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CHAPITRE 2 – LA BEAUTÉ DONT ON SE SOUCIE

2.1 DÉFINITION DE LA BEAUTÉ EN CONTEXTE TAÏWANAIS

2.2.2 Play cute, be cute : le mignon comme comportement

2.2.2.3 Parler mignon : le sajiao

Le sajiao rappelle les associations évoquées jusqu’ici entre le fait d’être jugée mignonne, et paraître non menaçante, enfantine, donc en attente de protection. La manière mignonne de parler sajiao (撒嬌) rappelle celle d’une petite fille, alors qu’il s’agit pourtant d’une femme qui parle. C’est la voix d’une poupée (娃娃音 wawaying)179, ce qui n’est pas sans étonner le visiteur étranger. Il n’existe aucun équivalent français ou même anglais pour traduire le terme

sajiao. Le caractère sa (撒) signifie un mouvement de la main qui répand quelque chose, comme les grains qu’on donne aux poules, alors que le caractère jiao (嬌) est un adjectif

178 Lara utilisa l’expression « zhuang ben », (裝笨) littéralement « faire comme si on était idiote ». Plusieurs

répondantes m’ont dit utiliser cette technique pour donner de la face aux hommes et ainsi être appréciées d’eux.

179 Pour des exemples de sajiao pour le lecteur étranger à l’univers taïwanais :

renvoyant à la féminité, qui met l’accent sur la beauté délicate d’une femme. Traduit littéralement, sajiao signifie épandre ou laisser aller sa beauté féminine (comme si elle était des grains que l’on épand). Selon Yueh (2017 : 2), « sajiao embodies a set of communicative acts that express the vulnerability and helplessness of the actor through imitating a child's180 immature behavior ». Voici donc cette association déjà soulignée entre féminité et comportement enfantin, culminant dans une attitude de vulnérabilité qui séduit les hommes. Cette association s’exprime littéralement dans la manière de parler comme un enfant immature, suggérant qu’il manipule pour obtenir ce qu’il veut.

La femme s’exprimant en sajiao utilise un timbre de voix très haut, qu’on appelle à Taïwan la voix de poupée181. Plusieurs interlocutrices m’ont dit chercher à atteindre cette beauté sonore qui plaît tant à la majorité des hommes. Outre le timbre de voix, la manière de construire les phrases et d’aligner les mots est spécifique au sajiao. Des mots seront répétés deux fois et suivi de particule traînante comme « on », « la », « ma », etc. Par exemple, pour dire « manger » (littéralement « manger riz »), on dira che fanfan (吃飯飯) et non chefan, répétant le mot riz deux fois (cette forme syntaxique est aussi grandement utilisée pour parler aux enfants). On dira aussi, toujours avec une voix de poupée, « hao ke’ai oooohhhh! » (Ooooooooh! C’est tellement mignon!), en étirant le « oh ». Sur le plan de la gestuelle, toute une série de comportements jugés mignons doivent accompagner la voix de poupée dans la réalisation du sajiao : rouler des yeux, cligner des yeux rapidement, piétiner sur place, faire la moue, hausser les épaules, pencher la tête sur le côté, agiter ses mains, etc. (voir Farris 1995, Chuang 2005, Yueh 2013 et 2017, pour une plus ample description de ces comportements).

180 Il est à noter que ce n’est pas seulement les femmes qui peuvent utiliser le sajiao, mais dans le cadre de cette

thèse, c’est sur elles que repose mon analyse (voir notamment Yueh 2013 et 2017, pour d’autres utilisations du

sajiao). Ce ne sont pas non plus toutes les femmes qui font usage du sajiao. En effet, Yueh (2013) soutient que

le sajiao est associé à un type particulier de féminité qui est performé et non à la catégorie « femmes ».

181 Même les femmes taïwanaises me disant ne pas utiliser la voix de poupée (wawaying) avaient généralement

Image 28 – Une diplômée de la National Taiwan University

qui pose à côté d’un panneau représentant un bonhomme « mignon » portant la toge de graduation. (Photo : gracieuseté d’une répondante)

Les femmes taïwanaises doivent maîtriser l’art du sajiao. Lai-Ming, avocate, m’explique une facette de l’importance du sajiao dans les relations amoureuses en prenant un exemple :

Ma belle-sœur est l’incarnation de tout ce que mon frère aimait chez les femmes. Lorsqu’il me l’a présentée la première fois, j’ai remarqué qu’elle était comme les femmes qu’il trouvait belles à la télévision. Elle est très mignonne. Mon frère aime vraiment sa femme et elle sait faire tous ces petits gestes mignons (可愛動 作 ke’ai de dongzuo), alors il est incapable de lui en vouloir ou encore de la

chicaner! […] Elle fait du sajiao, parle avec une voix de poupée et fait plein de petits gestes comme mettre ses mains de chaque côté de son visage en disant « oh » comme un petit enfant. Mon grand frère ne peut pas résister.

Cet extrait ajoute un élément au sajiao, celui de la séduction, voire du désir sexuel. Le mari ne peut résister à cette manière de faire et de parler. Il semble y avoir dans l’intonation haut

perchée un élément de séduction que complète la gestuelle enfantine. Une belle femme peut utiliser le sajiao pour obtenir des faveurs ou simplement pour séduire. Si l’épouse en question n’était pas belle, si elle n’était pas jugée mignonne, son recours au sajiao pourrait être jugé ridicule. La beauté est donc un prérequis au sajiao. Yueh (2017 : 83) remarque aussi qu’il y a un certain type de corps qui peut se permettre de performer la sajiao. Ce type de femme est celui que j’ai identifié comme représentant l’idéal de la zhenmei. En effet, Yueh (2013) soutient que l’utilisation efficace du sajiao suppose trois éléments : « 1) Sajiao must look natural, or like an inborn characteristic. 2) The actor must look young, pretty, and cuddly. 3)

Sajiao creates an arena for women to compete in physical beauty and attractiveness. » Ces

trois éléments ne sont pas du même ordre. Les deux premiers renvoient à la manière d’être mignonne, le troisième, à l’usage qui peut être fait de cette manière de parler. Dans l’exemple donné précédemment, on note que la belle-sœur est mignonne. Elle l’ « est », elle ne prétend pas l’être et, si pour elle ce n’est qu’un jeu, elle le joue si bien qu’on juge qu’elle « est mignonne ». Lai-Ming souligne que cette femme est belle, du moins aux yeux de son mari. Finalement, le sajiao de cette femme est si bien fait que son époux ne « peut pas lui résister ». Dans le cas d’un malentendu qui pourrait dégénérer en conflit, la belle-sœur de Lai-Ming, par sa maîtrise du sajiao, évitera les ennuis. Chuang (2005) et Yueh (2013) soutiennent que le mignon qui amène les femmes à se comporter comme des enfants est une technique afin d’éviter la confrontation directe avec les hommes pour arriver à leurs fins.

Le sajiao et la voix de poupée sont présents dans des audioguides au musée, des annonces télévisées, des services à la clientèle téléphoniques, etc. Plusieurs hommes disent être incapables de résister à cette intonation. Le grand frère de Lai-Ming en est un exemple. Un participant de l’émission La vie d’étudiants universitaires (大學生了沒 Daxueshengmei)182 dit d’ailleurs qu’on ne peut refuser quelque chose ou encore en vouloir à une femme qui utilise la voix de poupée, et ce, même si elle a fait une erreur : « Mon cœur va fondre sous le charme de la voix de poupée et j’en perdrai mes principes. Je ne pourrai pas lui en vouloir (心房都被瓦解 Xinfang dou bei wajie [...] 你不會跟她計較 ni bu hui gen ta jijiao) ». Cet

exemple montre que dans la situation actuelle le sajiao est jugé séduisant183.

182https://www.youtube.com/watch?v=_IZNHnH4utk, consulté le 5 juin 2017.

183 Il y a bien certainement des hommes qui n’apprécient pas nécessairement le sajiao, mais performé par une

Rappelons que le mignon doit être mis en scène comme s’il s’agissait d’un attribut naturel. En effet, on dit du sajiao qu’il est « l’arme naturelle des femmes » (女人天生的武器 Nüren tiansheng de wuqi). Les collègues masculins de Lara doivent croire qu’elle a besoin d’aide.

Le frère de Lai-Ming succombe au charme de sa femme parce qu’il croit qu’elle est mignonne. La voix, l’intonation, les gestes doivent paraître naturels et impliquer le corps tout entier (Yueh 2013 : 167). La question à savoir si le mignon est mis en scène ou vécu est complexe et ne peut être résolue une fois pour toutes. Par exemple, en 2010, lorsque je suivais des cours de chinois au International Chinese Language Center de la National Taiwan University, j’étais dans le même groupe qu’un collègue allemand de la Freie Universität Berlin qui souhaitait, visiblement, avoir une copine taïwanaise. Il les trouvait adorables et si mignonnes. Nous avions à cette époque une professeure de chinois qui ne cadrait pas du tout dans l’idéal taïwanais de la beauté et qui était d’ailleurs en couple avec un homme occidental de Singapour. Elle a mis notre collègue germanophone en garde : « Tu sais Otto184, la voix de poupée, ce n’est pas naturel chez les filles taïwanaises. Elles font cela pour plaire aux hommes. Quand elles entrent chez elles et qu’elles sont avec leur mère ou leurs sœurs ou encore tout simplement juste entre filles, entre copines, elles peuvent parler comme ça [et notre professeur imita un timbre de voix très grave en opposition au timbre très haut de la voix de poupée]. » Otto semblait très surpris et ne semblait pas avoir saisi qu’il s’agissait d’une performance visant à plaire. En ce sens, certaines répondantes m’ont dit pratiquer la voix de poupée en présence de leur époux ou l’avoir déjà pratiquée, sans pour autant l’adopter dans toutes les circonstances de leur vie. Elles suggèrent donc que la voix de poupée est quelque chose qu’une femme fait volontairement pour plaire ou afin d’obtenir quelque chose, d’où cette idée du sajiao comme arme des faibles (voir Yueh 2017 : 168, pour une discussion sur les risques liés à cette stratégie). Il est évident que de telles pratiques, pour en faire bon usage, demandent un savoir-faire et un savoir-être précis.

Ce qu’il faut retenir pour le moment c’est que, pour obtenir quelque chose des hommes, les femmes ne doivent pas afficher leurs charmes ou tenter de séduire sexuellement (ce qui serait très probablement jugé agressif et déstabiliserait plusieurs hommes, puisque le scribe de la sexualité renvoie à une femme passive) comme le suggèrent les films nord-américains par exemple, mais doivent plutôt adopter une voix de poupée et se comporter de manière

enfantine – sans agressivité, avec douceur –, donner une impression d’avoir besoin d’aide et d’être « moins » (intelligente, forte) que les hommes. Il s’agit néanmoins de compétences à acquérir, compétences qui doivent être utilisées avec discernement et intelligence. Yueh (2013) évoque la ruse qu’est l’infantilisation et le recours au sajiao, une ruse qui suppose des stratégies intelligentes, réfléchies et calculées, pour arriver à ses fins. L’infantilisation deviendrait ainsi une stratégie de pouvoir où, pour obtenir quelque chose, il faut se présenter comme un enfant capricieux.

La maîtrise de ces compétences, couplées à la maîtrise des compétences nécessaires au travail esthétique touchant plus particulièrement l’apparence du corps et qui s’incarne dans l’idéal de la zhenmei comme prérequis au mignon, ne sont donc pas banales puisqu’elles permettent de réels avantages, des gains concrets, tels un certain pouvoir dans les relations aux hommes qui « ne peuvent résister ». Ce qui est troublant est que ce pouvoir nécessite qu’une femme projette les critères de beauté reconnus et donc valorisés et que c’est alors seulement dans la mesure où cette femme maîtrise ces compétences qu’elle pourra toucher le gain de son travail dans les relations avec les hommes. Ainsi, les femmes se retrouvent en quelque sorte enfermées dans une nécessité d’être mignonnes, un « carré de sable » assez restreint, pour faciliter leurs relations sociales. Certaines auteures comme Yueh (2013 et 2017 :168) mettent en lien le mignon et le sajiao avec les travaux de Michel de Certeau (1984) sur l’absence de pouvoir. Selon une telle analyse, les femmes se faisant mignonnes seraient des « faibles » maquillant leurs ruses afin de faire tourner les règles du système des dominants à leur avantage. Yueh (2013 : 169-170) mentionne d’ailleurs que « infantilizing oneself in need of love and attention has been portrayed as a powerful weapon to women »185. Cela n’est pas sans rappeler que, selon certains auteurs, comme James Scott (1985) la résistance se situe dans l’infrapolitique, dans des petits gestes quotidiens qui marquent l’insoumission. Le

185 Les magazines féminins qu’analysent Yang (2007) vont aussi dans ce sens. En effet, ils mettent l’emphase

sur le pouvoir qu’auraient les femmes sur les hommes, justement à cause de leur différence : leur beauté féminine et leur attrait sexuel. Comme le rapport Chang (2018 : 110-111) il est clair que les éditeurs de ces magazines féminins ont stratégiquement omis plusieurs aspects du féminisme occidental afin d’encourager les femmes taiwanaises à être un bon sujet de consommation. Suivant cette rhétorique, la femme moderne taiwanaise pourrait s’échapper des contraintes du traditionnel patriarcat de la société taiwanaise. Il me semble que ce type d’argument est très dangereux en ce qu’il enferme les femmes dans une quête de beauté nécessaire à cette « émancipation » des structures patriarcales qui, elles, ne sont pas remises en question ni vraiment ébranlées. De plus, c’est seulement dans la mesure où la beauté d’une femme est reconnue par un autre masculin hétérosexuel – qui détient alors une fois de plus le pouvoir, qu’elle peut, selon cette rhétorique, s’émanciper.

mignon pourrait alors être considéré comme l’ « arme des faibles » leur permettant d’arriver à leurs fins, sans toutefois nécessairement faire preuve d’insoumission. Il me semble pourtant qu’outre ce qui est troublant dans cette situation – les femmes en position de « faibles » – , est qu’elle comporte un danger réel : celui d’enfermer les femmes dans ce « carré de sable » dans lequel les hommes ont le pouvoir de reconnaître, ou pas, les compétences du travail de la beauté.

Le mignon porté, agi et parlé fait partie des compétences que les femmes taïwanaises doivent acquérir. Cependant, dans les propos des gens locaux, pour être efficaces, ces comportements doivent paraître naturels. Le jeu de la séduction est encore une fois complexe : si le recours à la sexualité explicite suppose un savoir-faire pour éviter de tomber dans la vulgarité, l’utilisation du mignon, et plus particulièrement du sajiao, est aussi très exigeante. Les femmes frôlent constamment la limite du ridicule si elles n’utilisent pas adéquatement la mise en scène de l’enfant démuni et impuissant. Celles qui maîtrisent cet art peuvent obtenir beaucoup. Nous sommes à même de voir que le travail de la beauté n’est pas qu’un travail sur la surface du corps, mais aussi un travail sur le corps en action. À cet effet, Elias et al. (2017 : 5) soutiennent ceci : « Contemporary injunctions to look good require not only physical labours and transformations but also the makeover of psychic life to embrace (some) qualities [...]. »

Afin d’être jugées belles, agréables, voire séduisantes, les femmes, même urbaines et instruites, doivent embrasser une certaine quantité de l’amalgame d’apparences, de comportements et de manières de parler que constitue la qualité qu’est le mignon. La pratique du mignon, et plus encore de la beauté de la zhenmei, est exigeante, représente un réel travail et n’a rien de naturel comme nous l’avons vu. Ainsi, quand les Taïwanais affirment que « l’amour de la beauté est dans la nature des femmes », et ainsi invisibilisent tout le travail, composé de compétences très précises, qu’une telle « beauté » demande, il ne faut pas prendre cette affirmation au pied de la lettre.

2.3 « On ne peut pas relâcher quoi que ce soit » : le cycle de vie de la beauté

2.3.1 « Aimer la beauté est dans la nature des femmes »

« Aimer la beauté est dans la nature des femmes » (愛美是女人的天性 ai mei shi nüren de tianxin). Ce genre de propos est très fréquemment entendu dans les milieux urbains taïwanais,

tant de la part des femmes avec qui j’ai travaillé que dans les médias qui leur sont consacrés. Il faut clarifier deux éléments ici : l’amour de la beauté et la nature des femmes.

L’amour de la beauté que les Taïwanais attribuent aux femmes est en fait l’amour de la beauté normée présentée précédemment et dont la zhenmei est l’illustration et le mignon, la mise en scène. Cette beauté comprend les pratiques quotidiennes de minceur, les soins de la peau afin de conserver une apparence jeune, un teint laiteux maintenu au prix d’efforts constants pour éviter le soleil, une longue chevelure soyeuse et de grands yeux ou, du moins, un regard « ouvert » grâce à la chirurgie ou des techniques complexes de maquillage. Atteindre cette beauté représente un réel travail sur des compétences bien précises qui sont, en ce moment, reconnues et donc valorisées dans le Taipei Chic. Les femmes sont présumées aimer cette beauté et y aspirer, peu importe les coûts en temps et en argent. La beauté dont il s’agit est donc un idéal concernant le corps, ce qui le couvre, la gestuelle et la voix. Il ne s’agit pas de la beauté d’un paysage, d’un tableau ou d’une décoration intérieure particulièrement réussie186. Il ne s’agit pas d’ « aimer le beau » en ce que l’individu apprécierait les matières nobles comme le cachemire ou la soie. L’expression souligne que la beauté qu’aiment les femmes est celle qui les concerne, elles, leur corps, leurs vêtements, leur voix. Ceci est important, car rien dans l’expression « aimer la beauté est dans la nature des femmes » ne précise cela.

Enfin, si les femmes aiment la beauté, celle qu’elles recherchent par un travail incessant sur elles-mêmes, ce serait dans leur nature. C’est là un mécanisme bien connu par lequel on attribue à la nature humaine, ici celle des femmes, des pratiques dont la finalité et le sens sont culturellement et socialement construits. Ce mécanisme est si efficace que même une

186 D’ailleurs, quelques visites dans des appartements de Taipei ont vite fait de me convaincre que le souci

apporté à l’apparence des femmes n’avait pas nécessairement d’extension dans un soin qui serait porté à la décoration intérieure ou à l’impeccabilité des lieux, domaines pourtant qui relèvent aussi largement de la responsabilité des femmes.

militante féministe y adhère. Chang Hsiao-hung (張小虹) (dans Yang 2007 : 361), une activiste féministe très connue à Taïwan, l’exprime en ces termes : « Inside our body there exists an unconscious passion for fashion… 187 ». Selon elle, « les femmes ont une passion irrationnelle pour la mode188 ». La beauté dont il est question est manifestement liée à la mode, entendons par là les normes qui dictent ce qui est jugé beau à un moment donné dans le temps et dans un espace particulier. En précisant que cette passion est inconsciente, Chang suggère que les femmes n’ont pas à faire le choix rationnel et conscient d’adhérer aux pratiques qui vont faire d’elles de belles femmes. Les femmes agiraient par nature et non par discernement et selon leur capacité à instrumentaliser ces normes à des fins qui leur appartiennent. Autrement dit, les femmes seraient entièrement soumises à leur nature comme