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CHOCS EXTERNES POSITIFS ET EVOLUTION DU

I- POIDS DES RESSOURCES EXOGENES DANS L’ECONOMIE EGYPTIENNE DEPUIS 1970.

I.3- Origine des différents booms.

Même si les ressources exogènes ont connu des booms concomitants, leurs origines sont diverses. Les revenus pétroliers et ceux du canal de Suez ont une origine bien connue. Les premiers sont liés aux deux chocs des prix pétroliers en 1973 et en 1979, mais aussi à un choc d’offre suite à de nouvelles découvertes et à l’exploitation de puits de pétrole dans le Sinaï restitué par Israël en 1975 [Shafik (2000)]. Les seconds sont liés à la réouverture du canal de Suez en 1975, après sept années de fermeture, conséquence du conflit avec Israël. Mais les ressources les plus importantes sont celles liées aux remises des travailleurs et aux flux d'aide étrangère.

I.3.1- Le boom de remises de fonds des travailleurs égyptiens émigrés.

Le boom de remises de fonds des travailleurs égyptiens émigrés est lié aux chocs pétroliers. Il débute en effet quand les travailleurs égyptiens commencent à migrer dans les pays du Golfe, au moment du premier choc pétrolier. Ils veulent ainsi profiter de la richesse des pays arabes voisins, d'autant plus que la demande de travail commence alors à diminuer en Égypte.

13 La période de booms débute ici en 1975 et non en 1974 car les montants d’aide considérés, qui pèsent le plus

lourd dans le total des ressources exogènes, sont ceux déboursés et non ceux engagés. Dans les faits, toutes les ressources exogènes commencent à augmenter, de manière moins spectaculaire, dès 1974, date qui marque le début de la politique dite de la « porte ouverte ». A partir du troisième chapitre, la période de booms sera ainsi 1974-1985.

Le nombre des travailleurs égyptiens à l’étranger est controversé. Au début des années 70, son estimation oscille entre 100 000 [Feiler (1987)] et 200 000 [Fergany (1995)]. Au début des années 80, entre 1 million [Commander (1987)] et 5 millions [Feiler (1987)] d’Égyptiens se trouvaient à l’étranger, principalement en Iraq, soit environ 10% ou 25 % de la population active selon les estimations des différents auteurs. En 1992, il y avait 2,5 millions de travailleurs expatriés égyptiens, soit 11 % des actifs, dont 93 % dans des pays arabes. En 1999, leur nombre était retombé à environ 2 millions, dont 1,3 millions dans les pays du Golfe d’après les statistiques du Ministère du travail.

La mobilité de la main-d’œuvre égyptienne a été encouragée par un certain nombre de mesures. En 1971, l’émigration est devenue un droit constitutionnel. En 1973, les visas de sortie ont été supprimés et remplacés par des autorisations de voyager pouvant s’obtenir sur le lieu de travail. Enfin, la délivrance des passeports a été décentralisée et pouvait en principe être effectuée sous les 24 heures dans n’importe quel poste de police. Par ailleurs, le gouvernement a attiré les remises de fonds des travailleurs, en créant, en 1973, un nouveau taux de change, celui du « marché parallèle », qui deviendra plus tard le taux du « marché libre », offrant une prime par rapport au taux de change officiel (nous reviendrons sur l’évolution de ce taux de change au paragraphe II.2.2.2). En outre, le gouvernement a exonéré les revenus gagnés à l’étranger d’impôts sur le revenu [Shafik, (2000)].

I.3.2- Le boom d’aide.

Le boom d'aide est lié au changement de stratégie de l'Égypte, tant au niveau économique que politique. Il correspond à la troisième phase discernée par Handoussa (1990a) dans l'évolution des flux d'aide depuis 1960.

La première phase correspond à l'aide soviétique et aux transformations socialistes (1960-66). Pendant cette période, Nasser est au pouvoir et il mène une politique d'inspiration socialiste. Mais déjà il y a une compétition entre les deux blocs. Alors que l'URSS finance le barrage d'Assouan, et les premiers plans d'industrialisation, les États-Unis apportent à l'Égypte une aide alimentaire substantielle, qui fait de ce pays le troisième receveur d'aide américaine de ce type.

La deuxième phase couvre la période de guerre et de stagnation économique (1967- 74). Le début du conflit avec Israël est marqué par une baisse de l'aide financière soviétique, et de l'aide alimentaire américaine. Pourtant, le coût de ces deux guerres (1967, 1973) est énorme, alors que l'Égypte perd au même moment les revenus de ses puits de pétrole dans le Sinaï et ceux du Canal de Suez. Bien que les pays arabes, par l'accord de Khartoum de 1968,

envoient des fonds pour compenser les pertes de revenus que nous avons cités, l'Égypte a obtenu très peu de flux d'aide jusqu'à la guerre d'octobre 1973, moment où le pays a retrouvé sa place stratégique régionale et internationale.

L'aide occidentale qui émerge en 1974 coïncide avec la période de libéralisation économique dite de « la porte ouverte » (Infitah). La politique d'ouverture économique s'est accompagnée d'un changement de « camps » de l'Égypte. Dorénavant, ce pays se réclame de l'occident et se laisse convaincre des bienfaits de l'économie de marché. Les États-Unis, mais aussi les autres pays occidentaux vont donc devenir les principaux donneurs d'aide à l'Égypte, alors que l'URSS boude et que les pays arabes ont limité leur soutien depuis l'accord de paix séparé avec Israël, qu'ils ont ressenti comme une trahison de la part de l'Égypte. Cette aide va être massive jusqu'au début des années 80 au point que l'on peut parler de boom d'aide.

L'Égypte a donc connu, entre 1975 et jusqu'au milieu des années 80, un afflux massif de capitaux étrangers. Il est intéressant d'étudier quelles ont été les conséquences de ces booms de ressources exogènes sur l'économie égyptienne. La théorie du syndrome hollandais prévoit que des booms de cette nature engendrent un « effet de dépense », qui se manifeste par une appréciation du taux de change réel. Nous allons maintenant étudier si cela a été le cas en Égypte.

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