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LES EFFETS MACROECONOMIQUES USUELS D’UN CHOC EXTERNE POSITIF

B. Hypothèse d’existence d’une externalité dans M.

II. É CONOMIE CONTROLEE

Contrôle des changes

L’impact négatif d’un boom, permanent ou temporaire, sur la production du secteur échangeable non boomier sera renforcé. Cette réglementation exacerbe donc le syndrome hollandais.

Si le boom est temporaire, cette réglementation a en outre un impact sur la dynamique de l’épargne. Les agents, ne pouvant plus détenir d’actifs étrangers, vont se reporter sur les actifs domestiques, i.e. la monnaie nationale dans le cas de pays en développements. La demande de monnaie va donc augmenter proportionnellement plus qu’en l’absence de contrôle des changes. Cette réglementation peut renforcer l’ampleur du boom de construction et/ou entraîner un dérapage des dépenses publiques. Ces cas de figure seront d’autant plus probables que l’État consommera le supplément de devises obtenu à travers elle, au lieu de l’épargner.

Contrôle monétaire

Imposer aux banques, seul intermédiaire financier dans les pays en développement, d’un ratio de liquidité important peut les empêcher d’allouer de manière optimale des ressources dans des projets rentables. Mener un politique de crédit trop restrictive peut donc nuire à l’investissement privé.

Le plafonnement du taux d’intérêt peut induire les banques à préférer investir dans des projets peu risqués plutôt que dans des projets rentables.

Un boom peut permettre une libéralisation financière, mais celle-ci risque de ne pas être optimale si elle induit une augmentation de la consommation au détriment de l’investissement.

Politique de change fixe

Cette forme de réglementation a un impact sur l’effet de liquidité. L’ajustement face à l’augmentation de la demande de monnaie ne peut plus de faire par l’appréciation du taux de change nominal, et donc l’offre de monnaie doit augmenter. L’État doit donc accumuler des réserves de change. Il se voit donc confié une part plus importante des ressources du boom, , qui en régime de change flottant étaient entièrement détenues par les agents privés, et notamment par les banques. Afin de mener des politiques commerciale et budgétaire cohérentes, le gouvernement doit être capable de discerner quelle part de ses réserves est acquise de manière permanente (augmentation permanente des dépenses réelles), et quelle part de manière temporaire (augmentation temporaire de la demande d’actifs). Si le gouvernement interprète mal la nature des réserves accumulées, alors il peut les dépenser à la place des agents privés, lesquels auraient pu les utiliser pour investir.

En régime de change fixe, l’augmentation de l’offre de monnaie nécessaire pour répondre à l’augmentation de la demande de monnaie engendre des pressions inflationnistes, qui peuvent exacerber l’effet de syndrome hollandais.

Une politique de change multiple peut servir à protéger le secteur échangeable non boomier. Cependant, cette politique engendre des distorsions, et il est préférable de subventionner directement le secteur concerné.

Contrôles d’importation

S’il lors d’un boom, permanent ou temporaire, les quotas restent inchangés, les ressources vont se diriger dans le secteur de substitution aux importations plutôt que dans le secteur des biens exportable . Une telle politique est sous-optimale puisque le taux de change réel s’apprécie (plus qu’en l’absence de restriction à l’importation) et les ressources sortent du secteur des exportations à un moment où elles devraient y entrer

L’augmentation des quotas d’importations, permettra une meilleure allocation des ressources, lors d’un boom. Dans le cas d’un boom temporaire, cette libéralisation n’engendrera une meilleure allocation des ressources en direction du secteur échangeable que si elle n’est pas anticipée par les agents économiques comme étant temporaire.

Si, en revanche, il existe des imperfections sur certains marchés, telles que la présence d’externalités dans le secteur des biens échangeables, alors le recul, même temporaire, de celui-ci dans l’économie peut être sous-optimal, et l’intervention de l’État, sous la forme d’octroi de subventions, est requise.

Un choc positif temporaire implique des ajustements dynamiques non pris en compte pas la théorie du syndrome hollandais, puisque des effets d’épargne entrent en jeu. La réaction optimale des agents économiques est alors d’étaler leurs investissements dans le temps afin qu’ils soient plus rentables, en détenant provisoirement des actifs étrangers.

Dans une économie contrôlée, les effets d’un choc externe positif sont modifiés puisque les réglementations affectent les décisions des agents économiques. Il apparaît que ces réglementations sont souvent sous-optimales, surtout si elles perdurent. En outre, la définition d’une politique gouvernementale pertinente face à un choc externe positif, en présence de réglementations est difficile. Le rôle de l’État dans la gestion des ressources d’aubaine est ainsi une variable discriminante pour expliquer pourquoi certains pays réagissent mieux aux chocs externes que d’autres. Nous reviendrons sur ce point en détail dans notre dernier chapitre.

Ce premier chapitre nous a donc permis de nous familiariser avec l’outil de référence utilisé pour analyser les effets macroéconomiques d’un choc externe positif. Il nous a permis de comprendre quel était le mécanisme de transmission entre chocs externes positifs et poids du secteur manufacturier dans une économie. Celui-ci repose sur l’hypothèse fondamentale que le secteur manufacturier est échangeable (et non boomier) et donc que son prix ne répond pas à la demande domestique. Son recul est engendré par l’augmentation relative du prix des biens non-échangeables, qui implique une diminution de la profitabilité de ce secteur au détriment de celle du secteur manufacturier, qui voit ainsi sa production diminuer. Ce chapitre nous enseigne aussi que cette désindustrialisation n’est une maladie que si les sources de la croissance à long terme, telles des externalités, sont présentes dans le secteur échangeable non boomier, i.e., le secteur manufacturier.

Nous allons donc étudier dans les trois prochains chapitres si dans le cas de l’Égypte, le taux de change réel s’est apprécié suite aux booms de ressources exogènes, si le poids du secteur manufacturier dans l’économie a diminué, et si ce secteur génère des externalités. L’impact des réglementations économiques sur la réaction des agents face aux chocs sera également pris en compte. Dans le contexte économique égyptien, ces réglementations économiques prennent une telle ampleur, que nous serons amené à questionner la pertinence de l’hypothèse du caractère échangeable du secteur manufacturier, fondamentale pour expliquer son comportement.

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