• Aucun résultat trouvé

Le néolithique chinois

Dans le document Fondements des civilisations de l’Asie (Page 31-34)

Naissance et épanouissement du néolithique en Eurasie

Carte 2.1. Répartition de l’eau dans le Croissant fertile

2.4. Le néolithique chinois

L’Homo erectus est passé de l’Afrique à l’Asie il y a environ 2 millions d’années, comme en témoigne le site caucasien de Dmanisi. On trouve des outils et un fragment de mâchoire dans le site de Long Gupo daté de 1,9 millions d’années, puis des outils datés de 1,36 Ma dans le Nord de la Chine à Xiao Chang Liang3. L’homme de Pékin trouvé à Zhou Kou Dian semble vieux de 800 000 ans, mais on ne dispose encore d’aucune donnée sur le peuplement par Homo sapiens au paléolithique supérieur4.

Les premières installations néolithiques importantes apparaissent vers –6000 dans la vallée du fleuve Jaune et de son affluent, la Wei, au Sud du Shaanxi. Elles sont précédées de quelques petites installations au Hebei, dans le bassin moyen du même fleuve Jaune : le site de Cishan5, par exemple, présente un stockage du millet en fosse et atteste la présence de chiens, porcs et poulets ainsi que d’outils en pierre polie ; la poterie est faite à la main, grossière et décorée d’impressions cordées.

3 Les Premiers Hommes de Chine, Dossier d’Archéologie 292, avril 2004.

4 Les Premiers Chinois, R. Pigeaud, Archéologia 412, janvier 2004, p. 62.

5 La préhistoire dans le monde, J. Garanger, PUF, 1992, p. 666.

Figure 2.9. Jarre pré-harappéenne découverte à Kot Diji.

Naissance et épanouissement du néolithique en Eurasie 19

Les terrasses de la Wei sont constituées d’un lœss jaune très fertile sans doute accumulé par le vent pendant des centaines de milliers d’années. Le sol est assez meuble pour être travaillé avec des outils en bois ou en pierre polie, et le millet et le blé sont largement cultivés. Le chien (en tant que nourriture), le mouton et le porc sont domestiqués. Le principal site étudié est celui de Ban Po, à côté de la ville moderne de Xian. Il est constitué de cases circulaires semi-enterrées (diamètre de l’ordre de 5 mètres) avec un toit de chaume soutenu par un poteau central en bois. Les murs sont formés d’une claie de bois avec remplissage d’argile. L’agglomération est entourée d’un large fossé et mesure environ 100 m sur 200 m. On est frappé de l’analogie de cette construction avec celle de Jéricho au Proche-Orient. Sans doute les mêmes besoins ont-ils conduit à des solutions analogues. Mais ici une bonne maîtrise des fours à céramique, atteignant 1000°C et plus, conduit à une très belle poterie ocre à décor noir non tournée qui caractérise cette culture dite de Yang Shao. Le millet est stocké en fosse ou dans de grandes jarres. On cultive également le chou chinois, le chanvre et des arbres fruitiers. Cette culture diffuse à l’Est vers l’aval du fleuve et à l’Ouest jusqu’au Gansu, où l’on observe àBanshan, vers –4400, les premiers décors anthropomorphes.

Vers –3000 apparaît plus à l’Est, à la base du Shan Dong, une poterie fine et lustrée à fond noir tournée sur des tours rapides. C’est la culture de Long Shan, qui se superpose à la première dans les zones intermédiaires. À la même époque, une culture indépendante apparaît au Nord du He Bei (vers Pékin) ; c’est celle de Hong Shan, qui fournit sur le site de Niuheliang les premiers objets de jade, auprès d’une poterie à fond noir (fouilles de 1983).

En 1986, on a découvert au Nord de Chengdu, la capitale de la province centrale du Sichuan, le site de Sanxingdui, entre trois collines artificielles (trois étoiles) comprenant une sorte de citadelle de 1 800 m de coté, et deux fosses

Figure 2.10. Paysage de lœss au sud du Shaanxi.

renfermant des objets de bronze, de jade, d’or et recouvertes de défenses d’éléphants. L’une de ces fosses renfermait une statue de bronze de 2,6 m de hauteur. En 1995, dans un faubourg de Chengdu, Jinsha, on a exhumé des objets en bronze et or (en particulier des masques) qui sont en continuité avec les précédents6. Ces sites semblent contemporains de ceux de la dynastie Shang (Anyang) et il est donc probable qu’ils aient été précédés d’installations néolithiques non encore découvertes et qui bouleverseront peut-être toutes les idées actuelles sur cette période en Chine.

Enfin, la région au Sud du Chang Jiang7, couverte de forêts, est à cette époque peu habitée ; c’est cependant là qu’a été faite l’une des découvertes vitales pour l’humanité : la culture du riz8. Les étapes de cette domestication sont peu claires et assez controversées car les caractères génétiques du riz sont très changeants et il est difficile de repérer les étapes qui ont conduit du riz sauvage au riz actuel. D’autre part, les sites préhistoriques de la culture du riz étaient situés dans les estuaires pour profiter d’une irrigation naturelle, et l’élévation du niveau de la mer entre –8000 et –4000 a certainement noyé la plupart d’entre eux. Cependant, le site de Hemudu, au Zhe Jiang, au sud de Hang Zhou, a été récemment étudié. Actif de –5000 à –4500, on y trouve des fondations de maisons en pierre, des parures de jade et beaucoup de vestiges de riz, bien domestiqués dès le début du site. En revanche, du riz sauvage a été consommé depuis –8000 à Shang Shan9.

6 Les bronzes du Sichuan, Connaissances des Arts, édition spéciale, Paris-musées, octobre 2003.

7 Nous donnons à ce fleuve, que certains appellent le Yang Zi et quelques fantaisistes le fleuve Bleu, son nom chinois : le long fleuve.

8 La civilisation du riz en Asie du Sud-Est, C.F.W. Higham, La Recherche, 207, 1989, p. 180.

9 La Recherche, 415, 2008, p. 20.

Figure 2.11. Schéma d’une maison du site de Banpo (Shaanxi).

Naissance et épanouissement du néolithique en Eurasie 21

Ces civilisations néolithiques se poursuivent par la période semi-hypothétique de la dynastieXia au He Bei. Cette dynastie, fondée par Yu le Grand vers –2100 , se caractérise par des bourgades fortifiées avec des remparts de terre damée en couches.

Dans le document Fondements des civilisations de l’Asie (Page 31-34)