demandé par le régiment dans son expression des besoins, il ne sera jamais réalisé par le Service.

3/ - Le bois change de couleur au fil des années sous l’action du soleil, de la lune et des intempéries. Les variations de teintes grisâtres ne sont pas toujours acceptables.

Lorsque des lames du bardage sont agencées horizontalement, l’eau de pluie s’évacue difficilement, ce qui accélère leur vieillissement ; quand elles sont verticales, si elles ne sont pas isolées du sol, les remontées capillaires détériorent leur base.

De plus, il faut également tenir compte du climat : une façade en bois située en bord de mer ou en zone de montagne (cas d’Épinal avec le massif des Vosges) nécessite un entretien plus fréquent qu’en région lyonnaise.

4/ - Les besoins « génériques » en locaux et équipements techniques ont été définis par l’État-major de l’Armée de Terre, puis traduits en esquisse architecturale par le Service Technique des Bâtiments, Fortifications et Travaux (S.T.B.F.T, devenu le Centre d’Expertise des Infrastructures de la Défense à Versailles).

Ces 2 entités du Ministère de la Défense sont des organismes centraux, éloignés des besoins réels des maintenanciers dans les régiments.

Bien que tous les régiments soient censés entretenir leurs véhicules de la même manière, il peut y avoir quelques spécificités particulières qui ne sont pas reprise dans le guide des recommandations pour les infrastructures d’accueil du VBCI rédigé par le STBFT et validé par l’EMAT. Il est donc fort probable que la phase expression détaillée du besoin par chaque régiment n’ait pas été réalisée par le Service pour le VBCI ; les maîtres d’œuvres intégrés s’appuyant exclusivement sur le guide de recommandations pour concevoir les bâtiments.

5/ - Le surdimensionnement d’un compresseur d’air est avant tout un problème d’expression des besoins par les maintenanciers, puis un problème de conception par le Service.

Les conséquences d’un surdimensionnement sont des marches à vides répétées consommatrices d’énergie et une usure accentuée et prématurée de certaines pièces du compresseur.

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Conclusion partielle :

Étant donné que les engins en sont encore à l’état de prototype, tous les équipements et caractéristiques techniques ne sont pas encore connues.

Le guide de recommandations pour la réalisation des infrastructures SCORPION, rédigé par le CETID puis validé par l’EMAT, présente des lacunes.

Je pense donc que pour éviter de reproduire avec le SCORPION une partie des problèmes de conception du VBCI, le Service doit consacrer d’avantage de temps à l’expression

détaillée des besoins avec les utilisateurs.

En cas de réhabilitation notamment, il faudra réaliser un état des lieux exhaustif des installations techniques existantes.

Problèmes de mise en œuvre sur chantier ou de qualité des équipements :

- Apparition de fissures entre les pré-murs. - Problèmes de fuites des toitures-terrasses.

- Les équipements techniques (bornes multi-énergies notamment) sont trop fragiles pour ce type d’utilisateurs qui n’entretiennent pas et ne respectent pas leur outil de travail (beaucoup de dégradations ont lieu du fait d’une mauvaise utilisation).

Causes possibles ou probables :

1/ - L’apparition de fissures entre les pré-murs peut être due à une insuffisance des armatures de liaisons, à un mauvais bétonnage de la liaison, à l’absence de calfeutrement des larges joints horizontaux et/ou verticaux ; ou encore à un défaut de cordon de mousse de fond de joint, à la non-utilisation d’un mortier à retrait compensé.

Il y a une forte présomption de non-respect des instructions de pose du fabricant (avis technique, document technique d’application) et sans doute d’un défaut de suivi de la réalisation par la maîtrise d’œuvre interne du Service à cette occasion.

2/ - Les problèmes de fuites des toitures terrasses ont de multiples origines possibles :

- défauts d'étanchéité à l'eau provenant d’un mauvais traitement des points singuliers (en particulier de la protection en-tête des relevés d'étanchéité),

- infiltrations liées à des percements ou des poinçonnements d’équipements techniques (climatiseurs, antennes…) ou de la végétation.

- détérioration prématurée des ouvrages en place, due à une mise en œuvre réalisée sur support humide, entraînant un décollement par pression de vapeur d'eau, un aspect glacé du support, engendrant des difficultés d'adhérence, ou encore l'ajout d'un nouvel isolant sans précautions particulières (déplacement du point de rosée).

- mise en charge excessive de la toiture-terrasse pouvant entraîner des cas d’effondrement. C’est avant tout lié à un défaut de conception (mise en place d'une protection lourde sur une structure non dimensionnée à cet effet…) ou un défaut d'entretien (évacuation des eaux pluviales obstruées entraînant une mise en charge de la toiture- terrasse en cas de forte pluie).

3/ - Les bornes multi-énergie sont une « nouveauté » voulue par l’État-major de l’Armée de Terre dans le cadre de l’amélioration de l’ergonomie du poste de travail du maintenancier.

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Auparavant, les distributeurs d’énergie (air comprimé, électricité, eau…) se trouvaient en extrémité de travée de maintenance ; sans compter les distributeurs mobiles pour l’huile ou la graisse. A l’occasion de l’arrivée du VBCI dans les régiments, l’EMAT a souhaité regrouper en milieu de travée, tous les fluides (huile et graisse comprises) dans une borne multi-énergie permettant de réaliser des actions de maintenance aussi bien à l’avant qu’à l’arrière du véhicule.

Il est probable qu’une résistance au changement d’habitude de travail soit la cause de la mauvaise utilisation et d’un mauvais entretien des bornes multi-énergie.

Conclusion partielle :

Il conviendra d'apporter systématiquement une attention particulière à tous ces problèmes rencontrés sur les bâtiments des zones techniques VBCI lors de la réalisation des bâtiments des zones techniques SCORPION.

Problèmes rencontrés sur les installations existantes adaptées au VBCI :

- Dans les nombreux cas où la station à carburants était existante et apte à accueillir le VBCI sans travaux lourds, les dalles de sol en béton (non conçues pour le VBCI à l’origine) ont tendance à « bouger », ce qui engendre des fissures importantes en périphérie.

- Dans les cas d’extension de l’aire de lavage existante (à Épinal, une travée supplémentaire à été rajoutée pour le VBCI avec recyclage de l’eau du fait des quantités utilisées). Cette installation de recyclage des eaux de lavage qui s’apparente à « une usine à gaz » est aujourd’hui très peu utilisée car très souvent en panne sans pouvoir en trouver l’origine, et ce, malgré les différentes interventions d’entreprises.

Les VBCI sont donc nettoyés à la lance haute pression de la travée pour véhicules légers. Cela engendre un vieillissement prématuré de celle-ci et l’obstruction fréquente des évacuations d’eau à cause de la boue sous les VBCI.

- La très grande majorité des voiries utilisées par le VBCI dans les casernes se dégradent rapidement car elles sont insuffisamment dimensionnées pour un tel véhicule.

Causes possibles ou probables :

1/ - L’analyse des causes de déformation d’une chaussée en béton est complexe car il faudrait avant tout connaître le type exact de chaussée sur chaque site concerné.

Néanmoins, le cours de routes et ouvrages d’art suivi au CNAM me permet d’avancer 3 causes possibles :

- Les sollicitations dues au trafic :

Du fait du module d’élasticité élevé du béton, les efforts sont repris en flexion par la couche de béton et les pressions sur le sol sont très faibles.

La fissuration de retrait due à la prise et aux cycles thermiques est contrôlée, soit par la réalisation de joints transversaux, soit par des armatures continues longitudinales à la fibre neutre, destinées à répartir par adhérence les déformations de retrait en créant de nombreuses fissures fines.

Le transfert de charge au droit des joints est parfois assuré par des goujons en acier.

- L’influence des conditions d'environnement :

Les sollicitations thermiques sont parfois plus contraignantes que celles du trafic, mais c’est leur combinaison qui provoque les dommages par fatigue du béton.

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Les variations de températures entre l’été et l’hiver entraînent des variations de longueurs des dalles contrariées par l’adhérence au support. Des contraintes de traction (phase de retrait) se développent d’autant plus que les dalles sont longues et que l’adhérence est forte. Les dalles ont alors tendance à se déformer car les conditions d’appui sont modifiées et conduisent à majorer l’effet du trafic.

- L’évolution du mode d'endommagement :

L’endommagement sur des chaussées en béton classiques à dalle discontinue est constitué par de la fissuration créée par des contraintes de traction par flexion excessives à la base des dalles.

Une surlargeur de chaussée et la liaison des bandes longitudinales permettent de différer et limiter l'apparition des fissures et des cassures de coin de dalle.

L’évolution des conditions d’appui au voisinage des joints et des fissures crée des phénomènes de pompage, dus à la présence d’eau à l’interface fondation-dalles dont l’effet se conjugue à :

→ L’érodabilité du support,

→ Aux chargements transitoires répétés du trafic,

→ À de faibles transferts de charges entre les dalles, se traduisant par une dissymétrie des efforts et des déplacements de part et d’autre de ces discontinuités.

2/ - Le recyclage des eaux de lavage est une évolution technologique mise en œuvre par le Service dans le cadre du programme d’infrastructures VBCI. Cela devient obligatoire pour le programme infrastructures SCORPION.

L’entreprise MONTANIER a réalisé les installations de recyclage des eaux de lavage des aires de lavages des zones techniques VBCI d’Épinal, Belfort, Mourmelon, Clermont- Ferrand et Colmar-Meyenheim. Elle réalisera celle de Nîmes.

Plusieurs causes sont possibles :

- soit une technologie peu fiable, ou trop complexe, installée par l’entreprise MONTANIER, et qu’elle n’arrive pas à la mettre au point !

- soit une mauvaise appréhension de la technologie par les utilisateurs et au final, un rejet d’usage de l’installation,

- soit une installation trop complexe à entretenir par les USID.

3/ - Le programme d’infrastructures VBCI ne prévoyait pas la réfection des voiries intérieures des casernes pour se rendre dans les zones techniques.

Ces voiries intérieures ont dû être dimensionnées pour un trafic poids lourds très faible largement avant l’arrivée du VBCI. Elles ne sont pas capables d’absorber, d’une part l’augmentation de trafic journalier et d’autre part, la contrainte au sol d’un véhicule de 4 essieux rapprochés dans les courbes notamment.

Conclusion partielle :

Le diagnostic des voiries existantes est obligatoire en phase programme.

Je recommande donc aux conducteurs d’opérations ou maîtres d’œuvres internes de réaliser des mesures de déflexion des voiries existantes (pas uniquement des voiries béton d’ailleurs), afin d’avoir un état actuel de « fatigue » des voiries existantes qui seront empruntées par des engins lourds (VBCI, GRIFFON ou JAGUAR). Cela évitera de livrer des zones techniques SCORPION et de revenir quelques années plus tard pour traiter les voiries existantes qui auront été endommagées par la circulation des véhicules blindés.

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1.3.3 Les problèmes de maintenance rencontrées sur les bâtiments des zones

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