• Aucun résultat trouvé

2 . LA CORRESPONDANCE: LECTURE ET INTERPRÉTATION

4. REPRÉSENTATIONS DE LA VIE PUBLIQUE DE L’ÉPOQUE

4.8. Paris; vie mondaine

Gustave Flaubert passait une partie de l’année dans la Capitale, chose qu’il aimait quelquefois, mais qui lui répugnait souvent. La rue de Rivoli, les trottoirs peuvent lui éveiller des nostalgies, après une certaine absence; autrefois, il trouve Paris le pays le plus irritant du monde pour les honnêtes

natures, et il faut avoir une fière constitution et bien robuste pour y vivre sans y devenir un crétin ou un filou. (85)

Dans une épistole adressée à George Sand (86), Flaubert est surpris d’être vu par les Parisiens “frais comme une jeune fille”, et ne s’abstient pas de constater que les gens qui ignorent sa biographie attribuent cette apparence de santé à l’air de campagne. Pour lui, c’est un exemple de cliché. Et il continue par un autre exemple, métaphorique cette fois, pour illustrer les idées reçues:

Chacun a son hygiène. Moi, quand je n’ai pas faim, la seule chose que je puisse manger, c’est du pain sec. – Et les mets les plus indigestes, tels que les pommes à cidre, vertes et du lard, sont ce qui me retire les maux d’estomac. Ainsi de suite. Un homme qui n’a pas le sens commun ne doit pas vivre d’après les règles du sens commun. (87)

Les Parisiens le dégoûtent pleinement: /…/ les ruines ne sont rien auprès de la fantastique bêtise des Parisiens. Elle est si inconcevable qu’on est tenté d’admirer la Commune. Non, la démence, la stupidité, le gâtisme, l’abjection mentale du peuple le plus spirituel de l’univers dépasse tous les rêves. (88)

L’attitude tolérante des Parisiens envers la guerre prussienne le révolte par excellence, parce que lui, comme tous les provinciaux, a vécu sur le vif les atrocités de cette guerre.

Outre cela, Flaubert ne s’intéresse pas aux choses qui plaisent aux habitants de la Capitale, c’est-à-dire à la vie mondaine, aux salons. La perte de ses amis contribue beaucoup à son isolement volontaire. Des sept personnes réunies au début aux dîners Magny, il y en a seulement trois: Théophile Gautier, Edmond de Goncourt et lui-même, car en 18 mois les autres – Louis Bouilhet, Sainte-Beuve, Jules de Goncourt – sont morts. (89)

L’effroyable solitude où il vit le détermine à essayer de ne penser qu’à sa misérable carcasse, comme il l’avoue à George Sand. Flaubert se sent perdu dans le désert, même s’il fait des efforts prodigieux pour être stoïque. (90) Il préfère ne pas perdre les jours sur le pavé de Paris et revenir dans sa vieille maison pour se mettre à la pioche. (91) Quant à ce qu’on nomme “le monde”, jamais il n’y va, reconnaît Flaubert dans une lettre. Il ne sait ni danser, ni valser,

ni jouer à aucun jeu de cartes, ni même faire la conversation dans un salon, car tout ce qu’on y débite lui semble inepte. La solitude lui donne l’envie de travailler “violemment”, comme il écrit une fois à la princesse Mathilde. (92)

C’est Guy de Maupassant qui évoque l’atmosphère pittoresque, unique, régnant dans le salon de Flaubert, par rapport à la plupart des salons parisiens fameux à cette époque-là:

/…/ son salon de Paris était des plus curieux. Il recevait le dimanche, depuis une heure, jusqu’à sept, dans un appartement de garçon, très simple, au cinquième étage. Les murs étaient nus et le mobilier modeste, car il avait en horreur le bibelot d’art.

Dès qu’un coup de timbre annonçait le premier visiteur, il jetait sur sa table de travail, couverte de feuilles de papier éparpillées et noires d’écriture, un léger tapis de soie rouge qui enveloppait et cachait tous les outils de son travail, sacrés pour lui comme les objets du culte pour un prêtre. Puis, son domestique sortant presque toujours le dimanche, il allait ouvrir lui-même.

Le premier venu était souvent Ivan Tougueniev, qu’il embrassait comme un frère. Plus grand encore que Flaubert, le romancier russe aimait le romancier français d’une affection profonde et rare. Des affinités de talent, de philosophie et d’esprit, des similitudes de goûts, de vie et de rêves, une conformité de tendances littéraires, d’idéalisme exalté, d’admiration et d’érudition, mettaient entre eux tant de points de contact incessants qu’ils éprouvaient l’un et l’autre, en se revoyant, une joie du coeur plus encore peut-être qu’une joie de l’intelligence.

Tourgueniev s’enfonçait dans un fauteuil et parlait lentement, d’une voix douce, un peu faible et hésitante, mais qui donnait aux choses dites un charme et un intêret extrêmes. Flaubert l’écoutait avec religion, fixant sur la grande figure blanche de son ami un large oeil bleu aux pupilles mouvantes, et il répondait de sa voix sonore, qui sortait comme un chant de clairon, sous sa moustache de vieux guerrier gaulois. Leur conversation touchait rarement aux choses de la vie courante et ne s’éloignait guère des choses et de l’histoire littéraires. Souvent Tourgueniev était chargé de livres étrangers et traduisait couramment des poèmes de Goethe, de Pouchkine et de Swinburne.

D’autres personnes arrivaient peu à peu: M. Taine, le regard caché derrière ses lunettes, l’allure timide, apportait des documents historiques, des faits inconnus, toute une odeur et une saveur d’archives remuées, toute une vision de vie ancienne aperçue de son oeil perçant de philosophe.

Voici MM. Frédéric Baudry, membre de l’Institut, administrateur de la bibliothèque Mazarine; Georges Ponchet, professeur d’anatomie comparée au Museum d’histoire naturelle; Claudius Popelin, le maître émailleur; Philippe Burty, écrivain, collectionneur, critique d’art, esprit subtil et charmant.

Puis c’est Alphonse Daudet qui apporte l’air de Paris, du Paris vivant, viveur, remuant et gai. Il trace en quelques mots des silhouettes infiniment drôles, promène sur tout et sur tous son ironie charmante, méridionale et personnelle, accentuant les finesses de son esprit verveux par la séduction de sa figure et de son geste et la science de ses récits, toujours composés comme des contes écrits. /…/ Sa voix chante un peu; il a le geste vif, l’allure mobile, tous les signes d’un fils du Midi.

Émile Zola entre à son tour, essoufflé par les cinq étages et toujours suivi de son fidèle Paul Alexis. Il se jette dans un fauteuil et cherche d’un coup d’oeil sur les figures l’état des esprits, le ton et l’allure de la causerie. Assis un peu de côté, une jambe sous lui, tenant sa cheville dans sa main et parlant peu, il écoute attentivement. Quelquefois, quand un enthousiasme littéraire, une griserie d’aristes emporte les causeurs et les lance en ces théories excessives et paradoxales chères aux hommes d’imagination vive, il devient inquiet, remue la jambe, place de temps en temps un <<mais>>… étouffé dans les grands éclats; puis, quand la poussée lyrique de Flaubert s’est calmée, il reprend la discussion tranquillement, d’une voix calme, avec des mots paisibles. /…/

D’autres arrivent encore: voici l’éditeur Charpentier. Sans quelques cheveux blancs mêlés à ses longs cheveux noirs, on le prendrait pour un adolescent. /…/ Il rit volontiers d’un rire jeune et sceptique et il écoute et promet tout ce que lui demande chaque écrivain qui s’empare de lui et le pousse en un coin pour lui recommander mille choses. Voici le charmant poète Catulle Mendès, avec sa figure de Christ sensuel et séduisant, dont la barbe soyeuse et les cheveux légers entourent d’un nuage blond une face pâle et fine.

Causeur incomparable, artiste raffiné, subtil, saisissant toutes les plus fugitives sensations littéraires, il plaît tout particulièrement à Flaubert, par le charme de sa parole et la délicatesse de son esprit. /…/

Voici José-Maria de Hérédia, le fameux faiseur de sonnets, qui restera un des poètes les plus parfaits de ce temps. Voici Huysmans, Hennique, Céard, d’autres encore, Léon Cladel le styliste difficile et raffiné, Gustave Toudouze.

Alors, entre le dernier presque toujours, un homme de taille élevée et mince, dont la figure sérieuse, bien que souvent souriante, porte un grand caractère de hauteur et de noblesse. /…/

Il a l’aspect gentilhomme, l’air fin et nerveux des gens de race. Il est (on le sent) du monde, et du meilleur. C’est Edmond de Goncourt. Il s’avance, tenant à la main un paquet de tabac spécial qu’il garde partout avec lui, tandis qu’il tend à ses amis son autre main restée libre.

Le petit salon déborde. Des groupes passent dans la salle à manger. C’est alors qu’il fallait voir Gustave Flaubert.

Avec des gestes larges où il paraissait s’envoler, allant de l’un à l’autre d’un seul pas qui traversait l’appartement, sa longue robe de chambre gonflée derrière lui dans ses brusques élans comme la voile brune d’une barque de pêche, plein d’exaltations, d’indignations, de flamme véhémente, d’éloquence retentissante, il amusait par ses emportements, charmait par sa bonhomie, stupéfiait souvent par son érudition prodigieuse que servait une surprenante mémoire, terminait une discussion d’un mot clair et profond, parcourait les siècles d’un bond de sa pensée pour rapprocher deux faits de même ordre, deux hommes de même race, deux enseignements de même nature, d’où il faisait jaillir une lumière comme lorsqu’on heurte deux pierres pareilles. Puis ses amis partaient l’un après l’autre. Il les accompagnait dans l’antichambre, où il causait un moment seul avec chacun, serrant les mains vigoureusement, tapant sur les épaules avec un bon rire affectueux. Et quand Zola était sorti le dernier, toujours suivi de Paul Alexis, il dormait une heure sur un large canapé, avant de passer son habit pour aller chez son amie Mme la princesse Mathilde, qui recevait tous les dimanches. (93)

4.9. Politique

Dès le début, il faut remarquer une certaine inadhérence à la politique, en général, et à celle de son époque, en spécial. Il regrette le temps où le patriotisme s’étendait à la cité, pour constater que l’idée de patrie est à peu près morte. Le comble de la civilisation, sera, croit l’écrivain, de n’avoir besoin d’aucun bon sentiment. (94)

Il voit déjà se confirmer sa prévision, car son époque lui semble stupide, canaille, etc. (95), chose qui le fait s’enfoncer chaque jour dans une ourserie prouvant plutôt sa moralité que son intelligence. À Zola, Flaubert écrit que la politique devient , de plus en plus abrutissante. (96)

La conclusion de Flaubert: jamais de politique, car ça porte malheur et ça n’est pas propre.(97) Même si c’est un signe de décadence, Flaubert reconnaît que la politique l’inquiète de plus en plus. (98) Il hait la démocratie (celle française surtout), parce qu’elle s’appuie sur <<la morale de l’évangile>>, qui est l’immoralité même, quoi qu’on en dise, c’est-à-dire l’exaltation de la grâce au détriment de la justice, la négation du Droit, en un mot l’anti-sociabilité. (99)

Le commencement de la sagesse, conformément aux principes flaubertiens, c’est ne croire à rien.

Selon Gustave Flaubert, la France reste une République par la force des choses, ce qu’il trouve assez grotesque. (100) Mais une partie des maux des Français viennent du néo-catholicisme républicain. (101)

En général, l’influence catholique lui semble énorme et déplorable, comme il écrit à Mademoiselle Leroyer de Chantepie. (102) Les actions des réformateurs modernes l’indignent, car ils n’ont rien réformé. Voilà ce qu’il affirme à l’égard de ceux-ci, dans une lettre à Edma Roger des Genettes:

Tous, Saint-Simon, Leroux, Fourier et Proudhon, sont engagés dans le Moyen Àge jusqu’au cou; tous (ce qu’on n’a pas observé) croient à la révélation biblique. Mais pourquoi vouloir expliquer des choses incompréhensibles par d’autres choses incompréhensibles? Expliquer le mal par le péché originel, c’est ne rien expliquer du tout. La recherche de la cause est antiphilosophique, antiscientifique, et les Religions en cela me déplaisent

encore plus que les philosophies, puisqu’elles affirment les connaître. Que ce soit un besoin du coeur, d’accord. C’est ce besoin-là qui est respectable, et non des dogmes éphémères. (103)

À vrai dire, la religion mal orientée, évoquée abusivement comme argument pour quoi que ce soit, c’est une réalité qui dégoûte Flaubert, jusqu’à essayer de créer sa propre morale, sa propre religion, d’où toute hypocrisie soit bannie.

Dans le chapitre “Idées politiques et sociales” de son livre, Maurice Nadeau a un commentaire intitulé “Controverse sur la politique”, où le critique confronte les opinions de Flaubert avec celles de ses confrères, surtout avec celles de George Sand. Selon Nadeau, G. Sand professait, en politique, des idées avancées. Féministe, démocrate et même socialiste (grâce à Pierre Leroux). Quant à Flaubert, dès l’adolescence, il s’est porté, observe M. Nadeau, contre toute forme d’autorité, surtout étatique (l’être fantastique et odieux appelé l’État). L’ermite de Croisset ne croit plus au progrès des sociétés et à la vertu du nombre (il avait même une haine des masses, du prolétariat):

Du point de vue de la raison, une démocratie fondée sur le suffrage universel lui paraît une aberration, du point de vue de la justice, un attrape-nigaud: flatté et berné, le peuple ne possède même pas l’ombre du pouvoir que disent gérer en son nom les professionnels de la politique, il ne sort pas de sa condition misérable. (104)

Cependant, affirme Nadeau, les formes diverses du pouvoir personnel et tous les visages que prend la tyrannie autoritaire ou paternaliste dégoûtent également Flaubert, suscitant son ironie. “L’Empereur de carton-pâte” lui paraît un personnage à la fois odieux et risible, dont, après la défaite, il demande, dans ses lettres, la pendaison. Selon Flaubert, conclut Nadeau, tyrannie et démagogie s’épaulent, pour le plus grand profit des bourgeois.

Et le critique formule une remarque pertinente à l’égard du terme “bourgeois”, ayant une acception différente chez Flaubert, par rapport à Marx. Pour Marx, M. Dambreuse incarnait “le capital financier” et le pharmacien Homais “la petite bourgeoisie libérale des villes”. Pour Flaubert, les bourgeois méritent la même appellation par leur façon commune de sentir et de penser.

Par conséquent, pour Flaubert, le terme “bourgeois” ne répond pas seulement à une catégorie sociologique ou à une classe sociale. Est “bourgeois” tout homme qui pense, sent et agit en fonction de l’utilitarisme, qui renie l’individu dans son humanité et son unicité, au profit du monstre social, qui tient pour justes et vraies les valeurs que ce monstre secrète en vue de sa propre existence, lieu géométrique de toutes les illusions, de toutes les définitions classées du bien et du mal, de tous les lieux communs de langage, sottise parée de tous ses atours, révérée, adulée sous le nom de la vérité générale, “sagesse des nations”, canons de la morale. Pour Flaubert le bourgeois “en blouse” vaut le bourgeois “en redingote”: il les hait pareillement. (105)

4.10. Presse

Devant le domaine de la presse, Flaubert conserve une attitude presque toujours négative, qu’il ne cache jamais. Tout au contraire, dans ses lettres il “attaque” souvent ce sujet, avec des arguments très variés.

Selon lui, les écrivains sont des ouvriers de luxe, mais personne n’est assez riche pour les payer. Quand on veut gagner de l’argent avec sa plume, il faut faire du journalisme, du feuilleton ou du théâtre. (106) Et l’exemple qu’il donne se rapporte à la “fabuleuse” somme de 300 francs, qu’on lui a payée pour Madame Bovary, argent qui lui a permis d’acheter son papier, mais ne lui a pas couvert les frais de voyage et les courses, exigés par son travail (documentation dans les bibliothèques, sur le terrain, etc.)

À la princesse Mathilde, Gustave Flaubert avoue franchement son dégoût pour tous les journaux, car il hait cette petite manière de publier sa pensée, en dépit de l’argent qu’il aurait pu gagner par la pratique d’une telle occupation. (107)

Cette sincérité est authentique et il n’y a vraiment aucune hypocrisie, aucune jalousie dissimulée dans l’aveu de Flaubert. Telle est son attitude envers la presse durant toute sa vie. Flaubert est conscient du manque d’utilité des journaux en ce qui le concerne. Entre lui et les journalistes il y a une antipathie de race profonde. (108)

C’est toujours à la princesse Mathilde, dans une autre lettre, qu’il explique sa sensation provoquée par les “turpitudes” de la Presse (la majuscule

lui appartient, c’est comme une ironie sous-jacente). Il en est écoeuré jusqu’à sentir qu’il aimerait mieux ne rien lire du tout que de lire ces abominables carrés de papier. (109)

L’argument fourni par l’écrivain à l’égard du succès des journaux auprès des gens simples c’est l’importance qu’on leur donne, due au respect pour ce qui est imprimé. Les historiens des mentalités qui étudient le XIXe siècle affirment que le succès des journaux à cette époque-là est dû à l’alphabétisation rapide des femmes (dont beaucoup de mères), grâce à la méthode Jacotot. Ces femmes apprennent même à lire à leurs petits; les médias ne font que domestiquer leur besoin d’imaginaire. (110)

Quant à Flaubert, il regarde comme l’un des bonheurs de sa vie le fait de ne pas avoir écrit dans les journaux. Les journalistes lui ont provoqué d’habitude des chagrins, de même que les éditeurs. C’est la raison principale pour laquelle la publication de ses oeuvres n’a jamais été pour lui un objectif majeur.

Dès qu’un de ses livres fut publié, Flaubert connut la disgrâce publique, le mensonge accusateur, voire l’insulte. Plus que le dénigrement, c’est l’avalanche de sottises qui attristent le romancier, car on aime mieux inspirer de bons sentiments que de mauvais. (111)

Flaubert croit que les journaux sont faits comme les bottes, sur commande. (112) Conformément à sa théorie, ce ne sont pas les sujets qui manquent, mais les hommes. Les vrais professionnels sont rares dans tous les domaines. L’écrivain affirme, à toute occasion, son dégoût profond du journal, c’est-à-dire de l’éphémère, du passager. (113) Sa conclusion est implacable: s’écarter des journaux, n’en lire aucun!

4.11. Société

Pour ce qui est des jugements concernant la société, les réalités politiques, Flaubert n’est pas trop généreux. Quand il en parle, c’est plutôt pour manifester son désaccord, son mécontentement. Il aurait voulu, en effet, naître à une autre époque et vivre dans un autre pays. La démocratie, la fronde ne l’attirent point; il est tenté davantage par les pays et les civilisations exotiques,

qui touchent au mystère. La passion de l’Orient en est une preuve, d’où sa grande passion du voyage.

Il affirme quelque part (114) que la patrie est comme la famille - /…/ on n’en sent bien le prix que lorsqu’on n’en a plus. Gustave Flaubert aborde plus souvent ce sujet quand il vit la période atroce de la guerre franco-prussienne, événement qui a sur lui l’effet d’un grand boulversement de la nature, d’un de ces cataclysmes comme il en arrive tous les six mille ans /…/ (115)

D’ailleurs, tout événement politique qui trouble le calme de sa vie est sanctionné par les commentaires de l’écrivain. Celui-ci choisit, une fois de plus, la liberté de la création artistique, le monde des fictions, l’égalité sociale lui semblant la négation de toute liberté, de toute supériorité et de la Nature elle-même /…/ L’égalité c’est l’esclavage. (116)

Dans son étude consacrée à Gustave Flaubert, Maurice Nadeau souligne que pour cet écrivain la question sociale serait résolue, si chacun se