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OBSERVATIONS CHRONO-STRATIGRAPHIQUES ET PLANIMÉTRIQUES

Le quartier du Champlain

OBSERVATIONS CHRONO-STRATIGRAPHIQUES ET PLANIMÉTRIQUES

La campagne de 2017 ayant permis de finir l’exploi- tation de l’emprise ouverte en 2013, la campagne 2018 a vu l’extension du transect vers l’amont sur une emprise de 15 x 20 m (ill. 2-4). La campagne a égale- ment permis de redécaper (sur environ 2 x 20 m) et de contrôler la zone située à la jonction entre la partie aval de l’emprise 2013-2017 et la fouille de J.-P. Guillaumet (sans apporter de nouveaux résultats).

Les fouilles dans le secteur du Champlain s’inscrivent dans la poursuite du programme de recherche  2013-2016, au sein de l’Action 1.4 : reconnaissance de l’organisation spatiale de l’oppidum (Goláňová  et  al.  2013 ;  2016 ; Boch- nak et al. 2014 ; 2015 ; 2017).

L’objectif de la fouille est dans la continuation de celui formulé pour le programme quadriennal  2013- 2016, soit l’exploration d’un transect de 20 m de large perpendiculairement aux terrasses qui jalonnent la pente (ill. 1), entre les ateliers artisanaux du Champlain situés le long de la voie principale de l’op-

pidum (chantier de J.-P.  Guillaumet,  2000-2006) et le

sommet du Theurot de la Wivre (chantier de Th. Lugin- bühl,  2006-2007). Il s’agit d’obtenir un profil complet liant les zones déjà fouillées, de connaître la stratigra- phie de cette partie de l’oppidum et d’en caractériser l’occupation. Un autre but est la vérification des ano- malies enregistrées par les prospections géophysiques réalisées par l’équipe de P. Milo (Milo, Goláňová 2012 ; Milo et al. 2017). À cet égard, la prospection géophy- sique de la zone fouillée en  2018 n’avait pas révélé d’anomalie importante. De fait, la zone ne semble pas

2. Bibracte, Mont-Beuvray. Le quartier du Champlain. Vue vers le sud-est du chantier à la fin de la campagne 2018 (cliché Bibracte/A. Maillier, n° 116010).

729610 729610 729620 729620 729630 729630 215890 215890 215900 215900 215910 215910 0 2,5 5 m Limite de fouille 2017 Limite de fouille 2018

3. Bibracte, Mont-Beuvray. Le quartier du Champlain. Orthophotographie du sondage 2018 à l’issue de la campagne de fouilles (acquisition Bibracte/Q. Verriez, traitement Bibracte/A. Meunier).

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RappoRtinteRmédiaiRe 2018 dupRogRammequadRiennaldeRecheRche 2017-2020 suRle mont BeuvRay 2 - lesgRoupesdetRavailetleuRsactions – quaRtieRdu champlain

lequaRtieRdu champlain (inteRvention 891)

729620 729610 729620 729610 215910 215900 215910 215900 [1873] [1879] [1933] [1910] [1927] [1892] [1924] [1923] [1921] [1915] [1931] [1929] [1874] [1897] [1899] [1892] [1935] [1889] [1911] [1934] [1908] [1917] [1918] [1920] [1875] Chablis Concentration d’amphores Foyer Trou de poteau 739,26 m 740,51 m 740,80 m 739,30 m 739,39 m 740,39 m 740,94 m 740,74 m 738,82 m 737,86 m 737,54 m 737,80 m 739,62 m 739,31 m 738,26 m 737,63 m v v A B 0 2,5 5 m 737,54 m 736,9 m

naire, mais elle peut être suivie sur près de 4,5 m dans la direction nord-ouest/sud-est et 3,0 m dans la direction sud-ouest/nord-est. D’une épaisseur de 2 à 6 cm et de nature sablo-argileuse, elle contient un grand nombre d’os calcinés, de fragments de rhyolite et de charbon de bois (ill. 7). Aucun ordre dans la répartition de ces éléments n’a été observé, ni aucun amas ou concentra- tion. Les blocs de rhyolite, qui font en majorité moins de 10 cm de côté, montrent pour les deux tiers des traces de passage au feu (sur toutes les faces pour la moitié d’entre eux), tandis que mobilier céramique et métallique ne portent que pour une petite partie les mêmes traces. La couche [1907] correspond donc vrai- semblablement à une couche de rejet de bûcher avec des restes culinaires, mélangés ensuite avec des rejets contenant du mobilier non brûlé. On note d’ailleurs que le sol jouxte un petit foyer [1906] (ill. 8). Ce foyer est situé au nord-est de l’entaille [1920] qui a protégé la couche  [1907], dans l’endroit le plus exposé aux perturbations ; seule sa partie inférieure est conser- vée. Mesurant de  20 à 25 cm de diamètre, il repose directement sur le sol naturel et est recouvert par la couche de colluvionnement [1891]. Ce foyer pourrait être contemporain de la couche [1907], mais sans cer- titude stratigraphique. Les os de la couche [1907] (et de ses équivalentes  [1924] et  [1925]) ont fait l’objet d’une étude archéozoologique par P. Méniel (cf. infra). Certaines couches, supérieures et inférieures à [1907], contenaient elles aussi du matériel osseux pris en compte [1883, 1895, 1914, 1922, 1930]. Elles sont aussi les témoins des processus de perturbations dans cette zone.

La couche [1907] masquait un alignement de trois trous de poteau [1921, 1923, 1931] respectivement de 0,70, 0,60 et 0,90 m environ de profondeur (ill. 6B, 9), témoi- gnant d’une structure sur poteaux antérieure implantée sur la terrasse artificielle [C] (cf. infra, ill. 18). Des char- bons de bois et des os brûlés comparables à ceux de la couche  [1907] ont été enregistrés dans la partie supé- rieure du comblement de ces trous de poteaux, ce qui La zone décapée est située sur une pente marquée.

L’inclinaison avoisine 17 % et ce facteur, avec l’activité agricole mentionnée plus haut, a eu un fort impact sur l’état de conservation des vestiges archéologiques. Ce phénomène est bien visible dans la coupe sud-ouest du chantier (ill. 5), où l’on peut distinguer principa- lement deux couches : l’humus  [1871], de couleur brun-noir, avec des racines d’arbres correspondant à la couche de décapage, surmontant une couche de collu- vion [1878], de couleur brun-marron, parfois avec des pierres. Cette couche s’appuie sur le substrat  [1892], qui est ici constitué d’argile jaune incluant des blocs de rhyolite, lui-même s’appuyant sur du rocher com- pact [1910]. Les parties nord, ouest et sud-ouest ont été entièrement explorées durant la campagne. Le reste de l’emprise, à l’est (secteur de la couche [1874]), devra être complété en 2019 (ill. 4).

Dans l’angle ouest de la fouille, les processus érosifs ont été intenses et les couches archéologiques ont une faible épaisseur. Le substrat rocheux [1910] affleure à très faible profondeur le long de la coupe nord-ouest sur une bande de quelques mètres de largeur. Deux lambeaux de surfaces couverts par des fragments d’am- phores [1873, 1879] constituent les couches inférieures (couches de préparation ?) du sol de circulation d’une terrasse érodée. Cette couche [1879] recouvre un trou de poteau isolé  [1933]. Étant donné la différence de niveau entre ces restes de couches de préparation et le substrat rocheux, on peut estimer que le niveau de cir- culation antique se trouvait à environ 15 cm au-dessus du substrat, à la cote 741 m NGF.

Plus au nord, le rocher a été intentionnellement entaillé durant l’Antiquité pour ménager une terrasse, le front de taille [1920] étant situé sur une ligne de plus grande pente (ill. 6). Ce creusement haut de 50 cm a permis la conservation des restes d’une couche de colluvionnement [1908], qui surmonte elle-même une couche archéologique en place [1907] (ill. 6A). Cette couche, quasi-horizontale à la cote 740,3 m, est lacu-

[1871] [1878] [1892] 739 m Sud-est Nord-Ouest A B [1892] [1910] 740 m 739 m 0 1 2 m

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RappoRtinteRmédiaiRe 2018 dupRogRammequadRiennaldeRecheRche 2017-2020 suRle mont BeuvRay 2 - lesgRoupesdetRavailetleuRsactions – quaRtieRdu champlain

lequaRtieRdu champlain (inteRvention 891)

215910 215915 729610 729620 V V 729620 215910 215915 740,51 m 740,80 m [1917] [1892] [1906] [1920] [1910] [1915] [1911] [1927] [1921] [1923] [1931] [1929] 139,39 m 739,26 m 215910 215915 215910 215915 729610 729620 729620 [1930] [1922] [1909] [1914] [1926] [1918] [1928] Limite de terrasse A 739,75 m 739,26 m 740,29 m 740,45 m [1909] [1908] [1917] [1892] [1891] [1907] [1920] [1910] [1911] [1906] [1924] [1924] [1892] [1883] B 0 1 2 m 0 1 2 m Foyer Trou de poteau Foyer Concentration d’os et de charbons Trou de poteau C D

6. Bibracte, Mont-Beuvray. Le quartier du Champlain. Zone nord de l’emprise. Plans à deux étapes de la fouille. A : À l’altitude du sol [1907]. B : Après nettoyage de la surface du substrat géologique (DAO G. Hamm).

[1907] [1892] [1891] [1907] [1906] [1892] [1891]

7. Bibracte, Mont-Beuvray. Le quartier du Champlain. Vue de la couche de rejet [1907] vers le nord-ouest.

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de fragments de diaphyses d’os longs compatibles avec des os de porc, espèce à laquelle appartient la totalité des restes déterminés. Il n’y a pas de corrélation entre la masse moyenne des restes, en partie représentative de leur degré de fragmentation, et les taux de détermi- nation. Cela résulte de la relative homogénéité de l’état de l’ensemble des vestiges.

Les différents lots s’avèrent très similaires. Ils par- tagent plusieurs caractéristiques originales. La première est la présence exclusive de restes calcinés. Cela n’est pas forcément le fruit d’une sélection délibérée, mais peut-être seulement des effets de la taphonomie. L’aci- dité du sol est en effet à l’origine de la disparition des restes animaux dans la plupart des contextes de l’oppi-

dum, seuls quelques ensembles (Méniel 2005) ayant

bénéficié de conditions locales particulières (milieu constamment immergé, présence de chaux), préser- vant, de manière remarquable ou, à l’opposé, précaire (ne subsiste alors que l’émail de dents), quelques rares séries de vestiges. Or, les restes calcinés, du fait des modifications de structure dues à l’action de la chaleur, s’avèrent beaucoup plus résistants à ces agressions que les os non brûlés. Leur présence presqu’exclusive (à l’émail d’une molaire supérieure de bœuf près, dans l’UF [1871]) ne peut donc pas être considérée comme le fruit d’une sélection délibérée.

Par contre, la présence exclusive du porc consti- tue un des premiers faits remarquable de tous ces ensembles, car il y a peu de dépôts de restes animaux de cette ampleur qui présentent une telle unité. C’est sans doute du côté des rejets d’activités artisanales spécialisées, comme la tabletterie ou la tannerie, que l’on peut trouver des dépôts mono-spécifiques. Les restes de consommation sont toujours beaucoup plus diversifiés, et si ceux des banquets sont habituellement marqués par une préférence pour une espèce, porc ou mouton à l’âge du Fer en Gaule, il n’y en a guère qui ne recèle des os d’autres animaux.

permet de dire que la couche [1907] a servi à les nive- ler après arrachage des poteaux. Un trou de poteau plus large [1927], d’environ 40 cm de profondeur et 80 cm de diamètre, prolonge l’alignement vers le sud. Bien qu’ils ne respectent pas un alignement cohérent avec le front de taille [1920], on peut penser que ces poteaux participent d’une même unité architecturale qui demeure en partie enfouie au-delà des limites de la fouille. À proximité se trouvent encore deux trous de poteaux plus petits [1915, 1918] dont la relation avec le reste est incertaine, sinon que, comme pour les précédents, le comblement de [1915] a précédé le dépôt de la couche [1907].

La zone sud du décapage de 2018 est perturbée par un grand chablis  [1935] (cf. supra, ill. 4). Cependant, il a été possible d’observer que le substrat [1892] est localement aplani à la cote 737,6 m, ce vestige de sol de terrasse qui doit s’étendre en dehors de la fouille vers le sud-ouest étant en relation avec les trous de poteau  [1889, 1897, 1899], de profondeurs très iné- gales (respectivement 0,20 m, 0,80 m, 0,03 m). Ce sol est recouvert d’une couche sombre de gravier [1890] et recoupé par un creusement linéaire [1935] au-delà duquel s’étend la couche  [1874], de plus de 50 cm d’épaisseur, qui masque sans doute encore une ter- rasse artificielle [A] qui reste à explorer.

LA FAUNE : LES RESTES DE PORC CALCINÉS