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Évolution de l’emploi dans le différents secteurs productifs.

IMPACT DES BOOMS DE RESSOURCES EXOGENES SUR LA STRUCTURE PRODUCTIVE EGYPTIENNE.

II- EVOLUTION DU POIDS DES DIFFERENTS SECTEURS PRODUCTIFS DANS L’ECONOMIE EGYPTIENNE.

II.2- Évolution de l’emploi dans le différents secteurs productifs.

L’évolution de l’emploi est également un indicateur de la taille d’un secteur, bien que moins pertinent, puisque la baisse de l’emploi peut aussi être liée, quand parallèlement la production augmente, à des gains de productivité. En revanche, si la production d’un secteur

stagne ou diminue et que le nombre de ses employés décline, alors la taille du secteur en question se réduit.

Le graphique III.8 décrit l’évolution du nombre d’employés dans les grands secteurs productifs de l’économie. Les séries sur le nombre d’employés, qui figurent en annexe A, dans le tableau AIII.4, proviennent des données de comptabilité nationale du Ministère du Plan. Celles-ci couvrent le secteur public et le secteur privé, mais nous ne disposons pas de données détaillées pour chacun des deux secteurs. Il est cependant intéressant de mentionner que c’est le secteur public qui a été le plus gros créateur d’emplois pendant la période de booms, générant plus de la moitié de la création nette d’emplois [Shafik (2000)].

Graphique III.8 : Évolution du nombre d’employés dans les principaux secteurs productifs en Égypte, 1970-1997.

Evolution du nombre d'employés dans les trois principaux secteurs productifs. 0 2000 4000 6000 8000 10000 12000 14000 16000 18000 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 En milliers

Agriculture Industrie Services

Source : Ministère du Plan, données obtenues à la Mission résidente de la Banque Mondiale au Caire.

Note : Selon la Mission résidente de la Banque Mondiale au Caire, la rupture de 1983 est statistique et non pas économique.

Cette création d’emplois n’aurait pas été induite par l’évolution des salaires dans le secteur public mais par une politique active offrant de nombreux avantages par rapport au secteur privé : emploi systématique et garanti à vie31 de tous les jeunes diplômés, soins médicaux gratuits et accès facilité aux biens subventionnés. Finalement, il était socialement plus gratifiant de travailler dans le secteur public que dans le secteur privé. A la fin de la période de booms, le secteur public ne sera cependant plus en mesure de maintenir sa politique d’embauche systématique des jeunes diplômés, et l’embauche annuelle tombera de

31 La première mesure est prise en 1962 (décret présidentiel 425). Il s’agit de la création d’un certain nombre de

postes dans les différentes administrations de l’ État, destinés aux diplômés des facultés théoriques, techniques et d’Al-Azhar, se trouvant sans emploi ou à des postes d’un grade inférieur à celui auquel ils peuvent prétendre. En 1963, la loi 156 étend cette mesure aux diplômés des instituts supérieurs théoriques. En 1966, la loi 26 étend ce

110 000 pendant la période de booms à 30 000 ensuite [Shafik (2000)]. Cette réduction s’est opérée non pas en supprimant la garantie de l’emploi mais en augmentant le délai d’attente avant d’être embauché, qui est passé à 5-6 ans.

Globalement, tous les secteurs productifs avaient à la fin de la période de booms, un nombre d’employés plus grand qu’au début de celle-ci.32. Même le secteur de l’agriculture, secteur échangeable, qui a vu sa valeur ajoutée peu augmenter durant cette période, n’a pas eu de perte nette d’emploi sur ce laps de temps, bien que le nombre d’employés ait diminué ponctuellement dans ce secteur, en 1976, 1977 et 198333.

Le secteur de l’agriculture est cependant celui où l’augmentation du nombre d’employés a été la plus faible durant la période de booms. Celui-ci n’a gagné que 68 000 emplois pour atteindre 4,2 millions en 1985, ce qui ne représente que 3 % de la création totale d’emplois dans l’économie, qui s’est élevée durant cette période à 2,3 millions. En termes de croissance, le nombre d’employés n’a progressé que de 0,1 %/an en moyenne entre 1974 et 1985, comparé au taux de 2 %/an en moyenne pour l’ensemble de l’économie sur la même période. Cette faible création d’emplois pendant la période de booms, malgré le taux de croissance de la valeur ajoutée, s’explique en partie par les forts gains de productivité qu’a enregistrés le secteur agricole au début de la période de booms. La productivité totale des facteurs y a augmenté au rythme de 5,1 %/an entre 1973 et 1982, pour décliner au rythme de

/ % 4 , 1

− an entre 1982 et 1988 [Messiha (1991)]. Le taux de croissance de l’emploi agricole sera nettement plus fort après la période de booms, de l’ordre de 1 %/an en moyenne sur la période 1986-1997, bien que la valeur ajoutée n’ait pas augmenté à un rythme plus rapide que durant la période de booms.

C’est le secteur des services qui a vu le nombre de ses employés le plus augmenter. Il a créé 1,6 millions d’emplois, soit 70 % de la création totale d’emplois pendant la période de booms, ce qui représente un taux de croissance annuel moyen de 3,5 % entre 1974 et 1985. En 1985, ce secteur employait ainsi 11,4 millions de personnes. Il a supplanté le secteur agricole dans son rôle de premier employeur en 1977. Cette augmentation d’emplois est d’autant plus remarquable que ce secteur a enregistré des gains de productivité de l’ordre de 2,3 %/an entre 1974 et 1982 et de 2,1 %/an entre 1982 et 1988 [Messiha (1991)]. Après la période de booms, système aux diplômés du secondaire technique. Ce système sera rendu permanent en 1973 par la loi 85.

32 La rupture statistique existant entre les périodes 1970-1982 et 1983-1997 ne compromet pas nos conclusions.

Comme nous le voyons sur les graphiques III.7 et III.8, le trend à la hausse se retrouve sur les deux périodes. Cette rupture a certainement pour conséquence de fausser le nombre exact de créations d’emplois mais non pas de remettre en cause cette tendance.

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le taux de croissance annuel moyen de l’emploi dans ce secteur a continué à augmenter de 3,7 %/an en moyenne entre 1986 et 1997, malgré l’accroissement de la productivité totale des facteurs, tout au moins en début de période.

Le secteur industriel a généré pendant cette période 629 000 emplois, soit 27 % de la création totale d’emplois, et le nombre de ses employés a atteint 2,1 millions en 1985. Dans l’ensemble, l’emploi industriel s’est accru au rythme annuel de 3,1 % entre 1974 et 1985. Cette augmentation a été inégale au sein du secteur de l’industrie, comme le montre le graphique III.9.

Graphique III.9 : Évolution du nombre d’employés dans le secteur industriel égyptien, 1970-1997.

Evolution du nombre d'employés dans les activités industrielles.

0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 En milliers

Manuf. Pétrole E-G-E Construction

Source : Ministère du Plan, données obtenues à la Mission résidente de la Banque Mondiale au Caire.

Note : Selon de bureau résident de la Banque Mondiale au Caire, la rupture de 1983 est statistique et non pas économique.

C’est le secteur manufacturier qui a créé le plus d’emplois dans l’industrie, 314 000 entre 1974 et 1985, pour compter 1,4 millions d’employés en 1985. C’est le plus gros employeur du secteur industriel. En termes de croissance annuelle, c’est cependant le secteur de la construction qui a été le plus performant. Celui-ci a généré 269 000 emplois pendant la période de booms, ce qui représente une augmentation annuelle moyenne de 8 %. En comparaison, le taux de croissance annuel moyen de l’emploi manufacturier n’a été que de 2 % sur le même période. Pendant la période de booms, l’augmentation de l’emploi dans l’industrie manufacturière et, dans une moindre mesure, dans le secteur de la construction est venue en partie compenser la baisse de productivité que ces activités ont enregistrée entre

1974 et 1982 (respectivement -2,3 %/an34 et -0,3%/an) ; cette dernière a ensuite augmenté entre 1982 et 1988 pour atteindre respectivement -0,02 %/an et 1,1 %/an [Messiha (1991)]. En revanche, après la période de booms, le rythme de créations d’emplois va s’accentuer dans le secteur manufacturier pour atteindre 3,7 %/an en moyenne entre 1986 et 1997, tandis que celui du secteur de la construction va sensiblement décliner, tombant à 5 %/an en moyenne sur le même période. Cela évoque réellement un boom de la construction associé à la période de booms.

Le nombre d’employés dans les secteurs de l’eau-gaz-électricité et du pétrole a augmenté respectivement de 6 % et de 4 %/an en moyenne entre 1974 et 1985. Le premier secteur a créé 37 000 emplois, et le second 9 500. Parallèlement, la productivité totale des facteurs a décliné dans ces deux secteurs respectivement au rythme annuel moyen de –3,5 % et –1,0 % entre 1974 et 1982. Entre 1982 et 1988, la productivité a augmenté en moyenne de 1,3 %/an dans le secteur de l’eau-gaz-électricité et a continué à diminuer en moyenne de

% 8

− /an dans le secteur pétrolier [Messiha (1991)]. Les performances du secteur pétrolier en termes d’emplois peuvent paraître décevantes pour un secteur en plein boom, mais ce résultat confirme l’hypothèse d’enclave que revêt ce secteur. L’emploi local y est marginal.

Ainsi, les performances en termes d’emplois des différents secteurs sont du même ordre que celles en termes de valeur ajoutée. Pendant la période de booms, ce sont principalement les secteurs des services et surtout de la construction qui ont connu le plus fort taux de croissance de leur nombre d’employés. L’emploi du secteur pétrolier a augmenté significativement mais il reste marginal dans l’économie égyptienne. L’emploi agricole a quant à lui quasiment stagné. L’emploi manufacturier a progressé au même rythme que celui de l’ensemble de l’économie. Cependant, outre les booms, l’évolution de la productivité totale des facteurs a aussi influencé le rythme de créations d’emplois.

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