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INTRODUCTION GENERALE

3. PROBLEMATIQUE DE LA THESE : UN OBJECTIF SOUS- SOUS-TENDU PAR TROIS QUESTIONS SOUS-TENDU PAR TROIS QUESTIONS

4.1. Choix des villages d’étude et des périodes d’enquête

Nous avons sélectionné six villages andins dans la région de Puno, selon trois critères géographiques qui différencient des situations contrastées représentatives des zones agroécologiques de l’Altiplano de Puno (Figure 7 ; Figure 8) :

1. un gradient nord-sud correspondant à la distance des villages par rapport au lac Titicaca ;

2. un gradient est-ouest correspondant à l’altitude des villages, l’altitude étant le facteur majeur définissant les grandes zones agroécologiques régionales (Tapia, 1994) ;

3. à ces deux critères s’ajoute la répartition des villages sur l’ensemble du pourtour nord, centre et sud du lac Titicaca, afin de tenir compte de la présence et de la diversité des types de quinoa, privilégiant les zones présentant la plus grande diversité génétique de quinoa cultivé, ainsi que les auteurs spécialistes de cette région les ont observées (Tapia et al., 2014 ; Canahua 2012) (Figure 9).

Les six villages étudiés ont été sélectionnés avec l’aide de l’Agence Agraire de Puno, qui connaît les personnes ressources, afin de réussir la collecte des données. Trois villages sont de l’ethnie aymara (Urani, Huancho Alto, Yuraccachi), et trois de l’ethnie quechua (San Juan de Dios, Vizallani Altarani, Huataquita).

Comme nous l’avons détaillé dans la Partie 2, Tapia (1996) a proposé cinq grands écotypes du quinoa (Figure 2, Partie 2), correspondant à cinq centres de diversité de cette espèce (vallées inter-andines, yungas, Altiplano, salars, niveau de la mer). Nous avons retenu la zone de l’écotype (c), qui est l’Altiplano andin du Pérou, en raison de son emplacement au cœur du centre d’origine des espèces sauvages apparentées et de l’espèce cultivée de quinoa. En effet, la plupart des espèces de parents sauvages qui peuvent se croiser avec le quinoa cultivé se trouvent dans cet écotype (c) (Tableau 2 et Figure 4, Partie 2).

Egalement, nous avons utilisé les travaux géographiques de Tapia (1994) qui s’est lui-même inspiré de Pulgar Vidal (1987) et qui propose un zonage agroécologique des Andes

en cinq grandes zones décrites en Partie 2, et déclinées pour l’Altiplano péruvien (Figure 7) : circumlacustre, Suni, Puna humide, Puna sèche, et Janka. Chacune des zones est déterminée par une gamme de variables telles que la latitude, l’altitude, l’exposition et l’utilisation du sol. Tapia présente pour chaque zone une liste d’indicateurs d’espèces cultivées et établit une correspondance avec les différents systèmes de rotation des cultures. Les territoires des six villages sont pour l’essentiel en zone agroécologique Suni, deux d’entre eux (Urani, Huancho Alto) ont également une part de leur territoire dans la zone agroécologique circunlacustre, à proximité immédiate du lac (Figure 8). Cela n’exclut pas que d’autres zones agroécologiques peuvent y être présentes.

Figure 7. Les cinq zones agroécologiques de l’Altiplano de Puno au Pérou, d’après Tapia (1994). Zone circunlacustre en bord de lac, 3 810 à 3 850 m ; zone Suni, 3 850 à 3 900 m ; Puna humide et Puna sèche,

3 900 à 4 100 m ; Janka, 4 100 m et plus.

Autour du lac Titicaca, en zone circunlacustre, les champs de quinoa sont les plus vastes et peuvent être en monoculture. La zone Suni correspond à la zone d’influence indirecte du lac Titicaca, où les champs sont des associations de quinoa avec l’orge, la pomme de terre et des tubercules andins (Solanum andigenum, S. curtilobum, S. juzepczukii, Oxalis tuberosa, Tropaeolum tuberosum, Ullucus tuberosus). Dans la zone collinaire autour du lac Titicaca, les champs sont gérés en rotation, les cultures successives étant la pomme de terre, le quinoa, les tubercules andins et l’orge. Dans la zone Suni (plus froide et plus loin du lac), la cañihua (Chenopodium pallidicaule) est cultivée dans des champs plats, avec la pomme de terre amère qui est produite jusqu’à la

Figure 8. Localisation des six villages étudiés autour du lac Titicaca (département de Puno, au sud-est du Pérou).

Figure 9. Localisation des six villages étudiés selon les aires de plus grande diversité de quinoa cultivé (département de Puno, au sud-est du Pérou).

Les villages étudiés correspondent à la définition de parcialidad. Au Pérou, une parcialidad est une division territoriale qui n’a pas de limites précises, fixes ou enregistrées. Une parcialidad doit avoir une école publique et recevoir de l’aide alimentaire quand elle est disponible. Pour qu’un espace peuplé soit considéré comme une communauté autonome, les limites de juridiction doivent être légalement enregistrées sur des cartes officielles. Le statut de communauté confère l’autonomie communale sur l’ensemble de leurs terres, mais les parcelles appartenant à des familles (tenure individuelle) ne sont pas incluses dans les cartes officielles, ni enregistrées de quelque manière que ce soit.

— Cours d’eau • Village étudié Provinces de Puno : — autres — centre de diversité du quinoa

A l’intérieur des villages, la tenure de la terre est très fragmentée. Les villages sont des mosaïques de milliers de petites parcelles (Zimmerer, 1999) (Figure 10 ; Figure 11). Chaque famille a un grand nombre de petites parcelles, dispersées dans un rayon de plusieurs kilomètres. La tenure des terres, jusqu’à aujourd’hui, est transférée par héritage (fils et filles de manière égale) et soumise uniquement aux restrictions de l’aynoka (s’il y en a) et, le cas échéant, à la révocation pour faute grave. A ce propos, il est parfois très difficile d’enregistrer des informations précises sur les parcelles des agriculteurs. Dans certains cas, les conflits intrafamiliaux au sujet de la tenure des terres a rendu difficile l’obtention de ces informations dans le cadre de cette thèse : le fait de demander des renseignements précis sur les parcelles (comme l’emplacement pour prendre des points GPS ou les dimensions) a créé une certaine résistance lors de l’enquête, et nous avons dû adapter nos méthodes de terrain.

Figure 10. Mosaïque de parcelles, exemple d’aynoka (parcelle collective) dans le village de

Yuraccachi.

Figure 11. Une parcelle dans le village d’Huancho Alto : comme la majorité des parcelles, celle-ci

L’Altiplano de Puno a déjà fait l’objet d’une étude (Bergman et Kusner 2000, pp. 115‑121) sur le cycle de travail agricole et sur les périodes consacrées aux principales activités économiques dans les villages aymaras et quechuas. Ces activités sont liées aux déplacements (travail hors du village), au travail agricole et à la conduite des troupeaux au pâturage. Certains agriculteurs quittent leur village après les semis pour travailler ailleurs, comme bergers engagés pour le bétail d’une autre personne, ou comme mineurs, ou dans le commerce par exemple. D’autres agriculteurs ne vivent pas au village, ils ont déménagé dans une ville proche où ils ont des emplois qui leur assurent un revenu permanent. Ces agriculteurs viennent au village seulement pour entretenir leurs parcelles à des moments précis de l’année.

Le cycle du travail agricole commence en septembre, où tous les membres d’une famille (enfants et adultes) se retrouvent au village pour aider au labour. Cette première période dure jusqu’en décembre ou janvier, selon la culture et selon qu’il s’agisse d’une année pluvieuse ou sèche — les précipitations se répartissant sur une seule saison des pluies, normalement de septembre à avril-mai, suivie d’une saison sèche. Les activités agricoles réalisées sont le labour, le semis, le désherbage et le terrassement des parcelles. En général, les mois de février et mars nécessitent peu d’investissement en temps sur le champ cultivé. Les récoltes se déroulent ensuite d’avril à juin et cette période est aussi l’occasion de nombreuses festivités traditionnelles pour célébrer les produits obtenus et la gratitude envers la Mère Terre.

Par conséquent, nous avons choisi de venir sur le terrain à la première période du cycle agricole, en saison des pluies, car nous avions besoin que les villageois soient présents au village et dans leurs champs. Deux séjours ont été réalisés pour collecter les données : le premier séjour d’octobre à décembre 2015, et le second séjour de septembre à novembre 2016. Sur le plan logistique, San Juan de Dios, Vizallani Altarani et Huataquita ne présentaient aucune difficulté d’accessibilité en transport collectif, puisqu’ils sont à proximité de routes importantes. Cependant, Urani, Huancho Alto et Yuraccachi avaient un accès par des chemins en mauvais état, pratiqués par des motos uniquement dans des conditions météorologiques normales ; ils étaient donc difficiles d’accès lors des jours de pluie intense.

4.2. Introduction aux méthodes de recherche participative :

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