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0  LA REPRÉSENTATION DE LA CONSERVATION, DE L’ÉDIFICATION À LA

0.2   La signification des termes 23

0.2.3   Les principes et le contexte d’intervention 25

La plupart des thèmes abordés dans les ouvrages de références s’articulent autour de critères, d’énoncés, de normes ou de principes. Le terme principe est utilisé

1 L’expérience sur des projets d’intervention montre qu’une remise aux normes entraîne habituellement des modifications majeures en termes de performances de l’enveloppe et commande plutôt une restructuration de l’enveloppe, incluant la démolition des assemblages d’origine.

abondamment. Combiné avec la conservation ou l’intervention, le principe prendra différents sens et donnera une orientation spécifique au discours.

Certains documents abordent la problématique de la conservation en énonçant des principes généraux, puis des règles à suivre, en s’inspirant de sources reconnues, telles qu’ICOMOS. Ces principes de conservation en constituent la structure organisationnelle1. D’autres ouvrages sont plutôt construits suivant des principes qui réfèrent, à l’opposé, à des interventions, que ce soit au niveau des phases d’interventions2, aux étapes du projet, ou encore selon les matériaux à utiliser. Le tableau suivant illustre quelques exemples de cette distinction de principes, traitant soit de grandes orientations de conservation, soit d’actions à entreprendre.

Tableau 1 : Liste des sujets abordés selon les principes de conservation et d’intervention présentés dans différents documents de référence traitant de la conservation

Exemples de principes énoncés traitant des grandes orientations

de conservation

Exemples de principes énoncés traitant des actions à entreprendre

au cours du projet Charte de Burra Icomos (1979) Conserver et mettre en valeur le Vieux-Québec Roy et Faure (1998) Rénover le bâti Giebeler et al. (2012) Architectural Conservation : Principles and Practice

Orbasli (2008)

Conservation et gestion des lieux Approche et prudence Connaissance, savoir- faire et techniques Valeurs culturelle et naturelle

Usage des lieux Contexte et emplacement Conserver l'identité du lieu Assurer la continuité et la cohérence de l'évolution du quartier Connaître avant d'intervenir

Collaborer avec toutes les personnes et les instances concernées

Planification des travaux Physique du bâtiment Équipements techniques Protection du patrimoine Matériaux de conservation Matières toxiques Managing conservation Survey and analysis Making and evaluating proposals

Project implementation Causes of decay

Conservation and material

Regeneration, reuse and design

1 Les principes sont donc définis dans le sens d’une règle de conduite, d’une « proposition fondamentale, hypothèse qui sert de base à un raisonnement, qui définit un mode d’action » (Larousse, Web). Le terme règle de conduite est d’ailleurs repris intégralement par Roy et Faure (1997) pour définir les principes de conservation.

2 Les principes nommés ici prennent un tout autre sens : il s’agit, en fait, d’une « base sur laquelle repose l’organisation de quelque chose, ou qui en régit le fonctionnement » (Larousse, Web).

À l’instar du clivage constaté sur les aspects historiques et culturels versus les aspects techniques, certains traitent donc des principes de conservation, d’autres plutôt d’interventions, mais peu d’ouvrages traitent à la fois des deux, et encore moins en intégrant ces principes dans un processus habituel de réalisation de projet.

Technologie de la conservation architecturale (Parcs Canada, 1994), avec ses sept

volumes, constitue un précédent, alors que tous les sujets y sont abordés, à partir des préceptes de conservation, de la gestion de projets, des politiques nationales et des chartes officielles jusqu’aux analyses de sites, de bâtiments et de matériaux. Les recommandations qui s’y rattachent sont toutefois disséminées à travers l’ouvrage1. Il en ressort finalement une étude fragmentée de type « scrapbooking », dont les sujets sont traités de façon linéaire et éparse, sans formatage uniforme, au surplus par divers auteurs aux pratiques distinctes, sans ligne éditoriale commune.

Le même organisme proposera, une quinzaine d’années plus tard, les Normes et lignes

directrices (Parcs Canada, 2010) comme une nouvelle forme de synthèse sur la

conservation. Ce document constitue un autre exemple qui tentera de traiter à la fois des grands principes de conservation et de leurs applications. Les notions traitées comme étant des normes sont d’ordre général2. Elles constituent « le fondement

philosophique de la conservation » (Parcs Canada, 2010 : 5). Complémentaires aux normes, les lignes directrices visent, de leur côté, à faciliter leur application et leur

respect. La distinction entre normes et lignes directrices apparaît pourtant ambigüe dans l’ouvrage alors que plusieurs considérations telles que la protection ou l’évaluation, pour n’en nommer que quelques-unes, se dédoublent dans la structure organisationnelle, chevauchant à la fois la norme et la ligne directrice3.

Dans Rénover le bâti (Giebeler et al., 2012), les principes d’interventions font l’objet, dès le début du texte, d’un classement suivant deux axes : d’une part, les conditions existantes et, d’autre part, l’échelle de l’intervention, que ce soit pour une partie de bâtiment ou d’étage ou jusqu’au bâtiment complet et même à l’îlot. Au contraire de la démarche linéaire de Technologie de la conservation architecturale, celle proposée dans

1 À titre d’exemple, les thèmes de la réhabilitation et de la restauration seront abordés dans le volume 4, traitant de l’intervention, mais repris dans le volume 5, traitant de l’entretien, cette fois-ci à partir de listes de matériaux.

2 A titre d’exemple, la norme no 2 du document se lit comme suit : « Conserver la valeur patrimoniale du lieu

en adoptant une approche d’intervention minimale » (Latourelle, 2010 : 22), mais aucune indication n’est donnée sur ce que peut représenter, de fait, une approche d’intervention minimale.

Rénover le bâti permet, d’emblée, à la fois de cibler ainsi l’importance relative de chaque

type d’intervention et aussi de la situer à une phase précise du projet d’architecture (préliminaires, autorisations, exécution, etc.).

Pour sa part, Conserver, un savoir-faire (Fram, 1993) s’inspire largement des principes édictés par les chartes1 comme trame générale du guide. L’approche se distingue ici des autres ouvrages par l’association directe des principes avec des actions concrètes à entreprendre, dans un processus complet de projet. Dans Les défauts de la

construction, Addleson (1993) introduit, de son côté, une distinction importante entre principes et règles applicables. Selon lui, les principes sont immuables et sont en lien

soit avec les contraintes, telles que l’entropie ou les comportements différentiels des matériaux, soit avec les objectifs, comme la continuité des plans d’étanchéité ou encore l’équilibre avec l’environnement. Quant aux règles applicables, elles relèvent des conditions développées pour répondre aux principes de base. Le type d’évacuation des eaux de pluie, la largeur d’une cavité murale ou encore le patron de ventilation des vides sous toit en sont quelques exemples de règles d’application cités.

Cette distinction entre différents types de principes est aussi proposée, à un autre niveau, dans Conserver et mettre en valeur le Vieux-Québec (1998) alors qu’on y traite d’abord de principes d’interventions généraux et spécifiques, puis de critères d’intervention2. Les principes généraux « constituent des règles de conduite à adopter

par toute personne susceptible de planifier, de concevoir ou de restaurer quelque intervention […] » (Roy et Faure, 1998 : 30). Ces principes réfèrent à la conservation, à

la continuité et la cohérence, à la connaissance et à la collaboration. Les principes

spécifiques constituent, quant à eux, des précisions apportées en complément aux

principes généraux telles que, par exemple, la préservation des savoir-faire et le respect de l’identité des édifices, en fonction du type d’intervention3.

L’analyse des textes montre la grande difficulté, d’une part, de représenter des principes de conservation et de leur apposer des paramètres d’intervention et, d’autre part, de

1 Les chartes de Venise et d’Appleton servent de base au guide technique de Fram (1993), avec d’autres textes de références tels que la Fondation du patrimoine ontarien.

2 Pour Roy et Faure (1998), les critères constituent à la fois des balises pour la conception et des outils d’évaluation de projets par les autorités. Il s’agit là d’une approche unique, qui n’est avancée dans aucun autre guide consulté.

3 La structurale organisationnelle de cet ouvrage a été synthétisée et est reproduite en en annexe 8, référence 2.

proposer des solutions qui tiendront compte des principes préconisés, en fonction à la fois de la spécificité d’un projet de conservation et de ses étapes de réalisation.