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M. Tidiane Traoré, aménagiste au Service des Aménagements Hydrauliques de Ségou

« Pour moi bien gérer l’eau au niveau de l’Office du Niger est une bonne chose, et cela doit se faire, car là où nous sommes si les gens ne gèrent pas bien l’eau alors le problème de l’eau va devenir complexe, car c’est quelque chose qui est difficile à avoir. Les paysans de l’Office, par habitude, il faut qu’ils aient les pieds dans l’eau. Alors que quand tu prends tout le pays, tu sauras que toute l’eau du fleuve Niger ne peut pas être dirigée vers l’Office car il n’est pas le seul riverain du fleuve. Et quand tu considères aussi le lit des canaux qui sont tellement longs, de Markala à Niono et jusqu’à Diabaly, qui est la plus longue distance, une grande quantité d’eau se perd en cours de route et donc il faut que les gens sachent et surtout se disent qu’il est temps maintenant que l’on utilise dans nos champs juste la quantité d’eau dont ils ont besoin. Et cela est obligatoire même pour l’Office pour qu’on puisse avancer. »

M. Souleymane Coulibaly, exploitant, membre du Comité Paritaire de Gestion des terres de Tiémédély Coura (N’Débougou) et premier conseiller du chef

« L’intérêt ou l’avantage de tout ça, c’est que l’eau du fleuve appartient à tous les maliens. Ce n’est pas seulement pour l’Office du Niger et ses paysans. D’autres personnes ont aussi besoin de cette eau, même en dehors de l’agriculture. Si on la gaspille ici seulement à cause de l’agriculture est-ce que les autres pourront couvrir leurs besoins en eau ?»

M. Abdoulaye Diallo, responsable du SERP à Markala

« En période d’étiage en fait tout dépend du barrage de Sélingué. L’approvisionnement même du fleuve dépend du barrage de Sélingué. Donc il arrive des moments, généralement aux mois de mars et avril, où la quantité d’eau que Sélingué peut envoyer est de l’ordre de 125 m3/s. Dans les 125m3/s, on doit tenir compte de la quantité qui doit être déversée en aval du barrage, et le minimum est de 40 m3/s. Il arrive des fois suivant les crues, quand on reconnaît une mauvaise crue de l’année, il arrive parfois que ces 125 m3/s on ne puisse pas les atteindre. On peut aller jusqu’à 120 ou 100 seulement. Et quand on retire les 40 m3/s, il n’en reste que 60. Et 60 ne peut pas couvrir les besoins de la contre saison sur le réseau. C’est ça le problème qu’en étiage on peut avoir. »

Alors qu’à l’étiage, en avril, il est dores et déjà difficile de fournir l’eau nécessaire à la culture de contre saison, et qu’en septembre les parties les plus en aval du périmètre irrigué souffrent régulièrement de manque d’eau, on envisage d’aménager près de 120 000 nouveaux hectares d’ici à 2020. Cela ne pourra se faire sans relever au préalable un certain nombre de défis en matière d’organisation et de gestion de l’eau.

M. Youssouf Coulibaly, exploitant à Tiémédély Coura (N’Débougou)

changements dans nos comportements ici ? Ma réponse est que si on a compris que c’est cette même quantité d’eau qui sera redistribuée entre tous les champs, alors peut être saurons-nous comment faire, car il y a toujours une manière de faire en conséquence. On saura le faire. Mais si nous n’avons pas compris dès le départ, nous serons fatigués avant de le comprendre. »

M. Nouhoum Lah, chef Service Gestion de l’Eau à N’Débougou

« On parle des problèmes liés à cette eau. Avant j’ai expliqué que notre volonté, notre souhait est de pouvoir irriguer une parcelle d’un hectare avec 14 000 m3 d’eau. C’est ce à quoi nous voulons arriver, et nous venons de très loin pour y arriver. Il y a de cela quelques années seulement pour un hectare on prenait jusqu’à 20 000 ou 30 000 m3 d’eau. Actuellement nous approchons les 14 000 m3 d’eau par hectare. Dans certaines localités, on est même en dessous de cela. Mais les gens ne doivent pas oublier que les études ont démontré qu’avec 9 000 m3 d’eau on peut faire un hectare de riz. Donc si on a besoin de 9 000 m3 pour un hectare de riz, entre cela et les 14 000 m3 que l’on approche actuellement, il reste une marge.

Si on a 80 000 hectares aménagés actuellement et qu’on se propose de faire 200 000 hectares dans le futur, ou même 300 à 400 000 hectares, on pourra tout faire. Il y a combien de mètres cubes d’eau qui passent à Markala pendant l’hivernage ? 6 000 m3 et Markala en prend 110 à 120 m3/s. Si pendant l’hivernage il y a 6000 m3/s qui passent à Markala, pendant la saison sèche, il peut y avoir quelques difficultés.

En 1929, le premier ingénieur est venu avec l’idée de créer l’Office du Niger, puis en 1932, les travaux ont commencé. Et depuis cette date jusqu’à nos jours, l’eau est en train de pénétrer la terre, la terre est en train d’absorber l’eau, si on a des problèmes avec celle qui est au dessus de la terre, prenons celle qui est en dessous pour l’exploiter. A mon avis, le facteur eau ne devrait pas poser de problème ici. Mais cela n’empêche pas de dire que l’eau doit être bien gérée, qu’elle est précieuse, qu’elle est la vie même. »

La zone de N’Débougou a bénéficié de l’appui d’un projet, financé par la KFW, qui a permis la mise en place d’échelles et d’abaques au niveau des partiteurs. Les aiguadiers ont la charge de relever les cotes amont et aval au niveau des ouvrages et ainsi déterminer les débits et les quantités d’eau qui sont quotidiennement envoyées dans les partiteurs. Ces données sont ensuite compilées au niveau de la zone par mois, puis par an, avant de remonter au niveau du SERP.

Cela permet d’assurer un suivi des débits et d’anticiper ainsi les besoins de la zone par référence aux consommations des années antérieures. Cela permet également de contrôler le travail de l’aiguadier. Ce type d’équipement est nécessaire pour connaître les consommations réelles et donc permettre de les réduire dans le futur.

M. Karim Raphaël Dissa, aiguadier à Tiémédély Coura (N’Débougou)

« Chaque année dans le grand registre, le chef service montre à chacun de nous individuellement le résultat de son travail sur l’année. Il te dit par exemple que sur tel partiteur tu as consommé beaucoup d’eau, et t’en demande les raisons. Tu lui donnes donc des explications, et s’il s’avère qu’il y a eu gaspillage d’eau il te dira de t’organiser rapidement avec tes exploitants pour éviter que cela ne se reproduise. Il te demande de travailler pour éviter le gaspillage d’eau. »

M. Idrissa Moussa Maïga, chef casier Nord à Molodo

« C’est très intéressant, ça permet à l’agent de calculer le débit qu’il doit injecter le matin dans un partiteur. Le matin quand il fait le tour de tout son partiteur, il peut peut-être avoir tous les besoins et donc il calcule. C’est très bien de faire un suivi sur les débits d’irrigation. Nous on faisait ça à Niono. Ca permet de diminuer les gaspillages, les gaspillages d’eau. »

L’intégration de ces données au niveau des zones pourrait de plus permettre de faciliter le pilotage du réseau au niveau du SERP, via l’utilisation d’un logiciel informatique.

M. Abdoulaye Diallo, responsable du SERP à Markala

« Pour le moment on m’a parlé seulement de SIMON. SIMON est dans le domaine de l’entretien, pas de la gestion de l’eau.

Qu’attendriez-vous d’un logiciel de pilotage du réseau ? Ah bien sûr ça nous faciliterait le

travail. Si on a ce logiciel ça nous permettra d’être plus cohérents dans notre travail. Car actuellement on est en train de jouer avec l’expérience. Donc si il y a ce logiciel, il est vraiment le bienvenu pour nous. »

Dans l’avenir on pourrait même envisager la mise en place d’une facturation volumétrique de la quantité d’eau consommée. Cela favoriserait nécessairement la réduction des quantités d’eau utilisées mais poserait par ailleurs de nombreux problèmes d’organisation.

M. Nouhoum Lah, chef SGE à N’Débougou

« On revient souvent là-dessus et chacun a son avis. Que la quantité d’eau envoyée dans le partiteur fixe la redevance eau en fonction des quantités utilisées, ce serait la meilleure façon de faire ce travail, si on pouvait le faire. Mais si tu veux le faire avec nos canaux actuels, tu vas le faire au détriment de certains. Car la quantité d’eau que l’on mesure c’est à la prise du partiteur.»

M. Karim Raphaël Dissa, aiguadier à Tiémédely Coura (N’Débougou)

« On va se rapprocher obligatoirement car les paysans viendraient nous voir pour nous dire de faire une ouverture raisonnée de leur prise de partiteur, car il s’agirait d’une facturation à la quantité d’eau utilisée. A ce moment là les chefs partiteurs, les chefs arroseurs, chacun à son niveau s’investira beaucoup plus pour bien faire son travail.»

M. Youssouf Coulibaly, exploitant à Tiémédely Coura (N’Debougou)

« La répartition entre les exploitants de la quantité d’eau qui est passée au niveau du partiteur va poser un grand problème, il y aura des difficultés et on ne va pas du tout s’entendre là- dessus.

Parce qu’il y a des champs dont l’irrigation est facile et d’autres où elle est difficile, et si l’on doit facturer entre ces deux types la quantité d’eau qui est passée dans le partiteur, un des deux ne sera pas d’accord.»

« Je ne dis pas que je n’aime pas connaître la quantité d’eau qui est passée au niveau du partiteur, mais celle de ma parcelle et de mon champ m’intéresse beaucoup plus. J’aimerai bien connaître la quantité d’eau qu’on utilise sur toute notre parcelle et celle que moi-même j’ai utilisé sur mon champ. »

« Ca m’intéresse et j’aimerai le savoir, parce que ça me permettra de savoir la quantité d’eau dont on a besoin sur notre parcelle pour bien produire le riz.»

Au travers de cette vidéo les acteurs locaux de la gestion de l’eau ont soulevé un certain nombre de questions :

Face aux extensions à venir, à l’existence d’autres usagers de l’eau du fleuve Niger

et aux limites de l’étiage, comment réduire la consommation d’eau de l’Office ?

Quel avenir doit on donner à la contre saison ?

Comment assurer un bon suivi des consommations ?