• Aucun résultat trouvé

Réhabiliter l'enveloppe du bâtiment au Québec : impact des considérations sociales et techniques sur l'analyse de la performance

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Réhabiliter l'enveloppe du bâtiment au Québec : impact des considérations sociales et techniques sur l'analyse de la performance"

Copied!
265
0
0

Texte intégral

(1)

RÉHABILITER L’ENVELOPPE DU BÂTIMENT

AU QUÉBEC:

Impact des considérations sociales et techniques

sur l’analyse de la performance

Mémoire

Richard Trempe

Maîtrise en sciences de l’architecture

Maître ès sciences

Université Laval

Québec, Canada

(2)

RÉHABILITER L’ENVELOPPE DU BÂTIMENT

AU QUÉBEC:

Impact des considérations sociales et techniques

sur l’analyse de la performance

Mémoire

Richard Trempe

Sous la direction de

(3)

RÉSUMÉ

Cette étude s’intéresse à la façon dont l’enveloppe du bâtiment s’est développée au Québec depuis l’industrialisation des procédés de construction, soit vers le milieu du XIXe siècle, jusqu’à nos jours. L’étude cherche à recenser l’ensemble des critères, de nature technique, social, historique, économique ou autre, qui influencent nos façons de penser, de construire et d’entretenir l’enveloppe, et ultimement nos approches d’intervention.

Ce travail comporte trois volets principaux. La première partie vise à définir le contexte de la conservation en lien avec les enjeux liés à l’enveloppe du bâtiment. Une recherche documentaire a été pas la suite réalisée autant dans des ouvrages à propension théorique que dans d’autres plus techniques, pour comprendre comment est traitée l’enveloppe, ici et ailleurs. Enfin une synthèse de l’ensemble des études devait permettre de dégager la façon dont l’enveloppe du bâtiment est comprise, diagnostiquée et traitée dans le cadre de la réhabilitation des édifices.

Les résultats de ce mémoire confirment que plusieurs facteurs influencent la conception et la réalisation de l’enveloppe. Ils confirment surtout que ces facteurs sont peu tenus en compte dans la cadre actuel de la conservation. Il est souhaitable que la réflexion entamée dans ce projet de recherche puisse se poursuivre, en vue de développer un outil d’accompagnement pour les professionnels spécialisés dans ce domaine.

Mots-clés : Enveloppe, identité, histoire, matériau, système, assemblage, façade, performance, conservation, réhabilitation.

Envelope, enclosure, identity, history, component, system, assembly, facade, performance, conservation, refurbishment, rehabilitation.

(4)

TABLE DES MATIÈRES

RÉSUMÉ ... iii 

TABLE DES MATIÈRES ... iv 

LISTE DES TABLEAUX ... viii 

LISTE DES FIGURES ... ix 

LISTE DES GRAPHIQUES ... x 

AVANT PROPOS ... xi 

INTRODUCTION : LA PERFORMANCE DE L’ENVELOPPE ET LA VIE EN SERVICE 2  1.  Objectifs ... 2 

2.  La problématique : La performance de l’enveloppe dans le cadre de la réhabilitation ... 4 

3.  L’hypothèse : La reconnaissance et la maitrise de la performance pour mieux réhabiliter .. 6 

4.  Le cadre méthodologique ... 9 

5.  La structure du mémoire... 17 

0  LA REPRÉSENTATION DE LA CONSERVATION, DE L’ÉDIFICATION À LA RÉHABILITATION ... 20 

0.1  Mise en contexte ... 20 

0.2  La signification des termes ... 23 

0.2.1  La conservation ...23 

0.2.2  La réhabilitation ...24 

0.2.3  Les principes et le contexte d’intervention ...25 

0.3  Le cadre de la pratique professionnelle de la conservation ... 29 

0.4  Discussion et synthèse sur la représentation de la conservation ... 29 

1  LA PERFORMANCE DE L’ENVELOPPE EN LIEN AVEC LES VALEURS VÉHICULÉES ET LES CONTRAINTES EXERCÉES SUR L’ÉDIFICE ... 32 

1.1  Synthèse de la recension des écrits traitant des valeurs, des contraintes et de la performance ... 32 

1.2  La qualification par le contexte d’édification, les valeurs et les contraintes ... 35 

1.2.1  La représentation du bâtiment dans son contexte d’édification ...35 

1.2.2  Les valeurs de mémoire véhiculées par l’édifice ...35 

1.2.3  Les contraintes exercées sur l’enveloppe au cours de sa vie en service ...39 

1.3  L'analyse de l’état actuel de l’édifice et les approches de conservation préconisées ... 40 

1.3.1  Les éléments favorisant la conservation ...41 

1.3.2  L’analyse des conditions de détérioration des assemblages ...44 

1.3.3  La recherche de la performance ...47 

1.4  La réhabilitation du bâtiment ... 51 

1.4.1  La spécificité de travailler sur l’existant ...51 

1.4.2  Les travaux de réhabilitation ...52 

1.4.3  Les résultats de la réhabilitation ...53 

1.5  Discussion et synthèse sur l’enveloppe en lien avec ses valeurs véhiculées et les contraintes qui s’y exercent ... 54 

(5)

1.5.2  L’ambigüité face à la spécificité de l’enveloppe comme composant du bâtiment ...55 

1.5.3  La performance dans une approche de réhabilitation ...56 

1.5.4  Conclusion ...57 

2  L’ÉVALUATION DE LA PERFORMANCE ET LES GUIDES TECHNIQUES : STRATÉGIES ÉDITORIALES ... 60 

2.1  Préambule ... 60 

2.2  Les auteurs ... 61 

2.2.1  Le profil des auteurs ...61 

2.2.2  Les sources d’inspiration ...62 

2.2.3  Le collectif versus l’ouvrage individuel : comparaisons...64 

2.2.4  Le titre donné aux guides ...65 

2.3  Les conditions propices à la préparation d’un guide ... 65 

2.3.1  Les aspects prédisposant à la réhabilitation ...66 

2.3.2  La pertinence de publier ...68 

2.4  La portée d’application des guides ... 69 

2.4.1  La période couverte ...70 

2.4.2  Le régionalisme ...71 

2.4.3  La prise d’inventaire ...73 

2.4.4  La classification ...74 

2.4.5  L’échelle des édifices ...75 

2.4.6  Le lectorat visé ...76 

2.5  La présentation générale ... 77 

2.5.1  Le type de document ...77 

2.5.2  Le support de diffusion ...79 

2.5.3  Les illustrations ...82 

2.5.4  Les mises à jour ...83 

2.5.5  Les références bibliographiques et les autres informations complémentaires ...84 

2.6  Discussion et synthèse des stratégies éditoriales ... 85 

2.6.1  La portée générale des guides ...85 

2.6.2  Les modèles ...86 

2.6.3  L’organisation des thèmes ...87 

2.6.4  Conclusion ...88 

3  LA STRUCTURE ORGANISATIONNELLE DES GUIDES TECHNIQUES ... 91 

3.1  L’organisation générale des thèmes ... 91 

3.1.1  L’ordre des thèmes ...91 

3.1.2  La structure des thèmes ...92 

3.1.3  Études de la structure organisationnelle de trois guides techniques ...97 

3.2  Le traitement des sujets ... 99 

3.2.1  La fragmentation ...100 

3.2.2  Le traitement par boucles ...101 

3.2.3  La représentation linéaire ...102 

3.2.4  Le contre-exemple ...102 

3.2.5  L’analyse d’impact ...103 

(6)

3.2.7  Le croisement d’informations ...104 

3.3  Discussion et synthèse sur la structure organisationnelle ... 108 

3.3.1  Stratégie d’approches ...108 

3.3.2  Conclusion ...110 

4  LE TRAITEMENT DE L’ENVELOPPE DANS LES GUIDES TECHNIQUES ... 112 

4.1  La représentation de l’enveloppe dans son contexte ... 112 

4.1.1  Les considérations historiques ...112 

4.1.2  La science du bâtiment ...117 

4.1.3  Le regard pathologique ...118 

4.1.4  Le développement durable et la durée de vie ...120 

4.2  La composition de l’enveloppe ... 121 

4.2.1  L’approche par systèmes ...122 

4.2.2  L’approche par matériaux ...124 

4.2.3  L’approche par éléments architecturaux ...127 

4.2.4  L’approche par thèmes ...127 

4.3  Les procédures d’investigation ... 130 

4.3.1  La méthodologie ...130 

4.3.2  Les outils ...132 

4.4  Les modèles d’intervention sur l’enveloppe ... 133 

4.4.1  Le caractère distinct d’intervenir sur l’existant ...133 

4.4.2  La nature des interventions ...134 

4.4.3  Le rendement des interventions ...138 

4.4.4  Les modèles exemplaires et études de cas ...139 

4.5  Discussion et synthèse sur le traitement de l’enveloppe ... 139 

4.5.1  L’histoire, la performance et les désordres ...140 

4.5.2  Le cadre dans lequel l’enveloppe s’inscrit ...141 

4.5.3  Analyse comparative des sujets traités dans les guides ...143 

4.5.4  Conclusion ...148 

5  CONCLUSION ... 151 

5.1  Résumé de la recherche ... 152 

5.2  Retour sur les objectifs de recherche : l’enveloppe et sa performance tenues à l’écart des approches de conservation véhiculées ... 155 

5.2.1  L’enveloppe tenue à l’écart des enjeux visés par la conservation ...158 

5.2.2  L’enveloppe du bâtiment, matériau ou système?...159 

5.2.3  La performance de l’enveloppe absente des critères d’analyse en matière de conservation ...160 

5.3  La réhabilitation de l’enveloppe au cœur même des enjeux du XXIe siècle ... 165 

5.3.1  Le guide technique comme outil d’évaluation et de réhabilitation de l’enveloppe : vers une nouvelle approche ...165 

5.3.2  Proposition d’une structure organisationnelle ...167 

5.3.3  La performance comme ultime démarche de reconnaissance du guide technique ...170 

5.4  La performance de l’enveloppe dans le processus de réhabilitation : perspectives d’avenir 173  BIBLIOGRAPHIE ... 176 

(7)

ANNEXE 1 Cartes conceptuelles de la recension des écrits sur la performance de l’enveloppe en lien avec les valeurs véhiculées et les contraintes exercées ... 190  ANNEXE 2 Liste des auteurs cités, provenance et champ d’expertise

professionnelle ... 202  ANNEXE 3 Liste des guides techniques consultés et identification des guides retenus, de la provenance et de l’année de publication ... 204  ANNEXE 4 Tableau synoptique des définitions tirées de certains documents de référence ... 208  ANNEXE 5 Inventaire des facteurs qui ont un impact sur le bâtiment, de son édification jusqu’à sa réhabilitation, en lien avec les valeurs proposées par Riegl (1903) et Orbasli (2008) ... 221  ANNEXE 6 Tableau synthèse d’analyse des guides techniques, identification des thèmes et des sujets contenus dans les guides techniques ... 225  ANNEXE 7 Références tirées des guides techniques ... 227  ANNEXE 8 Structure organisationnelle des guides techniques ... 237  ANNEXE 9 Tableau sommaire de l’ordonnancement des thèmes traités en

fonction des sujets contenus dans les guides techniques Maitres d’œuvre (Ville de Québec, 1988) ... 241  ANNEXE 10 Organisation des thèmes du Guide du patrimoine et de la rénovation de qualité – site Web – Héritage Montréal (2014) ... 243  ANNEXE 11 Tableau des informations contenues sur les matériaux : exemple des chapitres 4 (bois) et 5 (maçonnerie), Historic Preservation Technology (Young, 2008) ... 245  ANNEXE 12 Grille de compilation des causes de désordres identifiées dans les guides techniques ... 247  ANNEXE 13 Organisation générale de fiches techniques des thèmes et des

contenus, Agence Qualité construction (AQC), site Web ... 249  ANNEXE 14 Équation qualitative de la performance : présentation et définitions ... 252 

(8)

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Liste des sujets abordés selon les principes de conservation et d’intervention présentés dans différents documents de référence traitant de la conservation ... 26 Tableau 2 : Sommaire des valeurs véhiculées par le bâtiment au long de sa vie en service. Se référer à l’annexe 5 pour l’identification des références bibliographiques propres à chacune des valeurs ... 38 Tableau 3 : Liste des contraintes exercées compilée à partir de la recherche documentaire ... 40 Tableau 4: Description de certaines valeurs propices à la conservation des bâtiments d’après Architectural Conservation: Principles and Practice (Orbasli, 2008) ... 67 Tableau 5 : Identification des sujets en lien avec l’enveloppe abordés dans les guides en fonction des thèmes analysés 70 Tableau 6 : Considérations recommandées/non recommandées, d’après Standards for the Treatment of Historic

Properties (extraits de la section « Building Exterior Masonry » – pages 22-23) ... 103

Tableau 7 : Étude diagnostique d’une composante architecturale, la fenêtre, vue dans une approche systémique, mettant ainsi en lien les différents éléments composant l’enveloppe du bâtiment. Compilation de l’auteur ... 124 Tableau 8 : Exemple de traitement de l’enveloppe par matériaux dans Historic Building Conservation. Les thèmes sont abordés de façon exhaustive, mais sans lien entre eux. Le tableau liste les sujets des sections 2 à 4 du chapitre 2 (Forsyth, 2007) ... 125 Tableau 9 : Exemple du traitement de l’enveloppe par matériaux (part II) et par éléments architecturaux (part III). Historic

Building Preservation (Young, 2008) ... 127

Tableau 10 : Exemple du traitement de l’enveloppe par thèmes abordés dans les critères d’intervention (parties IV) dans

Conserver et mettre en valeur le Vieux-Québec (Roy et Faure, 1998) ... 129

Tableau 11 : Retour sur les objectifs de recherche et commentaires ... 156 Tableau 12 : Recommandation de thèmes et sujets pouvant être abordés dans un guide technique ... 169

(9)

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Le bureau du siège social de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (Québec, Canada) a été construit en 1973, et son enveloppe a maintenant atteint sa durée de vie utile. Il s’agit d’un système constructif largement utilisé à l’époque au Canada, constitué de panneaux de béton préfabriqués ancrés à une structure de béton. Les panneaux sont dans un état de dégradation avancée (armature corrodée et exposée, faïençage, etc.), et une réhabilitation après 40 ans ... 5 Figure 2 : Des interventions peuvent avoir un impact majeur sur la performance. La photo de gauche montre le résultat sur une pierre de parement (édifice communautaire de 1930) d’un rejointoiement avec un produit inapproprié effectué au cours des années 1980, qui a conduit à la ruine de la maçonnerie. La photo de droite montre la pourriture d’une charpente à la suite d’un changement d’usage d’une école de menuiserie, construite en 1957, en centre d’hébergement pour adolescents dans les années 1990 sans tenir compte des limites de performance hygrothermique de l’enveloppe originale. Photos de l’auteur (2003/2001) ... 6 Figure 3 : La perte de la performance dans le temps. Source : Lacasse (2003) ... 7 Figure 4 : Différentes typologies de guides. (a) Les fiches techniques de la Ville de Québec (1987), (b) la collection britannique en 4 tomes de Historic Building Conservation (Forsyth, 2007) et (c) le site Internet de l’Agence française Qualité Construction AQC (2014) ... 77 Figure 5 : Deux formats de guides complètement différents qui tirent profit de leurs dimensions respectives : (a) les Fiches

pathologie bâtiment (AQC, 2012) avec feuilles amovibles et format poche de 15 x 20cm, et (b) Mémoire de bâtisseurs

(Auger et Roquet, 1998), dont les grandes planches de 28 x 38 cm permettent l’insertion d’axonométries à grande échelle.………...80 Figure 6 : Les illustrations faites par l’architecte Nicolas Roquet dans Mémoire de bâtisseurs expliquent, de façon simple, la constitution des charpentes de bois et représentent un exemple de complémentarité entre l’information écrite et le support qu’offre le dessin (Source : Auget et Roquet, 1998 : 91) ... 82 Figure 7 : Les vues axonométriques publiées dans les guides de la Ville de Québec sont bien représentatives (a) des conditions d’origine, avec glossaire des termes, (b) des désordres et (c) des correctifs à faire. Mais l’illustration des principes, tant du fonctionnement que des alternatives de réfection, est inexistante (Ville de Québec, Les toitures en

pente, 1985) ... 83

Figure 8 : Graphique des températures de surface en vue d’éliminer des ponts thermiques et d’améliorer la performance d’une jonction typique mur-plancher d’un assemblage existant non isolé (Source : Giebeler et al., 2012 : 37 – (graphique B2.16) ... 117 Figure 9 : La représentation de la maison comme source de réconfort est ici non pas montrée par une image d’édifice, mais plutôt par la mère de famille en page frontale de Kamouraska nos vieilles maisons (Source : Musée de Kamouraska, 1985 : 3) ... 121 Figure 10 : Lyall Addleson et son « kit d’investigation » listé dans son guide technique Les défauts de la construction (Source : Addleson, 1993 :6) ... 132 Figure 11 : Certains guides techniques proposent des spécifications pour des interventions particulières. Il apparait hasardeux de pousser la recommandation aussi loin, alors que les conditions existantes, l’état de la structure pour les ancrages et les autres variables sont inconnus ou non-considérées (Source : Roy et Faure, 1998 : 67) ... 138 Figure 12 : Les photos de modèles exemplaires proposés dans Pour une réfection sensée des vieilles maisons n’ont pas sur éviter l’usure du temps. Ils permettent néanmoins de comprendre les types de réhabilitation à l’époque. (Source : Kalman, 1980 : 39 – photo 77) ... 139 Figure 13 : L’Évolution des systèmes constructifs en France d’après une conférence intitulée Le diagnostic : reconnaitre

les déficiences, établir les performances par Julien Burgholzer, CETE de l’Est, Ministère du développement durable

(2014) ... 140 Figure 14 : Dégradation majeure dans le fond mural d’un édifice institutionnel construit vers 1930, avec pourriture des cadres de fenêtres derrière les moulures extérieures. Des essais d’arrosage isolés sur les deux systèmes (murs et fenêtres) ont contribué à apprécier leur état respectif. L’analyse globale des deux systèmes était essentielle pour guider les modes d’intervention. Un simple remplacement de fenêtre, comme c’est souvent le cas dans ce type de problématique, aurait été inapproprié. Photos de l’auteur, 2008 ... 162

(10)

LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique 1 : La performance d’un système en fonction du temps et des interventions à réaliser au cours du cycle de vie.

Graphique préparé par l’auteur ... 8

Graphique 2 : Répartition de la provenance par pays (graphique 2a) et champs de pratique professionnelle (graphique 2b) des auteurs des documents consultés dans le cadre de la première étape de la recension des écrits ... 11

Graphique 3 : Diagramme illustrant la représentation du guide technique dans le processus d’analyse de l’enveloppe du bâtiment du bâtiment, en lien avec l’évolution et la performance de l’enveloppe. Graphique préparé par l’auteur ... 14

Graphique 4 : Répartition des guides techniques (a) consultés et (b) retenus en fonction de l’année de publication. Aucun des guides datant d’avant 1980 n’a été retenu pour des raisons de désuétude ... 15

Graphique 5 : Répartition des guides techniques (a) consultés et (b) retenus en fonction de la provenance. Le nombre de guides retenus provenant du Québec a été priorisé sur ceux provenant des États-Unis ... 15

Graphique 6 : Cartographie de la recension des écrits illustrant les facteurs qui influencent la perception et l’état d’un édifice et de son enveloppe ... 34

Graphique 7 : Représentation des valeurs de mémoire véhiculées par le bâtiment. Se référer à l’annexe 1 pour une vue complète du graphique ... 36

Graphique 8 : Les éléments favorisant la réhabilitation ... 41

Graphique 9 : Champs d’analyse des conditions d’un bâtiment ... 44

Graphique 10 : Les niveaux de performance aux différentes étapes de la vie d’un bâtiment ... 48

Graphique 11 – Schéma proposant la position centralisée de la performance de l’enveloppe, représentant un état, tributaire du contexte, des valeurs et des contraintes exercées sur le bâtiment ... 57

Graphique 12 : Représentation graphique de la structure hiérarchique, avec généralement un seul point d’entrée en matière et une distribution verticale de l’information ... 92

Graphique 13 : Représentation graphique du cheminement chronologique, dont la ligne de temps, à l’horizontale supérieure, est marquée par des étapes ou des thèmes (grandes cases), avec leurs sujets respectifs sous-jacents (petites cases). L’entrée par thème spécifique est facilitée de même que la recherche d’informations qui peut facilement se faire en boucle ... 94

Graphique 14 : Représentation graphique de la matrice organisationnelle, mettant en lien au moins deux données pour chaque entrée de recherche (grandes cases), et donnant un résultat précis, sur un sujet donné ou une problématique (petites cases). La matrice facilite grandement l’organisation ... 95

Graphique 15 : Représentation graphique de la structure aléatoire dans lequel il y a autant de points d’entrées que de thèmes. Les chapitres se suivent habituellement sans nécessairement suivre de logique constructive ... 96

Graphique 16 : Histogrammes illustrant le traitement de certains sujets liés à l’enveloppe selon la provenance. Les données sont tirées de l’appréciation des sujets indiqués sur la matrice d’évaluation des guides techniques (annexe 6) 144 Graphique 17 : Organigramme synthèse réalisé à la suite d’expertises réalisées sur les murs extérieurs d’une école de la Commission scolaire de Montréal datant de 1923. L’Organigramme montre la distinction entre les résultats auxquels mènent d’une part l’analyse de l’état et d’autre part l’analyse de la performance. Les couleurs et dimensions des cercles réfèrent à l’ampleur et à la gravité des désordres, qui étaient expliqués dans le document d’analyse qui accompagnait le présent schéma. Étude faite par l’auteur en 2014 ... 164

Graphique 18 : Organigramme illustrant les cadres idéologique, théorique et méthodologique devant structurer un guide technique ... 167

(11)

AVANT PROPOS

Cette recherche est née de ma passion à découvrir l’enveloppe du bâtiment au-delà de sa simple formalisation et de ses mécanismes de détérioration et de remplacement. Depuis des années l’envie de comprendre au peu plus l’enveloppe et l’impact de ses considérations socioculturelles sur la performance en service, grandissaient, alors que mon travail m’amenait, en plus, à m’orienter graduellement et exclusivement dans l’expertise des édifices et leur réhabilitation.

Je remercie ceux qui ont cru en mon projet et m’ont donné la possibilité de le réaliser à mon rythme, compte tenu de mes activités professionnelles. Je remercie spécialement Madame Caroles Després, directrice de la maîtrise scientifique au moment de mon admission, et monsieur François Dufaux, à titre de directeur de recherche, tous deux de l’École d’architecture de l’Université Laval.

Je tiens aussi à remercier monsieur Georg Giebeler, architecte et professeur à l’École supérieure de Wismar, Allemagne, pour l’inspiration qu’il a su me transmettre par son livre et par ses paroles.

Enfin, cette recherche n’aurait pu être accomplie sans les encouragements soutenus de mon conjoint Jhon Zambrano et de mes enfants Fannie, Florence et Émile.

(12)

INTRODUCTION

Intervenir sur un édifice existant, c’est composer avec lui, c’est jouer avec des contraintes qui s’ajoutent à celles du programme et des règlements. Contraintes qui sont aussi des supports à l’imaginaire, et qui permettent de développer des solutions architecturales qui n’auraient pas été inventées ex-nihilo.

(13)

INTRODUCTION : LA PERFORMANCE DE L’ENVELOPPE ET LA

VIE EN SERVICE

1. Objectifs

Que conserver de notre milieu bâti, et surtout comment le faire ? Les raisons motivant la sauvegarde et le recyclage des bâtiments ont fait l’objet de nombreux débats depuis près de cinquante ans au Québec. Divers consensus s’en sont dégagés quant aux motivations culturelles, sociales, économiques et écologiques. Toutefois, la façon de traiter ces édifices et, plus spécifiquement, la réhabilitation de leurs enveloppes constitue un défi de taille alors que l’expertise en la matière et les méthodes d’intervention sont encore à développer ici comme ailleurs. Ce mémoire s’intéresse à ces deux enjeux complémentaires. Il questionne la performance de l’enveloppe des bâtiments existants1 aux différentes étapes de sa vie, impliquant de comprendre l’évolution des logiques idéologiques et techniques, que ce soit au moment de la construction initiale, au cours des transformations que l’enveloppe a subies ou dans le cadre des interventions visant une réhabilitation de l’enveloppe.

La performance se définit, dans le cadre de cette étude, comme étant le comportement recherché ou obtenu de l’enveloppe en relation avec son étanchéité à l’air, à l’eau ou à la vapeur d’eau ou encore sa résistance au passage de la chaleur et sa durabilité. La performance de l’enveloppe relève de techniques de construction qui s’inscrivent dans ce que le chercheur canadien Neil Hutcheon2 appelait la pratique du bâtiment, pour laquelle il suggérait, déjà en 1953, l’existence d’une étroite relation avec le contexte dans lequel un édifice était érigé: « La pratique du bâtiment est avant tout un héritage,

modifié par des influences contemporaines comme les climats, l’économie, les mœurs, l’esthétique et les ressources locales en matériaux et en main d’œuvre. » (Hutcheon,

1953 cité par Handegord, 1982 : 5).

1 La littérature scientifique s’entend pour définir l’enveloppe du bâtiment comme étant la séparation entre deux milieux différents (Code national du bâtiment, Canada, 2010), qui gère les mouvements d’air, d’eau et de vapeur d’eau, le bruit et les transferts de chaleur. L’enveloppe du bâtiment comprend l’ensemble des matériaux et des sous-systèmes intégrés au bâtiment dans son interface avec l’extérieur. Les composantes de l’enveloppe ont constamment évolué au fil des époques; elles ont comme but commun de s’opposer aux contraintes climatologiques et de s’adapter aux conditions imposées par l’usage. Quant à la structure du bâtiment, on doit considérer que, jusqu’à tout récemment (vers 1950), elle faisait corps avec les matériaux composant l’enveloppe, s’opposant ainsi aux façons de construire plus contemporaines, alors que la structure est érigée de façon indépendante.

2 Le Dr Neil Hutcheon est considéré comme un pilier de la science du bâtiment au Canada et a été directeur du Conseil national de recherches Canada, division Recherche en bâtiment, au cours des années 1950-1960.

(14)

Il apparaît ainsi que le critère de performance, apparemment objectif parce que quantifiable, puisse se révéler aussi à travers les aspects socioculturels et économiques. Suivant ce que suggèrent les propos du Dr Hutcheon (1953), la façon d’évaluer la performance d’une enveloppe conduit à questionner aussi le contexte dans lequel un édifice a été conçu et construit. Mais comment intervenir ultimement sur des systèmes constructifs1 existants alors que l’histoire du bâtiment et les modifications qui y furent apportées sont souvent méconnues2? Comment intervenir en adaptant, comme le propose Hardford (1983), les systèmes d’origine avec des modèles contemporains d’assemblages et de matériaux?

Bien que la science a fait de grandes avancées à la conservation des biens mobiliers, on constate qu’en ce qui concerne l’architecture l’approche scientifique n’a pu répondre ni s’imposer fermement aux problèmes que pose la conservation matérielle des œuvres extérieures […]

(Tanguay, 2012 :105)

Nous sommes ainsi confrontés à des logiques parallèles décalées. Quels étaient les objectifs de conception et les moyens engagés dans les savoir-faire dont nous héritons dans un bâtiment historique? Quelle a été l’évolution de ces systèmes – techniques et idéologiques – dans les diverses interventions au cours de son cycle de vie? Devant ces questionnements et devant cette méconnaissance du savoir-faire du passé3, comment donc évaluer et anticiper la performance d’enveloppes à réhabiliter en considérant à la fois le climat, le contexte dans lequel elles auront été pensées et celui dans lequel elles seront maintenant plongées4?

Ces questions, alimentées par plus de vingt ans de pratique et d’expertises sur des assemblages de bâtiments significatifs5, suggèrent l’existence d’une problématique à la

1 Le terme système constructif sera aussi utilisé dans cette recherche pour définir l’ensemble d’un assemblage. La documentation qui a été consultée dans le cadre de cette étude ne fait habituellement pas de distinction entre les termes enveloppe et assemblage.

2 Fancelli traite de cette méconnaissance face à l’histoire des édifices dans Le rôle potentiellement historiographique du relevé et de la restauration (2011).

3 Il existe très peu de documentation sur les techniques de construction et leur fonctionnement au Québec. Auger et Roquet (1997) en constituent l’exception. D’autres pays, notamment l’Allemagne, possèdent de telles informations dans leurs archives universitaires (R. Trempe, entrevue avec G. Giebeler, 17 juin 2014). 4 Sans même être elle-même l’objet de modifications significatives, une enveloppe pourra voir sa performance changer en raison de tout changement d’usage ou d’ambiance physique.

5 Nous entendons par « significatifs » des assemblages dont les systèmes constructifs évoquent une façon de faire reconnue, avec des procédés de fabrication industriels, donc généralement postérieurs à la deuxième moitié du XIXe siècle, en opposition à des systèmes d’architecture plus traditionnels ou

(15)

fois sociale et technique dans cette quête de la performance de l’enveloppe du bâtiment et de ses systèmes constructifs. Ce mémoire propose d’explorer dans quelle mesure les changements sociaux, culturels et économiques de même que les innovations technologiques ont contribué, de pair avec les contraintes climatiques et tectoniques, au développement des systèmes de construction et à l’évolution des objectifs associés à la performance de l’enveloppe. Il vise enfin à comparer la façon dont sont traités ces différents aspects de l’enveloppe et leur pertinence, dans les ouvrages de référence techniques qui existent autant au Canada qu’aux États-Unis et en Europe.

2. La problématique : La performance de l’enveloppe dans le cadre de

la réhabilitation

Cette recherche répond à un besoin qui ne cesse de s’accroître. En effet, le Québec compterait plus de 400 000 édifices construits avant 1945 (Dufaux, Marmen, Bisson, 2009), qui requièrent des travaux d’entretien ou de réhabilitation visant notamment à en améliorer l’efficacité énergétique et à en prolonger la durée de vie. Ceci est sans compter tous les bâtiments plus contemporains, construits jusque dans les années 1970, dont le cycle de vie de l’enveloppe est, lui aussi, dépassé (figure1). Déjà, en Europe, la moitié des projets de construction intègrent dorénavant une partie déjà existante (Orbasli, 2008).

La nécessité d’intervenir sur l’enveloppe des bâtiments à conserver est d’autant plus importante que c’est justement celle-ci qui constitue habituellement le facteur prédominant de la dégradation d’un bâtiment, comme le signale Perreault (1984), alors que la durée de service des bâtiments serait directement proportionnelle à la durée de service de l'enveloppe. Mais, au-delà du nombre élevé d’édifices dont l’enveloppe commande une intervention, la conservation des bâtiments s’inscrit aussi désormais dans une approche urbaine et sociale (Tanguay, 2012). Elle est reconnue comme un moteur de développement durable (Ross, 2010) en harmonie avec les préoccupations écologiques actuelles1.

1 Les organismes d’évaluation de bâtiments durables tels que LEED 2.0 incorporent maintenant des certifications pour la réhabilitation de bâtiments existants.

(16)

Figure 1 : Le bureau du siège social de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (Québec, Canada) a été construit en 1973, et son enveloppe a maintenant atteint sa durée de vie utile. Il s’agit d’un système constructif largement utilisé à l’époque au Canada, constitué de panneaux de béton préfabriqués ancrés à une structure de béton. Les panneaux sont dans un état de dégradation avancée (armature corrodée et exposée, faïençage, etc.), et une réhabilitation après 40 ans, comprenant la conservation d’une partie de l’existant, est en cours de réalisation. Photos de l’auteur, 2011.

Dans la foulée de cette reconnaissance de vouloir conserver et réhabiliter les enveloppes, l’étude questionne plus spécifiquement l’existence d’une interrelation entre les approches technique et culturelle, en considérant tout autant le contexte dans lequel les bâtiments sont réalisés que celui dans lequel ils évoluent. Cette interrelation est peu traitée dans les ouvrages portant sur la conservation en général et encore moins lorsqu’il est plus spécifiquement question de l’enveloppe.

Le manque d’informations sur le sujet de l’enveloppe, autrement que pour des considérations d’ordre technique, ne doit pas pour autant être interprété comme une absence de lien entre l’enveloppe, l’approche culturelle et son contexte; peut-être indique-t-il plutôt que peu de chercheurs s’y soient attardés jusqu’ici. Ce manque d’informations justifie d’autant plus ce mémoire. Il constitue une motivation à identifier des facteurs ciblés comme pouvant avoir un impact sur l’approche ou la façon dont un bâtiment est construit et réhabilité.

En considération du problème de vieillissement des édifices sur lesquels une intervention est requise, la connaissance du fonctionnement même des enveloppes existantes s’impose en raison de leur variété et des mutations significatives dont elles

(17)

ont été l’objet (Giebeler et al., 2012). La méconnaissance des systèmes existants et de leurs modifications passées est caractéristique de la plupart des projets de réhabilitation (figure 2) face au manque d’information et à l’absence de données sur les performances en service au moment des transformations1. Les connaissances à acquérir sont considérables afin d’intervenir sans pour autant altérer les composantes conservées.

Figure 2 : Des interventions peuvent avoir un impact majeur sur la performance. La photo de gauche montre le résultat sur une pierre de parement (édifice communautaire de 1930) d’un rejointoiement avec un produit inapproprié effectué au cours des années 1980, qui a conduit à la ruine de la maçonnerie. La photo de droite montre la pourriture d’une charpente à la suite d’un changement d’usage d’une école de menuiserie, construite en 1957, en centre d’hébergement pour adolescents dans les années 1990 sans tenir compte des limites de performance hygrothermique de l’enveloppe originale. Photos de l’auteur.

3. L’hypothèse : La reconnaissance et la maitrise de la performance

pour mieux réhabiliter

Il est raisonnable de considérer que le contexte dans lequel les édifices ont été pensés et construits puisse avoir eu un impact sur leur typologie et leur performance. Il est tout aussi probable de penser que l’aspect constructif du bâtiment et, plus spécifiquement la façon dont l’enveloppe a été faite puissent, eux aussi, avoir été influencés par ce contexte façonné de contraintes et de valeurs sociales, économiques ou culturelles, comme suggéré par Hutcheon (1953).

1 Il n’existe pas de compilation des projets de conservation dont l’enveloppe a subi des défaillances suite à des travaux. Toutefois, la pratique de l’auteur, qui est orientée vers la mise en place de stratégies correctrices visant à réparer ces enveloppes défaillantes, tend à démontrer qu’il s’agirait d’une proportion non négligeable.

(18)

L’impact de ces valeurs sur l’enveloppe pourrait se traduire en attentes et en atteintes de niveaux de performance tout au long de sa durée en service1 et éventuellement au cours des travaux de réhabilitation, comme proposé dans une étude publiée par le Conseil national de recherches du Canada (Lacasse, 2003) qui présente la performance à long terme par une courbe qui diminue progressivement avec le temps (figure 3).

Figure 3 : La perte de la performance dans le temps. Source : Lacasse (2003).

L’analyse de Lacasse (2003), toute technique et quantifiable soit-elle, se révèle, dans la pratique, tout aussi idéologique. Elle met en jeu les intentions, le savoir-faire et les ressources lors de la construction initiale et les travaux successifs. Elle amène à s’interroger sur la pérennité matérielle à assurer, tout en cherchant l’équilibre entre les intentions historiques et les références actuelles.

Dans le cadre des objectifs recherchés par ce mémoire, la courbe de performance proposée par Lacasse (2003) a été transposée sur le graphique 1, puis rattachée à des moments charnières de la vie d’une enveloppe, à savoir sa mise en œuvre, ses phases d’entretien, son état actuel2 et son avenir. Le graphique suggère ultimement les types d’intervention qui pourraient être envisagés au terme de la durée en service de l’enveloppe : la préservation, la réhabilitation ou la destruction3. Le graphique soulève

1 Perreault (1984) définit la durée en service comme étant la période pendant laquelle un bâtiment remplit les fonctions pour lesquelles il a été construit sans qu’il ne présente de défaillance significative et sans qu’il n’entraîne des frais d’exploitation plus élevés que prévu. Cette définition est reprise dans la norme CSA-S478 portant sur la durabilité.

2 Le terme « état actuel » est utilisé, dans ce mémoire, comme représentant le moment où la décision de devoir intervenir, de quelque façon que ce soit, s’impose sur un bâtiment et à partir duquel l’analyse des conditions existantes sera faite.

3 L’annexe 4 regroupe une série de définitions proposées dans les ouvrages de référence traitant de la conservation.

(19)

aussi les questionnements qui surviennent au moment d’intervenir sur l’enveloppe : pourquoi est-ce fait comme cela? Comment cela s’est-il comporté? Quel est l’état actuel? Comment intervenir?

Le graphique met ainsi l’emphase sur les actions fondamentales à entreprendre aux moments charnières :

- Le passé : les études du contexte et de l’histoire de l’artéfact; - Le présent : le relevé de l’état et l’analyse de la performance; - Le futur : les approches.

Graphique1 : La performance d’un système en fonction du temps et des interventions à réaliser au cours du cycle de vie. Graphique préparé par l’auteur.

(20)

Ce mémoire propose de vérifier comment est abordé le thème de l’enveloppe dans les ouvrages traitant de la réhabilitation et d’y identifier les facteurs qui peuvent avoir un impact sur la façon dont les enveloppes sont pensées, réalisées, entretenues et ultimement réhabilitées, dans un objectif de reconnaissance visant à mieux comprendre pour mieux intervenir. Plus spécifiquement, cette recherche vise à :

1. Identifier, par une recension d’écrits traitant du sujet, les facteurs ayant un impact sur la façon dont l’enveloppe du bâtiment est construite;

2. Comprendre ce à quoi l’enveloppe devait répondre au moment de sa construction et suite aux modifications qui y furent apportées;

3. Comprendre comment est abordée la performance de l’enveloppe :

a. Au moment de la construction et à toutes les étapes de durée de vie en service d’un édifice;

b. Dans le processus de réhabilitation d’un édifice;

4. Dégager les critères permettant de mieux maîtriser le comportement de l’enveloppe du bâtiment, en tenant compte de l’ensemble des paramètres qui peuvent avoir un impact sur sa performance;

5. Vérifier si ces critères sont utilisés ou non dans les guides techniques disponibles comme outils d’aide pour les professionnels.

Le résultat de cette démarche permettra ultimement de proposer une approche didactique en vue de développer éventuellement un outil d’aide à la décision qui aidera les professionnels et les autres acteurs du milieu de la conservation à mieux comprendre les modes de fonctionnement des enveloppes et à guider les modes de réhabilitation.

4. Le cadre méthodologique

Les stratégies de recherche utilisées en vue d’en arriver à proposer une telle approche s’articulent autour de la recherche documentaire, complétée par une entrevue menée auprès d’un architecte, Georg Giebeler, auteur d’un des ouvrages phares dans cette recherche, le guide allemand Rénover le bâti (2012).

La recherche documentaire

La conservation des bâtiments connaît une popularité croissante (Orbasli, 2008; Ross, 2010). Cet essor n’est d’ailleurs pas étranger aux problèmes d’approvisionnement des

(21)

ressources énergétiques vécus dans les années 1970 (Joffroy et de Fleury, 1999; Tanguay, 2012; Young, 2008). Un examen rapide traitant de la conservation sur un moteur de recherche bibliographique tel qu’Ariane 2.0 (Université Laval) montre d’ailleurs que près de la moitié des documents recensés sont postérieurs à 1990. Le défi n’est donc pas ici d’obtenir des références générales sur la conservation, mais plutôt d’identifier celles qui traitent implicitement de l’enveloppe et de ses systèmes constructifs.

La recherche documentaire a été réalisée en deux étapes : une première a été élaborée à partir d’écrits traitant du contexte général de la conservation afin de comprendre comment est abordé le thème de l’enveloppe du bâtiment dans le discours sur la conservation pour ensuite, dans une deuxième étape, en vérifier les modalités d’interventions concrètes dans des ouvrages techniques. En parallèle à cette recherche documentaire, un glossaire des termes généralement utilisés dans les documents de référence a été monté1 afin de circonscrire la portée des termes et leurs différences d’interprétation.

.1 La recension des ouvrages traitant de la conservation

Cette revue est construite à partir d’ouvrages, pour les deux tiers postérieurs aussi à 19902 (annexe 2), écrits par des auteurs d’horizons variés reconnus dans leur sphère d’activité respective, qu’elle soit historique, scientifique ou issue de la pratique du bâtiment, tels que Jules Auger, Paolo Fancelli, Georg Giebeler, G.O. Handegord, Pascale Joffroy, Derek Latham, Aylin Orbasli et Robert Young. Elle réfère aussi aux chartes du Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) et se structure, en grande partie, autour de l’œuvre Le Culte moderne des monuments d’Alois Riegl. La sélection des textes a été guidée par les sujets abordés, notamment l’intégration de l’enveloppe du bâtiment et de sa performance. Face à la variété des approches techniques et culturelles et des systèmes constructifs, le choix de référer à des auteurs provenant de différents pays s’imposait. C’est ainsi que douze auteurs proviennent du Québec, quatre du reste du Canada, trois des États-Unis et enfin onze d’Europe (annexe 2). La moitié des auteurs apparaissent être issus de la pratique traditionnelle, alors que l’autre moitié se répartissent entre des chercheurs et des théoriciens.

1 Tableau synoptique des définitions, annexe 4.

(22)

0 2 4 6 8 10 12 14 16

a) Provenance des auteurs des guides b) champs de pratique des auteurs

Graphique 2 : Répartition de la provenance par pays (graphique 2a) et par champs de pratique professionnelle (graphique 2b) des auteurs des documents consultés dans le cadre de la première étape de la recension des écrits. Plus d’un champ de pratique peut être attribué à un même auteur (voir annexe 2).

Cette première étape a permis de dégarer les valeurs et les contraintes qui s’exercent sur un bâtiment et, par extension, sur l’enveloppe, et de les regrouper sur une ligne de temps, à partir du contexte d’identification jusqu’au choix de l’intervention à faire sur un bâtiment (annexe 1.1).

.2 La recension des guides techniques

Alors que la première étape permet de comprendre le traitement donné à l’enveloppe dans le discours de la conservation des bâtiments et d’en cibler les facteurs qui influenceront l’état et la performance, cette deuxième étape vérifie comment ces facteurs sont abordés dans les ouvrages techniques sur le sujet, communément appelée

les guides techniques.

Qu’est-ce qu’un guide technique traitant de la conservation? L’appellation guide

technique est largement répandue dans le domaine de la construction pour signifier tout

document qui renferme des informations de nature technique. Quoique la désignation

guide technique soit utilisée dans plusieurs sphères d’activités humaines, elle ne fait

0 2 4 6 8 10 12 14

(23)

l’objet d’aucune définition claire dans les ouvrages génériques et dictionnaires francophones. Les seules définitions proposées sur les sites de références reconnus, et pour l’appellation guide seulement, permettent néanmoins de comprendre la diversité des significations qui s’y rattachent :

Ouvrage qui contient des renseignements classés sur tel ou tel sujet […] 1; Guide contenant de nombreuses informations pratiques 2;

Ouvrage à caractère didactique […] manuel qui guide le profane dans la réalisation d’un travail donné 3.

C’est plutôt sur des sites de références anglophones que des définitions de guide

technique (technical manual) seront proposées : « A publication containing detailed information on technical procedures, including instructions on the operation, handling, maintenance, and repair of equipment »4.

Le terme guide apparaît donc très vaste et amène à un certain flou au moment de savoir ce qu’est un guide de technique traitant de la conservation des édifices, d’autant que peu des auteurs des manuels consultés pour cette étude ont jugé utile d’en établir les paramètres. Quelques indices sont toutefois données par certains :

C’est un guide dont [les propriétaires] pourront s’inspirer pour remettre leur demeure en état sans altérer ses caractéristiques d’origine. […] Il ne s’agit pas d’un manuel de bricolage, ni d’un ouvrage technique pour le choix d’un entrepreneur, ni même d’un manuel pour la restauration des maisons présentant une valeur historique ou architecturale. Il concerne avant tout les vieilles maisons de valeur moyenne qui sont au cœur de toutes les villes

canadiennes […].

(Kalman, 1980 : v)

Il est de la plus grande importance que les lecteurs cherchent dans ce livre une aide rien de plus. Ce n’est certainement pas un livre sur les règles classiques. […] les principes discutés ou la technique, ou les autres avis donnés dans ce texte sont le produit d’une étude soigneuse des problèmes qui apparaissent dans l’état actuel de notre art de construire.

(Addleson 1993 : v)

1 Dictionnaire Larousse, édition sur le Web (consulté le 16 février 2015). 2 Linternaute.com (consulté le 16 février 2015).

3 Centre national de ressources textuelles et lexicales (consulté le 10 octobre 2014). 4 The Free Dictionary by Farlex (consulté le 15 février 2015).

(24)

Les fiches établissent le diagnostic de la pathologie concernée, et mettent en valeur les bonnes pratiques destinées à prévenir ces désordres. […] Ces fiches sont actualisées régulièrement […] destinées aux professionnels et à leurs formateurs […].

(Agence Qualité Construction, 2013 : préface) Rénover le bâti traite au contraire de tous les domaines de la construction : depuis les fondations jusqu’à la peinture intérieure, des études préliminaires jusqu’à la surveillance des travaux. […] Il procure des compléments précieux : les techniques de construction et les matériaux avec lesquels, nous, les concepteurs, devons travailler pour la rénovation et la réhabilitation des bâtiments existants.

(Giebeler et al., 2012 : 6)

À partir des références précédentes et dans le cadre de la sélection des documents qui a été réalisée, il est suggéré qu’un guide technique traitant de la conservation des bâtiments puisse se définir comme étant une publication papier ou numérique qui aborde un ou plusieurs aspects traitant de la conservation, en y intégrant les problématiques liées à l’enveloppe, à une quelconque étape du processus décisionnel et devant mener à la formulation de directives ou de lignes directrices basées sur la connaissance des systèmes constructifs existants et de leur potentiel d’intervention. Le guide technique s’adresse habituellement à un lectorat ciblé ou général, dans une région donnée, en tenant compte de la spécificité constructive liée au climat et aux autres considérations qui affectent la performance de l’enveloppe.

Le guide technique constitue ultimement un outil d’aide à la décision à un moment stratégique de la vie d’un bâtiment. Au coeur de son évolution et de sa performance, le guide abordera inévitablement la composition de l’enveloppe, son potentiel et les travaux qui s’y rattachent (graphique 3).

(25)

Graphique 3 : Diagramme illustrant la représentation du guide technique dans le processus d’analyse de l’enveloppe du bâtiment, en lien avec l’évolution et la performance de l’enveloppe. Graphique préparé par l’auteur.

Les approches adoptées par les guides techniques reposent soit sur l’établissement d’objectifs sous forme de règles générales et de procédures, soit sur des recommandations prescriptives qui spécifient la mise en application.

Le rôle d’un guide peut prendre de multiples aspects : que ce soit pour classer, pour diagnostiquer ou, dans une plus large mesure, pour aider à la réflexion. Il peut aborder un seul aspect touchant l’enveloppe du bâtiment ou, au contraire, couvrir l’ensemble des problématiques liées à la conservation des bâtiments.

.3 La sélection des guides techniques

La sélection des guides techniques a été faite en tenant compte de plusieurs aspects1, dont l’année de publication et la provenance, mais aussi le type de document et la source de publication (gouvernementale ou autre).

1 Le tableau de l’annexe 3 liste l’ensemble des ouvrages et des auteurs sélectionnés, avec les provenances et les dates de publication.

Son évolution

(26)

(a) Guidesconsultés (57) (b) Guides retenus (26) A ( (((a)

Graphique 4 : Répartition des guides techniques (a) consultés et (b) retenus en fonction de l’année de publication. Aucun des guides datant d’avant 1980 n’a été retenu pour des raisons de désuétude.

(a) Guides consultés (57) (b) Guides retenus (26)

Graphique 5 : Répartition des guides techniques (a) consultés et (b) retenus en fonction de la provenance. Le nombre de guides retenus provenant du Québec et du Canada a été priorisé sur ceux provenant des États-Unis.

Un ensemble de 57 documents fut ainsi consulté et, de ce nombre, 26 ont été retenus1 et ont fait l’objet d’une analyse comparative présentée dans le cadre de cette étude afin d’en dégager les grands thèmes qui y sont contenus et les modes de traitement de

1 Huit ouvrages retenus pour l’analyse des guides techniques font aussi partie des documents de référence qui ont servi à la première étape de la recension, soit Auger et Roquet (1998), Blouin et al. (1985), Flores-Colen (2006), Joffroy et de Fleury (1999), London (1984), Orbasli (2008), Roy et Faure (1997) et Young (2008). 0 2 4 6 8 10 12 14 16 0 5 10 15 20 25 30 35 Avant 1980 1980‐90 1990‐00 Après 2000 Avant 1980 1980‐90 1990‐00 Après 2000 0 2 4 6 8 10 12 14 16 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9

(27)

données et de communication de l’information1. Afin que l’échantillonnage retenu puisse représenter le plus justement les différentes approches analytiques, les guides ont été sélectionnés en prenant en compte les facteurs suivants :

- La date de publication, afin qu’une portion des guides soient représentatifs de l’évolution qu’a connue ce type de publication depuis les années 1980;

- La provenance des guides. La moitié des guides retenus origine de l’extérieur du Canada, et de ceux qui viennent du Canada, près de la moitié sont hors-Québec, afin d’avoir un échantillonnage diversifié;

- Le profil des auteurs, des publications gouvernementales ou des ouvrages collectifs;

- La récurrence du format et du discours, plusieurs guides états-uniens anglais qui avaient les mêmes gabarits d’analyse et d’intervention n’ont pas été retenus; - Le public cible, afin d’obtenir des ouvrages différents destinés autant aux

professionnels qu’aux étudiants ou aux spécialistes2;

- Le régionalisme, certains guides s’adressant à des régions spécifiques alors que d’autres proposent des lignes directrices générales;

- La portée des bâtiments et des composants faisant l’objet du guide. 4. L’analyse des guides techniques

À partir des facteurs d’analyse applicables à l’enveloppe du bâtiment et développés à la première étape de la recherche documentaire, une matrice d’évaluation a été développée comme méthode d’analyse comparative des guides techniques. La matrice interpelle les guides sur de nombreux aspects3, dont l’historique et le contexte d’intervention, la méthode de classification du bâtiment, le rôle des intervenants, les références aux chartes et aux normes, les modes de financement et le développement durable. Elle questionne les ouvrages sur les propriétés, l’origine et la fonction des matériaux et des systèmes, leur vulnérabilité, leur processus de dégradation, leurs interrelations, leur durabilité et leur performance en service. La matrice conclut sur

1 Un nombre aussi restreint que 26 guides répertoriés autant en Amérique qu’en Europe ne peut pas constituer un échantillonnage suffisant pour porter une opinion factuelle. Toutefois, ce nombre apparaît significatif dans la mesure où les guides en question constituent des repères généraux visant à identifier les dispositions et les tendances générales

2 Les guides techniques pour le grand public ont été mis de côté dans la sélection.

3 La matrice a été montée sous forme d’un tableau sommaire portant sur l’ensemble des guides, en annexe 6.

(28)

l’évaluation, le diagnostic et le processus d’évaluation, qui renferme les principes généraux, les spécifications, les estimés et les études de cas.

La recherche par Internet

Les écrits sur la conservation apparaissent encore, pour la plupart, sous forme imprimée à l’exception des textes gouvernementaux, qui sont aussi disponibles en version numérique1. Les guides techniques, toutefois, par leur structure organisationnelle souvent complexe, se prêtent bien au format numérique HTML2; c’est le cas notamment des guides du Secretary of the Interior (États-Unis), de l’Agence Qualité Construction (France) et d’Héritage Montréal (Canada). Ces trois guides en version numérique ne sont pas comptabilisés dans la sélection des guides techniques, mais ont fait l’objet d’une analyse adaptée aux avantages qu’offre ce moyen de communication.

L’enquête

Cette recherche n’inclut pas d’enquêtes sur le terrain. Toutefois, en raison de l’importance rattachée à Rénover le bâti (Giebeler et al., 2012) dans l’étude des guides et dans la synthèse proposée dans ce mémoire, une entrevue a été conduite avec le professeur Georg Giebeler, architecte et auteur principal, le 13 juin 2014 à Cologne. Le professeur Giebeler possède un cabinet privé et enseigne la rénovation à l’École supérieure de Wismar (Allemagne). L’entrevue a permis de dégager des fondements sur lesquels un guide technique devrait se développer et a ainsi contribué à bonifier la matrice d’analyse des guides techniques.

5. La structure du mémoire

Ce mémoire s’étant développé à partir d’une recherche documentaire en deux volets, le document s’organise donc autour de ces deux grands axes.

Ainsi, les deux premiers chapitres aborderont la problématique du traitement de l’enveloppe en cherchant à comprendre, en fait, ce qu’est l’enveloppe et comment se définit-elle dans son contexte d’édification et durant son cycle de vie. Plus spécifiquement le chapitre 1 propose une mise en contexte de la conservation, orientée sur l’importance accordée à l’enveloppe du bâtiment, et, de façon plus large, aux

1 Les gouvernements fédéral et provinciaux, le Secrétariat américain, les municipalités telles que Lévis, Le Conseil des monuments et sites du Québec de même que les mémoires et les thèses d’universités constituent les principaux documents disponibles en format PDF, les autres étant sous forme imprimée. 2 La consultation des sites de l’AQC et du Secretary of the Interior montre que le Hypertext Markup Language (HTML), par ses possibilités d’inclusion, de transmission et d’interrelation, offre des caractéristiques adaptées aux documents de référence tels qu’un guide technique.

(29)

systèmes constructifs. Pour sa part, le chapitre 2 analyse les facteurs qui sont susceptibles d’avoir une influence sur la morphologie et le comportement de l’enveloppe, et un synthèse suggérant les différentes interrelations entres contextes, valeurs et contraintes exercées sur l’enveloppe du bâtiment;

Les trois chapitres suivants chercheront à comprendre les mécanismes de reconnaissance et d’intégration de l’enveloppe dans la réhabilitation et la façon dont ces mécanismes sont expliqués dans la documentation de référence. Ainsi, le chapitre 3 pose un regard sur les ouvrages à caractère didactiques retenus pour l’étude, les guides

techniques, en comparant les différentes stratégies développées pour exprimer

l’enveloppe. Le chapitre 4 s’intéresse de son côté à la structure organisationnelle des guides techniques, aux différentes étapes du processus de réhabilitation : Âeconnaissance, méthodes d’investigations, recommandations. Enfin, le chapitre 5 se concentrera sur les approches qui seront préconisées pour intégrer l’enveloppe dans l’ensemble des composants et systèmes touchés par la réhabilitation d’un édifice.

Le chapitre 6 présente une synthèse de l’impact des considérations socioculturelles et techniques sur les façons de faire et sur la performance en service de l’enveloppe du bâtiment. Il suggère une approche permettant d’en apprécier le potentiel de

réhabilitation. Il conclut sur l’importance des guides techniques dans le processus de

reconnaissance et en propose une réinterprétation du contenu et du format, afin qu’il puisse ultimement répondre aux fins pour lesquels il existe: un outil d’aide à la profession, permettant de mieux réhabiliter nos enveloppes de bâtiment.

(30)

CHAPITRE 1

LA REPRÉSENTATION DE LA CONSERVATION,

DE L’ÉDIFICATION À LA RÉHABILITATION

Présentation du chapitre

Le présent chapitre porte sur la conservation, que ce soit sur sa terminologie ou sur les approches d’intervention préconisées dans les ouvrages de référence consultés pour ce mémoire. Il propose le cadre dans lequel l’enveloppe du bâtiment s’y souscrit, autant dans les principes de reconnaissance et de compréhension que dans ses modalités de réhabilitation.

(31)

0 LA REPRÉSENTATION DE LA CONSERVATION, DE

L’ÉDIFICATION À LA RÉHABILITATION

0.1 Mise en contexte

La culture de la conservation illustre un panorama complexe, reflet de tendances nationales, régionales et même individuelles très diversifiées, autant dans la manière de reconnaitre que d’intervenir sur le patrimoine architectural.

(Tanguay, 2012 : xiii)

Cette recherche se concentre sur les valeurs, les contraintes exercées et la performance des édifices à conserver. Elle ne porte pas sur la culture de la conservation comme modes d’expression historique identitaire, mais sur sa mise en service. La culture de la conservation ne peut pourtant pas être ignorée dans ce mémoire, car elle régit les actions qui seront apportées dans le cadre de toute action. Les approches de conservation retenues par les auteurs des ouvrages recensés influenceront donc les modalités d’interventions recommandées.

Les définitions des principaux termes liés à la conservation, proposées par les auteurs, constituent, de ce fait, le cadre permettant de mieux comprendre non seulement le

pourquoi conserver, mais aussi le comment conserver, objet de cette étude.

La conservation est apparue à différentes époques selon les pays et les cultures. Alors qu’Orbasli (2008) rattache l’intérêt pour la conservation, en Europe, aux grands principes sociaux et aux politiques nationales du XIXe siècle, Rény (1991) rappelle, à cet égard, que l’intérêt de conserver, au Québec, ne remonterait plutôt qu’après la Seconde Guerre mondiale. Jusque-là, Rény rappelle qu’on démolissait et qu’on reconstruisait sans discernement. Avant ce moment charnière, la conservation était chose rare, mais le processus délibéré de démolition l’était tout autant.

La conservation des édifices s’inscrit dans un processus global, régi autant par un contexte physique que par des valeurs sociales ou même internationales. Pour Orbasli (2008), la conservation est un acte qui transcende le simple fait d’opérer. C’est une manifestation de l’histoire, des matériaux, des techniques et du contexte culturel. L’acte

(32)

de conserver se présentera ainsi sous un caractère différent et suivant des interprétations variées. Young (2008) interprète, quant à lui, la conservation comme un ensemble de principes qui incorpore la science, l’art et le développement durable. Pour Tanguay (2012), « La permanence de notre patrimoine dépend des orientations de nos

actions, elle cherche ainsi à intégrer une dimension prescriptive et pratique » (Tanguay,

2012 : 1).

La question de la conservation apparaît ainsi comporter des aspects techniques et culturels à la fois, parfois peu conciliables, comme le rappelait d’ailleurs, il y a plus d’un siècle déjà, Georg Dehio1: « Il s’agit là d’un domaine dans lequel la théorie et la pratique

n’ont pas encore trouvé leur point d’équilibre, et où subsistent un grand nombre de problèmes » (Dehio, 1905). Encore aujourd’hui, ce paradoxe existe toujours. En effet, il

apparaît que ce soient ou bien les aspects théoriques ou culturels qui sont traités, sinon les aspects techniques, mais rarement les deux à la fois. Ainsi, alors qu’un organisme mondialement reconnu tel qu’ICOMOS aborde principalement les aspects culturels2, les aspects techniques, dont l’analyse de performance, y sont peu discutés. Ces aspects sont plutôt considérés par des conseils et des associations de recherche scientifique tels que la American Society for Testing and Materials (ASTM)3, le National Institute of

Building Sciences (NIBS) ou encore l’Institut de recherches en construction (IRC) du Conseil national de recherches Canada (CNRC).

Dans le cadre de ce mémoire, l’examen de plus de quatre-vingts (80) publications traitant du sujet, qui émanent d’organismes ou d’auteurs reconnus comme étant des références en matières de conservation4, suggère que le point d’équilibre avancé par Dehio, cette rencontre où les aspects se complèteraient de façon critique, n’est toujours pas atteint.

1 Georg Dehio (1850-1932) est historien. L’extrait est tiré d’un discours prononcé à Strasbourg le 27 janvier 1905 et intitulé La protection et la conservation des monuments au XIXe siècle, publié en épilogue

du livre Le culte moderne des monuments (Riegl, 1905).

2 La Charte de Burra (1979 révisée 1999) est un exemple de texte qui illustre bien l’approche véhiculée par ICOMOS.

3 ASTM, sous-comité E06.24 Building Preservation and Rehabilitation Technology.

4 Parmi les associations et organismes dont les publications ont été consultées, on notera l’Association pour la préservation et ses techniques (APT), le National Trust for Historic Preservation (NTHP), l’International Council on Monuments and Sites (ICOMOS) ou, plus près du contexte québécois, Action Patrimoine ou Héritage Montréal.

(33)

Selon les angles adoptés par les organismes de référence, les définitions de la conservation qui y seront proposées seront donc variées. La terminologie traduira donc différentes cultures selon la nature physique, la destination d’usage ou les objectifs de l’intervention (Roy, 1997)1. Elle pourra ainsi varier selon que la démarche proposée est plus théorique (Parcs Canada, 2010), méthodologique (ACQ, 2012; Fram, 1993; SCHL, 2001) ou scientifique (Addleson, 1993), en réponse à la commande à laquelle elle doit répondre.

Nommer ce dont on traite apparaît donc constituer un véritable défi devant la diversité des thèmes abordés et des mots qui s’y rattachent. Yong (2008) parlera, à cet effet, d’ambiguïté, de confusion. D’une part, les termes liés à la conservation sont nombreux parce que les degrés d’intervention sur le bâti sont très vastes et peuvent provenir de motivations variées : esthétiques, techniques et fonctionnelles (Giebeler et al., 2012). D’autre part, les mêmes mots sont interprétés de façons contradictoires d’un document à l’autre. « Du point de vue terminologique, l’exubérance et la variété des termes utilisés

pour définir la même chose, de même qu’il existe autant de propositions théoriques souvent contradictoires que d’auteurs écrivant sur le sujet, rend encore une fois toute tentative de développement théorique vouée à l’échec » (Tanguay, 2012 : 4).

Les termes liés à la conservation sont laissés à l’interprétation de chaque auteur, de chaque organisme. Par exemple, le vocable restauration peut représenter soit un principe d’intervention2 comme dans Conserver et mettre en valeur le Vieux-Québec (Roy et Faure, 1998), soit un traitement3, comme dans Normes et lignes directrices (Parcs Canada, 2010). Ces ouvrages proposent aussi tous deux une hiérarchie des actions mais, encore ici, différente. Alors que Normes et lignes directrices distingue trois types majeurs de traitement de conservation4 : la préservation, la restauration et la

1 Le terme restauration en est un exemple, alors qu’il signifie habituellement le retour à un état antérieur, il représente plutôt en Italie une modification de l’état actuel, en considérant l’architecture comme « une œuvre ouverte » (Pirrazolli, cité par Roy, 1997 : 27). Le terme réhabilitation pourrait être celui qui s’apparente le plus à la définition de Pirrazolli.

2 Pour Roy et Faure (1997), les principes définissent des règles générales d’action servant à établir des critères qui, eux, constituent des exigences ou des recommandations spécifiques.

3 Ce sera ici le traitement qui dictera les mesures à adopter, et non nécessairement l’état des composantes. 4 La conservation est définie comme étant « l’ensemble des actions ou processus qui visent à sauvegarder les éléments caractéristiques d’une ressource culturelle afin d’en préserver la valeur patrimoniale et d’en prolonger la vie physique. Il peut s’agir de préservation, de réhabilitation, de restauration ou d’une combinaison de ces approches de conservation » (Latourelle, 2010 :17).

Figure

Figure 1 : Le bureau du siège social de la Commission de la santé et de la  sécurité du travail (Québec, Canada) a été construit en 1973, et son enveloppe  a maintenant atteint sa durée de vie utile
Figure 2 : Des interventions peuvent avoir un impact majeur sur la performance.
Figure 3 : La perte de la performance dans le temps. Source : Lacasse (2003).
Graphique 2 : Répartition de la provenance par pays (graphique 2a) et par  champs de pratique professionnelle (graphique 2b) des auteurs des documents  consultés dans le cadre de la première étape de la recension des écrits
+7

Références

Documents relatifs

• Inscrire systématiquement leurs appuis, notamment financiers, dans des approches renforçant les capacités de leadership et de gouvernance des États pour assurer un pilotage du

In light of these enormous financial commitments, especially the negative impact on States’ ability to engage in more structural and preventive interventions, the members of the

La recherche participative conduite dans le cadre du projet se particularise par une démarche Trans- Disciplines et Trans-Acteurs. Les méthodes développées par les

Un Programme spécial de création d’emploi pour les jeunes et les femmes est en cours de mise en œuvre ; un important programme a été mis en place pour appuyer la mise en œuvre de

L’énoncé [dxelt kursi] (U.C 6) marque un dysfonctionnement au niveau de la fonction du contexte, parce que l'expression est étrangère au thème abordé, ce qui

L’énoncé [dxelt kursi] (U.C 6) marque un dysfonctionnement au niveau de la fonction du contexte, parce que l'expression est étrangère au thème abordé, ce qui reflète

La Convention de Vienne fournit un corps de règles pour l’interprétation des traités – définis comme des accords interna- tionaux conclus par écrit entre États et régis par

La participation du public au processus d’élaboration de nor- mes de portée générale peut essentiellement se dérouler de deux façons : par une consultation directe ou par