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M. Ousmane Ouedraogo, chef partiteur à Pando Camp

« On vous a amené ici pour vous montrer le drain secondaire, pour vous parler et vous faire comprendre les difficultés et les problèmes que nous avons. Ce drain… je ne peux même pas vous dire depuis quand il n’a pas été curé. Son dernier curage remonte à plus de 5 ou 6 ans, et il est bouché à tous les niveaux. Si tu regardes les drains tertiaires qui communiquent avec les drains secondaires, ils sont tous gorgés d’eau, et on ne peut plus les drainer. Vous voyez ce champ, pour que son niveau d’eau baisse il faut que celui du drain secondaire baisse sérieusement, s’il veut pouvoir drainer son champ par le drain tertiaire. Et pour cela il faut que le secondaire puisse se déverser dans le primaire, ce qui est difficile. »

Les paysans se plaignent de ne pas être suffisamment impliqués dans le suivi de ces travaux, ce qui soulève des questions importantes quant à l’efficacité du fonctionnement du CPGFERS, Comité Paritaire de Gestion du Fonds d’Entretien du Réseau Secondaire.

M. Moussa Coulibaly, chef d’arroseur et chef de partiteur à Socourani

« Nous ne sommes pas contents qu’on ne nous informe pas. Si le tâcheron travaille, on leur a dit et nous sommes revenus là-dessus au cours des assemblées, on veut que les entretiens des canaux ne se fasse pas à notre insu, que cela se fasse en notre présence. Cela nous permettrait de dire à l’entrepreneur les parties mal faites. Parce que normalement aucun papier de réception ne doit être signé et aucun déblocage d’argent ne doit se faire sans que nous ayons apprécié le travail effectué. »

M. Julien Kamaté, chef Service Gestion de l’Eau à Molodo

« Généralement ce qu’on a observé ici c’est que c’est plus tard après le chantier les gens viennent dire « oh ! y a ça, y a ça, ça a été mal fait là-bas, bon alors que les gens déjà ont consenti, le comité paritaire est passé, et les gens ont dit que les travaux ont été bien faits. Donc quand y a des remarques, je crois qu’il faut les faire à temps, pour que l’entreprise qui est sur place puisse corriger, et qu’on puisse la payer. »

M. Salif Ouedraogo, responsable POP à Molodo

« Mais nous avons constaté que quand il y a des travaux dans un village les villageois eux- mêmes ne s’en occupent pas, ils ne vont pas surveiller. Les responsables choisis au niveau du village n’y vont pas non plus. Les délégués du comité paritaire n’ont pas les moyens nécessaires pour pouvoir surveiller ou contrôler tous les travaux sérieusement. Ils n’ont pas de motos, et même s’ils ont leur propre moto il y a le problème du carburant.Ce sont les paysans qui doivent les prendre en charge, mais non, ce sont eux-mêmes qui font ces dépenses sur leur propre argent. De cette manière ils ne peuvent pas bien superviser tous les travaux. »

Messieurs Fantamadi Camara et Lamine Coulibaly, tout deux membres du CPGFERS de la zone de N’Débougou estiment ne pas avoir suffisamment de poids dans les décisions prises. Ils confessent par ailleurs leur manque de compétences par rapport à leurs responsabilités.

MM. Fantamadi Camara (de Tiémédély Coura) et Lamine Coulibaly (de Sarango), casier Boloni à N’Débougou), chefs d’arroseurs et représentants au Comité Paritaire de Gestion du Fonds d’Entretien du Réseau Secondaire

« J’ai posé la question « ai-je un rôle à jouer ? Est-ce que je peux parler ? » Oui m’a répondu le contrôleuret il a répondu que le travail était pour nous et qu’il se faisait pour nous. Donc j’ai dit qu’aucun travail n’avait été fait comme je le souhaitais et que par conséquent il n’y avait pas de réception. Il m’a dit non, certains travaux ont été faits à 50%, d’autres à 60 et d’autres à 75 %, à ce moment là nous allons faire une réception provisoire. C’est avec cette réception provisoire

qu’ils ont été faire le décaissement de l’argent en la transformant en réception définitive. Donc on cherche à ce que le provisoire reste provisoire et le définitif reste définitif. Je ne connais pas les autres zones, mais ici dans la notre une réception provisoire se transforme en réception définitive. C’est ce qui nous inquiète. »

« Quand on fait l’ouverture des plis, ce sont eux qui amènent les documents et qui nous disent le dossier de telle personne est complet, et celui-ci n’est pas complet. Et nous n’avons pas la compétence ou le savoir nécessaire pour faire ce travail. En fonction de cela on choisi les dossier dits « complets », et on vérifie que telle personne demande peu d’argent pour ce travail, celui-ci donne un prix moyen et ce dernier est trop élevé pour le même travail. Par conséquent on choisi ceux qui sont dans la moyenne et on leur donne le travail.»

« Nous lui avons dit qu’on ne pouvait pas accepter cela, car il était convenu entre le contrôleur et nous qu’après 6 mois il devrait revenir pour continuer les travaux, et cela parce que l’hivernage avait déjà commencé. C’était le 20 juillet 2004. Durant toute l’année 2005 ils ne sont pas venus, en 2006 non plus. Maintenant vous nous demandez de faire un programme pour 2007, nous ne ferons aucun programme sauf si les anciens travaux sont exécutés. Ce sont les problèmes qui existent entre l’Office et nous.»

M. Abdoulaye Diallo, chef Unité Entretien à N’Débougou

« Bon ça c’est quelque chose que je ne peux pas comprendre. Par exemple, tu imagines que pour passer un marché, il faille appeler tous les paysans pour leur dire « voilà comment ça s’est passé »… Ils sont représentés. Ils sont représentés par 8 délégués exploitants et ça, ça doit être largement suffisant. Ils sont même rémunérés par rapport à cette restitution. Dire qu’il faille que tous les paysans soient informés, d’accord, mais ce sont les membres du comité paritaire qui doivent le faire, mais pas nous. Parce que eux participent à tous les travaux justement pour des raisons de transparence et de méthodologie. C’est ça. Mais ce qui est sûr c’est qu’il n’y a aucune phase de passation qui se fasse sans eux. Il n’y a aucune phase de réception qui ne se fasse sans eux.

Ils ont le bilan. En fin de travaux, le comité paritaire a une copie du bilan. Le comité paritaire a le programme et ils ont tous les PV des réunions. Mais en dehors de tout cela, un exploitant qui n’est pas bien informé peut très bien venir au bureau, ici.

Mais nous on ne peut pas imprimer tous ces papiers et en donner à chaque village. Dés qu’on produit un bilan, on leur en donne une copie. Ils ont un secrétariat, ils peuvent faire des réunions au sein des villages pour informer les paysans du contenu de ce bilan. Nous on n’a pas de compte à rendre aux paysans, c’est plutôt au comité paritaire de leur en rendre. Ce sont eux leurs représentants directs qui au retour doivent leur donner les informations. »

Il existe un logiciel, SIMON, qui permet à l’unité entretien et aux membres du CPGFERS de saisir toutes les informations relatives aux travaux d’entretien : nature, coût, réalisation, entrepreneurs exécutants… Mais ce logiciel n’a jamais vraiment été fonctionnel. Une nouvelle version est en cours de développement dans le cadre du Système d’Information Global de l’Office du Niger (SIGON). Les exploitants sont d’ores et déjà intéressés par ces informations sur l’entretien.

M. Youssouf Coulibaly, exploitant à Tiémédély Coura (N’Débougou)

« Si on nous donnait ces informations aujourd’hui même cela nous ferait plaisir. Parce que les tâcherons viennent mettre leurs mains dans nos arroseurs alors qu’en réalité ils ne font pas bien le travail. Nous on ne savait même pas que ce type d’informations existe. Si c’est le cas il faut donc qu’on nous la donne pour qu’on puisse en parler à ces travailleurs. On ne savait pas que cela existait. »

M. Souleymane Coulibaly, exploitant, membre du Comité Paritaire de Gestion des Terres de Tiémédély Coura (N’Débougou) et premier conseiller du chef de village

« Mais si on parvenait à avoir cette information, ce serait très bien car tous les paysans ont besoin de cette informationet on doit le dire à tout le monde pour que chacun puisse le savoir.»

« Pour moi ils peuvent faire cela sous la forme d’un journal, mais rédigé en bambara car actuellement chez les colons il y a beaucoup de personnes qui sont alphabétisées et peuvent lire en bambara. Et dans ce même journal ils peuvent mettre les méthodes de travail de l’Office, ses principes,certaines lois, et ceux qui sont alphabétisés pourront le lire et informeront ceux qui ne peuvent pas lire. C’est sous cette forme que j’aimerai que ces informations nous parviennent. »

Au-delà de ces problèmes d’organisation et de transmission des informations, les travaux d’entretien souffrent de retards fréquents qui ne facilitent pas leur mise œuvre.

M. Salif Ouedraogo, responsable POP à Molodo

« Le recouvrement de la redevance eau n’est plus fait dans les délais prévus, soit au 31 mars. Chaque année on continue jusqu’en juin et à ce moment les pluies auront commencé, par conséquent les travaux programmés ne pourront plus tous être exécutés, et on est obligé d’en reporter certains sur l’année à venir. Si beaucoup de redevances ne rentrent pas il y aura forcément beaucoup de travaux qui ne pourront pas être exécutés. »

M. Julien Kamaté, chef Service Gestion de l’Eau à Molodo

« D’abord il y a un problème d’entretien, parce que tant que les canaux sont en eau, nous par exemple quand nous faisons les entretiens,c’est très difficile pour nous, parce que c’est de gros engins qui font les entretiens, des pelles, des tracteurs, des bulldozers, et tout ça. Le canal est en eau, l’engin ne peut pas monter. Ca c’est un problème. »

M. Sékou Ouologuèm, aiguadier à Pando Camp (casier Nord de Molodo)

« C’est la faute de l’Office, même si vous ne pouvez pas couper l’eau partout pendant les travaux, vous pouvez au moins le faire là où vous voulez travailler. Si les responsables, les chefs venaient en brousse comme nous, étaient sur le terrain comme nous, cela nous éviterait de faire du mauvais travail, car pendant les heures de travail même si tu veux faire autre chose, ayant en tête que ton chef peut arriver tu le laisseras et tu iras faire ton travail. Et cela leur permettrait de voir certaines réalités, par exemple le drain dont on parle, ils sauront que cette année on n’a pas pu faire le curage pour telle ou telle raison, qu’il faut fermer certains partiteurs et en conséquence ils pourront prendre des précautions pour l’année à venir. Il faut aviser les paysans en avance. Et donc ces exploitants vont s’organiser autrement, ailleurs, s’ils veulent travailler ils vont voir les voisins pour s’entendre avec eux, déménager là-bas et exploiter leurs parcelles. Parce que là ou tu es l’eau ne viendra pas et on y fera l’entretien. Si l’Office ne fait pas comme cela ces travaux ne verront jamais le jour, et c’est de la faute de l’Office, pas celle des paysans. »

Il faut comprendre que le bon entretien du réseau secondaire conditionne l’entretien du tertiaire. Si le premier n’est pas exécuté comme il faut, cela décourage les paysans. Néanmoins malgré les difficultés évoquées et les critiques des exploitants, chaque année un Programme Annuel d’Entretien est bel et bien exécuté par l’Office.

M. Moktar Zango, chef de l’association villageoise de Pando Camp et membre du CPGT du casier Molodo Nord

«La difficulté dont nous parlons aujourd’hui, ce qui est dur pour nous et pose des problèmes, c’est le drain secondaire que vous voyez, ensuite le drain principal, et surtout nos partiteurs dont les cavaliers sont usés partout et par endroits cassés. Il faut que l’Office fasse les réparations. En ce qui concerne nos drains d’arroseur, de la façon dont nous nous sommes organisés maintenant on fera face pour les entretenir. Mais que l’office fasse tout pour entretenir le leur, car si leur part n’est pas entretenue et que nous faisons la nôtre, l’eau va refouler dans nos champs. Voici le riz récolté, ils sont en train de le transporter dans l’eau pour le mettre sur les digues, sans quoi après trois jours dans l’eau il va pourrir. C’est sérieux il faut que l’Office s’occupe de son drain, quand à nous avec la mise en place des OERT on fera face pour entretenir les nôtres. Mais si une des parties fait bien son travail et que l’autre ne le fait pas, cela va poser des difficultés. »

Au travers de cette vidéo les acteurs locaux de la gestion de l’eau ont soulevé un certain nombre de questions :

Pourquoi les paysans ne se sentent-ils toujours pas suffisamment impliqués dans les

choix et le suivi des travaux d’entretien au niveau secondaire ?

Quelles informations relatives à l’entretien doivent circuler, comment, et vers qui ?

Comment faire respecter les périodes d’entretien pour la réalisation des travaux ?

EXTRAITS DES REUNIONS DE PROJECTION

A Niono le 15-11-06 et à Kolongo le 16-11-06

Abdoulaye Daou, délégué général des exploitants de l’ON

« Parce que si la nappe phréatique continue de remonter jusqu’à la couche superficielle de la terre cela va finir par de la salinisation. Du sel, et finalement tout ce que tu y plantes stagnera et ne va plus monter, tel qu’on le constate de plus en plus aujourd’hui dans certaines parties de nos champs où si tu ne mets pas beaucoup d’engrais sugubé-sugubé les plants ne progressent pas. C’est à cause de cette salinisation. Donc si l’on n’y pense pas cela va finir par causer des dégâts. Donc le point sur lequel je voudrais insister aujourd’hui c’est l’entretien des drains de vidange, il faut qu’on le revoit, car sinon les paysans n’auront plus de champs. Tout le monde dit qu’il y a eut trop d’eau dans les champs cette année, ou bien que c’est l’eau qui a pris les champs cette année, et ce n’est pas un mensonge nous n’avons pas eu de riz de bonne qualité.»

Moktar Zango, président de l’Association Villageoise de Pando camp et membre du CPGT

« Alors que nous on a nos gens qui sont chargés de ce travail aussi. Comment cela peut-il se faire ? Que le tâcheron ne fasse pas bien son travail et qu’on puisse procéder au décaissement jusqu’à le payer au vu et au su de nos représentants ? Certains viennent de nous dire ici que c’est le premier papier qu’ils signent pour évaluer le niveau d’avancement des travaux d’entretien qui a été transformé en réception définitive pour faire le décaissement. Alors certes moi je ne suis que membre du CPGT au niveau du casier nord de Molodo, mais je pense qu’il y a deux papiers à signer avant le paiement du tâcheron.

Pour mettre fin à toutes ces paroles et à toutes ces accusations il faudra à la réception des travaux que soit invités le chef du village et son conseil sur le lieu des travaux, afin que tout le monde apprécie ensemble. Parce que votre représentant qui a été choisi par vous est présent, les services techniques sont présents, le tâcheron lui-même est présent, et même si les responsables villageois ne sont pas autorisés à signer le PV de réception s’ils disent devant le tâcheron que le travail n’est pas bien fait alors le représentant ne pourra pas non plus signer le PV. Je voudrai qu’on ajoute cela à l’équipe de réception. Cela mettra fin à toutes les accusations car les délégués paysans au niveau du CPGFERS disent que cela se fait à leur insu. Et au niveau de l’Office eux disent que si on fait le décaissement pour payer les tâcherons ce n’est qu’après la signature du PV de réception, donc ça a été signé et cela aussi est la vérité, parce que si le papier de réception n’est pas signé ils ne peuvent pas faire sortir l’argent pour le donner. »

Amadou Waïgalo, coordinateur des centres Faranfasi So

« Paritaire » signifie deux parties en nombre égal, mais ici les paysans sont un certain nombre, les responsables de l’office un autre nombre, et s’il y a litige et que les deux parties n’arrivent pas à se départager alors c’est la position des responsables de l’Office qui est adoptée. Alors que leur position peut souvent ne pas être la bonne. C’est pourquoi ce comité paritaire pour moi ne l’est pas. Parce que paritaire signifie que vous êtes à nombre égal. Donc je voudrai qu’on écoute les paysans, s’ils sont dans l’erreur qu’on le leur dise, s’ils doivent être sanctionnés qu’on le fasse car c’est ça la responsabilité, mais qu’on prenne en compte ce qu’ils disent car ce sont eux qui sont à la base. Et le chef aussi peut se tromper des fois, alors qu’il est dit qu’en cas de litige entre les deux parties c’est l’avis du directeur de zone qui prévaudra. Mais il faut aussi que les gens assument leurs responsabilités. Un travail sans responsable ne se fera pas bien. Quand

ce qu’ils veulent, il n’y a pas de sanction ni rien d’autre, on ne sanctionne ni les aiguadiers, ni les éclusiers, ni les paysans non plus, ni les responsables de l’Office. Il faut essayer d’améliorer ce travail. »

Boua Traoré, aiguadier dans le casier Kokry, zone de Macina

« Il faut que les redevances rentrent à temps et que la date de paiement soit respectée. Qui va voir le directeur pour lui demander de repousser cette date ? Ce sont nos responsables, les délégués paysans. Et c’est nous colons qui allons voir ces délégués pour leur demander d’aller solliciter au PDG de prolonger un peu le délai. Parce qu’on a cette habitude maintenant. Jusqu’en mars le taux de recouvrement de la redevance ne dépasse pas 20 ou 25 %, on n’atteint même pas les 25 %. Mais dans la dernière quinzaine du mois on atteint les 90 ou 95% de recouvrement, voilà notre habitude. »

Sidi N. Dicko, chef casier à Boky Wéré, zone de Macina

« Je pense qu’il vaut mieux qu’on arrive à sensibiliser les paysans à payer à une date plus proche, sinon si le paiement est fait en retard, les gens vont pas… les travaux d’entretien vont se faire en retard,les gens ne pourront plus faire les travaux d’entretien correctement. »