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Intensité travaillistique des différentes branches de l’industrie manufacturière.

IMPACT DES BOOMS DE RESSOURCES EXOGENES SUR LA STRUCTURE PRODUCTIVE EGYPTIENNE.

III- EVOLUTION DU POIDS DES DIFFERENTES ACTIVITES MANUFACTURIERES FACE AUX BOOMS.

III.1- Intensité travaillistique des différentes branches de l’industrie manufacturière.

L’intensité travaillistique est le rapport inverse de l’intensité capitalistique, elle-même définie comme la dépense en capital par unité de travail pour une unité de temps donnée. Nous choisirons l’année comme unité de temps puisque nous disposons de données annuelles. Afin de mesurer l’intensité travaillistique, nous avons besoin de mesurer les quantités de travail et de capital utilisées.

La quantité de travail utilisée chaque année est le nombre d’heures travaillées dans chaque branche de l’industrie manufacturière. La qualité du travail est prise en compte, puisque dans chaque branche, les travailleurs qualifiés et non qualifiés sont distingués. Chaque type de travail est pondéré par sa part dans le salaire annuel total distribué par la branche. Les données sur les heures hebdomadaires travaillées sont issues de Emploi, salaires

et heures travaillées, statistiques publiées annuellement par la CAPMAS. Afin de calculer les

heures annuellement travaillées, nous avons tenu compte des congés et de l’absentéisme, et nous sommes arrivés à une moyenne de 221 jours de travail par an35.

La quantité de capital utilisée chaque année est le stock net réel de capital, corrigé du taux d’utilisation du capital, que nous avons calculé pour chaque branche manufacturière publique et privée, et pour chaque type d’actifs, à partir de données sur la formation brute en capital fixe, par la méthode de l’inventaire perpétuel [Harberger (1978)].

Nous avons choisi 1957 comme stock initial afin que les erreurs de mesure soient quasi-nulles en 1970, début de notre période d’étude. Les taux de dépréciation des différents actifs sont géométriques, propres à chaque branche, mais constants dans le temps. Nous reviendrons en détail sur le mode de calcul du stock net réel de capital dans le chapitre suivant. Les données d’investissement en capital fixe dans les branches manufacturières publique et privée sont issues des Statistiques annuelles sur la production industrielle du CAPMAS, celles sur sa décomposition en différents actifs fixes, ainsi que celles sur les indices de prix de ces actifs proviennent de la Revue des indicateurs économiques, publication annuelle du CAPMAS. Ces données ne concernent aussi que les entreprises de plus de 10 employés. Enfin, les données sur les taux de dépréciation des différents types d’actifs sont

35 Les travailleurs égyptiens travaillent 5 jours par semaine. Ils ont 15 jours de congés si leur ancienneté dans

l’entreprise, publique ou privée, est inférieure à 1 an, 21 jour si leur ancienneté est inférieure à 10 ans, et 30 jours au-delà de 10 ans d’ancienneté. Cela fait une moyenne de 22 jours. A cela, il faut ajouter 15 jours de congés coptes et musulmans cumulés. Enfin, nous avons enquêté auprès de plusieurs entreprises égyptiennes pour obtenir un taux d’absentéisme moyen. Celui-ci s’élèverait à 3 jours par an. Un travailleur égyptien travaille ainsi en moyenne 221 jours par an.

publiées dans le second tome de la publication du Ministère du Plan (1995) intitulée Système

comptable unifié.

Les valeurs moyennes de l’intensité travaillistique dans les différentes branches de l’industrie manufacturière respectivement avant, pendant et après la période de booms apparaissent dans le tableau III.5.

Tableau III.5 : L’intensité travaillistique dans les différentes branches de l’industrie manufacturière égyptienne. Br-31 Br-32 Br-33 Br-34 Br-35 Br-36 Br-37 Br-38 Br-39 Ensemble Manufacturier Global 1970-1973 0,49 0,66 0,74 0,37 0,11 0,38 0,11 0,40 0,12 0,35 1974-1985 0,35 0,38 0,47 0,18 0,07 0,14 0,07 0,23 0,06 0,20 1986-1997 0,24 0,24 0,35 0,13 0,05 0,07 0,05 0,21 0,16 0,13 Manufacturier Public 1970-1973 0,34 0,57 0,38 0,24 0,10 0,24 0,10 0,33 0,08 0,28 1974-1985 0,23 0,34 0,25 0,11 0,06 0,08 0,07 0,19 0,03 0,16 1986-1997 0,14 0,19 0,16 0,07 0,04 0,04 0,04 0,17 0,04 0,09 Manufacturier Privé 1970-1973 21,56 7,79 12,97 0,86 1,21 8,83 2,12 2,65 1,35 4,22 1974-1985 4,08 1,24 5,73 0,44 0,54 2,56 0,79 1,07 0,74 1,41 1986-1997 1,12 1,12 1,83 0,30 0,39 0,38 1,17 0,75 0,78 0,75

Source : Calculs de l’auteur.

Au niveau du secteur manufacturier dans son ensemble, nous constatons qu’avant la période de booms, les branches les plus intensives en travail étaient par ordre décroissant celles du bois (Br-33), du textile (Br-32), de l’agroalimentaire (Br-31), de l’engineering (Br- 38), de l’industrie minérale (Br-36), et du papier (Br-34). Les branches chimie (Br-35) et sidérurgie (Br-37) étaient déjà très intensives en capital. La période de booms coïncide avec une baisse de l’intensité travaillistique dans toutes les branches sans exception. Cette tendance va se poursuivre après la période de booms.

Nous remarquons en outre que le secteur manufacturier privé est incomparablement plus intensif en main-d’œuvre que le secteur public, toutes branches confondues. Il l’était dans son ensemble quinze fois plus avant la période de booms. Cette tendance s’est cependant estompée au fil du temps, à mesure que le secteur privé s’intensifiait en capital, ce qu’il a fait à un rythme soutenu. Pendant la période de booms, le secteur manufacturier privé n’était plus

que neuf fois plus intensif en main-d’œuvre que son homologue public, il l’était huit fois plus après la période de booms.

Au sein de chaque secteur, public et privé, ce sont les mêmes branches qui étaient, avant la période de booms, les plus intensives en main-d’œuvre, dans un ordre un peu différent cependant. Dans le secteur public, les branches concernées étaient, par ordre décroissant, le textile, le bois, l’agroalimentaire et l’engineering. Dans le secteur privé, c’était les branches de l’agroalimentaire, du bois, du textile et de l’industrie minérale.

L’intensité travaillistique a diminué dans toutes les branches, qu’elles appartiennent au secteur public ou au secteur privé. Dans l’ensemble, elle a été en moyenne divisée par trois dans le secteur public entre la première et la dernière période, et par 5,5 dans le secteur privé. Ce sont les branches les plus intensives en travail au départ qui ont vu leur intensité travaillistique le plus diminuer, et notamment celles de l’industrie minérale dans le deux secteurs, du textile dans le secteur public et de l’agroalimentaire dans le secteur privé.

Toutes choses égales par ailleurs, les branches les plus intensives en travail avant la période de booms devraient être celles dont la rentabilité a le plus diminué si le salaire réel a augmenté dans ces branches. Cependant, étant donné que le stock de capital a augmenté dans toutes les branches de l’industrie manufacturière, ce phénomène devrait être atténué.

III.2- Évolution du salaire réel dans les différentes branches de l’industrie

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