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Oubli de la chronique pendant 4 siècles, publications et traductions au XX e siècle 52

Chapitre 2 Construction des données sociologiques relatives à la chronique retenue, son

2.1. Identification du document analysé 50


2.1.2. Oubli de la chronique pendant 4 siècles, publications et traductions au XX e siècle 52

Selon Markham, Bauer et Decoster, la chronique fut envoyée en Espagne en 1572, mais elle n’a pas été publiée. Le document de Sarmiento aurait disparu pour refaire surface en 1785, lors de la vente de la bibliothèque d’Abraham Gronovius à l’Université de Göttingen. La comparaison avec la démarche de Garcilaso de la Vega, un autre chroniqueur qui publia de son vivant en Espagne (1609), m’a permis de confirmer que la chronique de Sarmiento n’a pas traversé les étapes d’approbation nécessaires pour la publication en Espagne, puisqu’à la fin du document de Sarmiento, on trouve seulement la certification de Francisco de Toledo (vice-roi), du Dr. Loarte (juge de Cuzco) et d’Alvaro Ruiz de Navamuel (secrétaire royal), mais aucune licence liée à la publication et à l’impression du livre30.

green leather. The first page is occupied by a coloured shield of the royal arms, with a signature el Capitã Sarmi de Gãboa. On the second page is the title, surrounded by an ornamental border. The manuscript is in a very clear hand, and at the end are the arms of Toledo (chequy azure and argent) with the date Cuzco, 29 Feb. 1572. There is also the signature of the Secretary, Alvaro Ruiz de Navamuel » (Markham 1907, xi).

Alors que Bauer et Decoster décrivent un document qui semble beaucoup plus volumineux:

« Sarmiento's 1572 manuscript is composed of a 10-page letter to King Philip II, 262 pages of text, and a

final Certificate of Verification that covers 11 pages. It also contains three coats of arms. The cover page displays the coat of arms of Castilla and León (Figure I.2). This is followed by the ornate title page, which is followed by the royal coat of arms of King Philip II (Figure I.3). Next is the above-mentioned dedicatory letter to King Philip II, which was signed by Sarmiento in Cuzco on 4 March 1572. The history ends with the coat of arms of the commissioner of the work, Francisco de Toledo (Figure I.4). The Verification and the final signatures of the witnesses follow this » (Bauer et Decoster 2007, 5).

Juan Facundo Riaño, dans sa revue de l’article du professeur de Göttingen, Wilhelm Meyer, fait une description qui correspond à celle de Markham :

« Consta de 8 hojas de introducción y de 138 de texto: las hojas miden 29 1/2 centímetros de alto por 20 de

ancho y contiene 28 renglones por plana » (Comprend 8 feuilles d’introduction et 138 de texte : les feuilles

mesurent 29 centimètres et demi de haut par 20 de large, et contiennent 28 lignes par page ; ma traduction) (Riaño 2010).

Cependant, selon mes observations, les deux descriptions sont complémentaires, quant aux différentes parties du document (les signatures, les représentations graphiques, le matériel du document) et la contradiction apparente dans le nombre de pages provient d’une subtilité qui nous échappe puisque cette distinction de sens n’existe plus aujourd’hui. L’un réfère aux « feuilles » qui peuvent être rédigées recto verso, ce qui réduit le nombre de pages, et l’autre compte les « pages » recto et verso d’une même feuille remplie à la main, ce qui en augmente le nombre.

30 Garcilaso de la Vega mentionne avoir terminé l’écriture de ses Commentaires royaux des Incas en 1603 et sa chronique n’a été publiée qu’en 1609. Aurelio Miró Quesada, dans sa publication des écrits de Garcilaso, nous explique les différentes étapes à traverser pour publier à cette époque.

D’abord, il fallait l’approbation et la License du Conseil l’Inquisition (Garcilaso de la Vega 1985, xxix) et c’est Fray Luis dos Anjos qui avait reçu les documents originaux. Il approuva le 23 novembre 1604. Les

Comentarios Reales furent ensuite soumis à Marcos Teixeira y Ruy Pirez de Veiga, lui aussi du Conseil de

l’Inquisition, et il accorda la License pour l’impression en décembre 1604 (Garcilaso de la Vega 1985, xxx). Ensuite, Garcilaso procéda à la dédicace de son œuvre, afin de trouver un mécène qui défraierait les coûts d’impression du livre. Il n’est pas clair cependant si les personnes à qui il dédicaçait le livre devaient l’approuver et pouvaient exiger des changements de forme et de fond dans l’ouvrage, avant sa publication. Puis, il fallait la Licence du palais, laquelle fut accordée, selon Mirò Quesada (Garcilaso de la Vega 1985,

Même après que le livre de Sarmiento ait été recensé au moment de la vente de la bibliothèque d’Abraham Gronovius en 1785, il semble avoir été oublié encore pour quelques siècles, puisqu’il fut publié pour la première fois seulement en 1906, soit 334 ans plus tard, par l’historien Pietschmann (Sarmiento de Gamboa 1906). Puis le document fut édité en anglais en 1907 par Sir Clement Markham, sous le titre de The History of the Incas by Pedro Sarmiento de Gamboa, un titre repris, un siècle plus tard, dans la seconde traduction anglaise par Bauer et Smith (Sarmiento de Gamboa 2007). L’édition de Pietschmann fut révisée en 1942 par Ángel Rosenblat, de l’Institut de Philologie de l’université de Buenos Aires, car les éditeurs (Mecé Editores, Buenos Aires) considéraient que l’édition de Pietschmann, qui n’était pas hispanophone, mais germanophone, présentait certaines erreurs. En fait, plusieurs éditions espagnoles ont vu le jour : celle de 1942 par Roberto Levillier, celle de 1964 par Federico Schwab et Richard Pietschmann, celle de 1972 par Malcolm K. Burke et celles de 1988 et 2001 par les Ediciones Miraguano de Madrid (l’individu ayant réalisé l’édition est inconnu). Cependant, seules les éditions de Markham (1907) et de Rosenblat (1942) étaient disponibles à Montréal et j’ai pu faire venir celle de 1906 par Pietschmann et celle de Bauer et Smith (2007).

L’édition de 1907 par Markham, comme celle de Bauer et Smith (2007), a été réalisée en consultant l’édition de Pietschmann, mais seuls ces derniers mentionnent avoir consulté un facsimilé de l’original à quelques reprises. Ils consultèrent également la traduction de Markham. Le grand défaut de la traduction de Bauer et Smith, en ce qui concerne l’analyse de discours, c’est qu’ils ont omis les chapitres 2 à 5 concernant les croyances de Sarmiento sur le peuplement du monde et la nature du continent américain et de ses populations. Les éditeurs ne jugeaient pas cette partie pertinente pour connaître les Incas. Or, sans cette partie, on ne peut situer à partir de quelle conception du monde Sarmiento évalue les croyances incas.

était de sang royal. Ensuite, l’impression semble aussi exiger un certain temps puisqu’elle fut terminée seulement en 1608, et qu’en juin 1609, Garcilaso lui-même transmet ses pouvoirs au jésuite Jerónimo Ferraz pour qu’il termine le processus (Garcilaso de la Vega 1985, xxix). Une dernière License est nécessaire, (Licencia del Ordinario), celle qui fixe la date de l’édition (septembre 1609), avant d’avoir la permission de mettre en circulation les exemplaires imprimés.

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