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3  LA STRUCTURE ORGANISATIONNELLE DES GUIDES TECHNIQUES 91 

3.3   Discussion et synthèse sur la structure organisationnelle 108

Malgré un échantillonnage limité de guides, il apparait que les façons d’aborder et d’expliquer les sujets soient relativement similaires, permettant de les catégoriser, d’en dégager des constantes et de cibler les approches qui semblent les plus prometteuses. 3.3.1 Stratégie d’approches

L’analyse de la structure organisationnelle des guides techniques permet de dégager quatre façons de structurer les thèmes, soit par hiérarchie, par chronologie, au moyen d’une matrice de référence ou encore de façon aléatoire.

La structure hiérarchique apparaît la plus commune et la plus réconfortante, car elle organise, de façon simple, des thèmes qui, parfois, ont peu de lien entre eux ou même n’en ont pas du tout. Toutefois, compte tenu du nombre élevé de variables qui alimentent les approches de conservation et les mécanismes visant à comprendre, à diagnostiquer et à intervenir sur un édifice, la hiérarchie est limitative, et son usage ne semble viable que lorsque seulement quelques thèmes et variables sont abordés.

Le cheminement chronologique apparaît beaucoup plus approprié pour un guide technique qui cherche à faire la synthèse de plusieurs facteurs, alors qu’il peut se baser sur de nombreux paramètres, que ce soit des périodes marquantes de l’histoire, des étapes de réalisation ou encore des processus de dégradation. Les guides utilisent la chronologie non seulement pour montrer ce qui est désiré, mais aussi ce qui l’est moins ou encore ce qui est courant et ce qui l’est moins ou finalement ce qui doit être fait aux diverses étapes de réalisation du projet de conservation.

Les possibilités de liens avec la structure chronologique sont énormes, et les guides qui l’ont utilisé le démontrent, que ce soit l’ouvrage d’Addleson (1993), celui de Giebeler et

al. (2012) ou encore le guide de la SCHL (2001). En combinaison avec une matrice

référentielle, le guide de la SCHL permet l’analyse combinée de plusieurs variables qui doivent être prises en compte. La matrice permet ainsi de multiples points d’entrée. La structure organisationnelle des guides techniques qui intègrent à la fois chronologie et matrice correspond le plus au processus de réalisation d’un projet. En effet, un tel processus n’est ni linéaire ni hiérarchique, mais est le résultat chronologique de multiples décisions avec de nombreux allers-retours.

Quant à la structure aléatoire, elle consiste à accumuler et à ordonner sommairement plusieurs informations sans chercher à obtenir une quelconque synthèse des sujets. Cette structure s’applique mal à un guide technique et aux sites Web qui hébergent des guides techniques, comme Héritage Montréal (2012). Les descriptions et les recommandations éparses qu’on y retrouve ne permettent pas d’en arriver à des directives claires aussitôt qu’une problématique est le moindrement complexe.

La majorité des guides consultés abordent la conservation sous quatre grands thèmes : l’approche et le contexte de conservation, les systèmes et les matériaux, les méthodes d’investigations et enfin les recommandations. Ces thèmes sont, dans certains guides, repris systématiquement pour chaque sujet discuté, plus spécifiquement lorsque l’usage de fiches techniques est préféré. Les fiches ont certes l’avantage de cibler un sujet précis, mais elles divisent l’information et contribuent à perdre la vue d’ensemble, le projet dans sa globalité. La notion de système constructif perd ainsi son sens, alors que certains guides vont même jusqu’à distinguer les fenêtres de leurs cadrages et de leurs jonctions ou même la maçonnerie de son mortier.

L’usage de matrices, encore ici, constitue une façon d’approfondir les sujets par une analyse en boucles. Une telle analyse permet d’associer, par exemple, des conditions existantes à des outils de diagnostic et de distinguer les pistes de correctifs appropriées. Souvent, un même correctif peut s’appliquer à différentes défaillances, et, inversement, une même défaillance peut être réparée de différentes manières. Giebeler et al. (2012) proposent, à ce sujet, des tableaux synthèses qui permettent justement ce va-et-vient entre la volonté, la nécessité et la faisabilité.

3.3.2 Conclusion

La structure organisationnelle d’un guide et ses méthodes d’analyse doivent répondre aux nombreux critères qui entrent en jeu dans le processus menant à la conservation d’un édifice : caractéristiques des matériaux, comportement en service, pathologie, impact sur la performance, mesures de réparations, démarches auprès des instances, mises aux normes, rôle des intervenants, etc. Tous les guides ne traitent évidemment pas de l’ensemble de ces critères. Toutefois, la façon dont ils sont structurés doit répondre ultimement aux fins auxquelles ils sont tous destinés, c’est-à-dire aider le professionnel ou tout autre intervenant interpelé par le projet. La structure pose le cadre théorique sur comment comprendre, évaluer et intervenir sur le bâti existant. Ainsi, la question des principes d’intervention, au lieu d’être une prémisse de départ, se pose dans la manière d’intervenir selon le diagnostic de l’état des lieux et des usages en présence et les intentions sociales de sauvegarder.

Le diagnostic et l’intervention reposent essentiellement sur le traitement donné à l’enveloppe dans le guide technique. Alors que ce chapitre a traité de la façon dont on aborde et on explique le sujet, le chapitre 5 se concentrera sur le sujet lui-même, dans sa diversité - systèmes et matériaux – à travers son processus de vieillissement, de pathologie et de récupération.

CHAPITRE 5

LE TRAITEMENT DE L’ENVELOPPE

DANS LES GUIDES TECHNIQUES

Présentation du chapitre

Un système, un assemblage, un mur, un matériau : l’enveloppe est abordée de multiples façons dans les guides techniques. Le présent chapitre expose, en premier lieu, comment les guides intègrent l’enveloppe et son contexte historique et technique. Il compare ensuite les approches retenues pour investiguer et traiter de l’enveloppe, et en propose un modèle par systèmes, par matériaux, par éléments architecturaux ou par thématiques.

4 LE TRAITEMENT DE L’ENVELOPPE DANS LES GUIDES