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Le Bhutan moderne

Dans le document Fondements des civilisations de l’Asie (Page 158-164)

L’Himalaya et les Tibétains

Carte 13.1. Le plateau tibétain dans toute son extension

13.2.1. Le Bhutan moderne

Après une période de guerre civile, le penlop de Tongsa prend le pouvoir. Ce nouvel homme fort, Ugyen Wangchuck, décide de jouer la carte de l’Angleterre. Il accompagne l’expédition anglaise à Lhasa en 1904 et joue l’intermédiaire. Il décide, avec l’accord anglais, de devenir roi héréditaire, et obtient la démission du dernier deba raja en 1907.

Devenu Sir Ugyen Wangchuck, il confie, en 1910, les Affaires étrangères de son royaume au Royaume-Uni et meurt en 1926.

Figure 13.7. Monastère de Kiychu Lakhang.

Figure 13.9. Une ferme bhutanaise.

Figure 13.8. Dzong de Punakha.

Son successeur est son fils, Jigme Wangchuck, qui jusqu’à sa mort, en 1952, apporte à son régime une timide modernité, tout en résistant aux changements considérables des États qui l’entourent. Cependant le pays reste profondément féodal et isolé.

En 1952, Jigme Dorje Wangchuck, petit-fils du fondateur, monte sur le trône. Admirateur de Nehru, il va complètement changer le pays en restant dans la « voie du milieu », respectant les traditions mais construisant une démocratie constitutionnelle de type anglais. Il crée une Assemblée nationale, une Haute Cour, un Conseil des ministres. Il instaure l’indépendance du Judiciaire et, bien sur, abolit le servage. Il renonce ensuite à un droit de veto qui lui avait été accordé et propose même qu’un vote de confiance du Parlement le confirme tous les trois ans dans ses fonctions. Enfin, il proclame l’indépendance de son pays et est admis à l’ONU en septembre 1971. Ce roi exceptionnel meurt le 21 juillet 1972.

Références

G. N. Mehra, Bhutan, Vikas Publishing, New Delhi, 1978.

13.3. Le Népal

L’histoire du Népal, jusqu’au XIXesiècle, se confond avec celle de la vallée de Katmandou, ancien lac qui a rompu un verrou glaciaire pour se vider, par la rivière Bagmati, vers le Gange.

Figure 13.10. Népal : la pagode Nyatapola à Bhadgaon (plaine centrale).

Figure 13.11. Chorten du monastère Swayambhunath à Katmandou.

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Il est possible que Bouddha, dans ses diverses pérégrinations, soit passé dans la vallée, et l’empereur indien Açoka a laissé, en 250 avant J.-C., une colonne commémorant son pèlerinage. Au cours de ce voyage, Açoka fit agrandir un des premiers temples bouddhistes, le Swayambhunath.

La vallée fut successivement envahie par divers conquérants indiens. Les Thakuris formèrent une dynastie fondée en 630 par Amshuvarman. C’était un shivaïte très tolérant qui maria sa fille, Bhrikuti, bouddhiste, à l’unificateur du Tibet, Srongtsen Gampo, d’où une tradition de bonnes relations avec la Chine.

Le bouddhisme tantrique qui se développa ensuite survécut très largement à la conquête du pays vers 1200 par Abhaya Mella qui était, lui, un hindouiste convaincu. La dynastie Mella instaura pour tous un système très rigoureux de 85 castes à la manière indienne. En 1488, le roi Jakscha Mella divise son royaume entre ses quatre fils. La vallée devient alors le siège des royaumes de Katmandou, Bathgaon, Patan, et Panepa. Bien entendu, ces royaumes, si proches, vont s’entre-déchirer.

Pendant ces événements, des Rajpoutes, chassés d’Inde par l’invasion arabe qui instaura le sultanat de Delhi, s’étaient installés au centre du Népal à Gurkha dès 1559. Leur roi, Prithwi Narayan, s’empare en 1766 de tout le pays.

Lui et ses successeurs entrent en lutte avec les Anglais mais ceux-ci leur imposent un traité de paix signé en 1816.

Un noble de la famille Rana, Jang Bahadur, s’empare du pouvoir en 1847 et jette le roi en prison. Puis il se donne le titre héréditaire de Maharajah en 1856 et gouverne en dictateur. Pendant cette période, l’accord avec les Anglais est sans nuages et ceux-ci utilisent largement des mercenaires Gurkhas au cours

Figure 13.12. Une fenêtre à Bhadgaon.

de la révolte des Cipayes, pendant la guerre de 1914-1918 et pendant la suivante (Monte Cassino).

La modernisation du pays est très médiocre, même si Chandra Shamsher, de 1901 à 1929, construit quelques routes et centrales électriques.

À la suite de troubles sanglants, le dernier Maharajah abdique en 1951, et le roi resurgit. À sa mort, en 1956, son successeur Mahendra propose une ouverture démocratique. Il organise des élections libres en 1959 et le parti du Congrès, dirigé par Koirala, prend le pouvoir.

Cette réforme ne survit pas à un an de conflits et le roi dissout le parlement et arrête Koirala. Il crée en 1967 le système des Panchayats, sortes de conseillers municipaux nommés par le pouvoir. À partir de 1980, une révolte maoïste armée se développe dans l’Ouest.

Alors que le roi négocie un accord, il est assassiné avec toute sa famille et son frère prend le pouvoir, relance la répression et finit, en 2004, par instaurer une totale dictature. Mais après diverses convulsions, une assemblée constituante élue le 10 avril 2008 abolit la monarchie et proclame la République.

Références

Toni Hagen, Nepal, Éditions géographiques, Berne, 1975.

Figure 13.13. Pèlerinage de Muktinath (vue vers le Daulagiri, au Sud).

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13.4. Le Cachemire

Cette région, au nord-ouest de l’Inde, s’étire le long de l’extrémité de la chaîne de l’Himalaya et de son relais par la chaîne du Karakorum qui converge vers le Pamir. Entre ces deux chaînes se glisse l’Indus, qui transite dans des gorges impraticables. Ses berges sont désertiques sauf à l’arrivée des affluents locaux qui créent de petits oasis.

Vers le Sud, les contreforts de l’Himalaya ménagent le riche plateau de Srinagar, isolé de l’Inde (le Jammu) proprement dite par les hauteurs des Mahabarats si bien que son débouché, jusqu’au milieu du XXesiècle, se faisait par l’Ouest vers le Pakistan actuel.

La population est aussi hétérogène que le relief. Les habitants du Sud, vers Jammu, sont indiens et hindouistes. La population du Baltistan (vallée de la Gilgit et de la Hunza), initialement indo-européenne, est islamisée depuis le sultanat de Delhi (1210). Celle de la vallée de Srinagar, islamisée beaucoup plus tard, l’est à 80 %. Enfin, la haute vallée de l’Indus (Ladakh et Zanskar), dont le seul débouché a longtemps été le plateau tibétain, est totalement bouddhiste. La plupart des musulmans sont des Chi’ites ismaéliens.

13.4.1. Le Ladakh

Lors de l’effondrement du bouddhisme dans le Tibet central sous le règne de Langdarma (838 à 842), le Ladakh résiste et devient le noyau d’un État

Figure 13.14. Ladakh : porte du temple de Lamayuru.

bouddhiste, le Gugé, vers l’an 1000. Un des fondateurs de cet entité est un Indo-Européen venant de l’Ouest, Utpala, qui épouse une princesse locale.

C’est à cette époque qu’un moine érudit, Rinchen Zangpo (958 à 1055), fonde une dynastie tibétaine qui exerce le pouvoir, avec des fortunes diverses, jusqu’en 1470. Il fait venir le prédicateur indien Atisa (1042 à 1054), et fait construire le grand centre monastique d’Alchi. L’ordre des Kadampa est fondé à cette époque. Le style des peintures des bâtiments d’Alchi est très influencé par l’Ouest : style du Cachemire au XIe et XIIIesiècle puis style de

« Bagdad » jusqu’au XIVesiècle.

La réforme Gelugpa (Bonnets jaunes) a également une influence notable sur la vie des monastères jusqu’à l’attaque musulmane dévastatrice du sultan du Cachemire en 1470. À l’issue de ce raid, le roi du Bas-Ladakh (Srinagar) s’impose et fonde la dynastie des Namgyal. Les souverains de cette dynastie repoussent diverses attaques musulmanes mais, sous le règne du roi Delegs Namgyal, une armée tibétaine et mongole envoyée par le cinquième dalaï-lama prend Leh (capitale du Haut Ladakh) en 1682. Le roi fait alors appel à l’empereur Moghol Aurengzeb qui écrase les Tibétains à Jargyal.

Le Ladakh, dépecé, végète alors sous des Namgyal convertis à l’islam, jusqu’à son rattachement au Maharajah de l’État de Jammu, entériné par les Anglais en 1846.

Figure 13.15. Groupe de monastères d’Alchi, fresque de style iranien.

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13.4.2. Le Baltistan

Cette région, à l’extrême ouest de l’Himalaya, est isolée du Pakistan par les gorges aval de l’Indus et du reste du Cachemire par les gorges amont, qui sont totalement infranchissables au-delà de Skardu (au pied du massif du K2).

Elle a pourtant servi de relais à une branche de la route de la soie, venant du col de Khunjérab, entre Chine et Pakistan, aux sources de la rivière Hunza.

Le débouché vers l’Ouest se faisait en remontant la rivière Gilgit et en passant dans la vallée de la Swat. Vers le Sud-Est, il est aussi possible de passer dans une autre vallée, celle de la Khalam, coulant vers le Sud, en franchissant le col de Babusar, à l’épaule de la Nanga-Parbat.

Le pays est totalement ismaëlien, sans aucune trace de bouddhisme.

Le Baltistan a été récemment désenclavé par une route construite par les Chinois à partir de 1965. Cette route emprunte les gorges en aval de l’Indus et relie la région de Rawalpindi à la frontière, au col de Khunjerab.

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