• Aucun résultat trouvé

De même l’entretien du secondaire n’a de sens que si de son coté l’entretien du primaire est bien mené. Mais les financements actuels de l’Etat ne permettent de faire face à l’ensemble des problèmes de maintenance affectant le réseau primaire. M. Abdoulaye Diallo nous explique pourquoi aujourd’hui la lutte contre l’enherbement constitue le premier objectif du SERP, au détriment de l’entretien des grands drains collecteurs.

M. Abdoulaye Diallo, responsable du SERP à Markala

« L’enherbement sur le réseau primaire est aujourd’hui le problème le plus important. Dans tout le réseau primaire, on a cet enherbement. Avant c’était la jacinthe d’eau, aujourd’hui c’est la salvinia molesta. C’est une végétation dont on ne connaît pas le système de développement mais qui est très encombrante.

Cette végétation quand elle se développe, elle aspire la terre et les racines s’allongent sans arrêt, et l’écoulement est de plus en plus comme « calé ». Avoir un écoulement normal tant que cette végétation est là, on ne peux pas y compter. »

« Entre le point A et le point B, auparavant c’était deux jours, mais aujourd’hui on peut en avoir 4 ou 5, de temps de réponse. Donc ça pose énormément de problèmes chez nous. »

« Dans l’histoire de l’ON, il n’y avait pas de contre saison dans le temps, les gens se passaient de l’eau en période d’étiage, et pour préparer la campagne, ils procédaient au brûlis de l’intérieur du canal. Les végétations sont brûlées, et très facilement pendant la campagne suivante on n’a pas de végétation. Mais cette fois-ci les partenaires paysans sont tellement pour la contre saison qu’ils ne peuvent pas accepter de perdre une seule contre saison, pour eux c’est une perte, aujourd’hui on fait le maraîchage et on fait la contre saison de riz, ils ne peuvent pas s’en passer. »

« Si on veut prétendre à des extensions, il faut nécessairement chercher les solutions de cet enherbement, et chercher à rétablir le canal dans son gabarit normal. Si on ne le fait pas, l’extension n’a pas de raison d’être. On ne peut pas faire une extension sans prétendre enlever totalement les enherbements, avoir une solution par rapport à ça, et puis arriver quand même à mettre le canal dans son gabarit normal. »

« Aujourd’hui, on a vu que si on investit toute la redevance de l’ON pour ce problème d’enherbement, on ne saura pas l’enlever. C’est un fonds qui n’est pas….

Le montant compte Etat ne pourra pas couvrir les entretiens qu’on doit faire au niveau de ces choses, car il n’y a pas que l’enherbement : il y a les cavaliers qui sont totalement érodés quelque part, il y a l’envasement, quelque part le fond du canal n’est plus à sa norme, il y a des bas et des hauts au fond du canal. Il y a aussi des cavaliers qui ont perdu leur hauteur. Il y a tous ces problèmes. Donc le compte Etat ne peut pas prendre aujourd’hui le réseau primaire en charge, en terme d’entretien. »

« Le premier objectif est d’irriguer la parcelle. Il faut amener l’eau à la parcelle. Et puisque l’herbe est en amont des parcelles, il faut d’abord dégager cette contrainte. C’est ça en réalité. Maintenant de l’autre coté, avant d’arriver au collecteur, on n’a plus les fonds nécessaires pour intervenir. C’est ça la réalité. »

Au travers de cette vidéo les acteurs locaux de la gestion de l’eau ont soulevé un certain nombre de questions :

Comment envisager des extensions avec les problèmes actuels d’enherbement ?

Faut-il assécher le fala en contre saison pour enrayer l’enherbement ?

Comment assurer la réalisation des travaux d’entretien sur le réseau primaire si le

compte Etat n’en a pas les moyens ?

EXTRAITS DES REUNIONS DE PROJECTION

A Niono le 15-11-06 et à Kolongo le 16-11-06

Mamadou Camara, ex-membre exploitants du CPGFERS et membre actuel du Comité Paritaire de Gestion des Terres de Niono

« Nous sommes obligés de faire la contre-saison car les lieux sont différents. Chez nous ici à Niono quand tu repartis lors d’une séparation de famille la superficie d’une exploitation entre ses membres, chacun d’eux aura 0,10 ou 0,15 hectare. Jamais un membre de la famille n’atteindra 0,25 hectare sur la répartition du champ. Donc comment allons-nous nous nourrir si on ne fait pas la contre-saison ? Nous sommes obligés de faire la contre-saison, tout comme le maraîchage pour lequel nous n’avons pas de champ spécifique. On te dit que c’est possible de laisser un champ et de le faire dans un autre champ, mais ce n’est pas le cas. Nous n’avons plus de champs. Nos champs ont été ré attribués depuis 1982 mais le nombre de personnes a dépassé les superficies attribuées. Le nombre de personnes qui vient ici à l’Office dépasse le nombre de ceux qui y naissent. Ceux qui viennent chaque année dépassent le nombre de naissances ici, et en plus on a des parents étrangers qui nous viennent de tous les côtés pour faire la campagne ici et faire aussi le maraîchage chez nous. Ils viennent faire le maraîchage et la contre saison pour subvenir à leurs besoins, c’est pourquoi on ne peut pas l’arrêter. Donc il faut qu’ensemble on réfléchisse là-dessus et qu’on expose le problème à nos partenaires pour qu’eux aussi puissent nous aider. Cela vaut mieux que de s’accuser mutuellement. »

Boua Traoré, aiguadier dans le casier de Kokry, zone de Macina

« Il y a trois ans on nous a demandé de faire la contre-saison, il y avait pénurie de céréales et le gouvernement avait créé ce programme de contre-saison spéciale. Dieu a fait que depuis cette année jusqu’aujourd’hui il y a eu une mauvaise pluviométrie. Le riz que tu produis tu peux le revendre à plus de 10 000 FCFA le sac de paddy. C’est devenu une habitude pour les gens. Mais si ce riz produit en contre-saison ne donnait pas bien,ou bien si les prix étaient faibles sur les marchés, par exemple 5000 FCFA pour un sac de paddy, les gens arrêteraient d’eux-mêmes de faire la contre-saison. La vérité n’est pas que le gouvernement la demande, non, c’est plutôt que c’est rentable pour les paysans. Mais si maintenant on voit que c’est ça qui amène les problèmes et crée des dégâts chez nous… Tout le monde sait, que tu sois instruit ou pas, que si l’eau passe sur la terre toute l’année elle la tue. Tout le monde le sait, on le voit, ce n’est pas une question d’instruction. »

Nouhoum Lah, chef Service Gestion de l’Eau, zone de N’Débougou

« En ce qui concerne la part de l’Etat, si l’Etat qui dit qu’il peut l’entretenir et qu’il en a les moyens, alors il va le faire. Mais s’il n’a pas les moyens nous pouvons prendre des dispositions en conséquence. Si l’Etat n’a pas pu le faire nous pouvons nous prendre en main, nous déranger pour lui. Cette souffrance, ce dérangement d’une année n’est pas la fin du monde.La preuve en est que nous nous nourrissions avant que la contre-saison n’existe. Le fait de laisser passer une année sans contre-saison ne va pas nous tuer, ça peut nous déranger beaucoup, nous faire souffrir, mais ça ne va pas nous tuer. Avant que l’argent de l’Etat n’arrive il faut qu’on accepte nous-mêmes de souffrir. Les drains ne sont effectivement pas entretenus, les drains principaux, et il n’y a aucun bailleur de fonds qui soit intéressé par ces grands drains. Un bailleur est venu chez nous, il a fait des études sur l’entretien des drains collecteurs qui ont montré que le coût d’entretien de ces drains est de 6 milliards de FCFA, et ils ont dit qu’ils ne pouvaient pas investir 6 milliards sur des drains. Qu’au lieu d’investir 6 milliards sur des drains ils nous demandaient de bien gérer l’eau. La gestion de l’eau tout le monde sait de quoi il s’agit. Mais Dieu merci Al hamou doulilahi aujourd’hui ça n’a pas échappé puisqu’on a montré que tous les projets doivent dorénavant prendre en compte une partie de l’entretien du drain collecteur.»

Mamadi Famanta, chef Service Gestion de l’Eau, zone de Macina

« Concernant le cas du grand fala il n’y a aucun autre moyen que de l’assécher et de le brûler. Sinon, de la manière dont on est en train de le nettoyer, comme cela a été dit dans la vidéo même si on investittoute la redevance en eau de l’Office on ne pourra pas y arriver. Le blocage est de savoir à quel niveau la décision d’assèchement doit être prise. Les gens de la gestion eau, les chefs service gestion eau de l’Office se sont réunis à Niono, ils ont parcouru le fala en pirogue, et ils sont tous convenu qu’il faut l’assécher pour le brûler, et ils ont écrit cette recommandation dans une lettre déposée à la direction.Maintenant d’où viendra la décision ?»

Mamadou Keita, chef de la cellule VISION de l’ON

« On dit que la superficie de nos champs est insuffisante et qu’on est obligés de faire la contre- saison nuit et jour. En parlant comme cela tu perturbes immédiatement la réflexion des gens, leurs pensées. S’il t’est difficile de laisser passer une seule journée sans traire ta vache, qu’en sera-t-il lorsque tu ne pourras plus la traire définitivement ? Or c’est ce chemin que nous sommes sur le point d’emprunter, donc en réalité il faut prendre ce problème du fala avec plus de responsabilité. Quelqu’un a fait une proposition ici aujourd’hui : qu’on réfléchisse et qu’on ait le courage si on ne peut pas tout brûler à la fois, de brûler une certaine tranche du fala l’année où l’on a une bonne pluviométrie. Je pense que c’est une proposition concrète mais l’Office seul ne peut pas prendre cette décision. Mais ce sera fait le jour où les paysans iront ensemble le demander, alors le gouvernement sera d’accord. Cela est ma contribution ici bien que je n’ai pas toutes les solutions, mais ce sont des paroles qu’on ne doit pas oublier après cette réunion, et on ne doit pas attendre une autre réunion pour le dire.»

Christophe Zerbo, membre du comité paritaire du casier de Niaro, zone de Macina

« Et ces mauvaises herbes une fois qu’elles poussent là-dedans il n’y aura aucune limite. Jusqu’à aujourd’hui l’argent qu’on y investit, si on l’assèche une année pour le brûler alors cet argent pourra être utilisé pour autre chose. C’est réellement un grand problème si nous devons attendre deux semaines l’eau qui doit nous arriver en une semaine. Donc si l’on pouvait demander à l’assécher une année pour le brûler cela serait très important, et bénéfique pour le gouvernement comme pour nous.»

Hassime Savradogo, exploitant à Oulan, zone de Macina

« Moi je dis que si on te nomme à un poste de responsabilité il faut assumer ton rôle de responsable. Car si pour le faire tu dois demander l’avis de nous autres paysans sur la question, « je voudrais assécher le fala pour le brûler », ceux qui vont te dire oui ne dépasseront pas 1% des paysans.»

Boua Traoré, aiguadier dans le casier de Kokry, zone de Macina

« Mais si le PDG ou un autre responsable va demander d’assécher le fala et que vous autres paysans n’êtes pas d’accord, l’année prochaine ce responsable ne se sera plus là. Ils vont te muter jusqu’à Port Boyé. Tu ne pourras pas. Il faut que vous les paysans vous vous entendiez, vous vous mettiez d’accord car l’Etat entretient pour vous. Nous nous sommes d’accord, ça nous pose énormément de problèmes, il faut l’assécher et l’entretenir. Si vous le mettez dans un papier, que vous le signez et le déposez, alors dans ce cas le rôle de l’Etat sera de l’exécuter. »

LA NECESSITE DE MIEUX GERER L’EAU ET LE SUIVI DES