• Aucun résultat trouvé

La discussion se tient autour des projections de la vidéo (déjà effectuées et à venir) en attendant que les retardataires rejoignent le groupe près de la concession du chef de village.

(…)

Souleymane Coulibaly : Est-ce que vous êtes partis à Macina ? Est-ce que c’est fait comme à Niono ?

Oui, et tout ce que vous avez dit à la réunion de Niono et ce qui a été dit à Macina, tout a été enregistré et nous sommes en train de le traduire en français pour les mettre aussi dans les vidéos.

On va pouvoir commencer ?

Comme vous le savez nous avions une mission, faire un diagnostic participatif de la gestion de l’eau à l’Office du Niger. Vu que nous étions limités par le temps entre autres facteurs, nous avons réalisé des interviews filmées dans trois villages, dont B5 Tiémédély Coura, et deux autres villages de la zone de Molodo. Et puisqu’il y avait beaucoup d’interviews et qu’on ne pouvait pas tout garder de chacun de vous, il a fallu faire une sélection et c’est ce qui a donné un film, la vidéo que nous avons projeté mercredi dernier à Niono de manière à recueillir les avis des gens. Et comme ce travail a été réalisé sur le terrain ici, nous voulons connaître votre avis là-dessus. Quel est votre avis sur le fait de projeter une vidéo pour animer une réunion, puis de donner la parole aux gens sur ce qu’ils viennent de voir, comme on l’a fait à Niono ?

Souleymane Coulibaly : Koné et ses blancs étaient venus ici ces derniers temps nous interviewer, et le mercredi de la semaine passée nous sommes partis regarder le résultat. Ce travail a été bien fait. Comme il vient de le dire dans son introduction c’est-à-dire faire une projection de vidéo et ensuite parler sur cette projection. Pour moi Souleymane c’est le meilleur travail que l’on puisse faire. Parce que d’abord pour celui qui parle dans la vidéo ça te permet de te réécouter, et de savoir si tu as bien parlé, si c’est correct. Tu le vois tout de suite et si c’est le contraire tu le verras aussi. Ensuite les autres peuvent parler sur tes propres propos, en y ajoutant ce qui manque, ou bien même en te corrigeant. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il y avait beaucoup de personnes. Une seule personne ne peut rien faire, ce sont les gens qui s’unissent qui peuvent faire quelque chose. Si toi seul tu as parlé… aucune personne seule ne peut dire toutes les paroles. Tu peux dire une parole et penser que c’est complet alors que ce n’est pas le cas. Une autre personne peut savoir que la parole n’est pas complète et ajouter quelque chose pour la compléter. Pour moi leur démarche vers nous ici a été une bonne chose, et aussi le fait que nous soyons partis à Niono pour voir, et je pense que ce que l’on a dit là-bas était bien. La raison même de cette chose, interviewer quelqu’un, le filmer, ensuite projeter ce film et savoir tout de suite la réaction des gens par rapport à cela, pour moi c’est

une très bonne chose. Koné votre travail est très bien, j’ai participé à ce travail ici à B5, ensuite à Niono, et encore cette après-midi ici. Je suis satisfait c’est un excellent travail, merci.

Avez-vous retrouvé dans cette vidéo vos soucis actuels vis-à-vis de l’eau à l’Office ? Est- ce que son contenu reflétait votre situation ?

Le collectif : oui.

Souleymane Coulibaly : le contenu de la vidéo, c'est-à-dire les paroles que l’on a dit, a été une grande raison : c’est comme si tu m’avais appelé pour me former. Parce qu’on ne savait pas grand- chose par rapport à cette affaire d’eau, et cette projection permet de le savoir. Pour moi en réalité cette manière de nous former a été bien. Cette cassette vidéo nous a formé car en voyant et en écoutant ce que nous avons dit et ce que d’autres personnes ont dit aussi, le tout nous a formé et nous a permis de savoir des choses que l’on ne savait pas sur l’eau. Maintenant après cette formation on connaît beaucoup de choses sur l’eau, je ne dis pas qu’on connaît tout, mais beaucoup.

Si quelqu’un d’autre à une réponse différente à cette question il peut le faire.

(…)

Vous avez l’habitude de faire des réunions, vous en avez fait beaucoup avec l’Office, quelles différences avez-vous vues avec celle que l’on vient de faire avec la vidéo ?

Youssouf Coulibaly : je suis colon, et j’étais l’autre jour à la réunion pour laquelle vous nous avez appelés, où vous nous avez montré une projection de vidéo, c’est-à-dire les paroles que nous- mêmes avons dit dans nos villages, dans nos champs, vous nous avez projetées en images. Depuis la création de l’Office jusqu’à ce jour nous n’avons jamais fait une réunion de ce genre. On n’a jamais fait une réunion comme celle-là, et tout ceux qui étaient dans la salle on tous dit que cela pouvait continuer, qu’ils aimeraient ça. Personne n’a contredit personne sur cette parole. Parce que dans la salle tous ceux qui ont parlé ont tous bien parlé, et les images étaient toutes aussi bien faites. Parce que vous avez su trier et maîtriser les meilleures idées, ce qui a beaucoup plu aux gens. Pour moi en réalité il n’y a jamais eu pour le moment à l’Office un travail comme cela. C’est ce que je connais pour l’instant là-dedans. Bissimilah.

Mady Camara (ex-agent de l’Office) : je suis colon à B5 ici, vraiment nous vous saluons d’être venus chez nous ici. Nous en sommes contents. L’intérieur de l’Office est vaste, il y a eu beaucoup de réunions. Mais faire une réunion avec une projection de vidéo cela est une leçon qui forme les gens. Ca se réalise dans ton village et pas celui de ton voisin, et ce dernier quand il le voit il souhaiterait que ça se réalise chez lui aussi. Quand on filme quelque chose, au moins cela peut arriver à destination, parce que l’on fait des réunions où l’on écrit des papiers et après ces papiers sont laissés là-bas, ça ne va nulle part. Mais là ce sont des images, une vidéo que tu peux voir et beaucoup d’autres personnes vont le voir, et ça va dans beaucoup de lieux. Les problèmes qui sont dans ce village les gens les verrons et ensuite sauront prendre des dispositions quand ce sera leur tour de donner toutes les informations. C’est pourquoi pour cette affaire de vidéo il ne faut pas que ça se limite à cela, il ne faudrait pas que beaucoup de temps s’écoule sans que l’on se revoit. Faisons en sorte que l’on se donne la main pour faciliter le travail, sinon les réseaux d’irrigation et de drainage de l’Office, de même que tous les problèmes que les gens ont évoqués, cela va s’aggraver, en tout cas ça ne diminuera pas. Mais là c’est une occasion, beaucoup de personnes le verront et l’entendront, les différents services le verront et cela fera en sorte que les gens viendront avec des solutions pour nous faciliter la vie ici à l’Office par rapport aux problèmes d’eau. C’est un travail qui est très bien, je vous salue, merci.

Pour répondre à ta parole, la semaine prochaine nous voulons faire une projection de cette vidéo devant les cadres de l’Office, les investisseurs qui sont les bailleurs de fonds, et les décideurs, pour savoir ce qu’il faut faire par rapport à ces sujets.

Est-ce que le contenu de ces vidéos reflétait le point de vue de vous autres paysans ici, ou bien celui de la mission, c'est-à-dire les blancs qui ont fait ce travail ?

Souleymane Coulibaly : quand on a vu cette vidéo, elle reflète bien nos soucis, et même mieux, les préoccupations de tous les paysans, il ne s’agit pas des nôtres seulement. Après la projection on a

vu toutes les choses dont les gens ont besoin. Le travail a été bien fait. Ce n’est pas nous seulement qui sommes partis visionner la vidéo qui étions contents, non, de retour nous avons fait la restitution au village et tous ceux qui nous ont entendu commenter étaient contents également de ce travail vidéo.

Soumaïla Diallo : je suis chef partiteur et je travaille en collaboration avec le moniteur. Au cours de la réunion de l’autre jour, les vidéos qui ont été projetées ont plu à tout le monde, responsables office et paysans. Il y avait les paysans, les moniteurs, et d’autres fonctionnaires. Chacun a dit son avis par rapport aux vidéos. Certains intervenants ont même demandé que toutes les réunions soient animées avec ces vidéos. Parce que toi qui parles tu es vu, on t’entend, et on voit le sujet sur lequel tu es en train de parler, si ça concerne quelqu’un et bien il te voit aussi. En tout cas la projection de la vidéo a beaucoup encouragé les gens, on a appris beaucoup de choses a travers cette projection. Il y avait des paroles qu’on ne savait pas mais suite à la projection les gens ont pris la parole pour le dire. Sans ces vidéos on n’aurait jamais de telles informations. Parce que beaucoup d’entre nous partent pour des réunions mais ne comprennent pas ce qui se passe. Mais cette fois-ci quand ils ont vu les vidéos tout le monde savait sur quoi on devrait ensuite parler. Donc ceux-ci se sont mis à jour avec la projection des vidéos. Il se peut qu’il y ait certaines choses que tu ne sais pas, et si quelqu’un l’explique dans la vidéo en le montrant tout de suite tu le sauras, et pour toujours car non seulement tu l’as vu mais on t’a expliqué aussi. Donc ce que tu as besoin de voir tu le vois, et par conséquent ensuite tu sauras quoi dire. C’est la projection des vidéos qui a confirmé tout cela. Quand on est arrivés pour la réunion après les explications on était plus de 100 personnes dans la salle, et tous ceux qui voulaient parler l’ont fait. Si bien que cette réunion s’est tenue dans un très bon climat d’entente, dans la tranquillité et dans le plus grand respect mutuel. Ca s’est très bien passé. Les gens se sont bien compris sur le sujet principal qui était les problèmes d’eau concernant le barrage de Markala, beaucoup de paysans ne savaient pas son rôle donc ils ne savaient pas non plus son importance capitale. Mais ils l’ont su au travers de ces vidéos. Une fois qu’on a connu l’importance de ce barrage et de l’acheminement de l’eau jusqu’ici chez nous, on ne va plus s’amuser avec de l’eau. Parce qu’on a su qu’il y a certaines formes de gaspillage qui peuvent bien s’éviter. Ils ont dit la date de la construction du barrage de Markala, je l’ai oubliée, mais ils ont dit que l’on n’a pas encore atteint 10% de sa capacité d’irrigation à l’Office. C’est à travers ces vidéos que l’on a su beaucoup d’informations de ce type, on a parlé aussi sur l’eau, et sur les drains, et tout le monde était présent, paysans, fonctionnaires et responsables de l’Office. Et chacun à son niveau a su en son fort intérieur s’il faisait bien son travail ou pas, que ce soit au niveau de l’Office ou du paysan, cela a été confirmé au travers de ces vidéos, l’image le montre devant nous tous. Ce que je suis en train de dire sur toi tu sais si c’est vrai ou faux, tu es présent, on est tous présents. Les participants paysans à leur sortie de la réunion étaient tous unanimes, il faut continuer d’animer des réunions avec des projections de vidéo, que ce soit cette année ou les années à venir, c’est ce qui mettra fin aux diffamations, aux mensonges et aux tricheries. Les paysans ont tous souhaité qu’on procède toujours par des vidéos, parce que c’est un outil qui les forme et qui leur permet de mieux visionner les différents problèmes d’un sujet traité. C’est ce que j’ai compris. Je pense que c’est une bonne chose, je souhaite que ces vidéos soient projetées même à l’étranger car ça permet de faire ressortir beaucoup d’autres connaissances, parce que les gens n’ont pas les mêmes niveaux de connaissance, donc cela permettra à tout un chacun d’apprécier ce très beau travail que vous venez de réaliser selon moi. C’était ce que j’avais à dire pour le moment.

Souleymane Coulibaly : ce que je veux ajouter à celle de Soumaïla, c’est toujours sur l’importance de cette vidéo. Pour moi Souleymane ces vidéos sont plus importantes que tout cela, je souhaite que tous les paysans maliens puissent les visionner. Nous demandons aux deux blancs d’amener cette cassette à la télévision nationale pour que tout le monde puisse la voir à la télé. Même ceux qui ne l’ont pas encore vue mais qui ont entendu nos restitutions sont tous pressés de la voir, tout le monde veut voir et cela ne sera pas possible avec notre seule projection. Moi j’aimerai qu’on amène la cassette à la télévision nationale à Bamako afin de mettre sa projection dans les émissions de la télé, que les gens sachent que c’est telle nuit et à tel moment que l’émission va passer sur les paysans afin que tous les maliens puissent les voir, les responsables du pays, les commerçants, les élèves, bref tous les maliens. Merci.

Yoro Diallo : A Salame Aleyikoum. Koné et ton blanc je vous salue. Vous êtes les bienvenus, on est très contents de vous voir parmi nous ici parce que ces derniers temps vous avez effectué plusieurs va-et-vient à la recherche des informations, vous vous êtes entretenus avec nos gens ici dans le village et dans les champs. Ensuite vous nous avez invités à participer à la réunion de restitution des

des images et des interviews. Dieu merci nos gens sont partis là-bas, et de retour ils en ont parlé, nous nous ne sommes pas partis mais sur ce qu’ils nous ont dit on est confiants. Ce qu’on nous demande par rapport à ce travail c’est d’avoir plus de courage. Parce que nous ici on a un problème de drainage, car le drain principal est bouché et depuis 2004 ils ont promis de le curer, et jusqu’ici rien n’a été fait. Il y a de l’eau dans le drain principal, on ne peut pas drainer même à présent. A mon avis tant qu’on ne pourra pas le drainer le travail ne sera pas satisfaisant. Il faut qu’on entretienne bien les réseaux pour que l’eau puisse rentrer et sortir à volonté, comme cela le paysan pourra travailler avec l’esprit tranquille. Et ainsi la production va augmenter. Mais tant que les champs sont pleins d’eau pendant l’hivernage et pendant la saison sèche il n’y aura pas de bonne production. Nous sommes très contents que vous soyez venus chez nous ici, nous vous remercions, et nous souhaitons tous qu’on fasse tout pour que la vidange soit curée. C’est ça mon avis. Moi je vous salue, nous vous faisons tous des bénédictions. Mais je vous demande a tous de resserrer vos ceintures. Car dans ce monde actuel celui qui n’est pas courageux et qui ne serre pas sa ceinture ne pourra rien faire dans cette vie. Je demande aussi aux paysans la même chose et surtout ceux qui ont étés à la réunion de Niono. Nous vous souhaitons tous une longévité en bonne santé et une bonne chance aussi dans la vie. Je m’appelle Yoro Diallo et je suis le chef de village de B5. Que Dieu vous en paye. J’en ai fini.

Et quelle suite pourrait-on donner à ce diagnostic vidéo ?

Mady Camara : l’importance de ces vidéos est énorme. Car si l’on continue comme cela, pour nous autres colons beaucoup de nos difficultés seront solutionnées. Parce que les gens de l’Office viennent chez nous ici et on tient des réunions, ils nous convoquent à N’Debougou et là-bas aussi on va tenir des réunions… mais on parle, et ensuite c’est écrit. Si ce que toi tu dis n’est pas de l’avis de l’Office, on ne l’écrira pas. On ne l’écrira jamais. Il y a plusieurs personnes qui participent aux réunions de l’Office mais ce que tu dis on le transforme en français. Et toi tu n’es pas là-bas et tu ne pourras même pas aller là où ça part. Mais par contre à la vidéo on te voit et on t’entend dire cela, on ne peut pas le transformer. Donc Dieu fasse que cette affaire de vidéo puisse bien avancer. Si ces vidéos marchent, tous les responsables du Mali en plus de ceux de l’Office sauront que les paysans ont ces problèmes et cherchent à les corriger. Sinon ce sont nos paroles flatteuses qui sont écrites, les mauvaises ne sont même pas écrites, elles sont laissées. Donc il faut que cette affaire de vidéo continue, que cela avance très bien.

Quelqu’un veut-il ajouter quelque chose ?

Souleymane Coulibaly : ce que je vais ajouter j’ai l’habitude de vous le dire au cours de l’entretien que l’on a eu à faire chez moi. C’est toujours le problème d’eau potable. Nous ici n’avons pas de bonne eau pour boire. Il faudra dire au blanc (l’AT VISION) que comme lui il vient de la France même s’il ne peut pas le faire lui-même il connaît des gens qui peuvent le faire. Qu’il nous aide à trouver le chemin qui nous amène à avoir une bonne eau. Car dans notre village ici il y a 4000 personnes et il n’y a pas d’eau potable. Pour aller cultiver, irriguer, drainer, fermer l’eau ou entretenir le drain, il faut d’abord que tu sois en bonne santé. 4000 personnes qui n’ont pas une bonne eau de boisson dans le Mali d’aujourd’hui, c’est cela notre préoccupation. Je le dis au nom du chef de village, moi je suis son adjoint, son envoyé. Il faudra lui dire de faire à cause de Dieu pour qu’il puisse nous aider afin d’avoir un forage dans notre village, pour qu’on puisse préserver notre santé. Merci.

Oui vous nous l’aviez déjà dit l’autre fois, et honnêtement vous faites bien de le rappeler nous avions oublié. Mais je vous le répète nous n’avons rien à voir avec l’eau potable, et nous ne connaissons personne. Nous n’aimons pas faire de fausses promesses que nous ne pourrons pas tenir, donc je ne vais pas dire que nous trouverons une solution à votre problème. Je ne peux pas promettre ça. Je peux juste promettre d’en parler autour de