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L’Inde ancienne et ses religions

Dans le document Fondements des civilisations de l’Asie (Page 182-198)

Les superstars

15.1. L’Inde ancienne et ses religions

15.1.1. La période formative

Nous avons vu qu’après l’effondrement de la civilisation de l’Indus, des tribus indo-européennes ont commencé à s’infiltrer au nord de l’Inde, à partir de l’Afghanistan par les passes de l’Hindou Kouch . Cette invasion commence vers –1800. Elle ne consiste pas du tout en une attaque menée par un puissant pays à l’aide d’une armée centralisée. Ce sont de petits groupes d’Aryens nomades qui disposent d’armes en bronze et de chars légers (deux roues à rayons) tirés par des chevaux. Ils vont, indépendamment les uns des autres, s’imposer probablement sans violence aux cultivateurs néolithiques du nord de l’Inde. Ils débutent par la vallée de la Swatpuis celle de la Yamuna et enfin occupent tout le bassin du Gange. Chaque groupe est dirigé par un Raja assisté d’une assemblée populaire et entouré de prêtres qui professent la religion trisfonctionnelle (dont nous avons déjà parlé au paragraphe 6.4.1.) et qui prend ici le nom de brahmanisme. Entre –1500 et –900, cette religion est formalisée dans un très long poème (1 024 hymnes), le Rig Véda, dont la forme facilite l’apprentissage mnémotechnique en absence de toute écriture.

Les prêtres, les Brahmanes, forment une caste à part et apprennent par cœur la totalité du texte, à l’endroit, à l’envers, un mot sur deux,… Cet apprentissage dure en moyenne douze ans et les récitants, fiers de leur prérogatives, ne veulent pas entendre parler d’écriture et en interdisent l’usage.

Au cours de leur expansion, les Aryens ne développent pas de civilisation urbaine, mais vont entrer en lutte les uns contre les autres, à partir de –900 et dès l’apparition du fer. Les échos de cette période se retrouvent dans les deux grands poèmes épiques, le Mahabharata et le Ramayana. Au cours de cette période, la religion évolue fortement sous l’influence de commentaires diffusés de –900 à –500 : les Brahmanas et les Upanishads. Ces nouvelles traditions envisagent l’origine de l’Univers et la nature de l’Âme. Elles explicitent la série des transmigrations (Samsara), à travers les plantes, les animaux et les hommes, suivant les mérites et les démérites accumulés (Karma), et cela pendant toute la durée de l’âge de Brahma, que certains chiffrent à 10140 années.

15.1.2. L’hindouisme

Certains des dieux du brahmanisme perdent de leur pertinence et des dieux secondaires prennent de l’importance. Une toute nouvelle trilogie émerge, où chaque dieu s’accompagne de sa parèdre, image féminine de sa propre personnalité.

Cette nouvelle religion a actuellement de très nombreux adeptes, qui en général rendent un hommage plus appuyé à un seul membre de la trilogie (tendance à l’hénothéisme). On a ainsi :

- Brahma, créateur de l’univers ; - Çiva, destructeur et créateur ; - Vishnu, mainteneur et facilitateur ;

- la parèdre de Brahma, Sarasvati, protectrice des arts et des lettres ;

- la parèdre de Çiva, Parvati, peut prendre des formes terribles, Durga, ou pireKali ;

- la parèdre de Vischnu, Lakshmi, est déesse de la fortune.

Chacun de ces dieux est représenté sous des formes très variées, figuratives ou symboliques, se rapportant à ses innombrables activités.

Ainsi, Çiva est armé d’un trident et sa monture est le taureau Nandi. Il est souvent symbolisé par un Linga (phallus) parfois posé sur un Yoni (vulve).

Dans le Sud, il figure souvent en train de danser dans un cercle (Çiva Nataraja).

Vischnu, de son côté, peut se présenter sous divers « avatars » : le poisson, la tortue, le sanglier, le lion et aussi sous des formes humaines ; c’est alors Rama ouKrishna.

Cette dernière forme est si importante qu’elle a sa propre histoire : après avoir échappé, enfant, à l’assassinat ordonné par son oncle, Krishna passe sa jeunesse insouciant à la campagne, où on le représente faisant danser avec sa flûte les jolies femmes des bouviers ; puis il change de registre et se comporte en héros en pourchassant divers démons. Dans le Mahabharata, il conseille les héros, les Pandavas, et s’incarne dans le cocher d’Arjuna (voir le paragraphe 6.4.2 sur le Bhagavat Gita).

À ce triple panthéon, l’imagination populaire a ajouté une foule de dieux secondaires, parfois locaux. L’un des plus connus et révérés est Ganesh, dieu du foyer et de la famille, à tête d’éléphant. Il est le deuxième fils de Çiva et Parvati, mais Çiva est parti en voyage peu après sa naissance et le trouve dans les bras de sa mère à son retour, vingt ans après. Fou de jalousie et ne réalisant pas qu’il s’agit de son fils, il lui tranche la tête sur le champ. Un peu penaud ensuite, il promet à Parvati de lui remettre la tête du premier passant ; or celui-ci est un éléphant…

Les célébrations du culte consistent en sacrifices d’animaux et en prières qui sont entre les mains des brahmanes et dont ceux-ci ont un jaloux

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monopole. Le feu, Agni, sert d’intermédiaire, en consumant l’objet du sacrifice qui parvient ainsi aux dieux.

La division de la société primitive aryenne en trois castes s’est renforcée et diversifiée aux contact des ethnies locales, qui occupent le niveau inférieur.

Cette troisième caste s’est fragmentée en un grand nombre de sous-castes sous l’influence de la profession : joailliers, tisserands, teinturiers, potiers, ...

Certaines de ces sous-castes correspondent à des métiers méprisables : les bouchers, les forgerons. Toutes ces divisions sont rigides et ne tolèrent pas la mixité ni les changements.

Enfin, il ne faut pas oublier les premiers occupants du pays, qui sont marginalisés dans les forêts ; ce sont les Adivasis1, actuellement au nombre de soixante-dix millions.

Cependant, des non-brahmanes peuvent jouer un rôle religieux en pratiquant une vie d’ascète : tortures corporelles, méditation, pauvreté absolue. Ils sont censés développer des pouvoirs surnaturels et sont très respectés.

L’architecture religieuse

les premiers temples en bois n’existent plus mais des grottes ont été creusées et décorées comme si elles étaient en bois avec des simili-poutres et des peintures intérieures. On en trouve une série datant du début du IIesiècle avant J.-C. dans le grand canyon d’Ajanta en Inde centrale. Plus tard, la veine rupestre explosera à Ellora où la tendance au gigantisme aboutit au Kailasanath (creusé de 756 à 773), immense temple complètement excavé dans une falaise verticale.

Les temples construits en pierre à partir du VIesiècle comportent trois pièces en enfilade : la première, ouverte sur les côtés, joue le rôle de porche ; la seconde est la salle de réunion ; la troisième est un petit sanctuaire surmonté d’une sorte de clocher. Celui-ci, le sikhara, est soit de section diminuant

1 En hindi, « adi » signifie commencement, et « vasi » occupants du sol. On pourrait traduire par aborigènes.

Figure 15.1. Canyon d’Ajanta, vue générale.

régulièrement vers le sommet comme chez les ChalukyaàAihole (vIIesiècle), ou diminuant par gradins chez les Pallava à Pattadakal(même période).

Plus tard, à partir du Xesiècle, les dimensions deviennent considérables, particulièrement à l’Est, en Orissa, comme le Lingaraja de Bhubaneswarou le temple du soleil (Surya) à Konarak, dont il ne reste que l’antichambre.

Tous ces temples sont décorés à l’extérieur d’une profusion de sculptures.

Certaines traduisent l’importance de l’acte sexuel à deux ou en groupe dans la vie religieuse indienne. Le temple de Khajuraho en Inde centrale est bien connu sur ce thème, mais il est loin d’être une exception.

15.1.3. Le bouddhisme

Au VIesiècle avant J.-C., une réaction se produit contre le pullulement des divinités humaines ou animales, la durée quasi-infinie des transmigrations et la rigidité de la division en castes. Le courant le plus important est celui prêché par Bouddha.

La vie de Bouddha (–560 à –480)

Le personnage est certainement historique, mais sa biographie est tellement auréolée de merveilleux qu’il est très difficile de faire la part de la réalité.

Figure 15.2. Façade d’une grotte (chaitya) d’Ajanta, 26e grotte.

Figure 15.3. Ellora, vue générale du Kaïlasha-nath.

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Sa vie est décrite en quatre grandes étapes, les quatre miracles primordiaux:

- la naissance à Lumbini ; - l’éveil à Bodh-Gaya ;

- le premier sermon à Sarnath ; - la mort à Kusinagara.

Bouddha est le fils du prince d’un petit État du Téraï (piedmont de l’Himalaya) dont la capitale était Kapilavastu et dont le clan était celui des Sakya. Son nom est Siddharta et son patronyme Gautama. Sa mère, souhaitant accoucher dans sa famille, prit la route mais un peu tard et dû accoucher en route à Lumbini. Le jeune prince est élevé au palais sans contact avec l’extérieur, pour échapper à une prédiction faite avant sa naissance, et il est marié à sa cousine Yaçodhara. Mais un jour, il rencontre successivement un vieillard infirme, un homme malade et un cortège mortuaire. Il ressent alors toute la souffrance du monde et se désespère jusqu’à ce qu’un moine mendiant respirant la joie lui montre quelle doit être sa vie. Il quitte alors nuitamment le palais et renvoie peu après son cheval, pour devenir un ascète errant. Pendant sept ans il se mortifie cruellement, mais, à bout de forces, il constate l’impasse dans laquelle il se trouve. Il décide alors de chercher la solution d’une autre manière : c’est la voie du milieu.

Figure 15.4. Temple de Durga à Aïhole.

Figure 15.5. Groupe du Linga Raja à Bubaneswar.

Abandonné de ses compagnons, il s’arrête sous un pippal (Ficus religiosa), près du village de Bodh-Gaya, et entre en méditation. Le méditation est troublée par les efforts de Mara (le Malin), mais à l’aube du troisième jour Bouddha atteint l’illumination. Il devient Bouddha en découvrant le remède qui permet la cessation de la douleur. Celui-ci est explicité dans les quatre nobles vérités que Bouddha expose à ses anciens compagnons dans le Parc aux gazelles de Sarnath, mettant ainsi en mouvement la roue de la Loi.

La vie de Bouddha sera ensuite celle d’un prédicateur itinérant, faiseur de miracles. La nécessité de s’abriter en Inde pendant la mousson le conduira chaque année à accepter avec sa suite l’hospitalité de quelque prince. Cette pause préfigure l’institution ultérieure des monastères. À l’âge de quatre-vingts ans, sentant sa fin prochaine, il rappelle à ses disciples l’impermanence de toute chose et entre dans une méditation qui lui permet d’accéder à la parfaite et totale extinction, le Nirvana.

La doctrine de Bouddha

Bouddha ne se présente pas comme un prophète annonçant l’arrivée d’un Dieu, mais comme un médecin. Il aide à prendre conscience de la réalité du monde et offre la manière d’échapper à la douleur grâce aux quatre nobles vérités : - la première est le diagnostic : l’ensemble de toute chose, physique et

psychique, est cause de douleur ; le plaisir lui-même conduit à la douleur ; - la seconde est la raison, c’est l’étiologie : soif de jouissance, soif d’existence

et soif d’inexistence entraînent l’être dans ses transmigrations et le lient au monde, cause de douleur ;

- la troisième est le résultat recherché : arrêt de la douleur par arrêt du désir ; - La quatrième est la thérapeutique : discipline d’arrêt du désir par un certain nombre de règles : vision parfaite, activité parfaite ... (ce sont les huit sentiers de la vérité).

Finalement, la soumission de l’homme à la transmigration est une loi de causalité, il n’y a pas d’entités supérieure jugeant les hommes de l’extérieur.

Tout acte, quel qu’il soit, laisse une trace dans la matière psychique de l’individu et l’ensemble conduit à des constructions psychiques qui ne se dissolvent pas dans la mort et migrent en conduisant à de nouvelles naissances. L’ensemble des actes ainsi capitalisé constitue le karma. Chaque individu doit s’occuper de son propre sort. Par la méditation dans des monastères, par une vie itinérante où, détaché de tout, il mendie sa nourriture, il s’efforce d’acquérir un constant perfectionnement.

Quand il aura presque atteint le stade ultime, il sera doué de pouvoirs merveilleux, il sera un Arhat, et pourra s’anéantir dans le Nirvana.

Les grands courants du bouddhisme

La doctrine précédente, directement prêchée par Bouddha, constitue le Hinayana, petit véhicule ou voie étroite. Elle est très individualiste ; elle continue à être pratiquée à Sri Lanka et dans le Sud-Est asiatique.

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Mais, sous l’influence de nombreux penseurs et notamment Nagarjuna (IIesiècle après J.-C.), la doctrine s’élargit avec l’activité d’Arhats qui renoncent au Nirvana pour revenir sur terre apporter aide et compassion aux vivants et participer à les éclairer. Ce sont les boddhisattwas, que la ferveur populaire va adorer au même titre que les diverses incarnations de Bouddha.

Parmi ceux-ci, Avalokitesvara, le boddhisattwa de la compassion aux mille bras, et Manjusri, celui de la sagesse et du savoir, sont les plus révérés.

Cette nouvelle forme de la doctrine est le Mahayana, grand véhicule ouvoie large. Elle est à l’origine des divers courants qui vont se développer en Chine puis au Japon.

En Inde même, il en dérive le Vajrayana, véhicule du Diamant ou tantrisme, qui fait appel à un enseignement ésotérique où apparaissent de nombreuses divinités, masculines ou féminines, favorables ou démoniaques, que l’on peut neutraliser en prononçant indéfiniment des exorcismes ou mantras (par exemple « ôm mani padmé hûm »). Cette dernière voie a été diffusée dans l’Himalaya à partir du vIIesiècle par Padmasambhava. Au Tibet et au Bhutan, cette dernière doctrine a subi plusieurs réformes qui lui incorporent de nombreuses divinités de la religion primitive Bön, devenues favorables sous l’action du bouddhisme. C’est l’enseignement de Marpa et de son disciple Milarepa (1040 à 1123), puis la réforme de Tsongkhapa (1357 à 1419), dont est issu le dalaï-lama : c’est le lamaïsme.

La représentation de Bouddha

Ce personnage n’étant ni un prophète ni une divinité ne donne pas lieu à représentation. On évoque son action à travers certaines légendes. C’est ainsi qu’un arbre pippal le représente sur un écusson de la védika (barrière) du stupa de Bharhut au IIesiècle avant J.-C.

Les Grecs, chassés de Bactriane par les invasions d’Asie centrale, fondent le royaume gréco-bouddhique du Gandhara avec pour capitale Taxila, en se convertissant au Bouddhisme. Ils apportent avec eux la coutume hellénique de représenter leurs dieux par des statues : ils représentent des boddhisattwas vêtus à la grecque, un Bouddha émacié en train de jeûner et ajoutent tout une gestuelle symbolique d’origine hindouiste.

Très vite, des représentations gigantesques apparaissent, par exemple dans les grottes de Kanhéri (près de Bombay) ou à Bamian en Afghanistan.

Puis, au fur et à mesure de la diffusion de la doctrine, des interprétations locales apparaissent : sourire de Dun-Huang (Chine), ensemble du Gal-Vihara (Sri Lanka), perfection Gupta (Inde du Nord), poussah de la Dynastie mongole Yuan, divinités terrifiantes du lamaïsme.

Les monuments bouddhiques

Le monument par excellence est le stupa (que l’on nomme Dagoba en Asie du Sud-Est, ou Chorten au Tibet). C’est un tumulus destiné à conserver des

reliques ou à servir de mémorial. Il est généralement placé en position dominante, si bien qu’au Tibet il sert aussi à baliser les chemins.

Dès la mort de Bouddha, ses restes sont des reliques dont la possession conduit à des conflits ; le partage se fait d’abord en huit parts. Plus tard, le roi Açoka les répartit entre 84 000 stupas.

Au centre de l’Inde, au IIesiècle avant J.-C., sont érigés deux grands stupas à Sanchi et Bharhut. Ces monuments sont revêtus de sculptures et entourés d’une barrière, la védika, qui simule une construction en bois.

De cette même époque datent les stupas d’Anuradhapura (Sri Lanka) et du Swayambunath (Katmandou), tandis que dans les grottes d’Ajantaet de Kanhéri de petits stupas représentent symboliquement Bouddha.

Dans les pays de l’Himalaya (Népal ou Ladakh) certains Chortens qui balisent les chemins sont ouverts en forme de porte.

Les temples primitifs ont été très souvent des installations rupestres, cavernes creusées ou aménagées dont la façade simule une installation en bois (grotte 19 à Ajanta, par exemple).

Des pagodes à étages signalent souvent des installations monastiques. Il est possible qu’une des premières constructions de ce type provienne du Népal (pagode Nyatapola à Bhadgaon). Leur forme évolue beaucoup suivant les pays ; ainsi, au Japon, elles sont surmontées d’une grande flèche ouvragée symbolisant les cieux.

Figure 15.6. Grotte de style Gupta à Ajanta (9e grotte).

Figure 15.7. Royaume du Gandhara : Bouddha jeûnant.

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15.1.4. Le jaïnisme

Mahavira (–540 à –468)

Après une éducation princière et la fondation d’une famille, Mahavira, préoccupé par son salut, quitte son foyer à l’âge de 30 ans pour une vie d’ascète. Pendant douze ans il mène une vie errante en s’infligeant les plus rudes traitements. Au début, il porte un simple pagne, mais ensuite il s’affranchit de cet accessoire. Au cours de la treizième année, il parvient à la connaissance parfaite et devient un Jina(conquérant). Il se présente comme le 24eprophète (Tirthankara) de sa doctrine nouvelle et de nombreux fidèles le suivent jusqu’à sa mort, conséquence de privations volontaires.

La religion jaïn

L’univers obéit à des lois universelles, non à des dieux. Il est éternel, et son existence se divise en un nombre infini de cycles comportant chacun une période de croissance et une période de déclin. Le monde en ce moment est en déclin et la tendance se renversera dans quarante mille ans.

L’âme est une propriété de tout être animé ou inanimé. Sa béatitude naturelle est obscurcie par un mauvais karma comprenant tous nos actes égoïstes ou cruels et cela nous entraîne dans le cycle des transmigrations. Pour atteindre la béatitude il faut se libérer, mais ceci n’est pas à la portée des laïques : il est nécessaire d’être moine et de réussir à se libérer de toute entrave, y compris vestimentaire.

Les laïques mènent cependant une vie très stricte : protéger les insectes en portant un masque, ne pas blesser la terre (pas d’agriculture), non-violence à l’extrême, frugalité, tempérance.

La pratique religieuse

À la suite d’une grande famine dans la vallée du Gange, une partie de la communauté migra vers l’ouest de l’Inde (Rajasthan, Gujérat, Deccan) au

Iersiècle après J.-C. et il se produisit un schisme entre les vêtus de blanc et les vêtus d’espace.

Figure 15.8. Groupe Ling Yin de Hangzhou : Bouddha de la dynastie Yuan.

Tout en restant athées, les Jaïns rendent hommage aux Tirthankaras dans des temples de marbre ouvragé superbes, en particulier ceux de Mont Abu et de Ranakpur.

De nombreux monastères rupestres s’installent également dans les endroits fréquentés par les autres religions indiennes : Ajanta, Aurangabad, Badami. Ces grottes sont décorées de statues dont on remarque le style plus froid et plus rigide, et les parties sexuelles polies par les baisers des fidèles.

Un thème récurrent est celui de l’Arhat, resté si longtemps debout immobile en méditation que des plantes grimpantes se sont enroulées autour de son corps.

15.1.5. Alexandre et les Mauryas

L’Empire achéménide revendiquait la possession du Gandhara, au-delà de l’Indus, depuis Darius Ier et en avait fait la vingtième satrapie en –519, mais en fait cette domination était purement formelle. Par contre un petit État, le Magadha, qui s’était formé au niveau du cours moyen du Gange, autour de Pataliputra, a pris progressivement de l’importance, en gagnant vers l’Ouest.

Cette situation est brusquement modifiée par l’irruption des Grecs d’Alexandre le Grand. Après avoir battu Darius III à deux reprises, Alexandre conquiert la Bactriane, la Sogdiane et, après avoir traversé l’Hindou-Kouch, franchit l’Indus en –326. De l’autre côté du fleuve, il réconcilie le Gandhara et le Pendjab, mais se retire sous la pression de son armée. Il meurt en –323.

Figure 15.9. Rosace au temple Jaïn de Ranakpur (sud du Rajasthan).

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Le franchissement de l’Indus est un coup de tonnerre qui va tout changer en Inde. La date de cet événement joue par elle-même un rôle de repère

Le franchissement de l’Indus est un coup de tonnerre qui va tout changer en Inde. La date de cet événement joue par elle-même un rôle de repère

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