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Les facteurs explicatifs des interventions militaires de la France en Afrique

Chapitre 1 : Revue de littérature sur les interventions militaires de la France en Afrique

1. Les interventions militaires de la France en Afrique : facteurs explicatifs et modèles

1.1. Les facteurs explicatifs des interventions militaires de la France en Afrique

ont identifié trois principales explications qui sont liées à l’histoire de la France, à sa relation particulière avec l’Afrique ainsi qu’à l’évolution du monde actuel.

La première explication de la présence militaire française en Afrique est la quête de la grandeur et du rayonnement de la France (Renou, 2002 ; Treacher, 2000 ; Gordon, 1993). En analysant les différentes interventions militaires françaises dans les années 90 au Moyen- Orient ; en Europe et en Afrique, Treacher (2000) soutient que ces opérations militaires, qu’elles soient unilatérales ou multilatérales, sont l’expression de la volonté de la France de prouver au reste du monde sa grandeur et affirmer son rang en tant que puissance globale. En remontant dans l’histoire de la France, l’auteur affirme qu’il avait émergé en France au

XXe siècle une culture politique avec une forte motivation de transmettre un message spécial au reste du monde. Cette culture politique reposait sur une croyance très forte dans l'universalisme des valeurs de la Révolution de 1789, l'Édit de la Fraternité, la Déclaration des Droits de l'Homme et la prérogative de la nation française de parler au nom de l'humanité (Treacher, 2000, p. 24).

Pour Gordon (1993), les Français ont facilement accepté un rôle qui les distingue des autres et qui a pris un intérêt universel dans leur propre culture et leurs idées. La vocation extérieure de la France est, semble-t-il, inhérente à la psyché nationale, au moins parmi les élites politiques et militaires (Gordon, 1993, p. 164). Cette analyse est partagée par Treacher (2000) qui argumente en s’appuyant sur les déclarations de quelques hommes politiques français comme le Premier ministre Édouard Balladur qui a évoqué « l’appel de la France à devenir une puissance mondiale », du président François Mitterrand qui a parlé « du rôle de la France pour conserver son rang, impliquant que le prestige international est une fin en soi » et de Dominique Moïsi, qui dit que « la France se situe parmi un groupe restreint de nations qui croient, à tort ou à raison, non seulement que le monde leur importe, mais qu'ils importent au monde. Pour ces nations, l'identité internationale est un élément essentiel de l'identité nationale. Elles peuvent et doivent faire une différence sur la scène internationale ». Il conclut en disant que cette auto-perception nationale a naturellement fait ressortir la stratégie militaire comme un outil de politique étrangère. Par conséquent, les principes directeurs généraux derrière la volonté interventionniste de la France n'ont pas changé. C'est simplement que les tactiques adoptées pour y parvenir ont été ajustées au fur et à mesure que le pays s'adapte au nouvel environnement géostratégique en évolution (Treacher, 2000, p. 24). Dans la même veine, Treacher (2000) soutient que le déploiement des forces militaires françaises avec une composante de forces prédisposées à intervenir « au besoin » a été l'un des principaux instruments politiques utilisé par les élites politiques françaises pour promouvoir les aspirations nationales à la grandeur et à un rang international élevé. Et ces élites ont été constamment prêtes à subordonner tous les aspects de la politique étrangère à ces deux principes directeurs.

Ce point de vue est partagé par Schubert (1991) qui a avancé qu’une indépendance nationale et un statut mondial maximum sont des impératifs caractéristiques de la politique étrangère

française. Tout atout ou ressource qui promet de renforcer la nation, qui semble apte à améliorer le statut et la gloire de la France, devient un dispositif politique valable. L’auteur fonde son analyse sur la politique nucléaire française durant la période de la guerre froide. Il a observé que ce souci de grandeur et de rang élevé a été présent pendant la majeure partie de la guerre froide. Des aspects comme le programme d'armement nucléaire, le retrait du commandement militaire intégré de l'Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et les interventions militaires unilatérales en Afrique subsaharienne ont tous contribué à promouvoir l'exception française. Cette expression répétée de la singularité française a à son tour servi l'objectif stratégique d'établir des revendications renouvelées à un statut mondial élevé (Schubert, 1991). La fin de la guerre froide et le changement de l’équilibre international ont encore accentué cette quête de la grandeur de la France, car avec les changements structurels apportés à l'ordre international engendré par la fin de la guerre froide, les décideurs politiques français arrivèrent peu à peu à conclure que l'intérêt national, en termes de grandeur et de rang, n'était plus adéquatement servi en poursuivant l'exception française. Concernant les interventions militaires, cela a signifié un remplacement des opérations en solo pour la participation à des opérations humanitaires et de maintien de la paix multinationales au nom de la communauté mondiale (Treacher, 2000, p. 24). Selon Treacher (2000), ce que la France craint surtout dans le nouveau monde de l'après-guerre froide, c'est la marginalisation internationale, tant sur le plan politique que sur le plan géographique. Cette crainte s’appuyait surtout sur la dévaluation générale des armes nucléaires comme symbole de statut impliquait que Paris devait chercher de nouvelles façons de légitimer ses prétentions de grandeur, de rang et, plus concrètement, de conserver un siège permanent au Conseil de Sécurité des Nations Unies. Néanmoins, il y avait une détermination claire à Paris pour trouver un rôle d'après-guerre froide pour la nation et il restait la disposition ouverte à soutenir cela avec l’outil militaire. L’autre aspect est que les forces armées elles-mêmes, confrontées à la perspective d'un éventuel « dividende de la paix » réduisant les dépenses militaires, étaient désireuses d'établir pour elles-mêmes une nouvelle mission capable de justifier les niveaux de forces actuels. Mais parce que le nouvel ordre international n'était pas un ordre parsemé de conflits et d'instabilité, il était difficile pour les Français de définir pour eux-mêmes une mission pertinente et significative autre que la vague poursuite de la paix et

de la stabilité. Pour ce faire, les conflits régionaux vont servir de tremplin dans la poursuite de cet objectif.

Comme le remarque Menon : « les conflits régionaux, exempts de la superposition idéologique que la confrontation de la superpuissance avait conférée à toutes les luttes, n'étaient pas soumis aux réticences gaullistes concernant les dangers d'être entrainés dans un conflit global par l'aventurisme américain. Les objectifs étant les mêmes, juste les moyens vont changer ». Ainsi, la France passe d’intervention militaire unilatérale à des interventions militaires multilatérales. La participation à des opérations multinationales de maintien de la paix est devenue un élément essentiel de la politique étrangère française après la guerre froide. Cette participation au nom de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et de la communauté internationale est devenue la principale voie par laquelle la France a cherché à démontrer une importance nationale au début des années 1990. Cela justifierait son rôle continu à l'échelle mondiale et le maintien d'un siège permanent au CSNU, tout en maintenant son statut international, son rang et un semblant d'indépendance, car invoquer son passé et promouvoir sa capacité nucléaire ne sont plus suffisants. Cette contribution enthousiaste et généreuse de forces nationales aux opérations internationales de maintien de la paix et aux opérations humanitaires a fourni aux Français une plus grande marge de manœuvre politique. De plus, les pertes françaises subies « au nom de la communauté internationale » démontreraient le statut mondial de la France et lui donneraient un plus grand effet de levier par l'intermédiaire de ses partenaires internationaux. Sous De Gaulle, les décideurs français soupçonnaient l'ONU d'agir comme un outil d'hégémonie américaine. Mais dans les années 1990, la France s'est efforcée d'être au centre des travaux de l'organisation, d'être une force motrice alors que l'ONU se relançait en réponse au « nouvel ordre mondial ». L'organisation était désormais très utile à la France et à sa vocation mondiale.

On peut donc maintenant observer un remarquable activisme français au sein du Conseil de sécurité, qui est devenu la voie par laquelle la France a fait ses déclarations sur les grandes crises et les problèmes à travers le monde. La France a décidé d'utiliser l'ONU comme un « multiplicateur de pouvoir ». Étant donné que la Charte des Nations Unies a confié au Conseil de sécurité la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales, Paris soutient maintenant avec enthousiasme cette mission dans le nouvel environnement de

l'après-guerre froide. Du coup, les opérations au nom de l'ONU sont devenues le principal élément de l'orientation de la France en matière de défense, ce qui a permis, dans ce temps délicat, de laisser tomber les références à la capacité nucléaire. Cette auto-perception en tant que puissance majeure explique la volonté française de prendre une part largement disproportionnée du fardeau de maintien de la paix de l'ONU.

Au cours des années 2000, le président Jacques Chirac a annoncé une série de mesures visant à permettre à la France, puissance régionale, de poursuivre sa vocation mondiale. À cette fin, la projection de puissance a été une caractéristique centrale du nouveau programme de défense. Des réformes telles que la professionnalisation et la rationalisation des forces armées et une refonte radicale du matériel militaire et de l'industrie de la défense nationale ont été de faciliter la participation de la France aux opérations multinationales qui sont devenues un élément central du nouvel ordre international (Treacher, 2000, pp. 25-27).

En analysant le nouvel interventionnisme français en Afrique, Charbonneau (2008) reconnait que la préoccupation d’un statut international pour la France a toujours été présente depuis l’époque du premier Président de la Ve République française et la quête de ce rang international passe l’Afrique. Ainsi, l’auteur révèle que Charles de Gaulle reconnait l'importance de l'influence de la France en Afrique pour promouvoir la puissance française sur la scène mondiale. Son idée de la France signifiait la grandeur, l'influence et le pouvoir pour lesquels les colonies étaient primordiales. Ses expériences de la Seconde Guerre mondiale ont réaffirmé sa perception que la puissance française et la puissance française en Afrique étaient inextricablement liées et se confirmant mutuellement. Cette idéologie qui était, demeure toujours promue par beaucoup, voire la plupart des dirigeants français. John Chipman écrit :

Lorsque les politiciens ou les publicistes voulaient déclarer que la France était géniale en partie parce que la France avait été « étendue » en Afrique, la confiance était placée sur des images d'une entité franco-africaine qui symboliserait la grandeur de la France. La simple idée de France-Afrique en tant qu'ensemble géopolitique unique était souvent implicitement ou explicitement offerte comme objectif d'une poursuite de l'activité française en Afrique. (Chipman 1989, p. 62) cité par Charbonneau (2008, p. 281).

Selon Renou (2002), la politique africaine de la France, en l’occurrence sa politique militaire se justifie par son souci de maintenir un statut international, une indépendance des influences américaines et soviétiques ; la nécessité de garantir l'accès aux ressources stratégiques ; et les énormes bénéfices tirés d'une situation de monopole. En effet, face à l’érosion de la position internationale de la France résultant de la perte de son empire colonial dans les années 50 et 60, l'élite politique française a opté pour une politique visant à conserver l'exclusivité dont la France jouissait en Afrique francophone avant que les États africains ne soient indépendants. Le système des relations étroites ou particulières a été perçu comme une occasion non seulement de rester influent sur le continent africain, mais aussi de renforcer le statut mondial de la France dans le contexte spécifique d'une confrontation permanente entre deux formes d'impérialisme, États-Unis et l'Union soviétique. La relation spéciale a également permis à la France de percer les deux blocs, bénéficiant du soutien diplomatique de ses alliés africains à l'Assemblée Générale des Nations Unies (AGNU), dont un quart des membres sont des pays francophones, dont beaucoup sont africains. De plus, la France était parfois considérée comme une puissance non alignée dont le soutien pouvait être joué contre les deux superpuissances. Pour atteindre ces objectifs et conserver son pouvoir sur ses anciennes colonies, la France doit poursuivre une politique globale, économique, politique, militaire et culturelle (Renou, 2002, p. 6).

La deuxième explication de l’interventionnisme militaire français en Afrique est le néo- colonialisme ou la Françafrique. La quasi-totalité des chercheurs qui ont analysé la politique africaine (militaire) de la France ont utilisé ce cadre théorique soit pour confirmer sa pertinence soit pour le réfuter. Ne pouvant pas évoquer cette vaste littérature, nous retiendrons pour les besoins de notre travail, quelques chercheurs qui ont utilisé la françafrique pour analyser les interventions françaises en Afrique (Chafer, 1992, 2002, 2005, 2014, 2016; Renou, 2002; Martin, 1995; Petiteville, 1996; Charbonneau, 2008; Domergue, 1998; Chafer & Gordon, 2010; Bergamaschi & Diawara, 2014; Gregory, 2000; Médard, 1997).

Comme le souligne Martin (1995), au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, les décideurs politiques français ont initié́ un processus de décolonisation en Afrique. Peu de temps après avoir pris le pouvoir en juin 1958 comme premier président de la Cinquième

République française, le Général Charles de Gaulle, qui tentait de relancer la grandeur française, entretenait une relation spéciale avec les dirigeants nationalistes africains francophones qui pensaient que s'ils pouvaient participer à la création d’« une nouvelle France », ils auraient aussi un rôle dans son succès.

La conception personnelle des rapports entre la France et l’Afrique de De Gaulle a été́ traduite dans son projet de Communauté́ franco-africaine accordant l'autonomie interne aux colonies africaines, tandis que la France conserverait le contrôle de questions essentielles comme la défense et les affaires étrangères, Politique économique, monétaire et stratégique. Cette proposition gaulliste a été́ présentée aux peuples africains lors du référendum de septembre 1958 qui, bien qu'offrant formellement l'option de l'indépendance immédiate, l'a fortement découragée. En effet, tous les territoires français africains ont voté́ majoritairement en faveur de la Communauté́ franco- africaine, à l'exception de la Guinée, où Sékou Toure avait indiqué́ à De Gaulle que les habitants préféraient « la pauvreté́ en liberté́ à la richesse en esclavage » (Martin, 1995, pp. 3-4).

L'idéologie de la France-Afrique qui avait servi à justifier le néocolonialisme français, ainsi que la Communauté franco-africaine mort-née, est devenue applicable, aux relations post- indépendantistes, bien que commodément renommées coopération. La transition a été́ atténuée avant l'octroi officiel de l'indépendance par la négociation d'accords bilatéraux globaux couvrant la défense et la sécurité́, la politique étrangère et la consultation diplomatique ; économique, financière, commerciale et monétaire ; et l'assistance technique. Grâce à la liaison établie entre l'accession à la souveraineté́ internationale, la signature de modèles de coopération et l'adoption massive du modèle constitutionnel de la Ve République dans les États nouvellement indépendants, la France a réussi à institutionnaliser sa prééminence politique, économique, monétaire et culturelle sur ses anciennes colonies africaines, qui restaient donc excessivement dépendantes d’elle.

La transition politique en douceur en Afrique noire a été́ facilitée par le fait qu'après la Seconde Guerre mondiale, une élite francophone avait émergé́ et son statut et sa position d'influence dépendaient de la France. Telle était la condition préalable essentielle à la poursuite des relations étroites entre l'ancienne métropole et ses ex-colonies, comme à cette élite fidèle à qui la France pouvait, pour la plupart, transférer le pouvoir à l'indépendance

(Chafer, 2002). Le contexte international qui était favorable est la condition préalable essentielle à la réussite de la politique française africaine mais à cela, il faut ajouter d’autres éléments.

Le point essentiel ici est l'approche à plusieurs niveaux, qui combine une impressionnante gamme d'instruments politiques « officiels » avec une gamme complexe de relations non officielles, familiales et souvent dissimulées (Médard, 1997, p. 22- 24). Le lien étroit entre ces caractéristiques et leur soutien au sommet de l'État français a été́ la clé́ de leur succès. Les chaînes officielles des relations franco-africaines comprenaient la Zone Franc, qui liait le franc français aux devises de plus d'une douzaine de pays africains à un taux fixe; l'existence d'un Ministère indépendant de la Coopération, doté d'un siège au Conseil des ministres, signe à la fois de l'engagement continu de la France envers l'Afrique et d'un canal important de l'aide française au développement (dont les deux tiers étaient destinés aux anciennes colonies françaises d’Afrique noire); les accords de coopération culturelle, technique et militaire que la plupart des ex-colonies ont signés avec la France en matière d'indépendance et qui ont permis aux enseignants et aux spécialistes français, comme les conseillers militaires, de travailler pour les gouvernements africains et de fixer le cadre des interventions militaires françaises; enfin, le fait qu'avec l'établissement de la Cinquième République, la politique africaine devint effectivement le domaine de la préservation du président (domaine réservé, l’arrière-cour, la chasse gardée, etc.).

Ces liens officiels s'accompagnent d'une série de liens familiaux semi-officiels et non officiels qui sont incarnés par les sommets franco-africains, institués en 1973, qui rassemblent le président français avec les dirigeants politiques africains et français dans une célébration annuelle de leur « relation spéciale » (Chafer, 2005, pp. 9-10). Plus concrètement, la présence française en Afrique peut être appréhendée dans les domaines suivants : le commerce des matières premières et stratégiques, l’aide française au développement pour l’Afrique, la dépendance monétaire, la présence militaire française (les accords et conventions de défense, les bases militaires). Les différentes études mettent en exergue la nature corrompue de cette relation privilégiée qui entraine des connivences entre des réseaux semi-officiels et non officiels et des pratiques secrètes (Chafer, 2005, 2002; Martin, 1995; Médard, 1997).

Cette politique qui est connue sous le vocable de la « Françafrique » est décrite comme une politique qui a résisté́ au changement en raison de la multiplicité́ des intérêts des différents acteurs impliqués. Ceci a poussé les analystes à mettre souvent l'accent sur la continuité́ de cette politique et affirmer la difficulté́ à effectuer le changement. Selon Charbonneau (2008), la France-Afrique a été́ utilisée comme un symbole politique et comme une idéologie pour autoriser, entre autres, les projets favorisant le développement des ressources naturelles et humaines africaines au bénéfice de la France. Alors qu'il était initialement axé sur l'Afrique du Nord, le terme est devenu précieux pour produire des arrangements durables lorsque la perspective de la décolonisation menace de rompre les relations de la France avec l'Afrique subsaharienne (Charbonneau, 2008, p. 281). Quant à Chafer (2001), il rappelle que la décolonisation n'a pas marqué une fin mais plutôt une restructuration de la relation impériale. Officiellement, la décolonisation signifiait la reconnaissance internationale de l'indépendance pour les anciennes colonies. Mais la reconnaissance formelle des entités souveraines était aussi l'acte central de la reproduction de l'hégémonie française (Chafer, 2001, p. 167).

En effet, comme la France a créé des accords pour relier plus efficacement ses anciennes colonies à travers diverses mesures politiques, économiques et militaires, la souveraineté formelle des nouveaux États signifiait que la relation impériale restructurée devenait une « coopération internationale » (Charbonneau, 2008, p.282). Charbonneau (2008) affirme que les interventions militaires françaises, qu’elles soient unilatérales ou inscrites dans le cadre de l’Union Européenne, sont l’expression du néo-colonialisme français à l’égard de ses anciennes colonies africaines. Il soutient que la France et l'UE ont trouvé dans le multilatéralisme le lieu d'interaction pour leurs pratiques respectives et conjointes de gouvernance mondiale, pour un nouvel interventionnisme libéral. Autrement dit, pour multilatéraliser (ou « européaniser »), les interventions militaires françaises ne constituent pas nécessairement une transformation radicale vers des formes et des moyens d'intervention plus légitimes. Elles ne marquent pas inexorablement la fin des pratiques du néo- colonialisme.

En prenant le cas de l’intervention militaire française en Côte d’Ivoire et des efforts diplomatiques pour la résolution de la crise Tchad/Darfour, il démontre que les objectifs

transformateurs du nouveau programme d'interventionnisme et de la coopération européenne en Afrique ne sont pas nécessairement incompatibles avec les tentatives de maintien de