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Les entretiens ethnobotaniques pour identifier la gestion et les usages des parents sauvages du quinoa dans

INTRODUCTION GENERALE

3. PROBLEMATIQUE DE LA THESE : UN OBJECTIF SOUS- SOUS-TENDU PAR TROIS QUESTIONS SOUS-TENDU PAR TROIS QUESTIONS

4.4. Méthodologie de cartographie participative

4.5.4. Les entretiens ethnobotaniques pour identifier la gestion et les usages des parents sauvages du quinoa dans

l’agroécosystème

Un guide d’entretien a été préparé avant d’aller sur le terrain (voir en Annexe 4). Ce guide, composé d’une liste de vérification des sujets et des questions considérées importantes à aborder, a été testé avant d’aller dans les six villages étudiés. Des agriculteurs aymaras et quechuas qui travaillent dans les champs expérimentaux de quinoa au centre de recherche de l’INIA à Puno ont été interviewés. Au fur et à mesure de la discussion, de nouveaux thèmes d’enquête sont apparus naturellement et certaines des questions préparées ont été modifiées ou enlevées. Cette instance a permis d’adopter des façons locales de parler, en utilisant des expressions et des mots que les gens comprennent.

A l’arrivée au premier village étudié, en coopération avec l’autorité locale, le guide d’entretien a été à nouveau corrigé et finalisé afin de se placer dans des conditions optimales de compréhension réciproque. Avec le soutien de l’autorité locale de chaque village, un atelier initial de sensibilisation a été conduit pour présenter la nouvelle étape du projet de recherche et la méthodologie prévue faisant suite au recueil participatif des données cartographiques sur la distribution des parents sauvages du quinoa cultivé. Cette instance a permis de présenter le matériel d’appui pour les entretiens : les photographies des espèces, l’appareil enregistreur, l’appareil photographique et le carnet de notes. A la fin de chaque atelier, il a été décidé ensemble du calendrier des entretiens avec les premières personnes volontaires pour se faire interviewer.

La plupart des entrevues ont été menées avec une seule personne à la fois. Cela a permis aux personnes d’exprimer leurs savoirs et points de vue personnels librement. Pour les villages aymaras, un anthropologue local a participé en tant qu’interprète pendant les entretiens avec les personnes ne parlant pas espagnol. En revanche, pour les villages quechuas, lorsqu’une personne ne parlait pas espagnol, il a été demandé à quelqu’un de sa propre famille, ou d’une autre au sein du même village, de se porter volontaire comme interprète pour nous aider pendant l’entretien.

En tant que doctorante en phase de recherche, le fait de vivre au village et de partager avec les villageois de nombreux aspects de leur vie, a permis de créer une atmosphère de confiance avec les personnes interviewées. Dès le début de mon arrivée au village, j’ai montré ma curiosité et ma volonté d’apprendre, afin de m’adapter à leur rythme et à leur mode de vie. A chaque fois, avant le déroulement des entretiens, je me suis impliquée dans la routine de chaque personne en faisant des actions pour l’aider dans ses activités journalières (faire la cuisine, aller au champ ou au pâturage, collecter le bois de chauffage, etc.). Puis, naturellement, je leur ai rappelé le but de mon séjour au village, et respectueusement, je leur ai demandé leur accord pour commencer l’entretien programmé. Avant de commencer l’entretien, j’ai systématiquement demandé à la personne la possibilité d’enregistrer la conversation. De plus, j’expliquais ce qui serait fait avec les résultats de cette recherche. La durée des entretiens a été variable, mais dans l’ensemble, ils duraient une heure. Souvent ils ont été réalisés en une séance, quelquefois il en a fallu deux pour aller au bout de l’exercice compte tenu de leur temps disponible.

La collecte d’informations s’appuie sur la réponse à quatre questions de base : 1) Qui maintient la diversité des cultures de quinoa sur le territoire et des espèces de

parents sauvages du quinoa cultivé ?

2) Quelle est la distribution de ces espèces que les villageois maintiennent dans le temps et l’espace ?

3) Quels sont les facteurs (sociaux, environnementaux, commerciaux et culturels) qui influencent les décisions des villageois de maintenir la diversité des cultures locales de quinoa et des parents sauvages ?

4) Comment les villageois définissent-ils les actions pour maintenir (ou non) les parents sauvages ? Quels sont les processus utilisés par les villageois pour garder les parents sauvages sur les fermes ou en dehors d’elles (dans l’environnement) ?

Les sept espèces de parents sauvages du quinoa auxquelles nous nous intéressons soulèvent le problème de l’existence d’une frontière imprécise entre le domestique et le sauvage. Certaines de ces espèces sont cultivées ailleurs et, en plus, les ethnies aymara et quechua ne marquent pas dans leur cosmovision de différence entre les plantes cultivées et sauvages, contrairement à ce que marque la botanique, en tant que discipline

utilisation. L’état de l’art réalisé (en Partie 2 de cette thèse) montre que certaines espèces peuvent jouer un rôle économique et social important et peuvent présenter un intérêt tout aussi bien génétique qu’ethnologique.

Notre intérêt a porté sur ces plantes non cultivées mais considérées comme gérées par les villageois selon leurs propres modes de gestion. Les questions posées doivent alors permettre de mettre à jour les pratiques des villageois pouvant avoir un effet sur la biodiversité des sept espèces de parents sauvages étudiées, telles que des pratiques agronomiques sur les parcelles (productives), et l’entretien des éléments fixes et non cultivés de l’agroécosystème (milieux ouverts non cultivés, jachères, bords de champs, etc.).

La gestion des espèces tient compte de l’impact de ces espèces sur la vie quotidienne de la communauté (Turner 1988). Nous avons donc étudié les usages des espèces en adaptant la définition faite par Turner (1988) sur le facteur « qualité des usages », ainsi que celle de la « fréquence des usages » de Stoffle et al. (1990).

Turner (1988) étudie les usages des espèces selon trois facteurs : la qualité des usages, l’intensité des usages (l’impact des espèces sur la vie quotidienne des gens), et l’exclusivité des usages (une espèce particulière à priorité d’usage sur les autres espèces dans un rôle culturel donné). Le modèle de Turner (1988) repose sur le calcul d’un classement, produit en attribuant des valeurs au nombre de facteurs qui contribuent à l’importance d’une espèce, c’est-à-dire à l’usage de l’espèce par les personnes. Les résultats combinés des facteurs produisent un indice de signification culturelle pour une espèce végétal donnée. Pour cette thèse, nous avons considéré uniquement le premier facteur, « qualité des usages ». Nous n’avons pas considéré les facteurs « intensité de l’usage » ni « exclusivité de l’usage » puisque notre étude se limite à sept espèces et ne couvre pas toutes les autres espèces présentes dans l’agroécosystème et utilisées pour les villageois. Dans la « qualité des usages », le concept d’usage est défini au sens large afin d’inclure le large éventail d’utilisations potentielles qu’une espèce donnée peut avoir, y compris dans la mythologie et les rituels. La proposition de Turner inclut des espèces qui ne sont pas utilisées actuellement par les interviewés, mais qui sont toujours reconnues comme ayant été utilisées par eux ou par d’autres. Nous avons néanmoins adapté ce facteur de qualité des usages en évitant de classer les réponses des villageois pour ne pas concéder plus d’importance culturelle à une espèce qu’à une autre. En effet, notre terrain

d’étude est composé de deux groupes linguistiques différents, et aussi de contextes géographiques diversifiés pour les six villages. De plus, l’usage d’une espèce particulière peut varier considérablement, allant d’une importance majeure dans un village à une importance marginale dans un autre. Enfin, les revues bibliographiques sur les études ethnobotaniques contemporaines des espèces de parents sauvages du quinoa dans les Andes péruviennes restent rares et dispersées, ce qui rend difficile une analyse réaliste des données ; de ce fait, toutes les espèces devraient se voir attribuer une valeur égale de qualité d’usage.

Par rapport à la fréquence des usages des espèces, selon Stoffle et al. (1990), les plantes utilisées régulièrement sont plus importantes que celles qui sont peu utilisées : si une plante est encore utilisée, la connaissance de son usage sera transmise de génération en génération. Ainsi, l’importance culturelle d’une espèce peut être reflétée dans le développement des pratiques spéciales de gestion de la même espèce, telles que le brûlage des plantes afin d’encourager une nouvelle croissance de la plante l’année suivante. Dans cette logique, l’importance culturelle de l’espèce en question est donc plus grande que celle de certaines autres espèces en raison de ses divers usages et de sa rareté perçue. Stoffle et al. (1990) suggèrent que les parties d’une plante utilisées à des fins spécifiques devraient faire partie du calcul de la signification culturelle d’une espèce. Par exemple, une même plante peut avoir différentes parties qui sont utilisées pour différents aliments importants à des stades distincts de maturation de la plante.

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