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L’objectif principal de cette thèse est d’expliquer les raisons pour lesquelles la France intervient militairement dans certains conflits civils en Afrique subsaharienne et pourquoi elle se refuse à intervenir dans d’autres en nous appuyant sur son régime politique à savoir le semi-présidentialisme. Notre ambition est de proposer une théorie de moyenne portée capable d’expliquer les (non) interventions militaires de la France en Afrique subsaharienne. À cet effet, le présent document est structuré de la façon suivante :

Le premier chapitre est consacré à notre revue de littérature. Il est subdivisé en deux parties : premièrement, nous avons recensé les travaux sur les facteurs explicatifs et les modèles décisionnels des interventions militaires de la France en Afrique. À ce niveau, nous nous sommes rendu compte que les travaux disponibles ne tenaient pas suffisamment compte des facteurs internes aux États qui pourraient justifier leur volonté à intervenir dans des conflits civils. Aussi, nous avons remarqué que les études faites sur le processus décisionnel en France pour comprendre les décisions d’intervention militaire étaient quasiment inexistantes or plusieurs modèles et théories ont été développé pour expliquer le processus décisionnel des États dans l’usage ou non de la force armée.

Étant donné que nous avons fait l’option d’expliquer les (non) interventions militaires de la France en Afrique subsaharienne en nous basant sur son régime politique, dans la deuxième partie de notre chapitre premier, nous avons fait le point des travaux qui ont analysé l’impact des types de régimes politiques sur la propension des États à intervenir militairement dans un conflit civil. Sur ce point, les auteurs ont identifié l’impact des régimes présidentiels et parlementaires sur la propension des États à intervenir militairement mais le régime semi- présidentiel est souvent confondu avec le régime présidentiel. Du coup, les conclusions des chercheurs ne sont pas unanimes sur le réel impact que le régime semi-présidentiel pourrait avoir sur la décision d’un État à entrer en guerre ou pas. Nous avons alors décidé de combler cette lacune en évaluant l’impact du semi-présidentialisme dans le processus décisionnel en utilisant une théorie qui nous le permet à savoir la théorie poliheuristique.

Les chapitres deux et trois sont respectivement nos chapitres théorique et méthodologique. Dans le chapitre trois nous avons présenté la théorie cohabitationniste. Basée sur la performance des régimes démocratiques, cette théorie postule qu’en période de cohabitation, d’une part, les pouvoirs politiques du Président de la République sur le contrôle de l’agenda politique et l’ordre du jour législatif sont limités. D’autre part, du fait des dynamiques liées à la cohabitation, elle devient un raccourci cognitif pour chaque acteur de l’exécutif dans sa prise de décision.

Pour évaluer cette hypothèse générale, nous avons utilisé comme méthode de validation le Process Tracing basé sur le graphe acyclique. À l’aide de documents d’archive produits dans la période couverte par notre étude, nous avons étudié quatre cas qui ont eu lieu dans deux États à savoir la Côte d’Ivoire et la République Centrafricaine. Tous ces développements sont faits dans le chapitre trois.

Les résultats de nos analyses sont présentés dans les chapitres quatre et cinq qui constituent nos deux chapitres empiriques. Dans le chapitre quatre nous avons principalement identifié et analysé les facteurs qui expliquent le refus de la France à intervenir militairement dans certains conflits civils en Afrique subsaharienne. Le principal facteur explicatif est la cohabitation. Nous avons pu démontrer que durant cette période, le Président de la République perd le contrôle de l’organe politique chargé de prendre la décision d’intervenir militairement. En d’autres mots, son leadership politique est remis en cause à cause de la présence du Premier ministre qui n’est pas de son parti politique. Ensuite, son contrôle de l’agenda législatif n’est pas assuré car il ne dispose d’aucune influence sur le gouvernement ni sur l’Assemblée Nationale. Enfin, malgré le fait qu’il détienne des pouvoirs étendus pour que ses préférences politiques soient prises en compte, l’usage ou la menace d’usage de ces pouvoirs étendus sur l’ordre du jour législatif n’est souvent pas assuré.

À l’opposé du chapitre quatre, dans le chapitre cinq, nous avons démontré que la dynamique est autre dans un gouvernement unifié car il est le principal facteur explicatif des interventions militaires de la France en Afrique subsaharienne. Nous avons montré que durant cette période, le Président de la République retrouve d’abord la prééminence de son pouvoir de contrôle de l’organe politique chargé de prendre la décision d’une intervention militaire. Ensuite, du fait des relations transactionnelles qui existent entre le Président de la

République et le Premier ministre, ce dernier doit tenir compte de ses préférences politiques dans l’élaboration des projets de lois notamment la Loi de Programmation Militaire qui est l’élément essentiel pour une intervention militaire. Enfin, grâce à ses pouvoirs de nomination du Premier ministre, le Président est sûr de voir se concrétiser ses projets politiques car le Premier ministre n’agit que comme son mandataire.

Chapitre 1 : Revue de littérature sur les interventions militaires de la France en