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4  LE TRAITEMENT DE L’ENVELOPPE DANS LES GUIDES TECHNIQUES 112 

4.4   Les modèles d’intervention sur l’enveloppe 133

4.4.2   La nature des interventions 134

La plupart des guides réfèrent aux termes communément utilisés par les chartes pour nommer les interventions préconisées, avec leur lot de contradiction et de nuances, comme le montre le tableau de l’annexe 4, listant les définitions tirés des différents

1 La pose de chantepleures proposées sur des ouvrages de maçonnerie anciens, proposée dans La rénovation des bâtiments (Bergeron, 2000 :114) est un exemple type d’installation contemporaine à proscrire sur les ouvrages de maçonnerie d’une certaine époque.

2 La valeur U est la propriété thermique d’un élément ou d’un système de construction.

guides. Standards for the treatment of historic properties (The secretary of the interiors, 1995) base son approche de conservation sous les quatre vocables que sont la préservation, la réhabilitation, la restauration et la reconstruction. De son côté, Le Guide

du patrimoine et de la rénovation de qualité (Héritage Montréal, 2014) référera aux

termes suivants : entretenir, réparer et restaurer, « résument toute la philosophie de la

préservation et de la mise en valeur du patrimoine architectural » (Héritage Montréal,

2014; clic/entretien). Le type d’intervention est ainsi considéré comme le point de départ de l’analyse. La portée des travaux apparait donc ici dictée par le choix de l’intervention préconisée et non par des considérations inhérentes au bâtiment.

S’opposant aux discussions plus théoriques de la terminologie de la conservation, Addleson (1993) présente les interventions en question sous forme de remèdes1, donc en réponse à un mal. Le type d’intervention à faire n’est plus ici un déclencheur, mais bien l’aboutissement du processus d’analyse des désordres. Les interventions sont tributaires des questions de coûts, de la perte de jouissance, du degré d’altération et autres considérations factuelles.

La description des travaux prend quant à elle une forme plus ou moins détaillée, selon les guides. Certains ouvrages tels que Rénovation des façades (Caussarieu et Gaumart, 2013) prescriront, sous forme de « fiche traitement », pas moins de trente-quatre correctifs types répondant à une quinzaine de pathologies2. À l’opposé, d’autre ouvrages dont Les défauts de la construction (Addleson, 1993) évitent même de faire toute recommandation trop détaillée qui relèveraient de l’arbitraire, s’en tenant à des grandes orientations, Forsyth (2007) ou Giebeler et al. (2012). Giebeler et al. soulignent d’ailleurs qu’il ne peut y avoir de procédures standards de réfection, car il n’y a pas de détail standard historique sur une problématique donnée. Les motivations de réfection peuvent varier grandement, allant de la stricte conservation jusqu’à l’embellissement ou l’amélioration de la performance énergétique. Cette approche s’apparente aussi à ce qui est proposé dans les Tableaux d’aide à la décision (SCHL, 2001).

1 Le dictionnaire Larousse définit un remède comme tout ce qui peut servir à prévenir ou à combattre une maladie, un moyen, une mesure propre à diminuer un mal, un danger, à résoudre une difficulté.

2 En raison du type de tableau synthèse réalisé (voir figure xx en annexe x)On devrait non seulement considérer comme prescription chez Cassarieu et Gaumart (2013) ce qui est recommandé, mais aussi ce qui n’est pas recommandé, augmentant encore plus la portée interventionniste du guide.

4.4.2.1 Les interventions à caractère général

La présentation des recommandations peut prendre plusieurs appellations, telles que

normes1 ou lignes directrices. C’est notamment le cas dans Standards for the treatment of historic properties (The secretary of the interiors, 1995), Conserver et mettre en valeur le Vieux-Québec (1998), ou encore Normes et lignes directrices (Parcs Canada, 2010).

Dans ce dernier ouvrage, les normes visent à assurer une approche uniforme des interventions (reconnaissance, affection, protection,…), en harmonie avec ce qui se fait dans tous les lieux patrimoniaux canadien, alors que les lignes directrices en précise l’application (comprendre, documenter, évaluer,…).

Les recommandations de type lignes directrices sont parfois très évasives : «entretenir

et réparer la maçonnerie et le crépis […] Refaire lorsque détérioré» (Roy et Faure,

1998 : 63). Elles ne permettent d’en comprendre ni la portée d’intervention ni les modalités d’application. Le sens à donner à certaines normes est tout aussi vague dans

Normes et lignes directrices (Parcs Canada, 2010). A titre d’exemple la norme no2 fait état de « Conserver la valeur patrimoniale du lieu en adoptant une approche

d’intervention minimale » (Parcs Canada, 2010 : 22), l’intervention minimale n’est

toutefois pas précisée dans les lignes directrices qui s’y rattachent, alors que la norme no7 apparait reprendre les mêmes thèmes mais en d’autres termes : « Évaluer l’état

actuel des éléments caractéristiques du lieu pour déterminer l’intervention pertinente qui s’impose. Intervenir toujours de la façon la plus douce possible. Respecter la valeur patrimoniale du lieu au moment d’une intervention » (Parcs Canada, 2010 : 22).

4.4.2.2 Les interventions à caractère détaillé

L’approche interventionniste des guides Les maitres d’œuvre (Ville de Québec, 1988) s’opposent aux approches précédentes en proposant des recommandations précises dont certaines s’apparentes même à des spécifications. Ces recommandations répondent pourtant à des désordres énoncés parfois très sommairement. Comme souligné par Addleson (1003), Il semble qu’on mette l’emphase sur le curatif et non sur les problèmes en cause. Du côté de la SCHL (2001), des cas d’interventions typiques sont aussi proposées, dont certains sont même illustrés au moyen de détails d’assemblages.

1 Les termes norme et procédure font référence au standard, en anglais, terme largement utilisé dans les guides.

Dans Rénovation des façades, Caussarieu et Gaumard (2013) proposent des techniques détaillées, dans un esprit évolutif, en faisant appel autant au savoir-faire traditionnel qu’aux nouvelles techniques telles que le laser, la biominéralisation1 ou mêmes certaines autres présentées comme étant encore au stade expérimental. On met ici de l’avant l’approche traditionnelle de l’intervention, tout en profitant de la technologie actuelle.

4.4.2.3 La hiérarchie des interventions

Le guide Architectural conservation (Orbasli 2008) constitue une exception, qui réussit à distinguer principes d’interventions générales et techniques de réparations. Il traite autant du plus global que du plus détaillé, afin de permettre au lecteur de choisir et d’adapter l’intervention qui sera la plus propice à son propre projet de conservation. Cette heureuse synthèse des interventions découle de son analyse, tout autant aussi progressiste, des causes des détériorations.

Conserver et mettre en valeur le Vieux-Québec (1998) propose aussi une hiérarchie des

intervention, à partir des grands principes d’interventions jusqu’aux prescriptions mais en allant toutefois dans les menus détails, et ce jusqu’au dessin et au dimensionnement, par exemple, de garde-neige (figure 11). Une certaine confusion, entre l’essentiel et l’accessoire, se dégagent des recommandations du guide, tout comme dans les guides d’Héritage Montréal, qui disséminent ici et là, tout au long de la lecture, des interventions parfois très vagues parfois trop détaillées, selon qu’il s’agisse d’entretien, de réparations ou de mesures correctives, ou de tout à la fois.

1 La biominéralisation est une nouvelle approche du traitement de la pierre calcaire qui permet la création artificielle d'un épiderme naturel et protecteur de calcite, en surface du matériau.

Figure 11 : Certains guides techniques proposent des spécifications pour des interventions particulières. Il apparait hasardeux de pousser la recommandation aussi loin, alors que les conditions existantes, l’état de la structure pour les ancrages et les autres variables sont inconnus ou non-considérées (Source : Roy et Faure, 1998 : 67).