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Observation d’ensemble des relations entre classification et indicateurs régionaux socio-économiques

comparaison des montants d’aides et des leviers d’intervention

2. DIVERSITE DES FORMES REGIONALES D’INTERVENTION AGRICOLE : MISE EN EVIDENCE A PARTIR DES DEPENSES

2.3 Interprétation de la classification au regard de différents indicateurs socio-économiques

2.3.1 Observation d’ensemble des relations entre classification et indicateurs régionaux socio-économiques

Nous tentons ici d’analyser les relations entre les différentes classes de régions que nous venons de distinguer et les dynamiques économiques régionales. Celles-ci peuvent être caractérisées par un certain nombre d’indicateurs régionaux qui doivent pouvoir être disponibles et identiques pour toutes les régions étudiées. Ces indicateurs sont tirés du chapitre 2, qui met en relation l’intervention agricole régionale avec les dynamiques économiques sectorielles, régionales et macroéconomiques (cf. figure 2). Ils sont également inspirés de l’étude de Mazzochi et Montresor (2001) qui définissent un ensemble d’indicateurs se rapportant au développement agricole et rural régional. Ils nous sont fournis soit par la base Eurostat, soit par le RICA européen pour le montant d’aides 1er pilier et le revenu agricole par Unité de Travail Agricole (UTA) (cf. tableau 12)126.

Il est intéressant également de mettre en regard notre classification avec les montants par UTA engagés dans chaque région au titre du 2nd pilier de la PAC127

(cf. figure 9). Certes, l’allocation des montants se fait dans le cadre du respect d’une enveloppe initiale allouée. Mais ces montants ne sont pas toujours entièrement exécutés, puisqu’ils se font tous sur la base du cofinancement et que les États ou Régions ne peuvent ou ne souhaitent souvent pas cofinancer entièrement. Par ailleurs, l’enveloppe initiale peut être redéfinie pendant la période de programmation budgétaire selon la sur- ou la sous-consommation des crédits initiaux. Le montant total n’est donc pas uniquement issu des négociations et des critères fixés au niveau de l’Union Européenne, mais résulte aussi d’un choix de l’État-membre et / ou des Régions.

Ces indicateurs étant établis, une analyse statistique permet de repérer les corrélations entre ces différents indicateurs et la classification obtenue dans la partie précédente. En annexe 7 (§ 2) figure le tableau des valeurs des différents indicateurs pour les 61 régions étudiées. Le tableau 12 présente les coefficients de corrélation. Le montant d’aides 2nd pilier par actif agricole est l’indicateur le plus explicatif de la classification, ce qui semble indiquer un lien fort entre l’orientation choisie et le montant global alloué. Les facteurs explicatifs

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Les avantages et limites de ces bases de données sont précisés en annexe 6.

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Ces montants sont fournis par le même type de base de données utilisée pour la classification précédente : ils proviennent de la Commission Européenne (et du CNASEA pour les régions françaises), avec les mêmes estimations. Mais ils concernent les montants engagés pour 2003 à l’année 2002. Ils sont jugés plus proches des montants réellement exécutés, pour une année 2003 représentative de la période de programmation 2000-2006.

suivants sont liés à la nature du système de production agricole (taille économique et physique des exploitations). Viennent ensuite des variables caractéristiques du contexte régional comme le PIB par habitant, le taux de chômage, le taux de densité de population et la répartition de l’emploi entre secteurs. Ces résultats confortent l’idée selon laquelle la

conception du 2nd pilier par les acteurs publics reste davantage centrée autour du

développement agricole que du développement rural et régional (Berriet-Solliec, Daucé, 2001).

Apparaissent ensuite les facteurs d’appartenance à différents États-membres. De manière générale, les formes régionales d’intervention agricole apparaissent fortement liées à l’inscription nationale : ainsi la logique de « valorisation des externalités environnementales » domine dans toutes les nations britanniques (classe 1), tandis que les régions d’Italie, d’Espagne et de Belgique se caractérisent par une logique de compétitivité des exploitations agricoles. Apparaissent aussi des déterminismes géographiques au sein de chaque pays. La France et l’Allemagne voient leurs régions se partager entre deux logiques dominantes, entre Nord-est et Sud-ouest allemands d’une part, entre Nord-Ouest et Sud-Est français d’autre part. Toutes les Régions les plus engagées dans la logique de « diversification des économies et d’amélioration des conditions de vie rurales » sont allemandes.

Un autre point important concerne la répartition géographique des classes de régions : chacune comporte aussi bien des régions du Nord que du Sud de l’Europe. Contrairement à ce qui a pu être observé pour les montants d’aides 1er pilier (Shucksmith et al., 2005), il n’apparaît pas clairement de clivage Nord/Sud ni pour les orientations du 2nd pilier ni même pour les montants (cf. figure 9). Parmi les facteurs explicatifs des orientations régionales, il faut également écarter le degré de régionalisation des programmes de développement rural : bien que ces programmes soient complètement régionalisés au Royaume-Uni, une seule classe apparaît sur le territoire britannique, par opposition au territoire français qui présente pourtant un degré de décentralisation très faible.

Enfin, les montants des aides du 1er pilier interviennent peu dans l’explication de la classification : l’orientation du 2nd pilier de la PAC ne paraît pas dépendre des aides du 1er pilier, du moins ceci n’est pas généralisable à l’ensemble des régions européennes.

Figure 9 : Carte des régions classées par quantiles selon le montant 2nd pilier engagé par UTA en 2003

Tableau 12 : Lien entre classes de régions et indicateurs socio-économiques régionaux

Variable R-Square* Montant d’aides 2nd pilier/UTA (engagés 2003) 0,36 Taille des exploitations (UDE/exploitation) (2000) 0,35 SAU moyenne des exploitations (2000) 0,31

Taux de chômage (2002) 0,25

% d’exploitations spécialisées en herbivores (2000) 0,24

Productivité du travail (MBS/UTA) (2000) 0,23

% de la SAU occupée par des exploitations avec une SAU > 50 ha (2000) 0,21 Montant d’aides 1er pilier / UTA (2002) 0,20

% d’exploitations avec une SAU > 50 ha (2000) 0,20

% d’emplois dans l’industrie (2000) 0,18

% de la SAU occupée par des exploitations avec une SAU < 5 ha (2000) 0,16 % d’exploitations avec une SAU < 5 ha (2000) 0,16

PIB / habitant (2002) 0,16

Pourcentage d’exploitations spécialisées en grandes cultures (2000) 0,14 % d’exploitations agricoles en zones défavorisées (2000) 0,13 Pourcentage d’exploitations spécialisées en cultures permanentes (2000) 0,11 Substitution du travail à la terre (UTA/SAU) (2000) 0,11 % d’UTA en pluriactivité (temps de travail < 75 %) (2002) 0,10

Variation du nombre d’UTA (1993-2000) 0,07

Densité (hab./km2) (2002) 0,05

% d’emplois dans les services (2000) 0,04

% d’UTA dans la population active totale (2002) 0,04

Variation de la SAU (1993-2000) 0,03

Revenu agricole/UTA (2000) 0,02

* 24 analyses de variance ont été effectuées, mettant en lien chaque variable référencée ci-dessus et l’appartenance à l’une des 4 classes. Par exemple, le R² entre les montants régionaux 1er pilier et la classification est de 0,20.

2.3.2 Analyse des classes obtenues en fonction des indicateurs

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