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1  LA PERFORMANCE DE L’ENVELOPPE EN LIEN AVEC LES VALEURS

1.3   L'analyse de l’état actuel de l’édifice et les approches de conservation préconisées 40

1.3.1   Les éléments favorisant la conservation 41

La volonté de rappeler le passé par la sauvegarde et la réhabilitation d’un édifice dépend avant tout de la volonté de faire ou de ne pas faire revivre la mémoire qui s’y rattache (Fish, 2012). Selon Roy et Faure (1998), la décision de réhabiliter ou non dépendra des valeurs de mémoire attribuées au bâtiment, auxquelles s’ajouteront l’environnement de l’édifice, les considérations financières, le développement durable, les considérations techniques telles les facilités ou les difficultés de remplacement, le potentiel de récupération des lieux et le changement d’usage de même que les considérations énergétiques.

Graphique 8 : Les éléments favorisant la réhabilitation.

1.3.1.1 Les valeurs de mémoire attribuées au bâtiment

Les valeurs de mémoire attribuées, c’est-à-dire les valeurs identifiées comme étant

immatérielles, relèvent souvent de la volonté de faire revivre la mémoire en lien avec

des évènements ou des personnalités connues (Orbasli, 2008). Elles relèvent soit de l’édifice lui-même, sinon de sa position urbaine (Fisch, 2012), de son occupation au sol

(Joffroy et de Fleury, 1999) ou encore de considérations externes telles que le développement durable (Ross, 2010).

1.3.1.2 Les considérations financières

L’intérêt de réhabiliter un bâtiment relève aussi de considérations d’ordre monétaire. À cet égard, Latham (2000) de même que Joffroy et de Fleury (1999) rappellent l’importance des subventions, qui s’ajoutent aux autres aspects déjà identifiés pour devenir éléments porteurs de projets. Joffroy et de Fleury (1999) suggèrent que la prise de décision finale s’appuiera aussi sur la question de la valeur foncière et du coût global. Robert (1989) insistera, pour sa part, sur la valeur potentielle découlant des économies à récupérer des assemblages en place, en comparaison avec le coût de remplacement et de main-d’œuvre.

Enfin, toujours en lien avec l’économie, on signalera, comme autres facteurs avantageant la conservation, la rareté des sites d’enfouissement, qui constitue un frein à la démolition des bâtiments (Robert 1989), la crise énergétique (Perrault, 1984 : Young, 2008) ou encore le tourisme, auquel la mise en valeur de bâtiments anciens constitue une incitation (Orbasli, 2008).

1.3.1.3 Les considérations techniques :

Les considérations techniques, c’est-à-dire les façons dont les systèmes constructifs sont construits et se comportent, ont une incidence sur la réhabilitation d’un édifice. Les aspects suivants, dont certains sont à la fois considérés comme des valeurs de mémoire1, prédisposent à la conservation :

- L’emploi de techniques de construction pionnières (Orbasli, 2008);

- La maîtrise des constructions traditionnelles et leur reconnaissance comme témoins d’un assemblage exemplaire significatif (Giebeler et al., 2012);

- L’utilisation de techniques de construction locales et l’utilisation de matériaux provenant de la région concernée (Orbasli, 2008);

- La façon dont les composantes sont organisées et assemblées (Robert, 1999); - Le potentiel de récupération et de réutilisation (Fisch, 2012);

- La facilité de remplacement de certaines composantes du système de construction (Orbasli, 2008).

Il apparaît que la période de construction entre aussi en considération, plus spécifiquement l’adaptation aux nouveaux processus de fabrication industrielle et les exigences intrinsèques d’usage (Auger, 1998). À cet égard, l’industrialisation à la fin du XIXe siècle au Québec semble marquante pour le développement des systèmes constructifs. C’est un moment charnière en termes d’évolution technique et sociale, tout comme, d’ailleurs, les bouleversements politiques importants aux différentes périodes significatives de l’histoire. Giebeler et al. (2012) insistent d’ailleurs sur le lien entre industrialisation et évolution des techniques.

Enfin, pour Robert (1989), la qualité de l’architecture à certaines périodes données, dont le XIXe siècle, qu’il cite en exemple, apparaît être un motif supplémentaire dans le choix de conserver.

Selon Orbasli (2008), l’état des assemblages, comprenant autant les systèmes structuraux que l’enveloppe, influence les décisions d’ordre technique, mais il peut aussi être considéré comme porteur de projets. Orbasli soutient que la qualité des assemblages, que ce soit en raison de leur niveau de préservation, de leur facilité de remplacement ou de leurs particularités, peut devenir, en soi, la raison même du processus de conservation, opinion qui est partagée par Laferrière (2007), pour qui, au surplus, la considération technique, qu’elle rattache au détail des assemblages, dépasse la dimension strictement constructive:

La dimension expressive du détail concerne la signification accordée au matériau seul et à l’assemblage qu’il constitue. Elle est tributaire de la construction du détail. Ce sont les rapports entre la matière et l’utilisation de la technique qui, source de créativité pour l’architecte, susciteront aussi la question de son authenticité.

(Laferrière, 2007 : 32) 1.3.1.4 Le potentiel de récupération et le changement d’usage des lieux

L’usage des lieux et leur capacité d’adaptation constituent un potentiel important favorisant la conservation. Pour Joffroy et de Fleury (1999), l’acte de réhabiliter un bâtiment vise non seulement à en améliorer le bâti et à prolonger la vie des ouvrages, mais aussi à repenser la façon de les habiter. La décision ultime de réhabiliter ou non relèvera de l’usage qui lui sera conféré, usage d’autant plus révélateur s’il s’agit d’occupation publique (Orbasli, 2008; Robert, 1989). Linstrum (cité par Latham, 2000) et Latham (2000) mettent, pour leur part, l’emphase sur les avantages occasionnés par le potentiel de réutilisation des espaces afin de les affecter à de nouveaux usages.

Joffroy et de Fleury (1999) rappellent que la possibilité de réutiliser la structure d’origine en y adaptant les espaces intérieurs et leurs usages peut représenter jusqu’à 30 % d’économie par rapport à une nouvelle structure. En contrepartie, Latham (2000) mentionne que l’emplacement de la structure peut tout autant représenter un frein à la réaffectation de nouveaux usages.

1.3.1.5 Les considérations énergétiques

Pour Young (2008), la question des ressources énergétiques constitue le principal incitatif à la réhabilitation, avis partagé par Perreault (1984), qui rappelle que la crise énergétique des années 1970 aurait favorisé la réhabilitation des enveloppes de bâtiment.