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Application de la modélisation chorématique aux agroécosystèmes andins de Puno pour caractériser les lieux de

INTRODUCTION GENERALE

3. PROBLEMATIQUE DE LA THESE : UN OBJECTIF SOUS- SOUS-TENDU PAR TROIS QUESTIONS SOUS-TENDU PAR TROIS QUESTIONS

4.6. La modélisation chorématique pour représenter l’agroécosystème andin

4.6.2. Application de la modélisation chorématique aux agroécosystèmes andins de Puno pour caractériser les lieux de

présence des espèces de parents sauvages du quinoa cultivé

4.6.2.1. Première étape : la carte dessinée

Les connaissances botaniques locales sont liées à la perception de nombreux aspects de l’environnement naturel. L’information collectée dépend beaucoup des excursions sur le terrain avec des informateurs bien informés, qui nous ont aidés à voir l’environnement à travers leurs propres yeux.

Notre approche pour transmettre une synthèse des résultats obtenus par différents canaux a été de dessiner un paysage modèle (donc théorique), qu’on peut aussi qualifier de représentation générique et virtuelle, représentatif du paysage observé des six villages étudiés. Ce paysage dessiné est fondé sur la représentation paysagère conceptualisée par Pierre Morlon (1992) des systèmes agraires et des agroécosystèmes.

Ce dessin est en quelque sorte une interprétation personnelle qui combine différentes sources d’informations acquises et qui va placer dans l’espace les différents éléments appelés dans les futures cartes chorématiques. Pour construire cette représentation virtuelle, les caractéristiques des lieux sont issues des éléments structurants des cartes à

à ceux-ci — par exemple les entretiens qui ont raconté des histoires sur certains lieux et les activités qui se déroulaient dans ces lieux spécifiques ; de telles entrevues ont mené à de nouvelles visites sur place —, d’observations personnelles sur le terrain, et complétées par de l’information issue de la bibliographie.

Dans la représentation spatiale et temporelle de la configuration du paysage, nous avons également inclus des éléments qui prennent en compte la dimension culturelle dans ses valeurs immatérielles et ses expressions culturelles, s’inspirant ainsi de ce que le géographe Carl Sauer (1925, p. 46) a proposé comme définition de paysage culturel dans son ouvrage « Morphology of Landscape » : « Le paysage culturel est façonné à partir du paysage naturel par un groupe culturel. La culture est l’agent, la nature est le moyen et le paysage culturel le résultat ». Pour cette partie, nous considérons que le processus d’associer les usages des lieux par les villageois à leurs connaissances et à leurs pratiques de gestion des espèces de parents sauvages du quinoa montre la relation qui se développe entre les personnes, ces espaces et ces espèces végétales — l’usage étant ici défini comme « les fonctions d’un lieu, ainsi que les activités et les pratiques qu’il peut accueillir » (Mitchell et al., 2011, p. 18).

4.6.2.2. Seconde étape : de la carte dessinée au modèle chorématique, avec

une rupture dans le temps, l’année 1970

La première étape de traitement de l’information consiste à schématiser les cartes faites dans la première étape de la thèse, afin de dégager la structure de l’agroécosystème : il s’agit de sélectionner les implantations les plus importantes, et de simplifier les contours de l’agroécosystème.

La seconde étape représente un saut épistémologique, puisqu’elle modélise l’agroécosystème, c’est-à-dire qu’elle déduit la forme de la distribution des éléments de l’agroécosystème de sa localisation dans le temps et dans l’espace. La forme géométrique qui représente chaque élément n’a plus une valeur de généralisation, au sens cartographique, de l’information, mais une valeur logique. Puis les figures adoptent un langage graphique commun et simplificateur. Aussi le modèle n’a ni échelle, ni orientation, ni datation, contrairement à la carte et au schéma.

À partir d’un modèle graphique portant sur le système des structures agraires en Amérique latine (avec étude des évolutions possibles), il est possible d’élaborer un

schéma de l’évolution de la distribution des espèces de parents sauvages du quinoa cultivé dans la région de Puno.

Pour le travail chorématique, tout d’abord, nous avons identifié quelles sont les entités pertinentes, c’est-à-dire les éléments essentiels à retenir et quelles sont les principales relations concernées pour faciliter le dialogue sur l’évolution de la distribution des parents sauvages du quinoa cultivé à Puno.

Actuellement, les six villages étudiés sont à des moments différents par rapport au développement du secteur agricole et du quinoa, l’année 1970 ayant été charnière pour le développement de l’agriculture au Pérou (nous l’expliquons dans le paragraphe suivant). C’est pourquoi nous avons modélisé leurs dynamiques socio-spatiales en deux temps :

 une première la période « avant 1970 », pour laquelle le modèle représente une réalité commune pour tous les villages ;

 une seconde période contemporaine, pour « après 1970 », qui représente la réalité de trois villages les plus impliqués dans le marché du quinoa aujourd’hui (San Juan de Dios, Huataquita et Vizallani). Le modèle lié à cette période correspond alors à un scenario possible dans une futur proche pour les autres villages étudiés (Huancho, Urani et Yuraccachi) qui sont dans une phase initiale de production commerciale du quinoa.

L’année 1970 a été choisie comme année charnière dans notre analyse historique autour du développement du marché du quinoa sur les Andes. Cette date correspond au début d’une décennie qui concerne trois grandes étapes du développement de l’activité agricole au Pérou : la Loi de 1969 sur la Réforme agraire, la Loi de 1972 sur l’Education générale avec la création des écoles primaires dans les régions éloignées du pays, et la Loi de 1974 sur la reconnaissance des Communautés natives péruviennes (droits territoriaux). Pendant cette période, le Pérou était sous le mandat du gouvernement militaire de Juan Velasco Alvarado (1968-1975). Les principaux objectifs de ce gouvernement étaient les suivants : éliminer les causes structurelles des conflits sociaux, redéfinir le système de redistribution des richesses, moderniser l’économie et connecter le pays à travers l’amélioration et la construction de routes, principalement dans les zones frontalières du pays. Ces réformes ont donné naissance à une bourgeoisie libérale industrielle et agro-exportatrice. Avec la Réforme agraire, la plupart des grands domaines

associations ont été composées par des anciens travailleurs des haciendas, au lieu de restituer les terres aux communautés paysannes qui avaient été déplacées vers les terres plus pauvres. Certaines coopératives ont été en mesure d’accroître la production et de regrouper les revenus avec plus de succès que les propriétaires fonciers précédents. Mais d’autres n’ont pas pu aboutir à ce résultat, et à la fin des années 1970 plusieurs coopératives ont été dissoutes. Cette dissolution a divisé les coopératives en exploitations individuelles. De ce fait, deux modalités de production ont cohabité dès 1970 : de grandes extensions productives appartenant aux coopératives restantes, et des nouvelles fermes à taille familiale.

Pour la modélisation chorématique avant et après 1970, la prise en compte de temporalité, avec des changements possibles au cours du temps, dans les entretiens avec les 150 personnes nous a été utile. Nous avons en effet posé plusieurs questions sur les souvenirs qu’avaient ces personnes de la présence perçue des espèces de parents sauvages du quinoa cultivé — voir Annexe 4, questions 8 et 9 de la section Annexe 4.2.

5. RESULTATS

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