• Aucun résultat trouvé

reconnaissance des espèces de parents sauvages du quinoa cultivé

C. pallidicaule Aellen

La représentation synthétique dans un dessin paysager du village andin a été élaborée à partir des cartes à dire d’acteurs et des entretiens. Elle permet de situer les emplacements génériques des espèces de parents sauvages du quinoa cultivé. La Figure 78 situe les quatre espèces dites mères.

Figure 78. Présence des espèces C. petiolare Kunth, C. hircinum Schrad., C. quinoa spp. melanospermum Hunz. et C. pallidicaule Aellen dans l’agroécosystème andin. Représentation générique d’un village :

Généralement, la collecte de combustible pour la cuisson est réalisée pendant la surveillance des pâturages. Le combustible utilisé dans les villages est composé de petites branches, de plantes ligneuses, incluant les tiges dures et sèches du quinoa, des ayaras (C. petiolare Kunth, C. hircinum Schrad., C. quinoa spp. melanospermum Hunz.) et d’iswilla (C. pallidicaule Aellen non cultivée), et de bouse. Pour les familles interviewées, le fumier est une source d’énergie essentielle. La collecte de branches et de plantes ligneuses permet de réserver de la bouse des enclos pour fertiliser le sol et augmenter le rendement des cultures.

La collecte de combustible a lieu toute l’année, avec un pic en mars et avril. Les villageois accumulent près de leurs maisons des monticules de branches et de plantes ligneuses. Les tiges dures et sèches du quinoa, d’ayara et d’iswilla ne sont pas un aliment que le bétail aime, et sont donc aussi utilisées comme combustible. Au moment de la récolte, les agriculteurs forment des gerbes avec les plantes coupées au champ. Cette technique consiste à faire sécher les plantes à l’extérieur et les protéger des pluies. Les graines d’ayara et d’iswilla qui tombent pendant ce processus restent dans le sol et germeront aux prochaines pluies.

Une fois les branches séchées, les agriculteurs font le battage du quinoa, d’ayara et d’iswilla (si les espèces mères les intéressent). Les tiges sans les grains sont amenées à proximité des maisons. S’il reste des grains d’iswilla attachées aux tiges, il suffit d’un peu d’humidité pour qu’ils germent. Ces tiges ont une combustion rapide et forte. Les cendres de ce combustible sont également considérées comme un engrais. Certains agriculteurs le conservent et l’étalent sur leurs cultures entre les mois de janvier et février. L’ayara, tout comme l’iswilla, « pousse sur des parcelles cultivées, ça a toujours été comme ça. Elle apparaît seule. Parfois on la laisse pousser, mais parfois on l’enlève. S’il y a beaucoup d’ayara il faut l’enlever, sinon il y a des dégâts sur la récolte de quinoa » (récit d’un agriculteur à Huancho). « [En se référant à l’ayara] Apparaît non seulement dans la culture du quinoa, mais aussi dans d’autres cultures et dans tout type de sol » (récit d’un agriculteur à Vizallani). « L’iswilla pousse à l’intérieur de la chacra. Ses grains sont également noirs et son goût est un peu amer, on le lave et on le mange » (récit d’une agricultrice à Yuraccachi).

Ces espèces poussent aussi dans les lieux funéraires de tombes et de culte des ancêtres, sur des espaces de rituel météorologique et de culte festif. Une agricultrice nous explique,

en faisant référence à un ancien cimetière : « C’est là-bas que mama quinoa pousse bien. On ne l’enlève pas, elle ne pousse pas pour nous. On la laisse pousser » (récit d’une agricultrice à Huataquita). Un autre récit fait référence aux espaces de rituel météorologique : « Sur la colline elle pousse parfois (…) Je le vois quand on y va pour demander de la pluie (…) Nous y apportons des offrandes pour les dieux. (…) Oui, si nous avons de l’ayara ou de l’iswilla [en se référant aux graines] on les amène comme offrande » (récit d’un agriculteur à Urani).

L’iswilla pousse surtout à l’ombre et là où le fumier s’accumule. « Sur la colline, il pousse là où se trouvent les maisons abandonnées (…). La mama canihua aime ces endroits pour pousser. Elle pousse aussi où le bétail dort, elle pousse sur le fumier des animaux » (récit d’une agricultrice à Yuraccachi). « Il y en a sur la colline où j’emmène mon bétail pour paître. Sur cette colline, il y a une grotte où l’on peut entendre l’eau passer. Les grands-parents disaient que la grotte est une ancienne mine. A l’entrée de la grotte pousse l’iswilla, et l’ayara y pousse aussi » (récit d’une agricultrice à Huancho).

5.3.1.3. La présence des espèces dites aromatiques dans le paysage andin :

C. ambrosioides L., C. incisum Poiret et C. carnosolum Moq.

Le dessin synthétique paysager de la Figure 79 illustre les places génériques dans l’agroécosystème andin des trois espèces dites aromatiques.

Même si l’élevage reste secondaire par rapport à l’agriculture dans les six villages étudiés, cette activité demande beaucoup d’attention au quotidien. Chaque jour, tous les animaux doivent avoir de l’eau et du fourrage sec ou de l’herbe fraîche. Pendant l’été, les pâturages sont pauvres et épuisés, c’est pourquoi les agriculteurs adoptent la stratégie d’extraire, à la main, les herbes des chacras. « Parfois elle pousse à l’intérieur de la chacra. On l’arrache comme une herbe. Si elle reste dans la chacra, elle ne fait pas mal, mais on l’enlève quand même et on le donne aux moutons pendant qu’elle est verte [en se référant au paicco] » (récit d’une agricultrice à Vizallani). « Si, je la connais. La choca chiwa [C. carnosolum Moq.] pousse sur les bordures des enclos et sur les bords des maisons. Elle pousse seulement en temps de pluie. Rapidement les animaux le mangent » (Récit d’un agriculteur à Yuraccachi).

Figure 79. Présence des espèces C. ambrosioides L., C. incisum Poiret et C. carnosolum Moq. dans l’agroécosystème andin. Représentation générique d’un village : dessin de synthèse établi à partir des

cartes à dire d’acteurs et des entretiens.

Le pâturage des animaux est le travail qui prend le plus de temps. Chaque jour, les villageois passent des heures à emmener les animaux au pâturage, à les accompagner, à les tenir éloignés des cultures et à les ramener dans leurs enclos la nuit. En dehors du fourrage à base d’orge ou d’avoine pendant l’hiver (qui remplace les pâturages), les moutons, les vaches et les alpagas vont paître toute l’année. « Quand décembre apparaît, j’emmène les animaux manger au bord de la rivière et il y a la choca chiwa (Figure 80). C’est doux à manger, le bétail l’aime bien » (récit d’un éleveur à San Juan de Dios). « Cette plante pousse sur la colline, où le sol est rouge. Les animaux la mangent parfois. Elle a pourtant une odeur que les animaux n’aiment pas. Lorsqu’ils la mangent, après le paicco [C. ambrosioides L., C. incisum Poiret] pousse sur les déjections que le bétail laisse sur la colline, même si c’est sur des pierres » (récit d’un agriculteur à Urani).

Les longs trajets que les agriculteurs et les bergers effectuent quotidiennement leur permettent d’acquérir une forte connaissance des plantes. « Le paicco ne pousse pas seul, il est toujours accompagné des autres plantes, elles poussent toutes ensemble. (…)

Outline

Documents relatifs