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4. Le bilan : les mesures de conciliation emploi-famille donnent-elles les résultats attendus?

4.1 Les impacts des mesures de conciliation emploi-famille

De nouveau l’examen des résultats d’enquête sur les impacts des mesures de conciliation emploi-famille, corrobore notre analyse du chapitre précédent. En effet, étant donné la pauvreté des mesures existantes et les diverses restrictions à prendre en compte pour leur mise en application effective, il était presque prévisible que leurs impacts soient aussi peu spectaculaires (variable d’analyse 18).

Expliquons cela plus en détail. En règle générale, les résultats d’enquête démontrent que les dispositions accommodantes en termes de conciliation emploi-famille ont des impacts relativement mineurs sur des aspects tels que l’absentéisme, le roulement de personnel, les retards, la rétention du personnel, le sentiment d’appartenance à l’entreprise, etc.. Du côté des représentants syndicaux du secteur de l’éducation, les impacts des mesures de concililation emploi-famille sont observés de manière plus positive comparativement à ceux du secteur de la santé et des services sociaux. Les témoignages ci-dessous des représentants syndicaux en témoignent d’ailleurs largement :

Les représentants syndicaux

ÉDUCATION

« Dans la mesure où les professionnels ont le choix; ils se sentent plus en contrôle. C’est eux-mêmes qui ont décidé. Ils ont moins l’impression qu’on leur impose un rythme. Comme on choisit, on est plus positif à mon avis. Ceux qui peuvent avoir un congé à temps partiel se sentent beaucoup moins dépassés. Ils sont plus en équilibre et doivent être beaucoup plus sereins et doivent avoir beaucoup moins accès à toutes sortes de congés de dernière minute, parce

que j’ai l’impression que ceux qui ne font pas çaet qui sont dépassés, doivent avoir recours très souvent à un congé ».

« Les gens se sentent moins coincés; ça devient un choix de vie pour que ça soit moins au niveau salarial, mais je pense qu’ils se sentent moins coincés ».

« Je pense que ça peut-être eu de l’influence sur

l’absentéisme, dans le sens qu’à la place de faire à croire que tu es malade… Aussi, ça fait que tu t’épuises moins. Alors, tu vas être moins souvent malade ou stressé ou angoissé. …La rétention du personnel, je pense pas que ça va retenir le monde, pas juste ça. C’est plus au niveau de la valorisation et plus la confirmation des compétences. … Implication de l’employé, peut-être parce que si tu es bien dans ton travail, tu vas avoir le goût de t’impliquer. …La satisfaction des employés, ça c’est certain, ils sont plus satisfaits ».

SANTÉ ET SERVICES SOCIAUX

« Roulement de personnel, il y en a de plus en plus. C’est sûr que la fille qui est en maladie. On regarde des fois sur un étage, y a peut-être sur dix filles, y en a peut-être six qui sont en maladie. C’est sûr que c’est des gens qui vont remplacer ».

« L’absentéisme est fort élevé. Le roulement de personnel par un effet direct aussi, la rétention de personnel. Tout le monde au centre jeunesse, écoute pour les éducateurs là, s’ils peuvent se trouver une job ailleurs, ils « saquent » le camp. Ils aiment le travail, c’est pas le travail avec les jeunes. Les horaires sortent. N’importe quel centre d’accueil t’as des horaires comme ça. Mais l’espèce de sentiment de surcharge, la claque dans le dos qui arrive pas, écoute là, t’as fait une bonne job… Tout ça fait en sorte qu’il y a beaucoup d’absentéisme. je pense que cette année, ils ont défoncé de deux ou 300,000 piastres le budget alloué par l’assurance salaire, pis aux absences maladie. … Les impacts, tu sais, je regarde ça, la rétention du personnel. Le monde veule tous partir. Le temps supplémentaire, le manque d’effectifs, pis tout ça. Le sentiment d’appartenance … ».

Dans le secteur de l’éducation, les responsables patronaux apparaissent également plus positifs que ceux du secteur de la santé et des services sociaux. Dans celui-ci en outre, on ne pouvait s’attendre à des impacts positifs d’une grande ampleur si à priori les mesures en place actuellement sont très pauvres. Voici maintenant quelques témoignages révélateurs de responsables patronaux des deux secteurs:

Les responsables patronaux

ÉDUCATION

« La réduction du temps de travail a sûrement eu un impact sur l’absentéisme. Vu que tu sais que tu as une journée pour te reposer ou pour faire autre chose. Tu ne cherches pas nécessairement à fuir le travail. Ça aussi un impact sur le roulement de personnel, car la personne aurait démissionné, ça nous aurait obligé à changer de personne. On l,a remplacé pareil. Les retards, tu viens pas mal de les diminuer. La rétention du personnel clé, sûrement, ça nous aide à garder les gens. … Mais il faut faire attention, il y a des mesures qui diminuent le stress. Mais il y a d’autres conditions qui vont l’augmenter à cause depuis quelques années la lourdeur de la tâche qui ne cesse de s’accroître ». SANTÉ ET SERVICES SOCIAUX

« Les mesures en place n’empêchent pas le roulement. Les gens profitent des congés à traitement différé pour ne pas partir en maladie. Cela est dû à la charge de travail. Le taux d’absentéisme est très élevé. Cela dépend beaucoup de la catégorie d’emploi. Même s’il y avait des mesures, il faudrait prévoir les avances à l’avance. Il y a de la difficulté de se faire remplacer pour une demi journée. De plus les gens ne veulent pas perdre de revenus ».

Néanmoins, dans le secteur de la santé et des services sociaux, des responsables patronaux ont été en mesure d’identifier quelques impacts positifs en notant une diminution des coûts de main-d’œuvre, une baisse de l’absentéisme, ainsi qu’une augmentation de la satisfaction au travail :

Les responsables patronaux

SANTÉ ET SERVICES SOCIAUX

« Moi je pense que les impacts, ceux qu’on a remarqué au niveau du service d’aide aux employés, le programme d’aide aux employés, c’est pas directement relié, mais depuis trois

ans, on est en décroissance de coûts. … Nos coûts comme établissement diminuent, donc je pense que les mesures d’aide aux employés, les mesures que quand un employé est en difficulté, qu’on prend le temps de vérifier, de supporter, de donner des moyens, ça je pense que ça eu un impact. Il y a moins de congés de maladie. Il y a moins d’absences pour maladie ».

«… J’ai eu d’autres commentaires de gens qui ont réduit leur semaine de travail qui me disent qu’ils ont trouvé un effet positif sur l’absentéisme, sur leur satisfaction. Et puis, j’ai beaucoup de commentaires positifs aussi de ça, de gens qui réduisent … Ils ont moins à s’absenter. Ça leur fait plus de temps personnel. Et puis, j’ai l’impression, c’est peut-être personnel là, qu’il y a un effet positif sur l’absentéisme. J’ai l’impression que les gens par rapport à l’absentéisme, qu’il y a un effet positif ».

Examinons attentivement à présent l’intérêt et la participation des employés, ainsi que le comportement des pères à l’égard des mesures de conciliation emploi-famille.

4.2 L’intérêt, la participation des employés et le comportement des pères à