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Évolution de la valeur ajoutée brute réelle au coût des facteurs des différents secteurs productifs.

IMPACT DES BOOMS DE RESSOURCES EXOGENES SUR LA STRUCTURE PRODUCTIVE EGYPTIENNE.

II- EVOLUTION DU POIDS DES DIFFERENTS SECTEURS PRODUCTIFS DANS L’ECONOMIE EGYPTIENNE.

II.1- Évolution de la valeur ajoutée brute réelle au coût des facteurs des différents secteurs productifs.

Pour mesurer l’évolution de la taille des différents secteurs en termes de valeur ajoutée, nous construisons un indice de croissance. Nous partons des données de comptabilité nationale sur l’évolution de la valeur ajoutée brute au coût des facteurs des différents secteurs productifs, mesurée en monnaie locale constante de 1992. Ces données proviennent des WDI

2001 de la Banque Mondiale (grands secteurs productifs) et du Ministère du Plan égyptien

(secteurs de l’industrie). Nous construisons nos séries d’indices de croissance pour les différents secteurs en rapportant la valeur ajoutée à prix constants de chaque année à celle de 1970, notre année de base. L’augmentation de cet indice correspond à un accroissement de la taille du secteur considéré.

Le graphique III.6 décrit l’évolution de l’indice de croissance de la valeur ajoutée brute au coût des facteurs des trois principaux secteurs productifs. Les données détaillées sont fournies en annexe A, dans le tableau AIII.2. Il apparaît tout d’abord que pendant la période de booms, 1974-1985, aucun des secteurs productifs n’a vu sa taille diminuer. C’est au contraire durant cette période qu’ils ont enregistré leurs taux de croissance les plus importants, à l’instar du PIB. Le taux de croissance annuel moyen du PIB sur cette période s’est élevé à 7,9 %, contre 2,9 % pour le période 1970-1973 et 4,1 % pour le période 1986- 1997.

Graphiques III.6 : Évolution de la taille des principaux secteurs productifs, 1970-1997.

Taille des principaux secteurs productifs

0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 Indice 100=1970

Agriculture Industrie Services PIB au coût des facteurs

Source : Calculs de l’auteur à partir des WDI 2001, Banque Mondiale.

C’est le secteur des services qui a enregistré le plus fort taux de croissance annuel moyen pendant la période de booms, de 11,2 %. Entre 1970 et 1973, ce secteur avait un taux

de croissance de 9,6 %/an en moyenne. Celui-ci a nettement diminué après 1a période de booms, pour retomber à 4,2 %/an en moyenne entre 1986 et 1997. Le secteur de l’agriculture a au contraire vu son taux de croissance annuel moyen nettement s’infléchir pendant la période de booms, passant de 3,7 % en moyenne sur le période 1970-1973 à 2,7 % entre 1974 et 1985. Sa taille n’a cependant pas diminué. Finalement, le secteur de l’industrie s’est comporté comme le secteur des services. Son taux de croissance a beaucoup augmenté pendant la période de booms, passant de 2,4 %/an en moyenne avant à 9,9 %/an pendant la période de booms, et il a considérablement chuté ensuite, pour atteindre 3,9 /an en moyenne entre 1986 et 1997.

Le graphique III.7 détaille les indices de croissance de chaque composante du secteur industriel. Il est à noter que ces données proviennent du Ministère du Plan égyptien et ne sont pas tout à fait les mêmes que celles fournies par les WDI 2001 de la Banque Mondiale pour la période antérieure à 1987. C’est pourquoi l’indice de croissance du secteur industriel sur ce graphique n’est pas le même que sur le graphique III.6. Selon les données du Ministère du Plan, les taux de croissance annuels moyens du secteur industriel sur les trois sous périodes étaient respectivement de 3,8 % ; 13,7 % et de 4,1 %. La tendance décrite précédemment reste cependant la même. Les données détaillées apparaissent dans le tableau AIII.3 en annexe A.

Graphiques III.7 : Évolution de la taille du secteur industriel, 1970-1997.

Taille du secteur industriel

0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 Indice 100=1970

Industrie Secteur manufacturier Pétrole et ses produits Eau, gaz, électrcité Construction

Source : Calculs de l’auteur à partir des données de comptabilité nationale préparées par le Ministère du Plan pour la Mission résidente de la Banque Mondiale au Caire.

Toutes les activités du secteur industriel ont vu leur taille considérablement augmenter durant la période de booms. Mais c’est évidemment dans le secteur pétrolier que cela est le plus caractérisé, sa taille augmentant, de 24 %/an en moyenne entre 1974 et 1985, contre 1,3 %/an entre 1970-1973 et 0,6 %/an entre 1986-1997. Ensuite, vient le secteur de la

construction, dont la valeur ajoutée a augmenté de 15 % en moyenne pendant la période de booms contre 5,2 %/an et 4,1 %/an en moyenne respectivement au cours des périodes précédant et suivant les booms. La taille du secteur de l’eau, du gaz et de l’électricité a augmenté de 10,8 %/an en moyenne au moment des booms, contre 10,9 %/an et 7,3 %/an moyenne respectivement entre 1970-73 et 1986-1997. Enfin, le secteur manufacturier a lui aussi bénéficié de l’effet de dépense, puisqu’il a enregistré son meilleur taux de croissance annuel moyen entre 1974 et 1985, de 10,3 % contre 4,3 % et 6,2 % respectivement avant et après la période de booms.

Ainsi, tous les secteurs de l’économie ont bénéficié de la formidable poussée de croissance engendrée par l’entrée massive de ressources exogènes dans l’économie égyptienne. Contrairement à la prédiction de la théorie « standard » du syndrome hollandais, la taille des secteurs échangeables n’a pas diminué en valeur absolue. Ceci s’explique aisément par le fait que les hypothèses de non-croissance de la population et du progrès technique ne sont pas respectées en Égypte. C’est entre 1974 et 1985, que la population totale égyptienne a le plus augmenté, au rythme annuel moyen de 2,4 %, contre 1,9 % entre 1970 et 1973 et 2,2 % entre 1986 et 1997. Par ailleurs, Messiha (1991) a calculé que la productivité totale des facteurs dans l’économie égyptienne avait crû au rythme annuel moyen de 4,5 % entre 1971 et 1974, de 5,1 % entre 1974 et 1981, de 3 % entre 1981 et 1985 et avait décliné au rythme de –2 %/an entre 1985 et 1988. La période de booms est aussi la période de plus forte croissance de la productivité totale des facteurs dans l’économie dans son ensemble. Ces deux facteurs ont, toutes choses égales par ailleurs, entraîné une croissance autonome des différents secteurs productifs égyptiens, notamment des secteur échangeables. Comme nous le verrons infra, et de manière plus détaillée dans le chapitre V, la productivité n’a cependant pas augmenté dans le secteur manufacturier pendant la période de booms.

Ce sont les secteurs non-échangeables, ainsi que le secteur pétrolier boomier qui ont connu la plus forte expansion. Le secteurs de l’agriculture, secteur échangeable, a connu les plus mauvaises performances pendant les booms. Le secteur manufacturier se trouve entre les deux. La forte croissance du secteur de la construction montre qu’au moins un des chocs a été anticipé comme temporaire et que des effets d’épargne sont entrés en jeux.

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