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6. Les principales opinions sur les mesures de conciliation emploi-famille

6.3 Les opinions des collègues de travail

6.3.1 Ce que pensent les pères et les mères de l’opinion des collègues de travail

Aucun problème ne se pose à priori pour l’utilisation des mesures de conciliation emploi-famille inscrites dans la convention collective, à l’exception du droit de gérance de l’employeur qui peut en limiter la portée si elles ont des incidences négatives sur le fonctionnement de l’entreprise. En ce sens, elles ne posent aucun problème aux yeux des collègues de travail, mais à la condition qu’elles n’aient pas d’effets nuisibles sur leur charge de travail (à cause d’un manque de personnel notamment) et sur l’organisation du travail dans son ensemble. Cette réalité du reste, semble bien intégrée dans l’esprit des pères et des mères car nos données d’enquête révèlent, que pour éviter des désagréments sur le travail de d’autres collègues de travail, l’utilisation des mesures repose sur une sorte de « culture du partage » fondée sur des valeurs telles que, l’entraide, la collaboration et la générosité (variable d’analyse 33). Les passages ci-dessous en témoignent d’ailleurs :

Les pères

SANTÉ ET SERVICES SOCIAUX

« Moi, je pense que les gens sont ouverts autant qu’on peut l’être pour accommoder quelqu’un, les gens vont l’être. En général, c’est ça ».

ÉDUCATION

« Je pense que ça dépend du milieu. Il y a beaucoup d’orthophonistes qui ont des jeunes enfants, donc ça se passe assez bien. On a une culture à l’école, si t’as un enfant malade, il y a beaucoup de compréhension. Nous autres, nos directions nous ont toujours accordé des journées sans solde ».

SANTÉ ET SERVICES SOCIAUX

« On veut bien aider. Moi je suis sûre qu’il y a des filles dans le bureau m’aideraient là, si y arrivait de quoi, pis vas-y, pis, va-t-en, pis je vais faire la tournée d’urgence, pis des choses comme ça ».

« Je pense que tout le monde est sensible. On est sensibilisé à ça … de par notre métier, de par notre formation ».

Pour diverses raisons liées à la nature du travail (peu de contact entre le personnel), cette culture de partage est beaucoup moins présente dans le secteur de l’éducation. Les témoignages qui suivent l’expriment très bien :

Les pères

ÉDUCATION

Les gens partagent le même bureau, donc, ils ne sont jamais là en même temps. On parle pas vraiment d’emploi-famille, ça arrive pas vraiment souvent. On a assez de parler job, sans être obligé de parler d’emploi-famille ».

« C’est chacun pour soi. Ça change rien, même si on en parle ».

« C’est à peine si on se voit. Y a pas beaucoup de contacts ».

« On ne s’en parle pas à part de situations particulières ».

``A cause des différences d’âge, t’as pas assez d’individus qui vivent cette situation-là en même temps. Ça ne crée pas

de groupes. Ça crée pas d’échanges significatifs ».

Les mères

ÉDUCATION

« On ne voit pas beaucoup d’autres professionnels, alors on ne sait pas ce qu’ils pensent ».

« On ne se voit pas vraiment. Moi, je vois plus les enseignants, mais on n’a pas les mêmes conditions, donc on ne parle pas de conciliation emploi-famille. C’est comme normal, tout le monde court. Y’a beaucoup de burn-out ».

En fait, les propres rigidités de l’organisation du travail font en sorte qu’il ne sera peut-être pas possible que cette culture du partage se déploie pleinement et d’offrir en conséquence une aide à un ou une collègue dans le besoin du fait de certaines obligations du secteur de travail. Nous avons quelques extraits à ce sujet de parents salariés du secteur de la santé et des services sociaux :

Les pères

SANTÉ ET SERVICES SOCIAUX

« J’ai connu dans d’autres services, d’autres situations … très

désagréables. Où est-ce qu’on te fait sentir finalement que tes besoins viennent déranger tous et chacun. Pis je pense qu’il y a un corollaire direct avec l’attitude de ce qui va se passer plus haut ».

Les mères

SANTÉ ET SERVICES SOCIAUX

« … si elle, … c’est elle qui est mal pris. Fait qu’à peut pas dire bien j’attends à trois heures, je vais faire ta collecte, pis je vais aller porter tes pilules, ou je vais aller les chercher ».

Du côté des représentants syndicaux et des responsables patronaux, l’existence de certaines lacunes, voire aussi de certains avantages est reconnue de part et d’autre (variable d’analyse 33). Regardons les opinions positives et les plus critiques à ce sujet :

LES OPINIONS POSITIVES Les représentants syndicaux

ÉDUCATION

« Ils voient ça très positivement. Ils sont très en faveur de ça. Je pense que tout le monde sont en faveur que les gens aient plus de temps avec leur famille et puissent avoir des facilités, surtout quand on travaille avec des jeunes en difficultés, où les difficultés sont souvent liées au manque de support de la famille. Je pense que ça serait mal vu, si un collègue ne serait pas d’accord ».

SANTÉ ET SERVICES SOCIAUX

« Je pense qu’il n’y a pas d’opinion négative là-dessus. Hein, si t’as droit à un congé, tu y a droit. Si tu peux l’avoir tant mieux pour toi ».

« Au niveau des horaires de travail qu’on a , ils vont aimer ça là le travail parce qu’il n’y a personne qui veut la changer. Et c’est peut-être parce qu’on est plus en contact avec nos enfants avec un horaire de même ».

Les responsables patronaux

SANTÉ ET SERVICES SOCIAUX

«…Elles sont gâtées en ce qui a trait au congé parental de maternité comparativement aux employés du secteur privé qui ne bénéficient pas des mêmes avantages ».

LES OPINIONS CRITIQUES Les représentants syndicaux

ÉDUCATION

« Le problème que ça pose, c’est tout le problème des gens qui ne travaillent pas à temps plein. C’est les rencontres. Ok, oui, je pense que ça peut susciter à un moment donné une agressivité quand on essaie de trouver un moment pour que tout le monde se rencontre. Après le monde apprenne à vivre avec ça. S’il n’est pas remplacé et que c’est les autres qui écopent, c’est plus dur ».

SANTÉ ET SERVICES SOCIAUX

« Mais quand on parle d’arrangements, ou ce qu’on peut en rajouter, des arrangements locaux, des ententes avec l’employeur, c’est quelque chose qui serait très, très apprécié aussi. Ils utilisent ce qu’ils ont, mais il serait possible d’en avoir plus. … Une fin de semaine sur trois, je pense que le monde serait prêt à partir … parce que c’est important pour leur vie personnelle ».

Les responsables patronaux

SANTÉ ET SERVICES SOCIAUX

« La majorité trouve qu’on devrait avoir plus de moyens, mais qu’on attend que ça vienne comme mouvement social dans la convention collective parce que localement, on a pas de pouvoir, plus de pouvoirs que ceux qu’on a actuellement ».

« …les collègues de travail trouvent que les mesures sont pas accessibles, que c’est trop rigide. … C’est que il y a plusieurs personnes qui trouvent que leurs mesures, ils ne comprennent pas que l’employeur va refuser tel type de mesures, comme la semaine de quatre jours. D’autre part, plusieurs personnes n’oseront pas demander telle ou telle mesure parce qu’ils trouvent que leur emploi est difficilement conciliable avec ça ».