• Aucun résultat trouvé

Le plateau iranien

Dans le document Fondements des civilisations de l’Asie (Page 110-114)

Carrefour de l’Asie centrale

Carte 10.1. Le plateau iranien

passage essentiel est la trouée de Merv empruntée par la route de la soie en provenance de la Bactriane et de Samarkand. À l’Ouest, il existe quelques traversées du Zagros conduisant en Mésopotamie. Cette situation a crée la richesse de l’Iran, mais aussi sa diversité culturelle et ses ennuis militaires.

En revanche, au sud de ces trajets, le Fars (capitale Shiraz), à l’abri des invasions venant de l’Est grâce au désert, est le gardien vigilant de l’originalité iranienne, y compris de sa langue, le «farsi ». C’est dans cette région que se développe, vers –3000, la fameuse civilisation urbaine de Jiroft, de découverte récente.

On considère comme iranien le piedmont ouest du Zagros, où s’est développée entre la Montagne et le Tigre, la civilisation élamite, dont la capitale a été Suse. C’est maintenant le centre de l’extraction du pétrole (Abadan, Ahwaz), première richesse du pays.

10.2. Les débuts du néolithique

Les premières installations néolithiques fixes se situent là où l’eau est en abondance. On en trouve sur le flanc ouest du Zagros et sur la face intérieur de cette chaîne (Tépé Sialk au sud de Qhom). L’angle sud-est de la Caspienne, où le littoral est assez large, est également fréquenté (Tureng Tépé). Dans le Fars, au sud de la ville de Kerman, où les sommets atteignent 4 400 m et où les vallées ont un climat tropical, on trouve également plusieurs installations (Tépé Yahya).

10.3. La formation des villes

Lorsque la croissance démographique fait déborder les premiers villages, les installations primitives descendent en plaine, vers les fleuves. On trouve ainsi Suse, à l’ouest des monts Zagros, Shahdad vers Kerman, et Jiroft dans la vallée du Halil Roud. Ces déplacements interviennent au début du troisième millénaire avant J.-C.

Suse est très bien connu depuis les fouilles de Jacques de Morgan dès 1889 ; Shahdah a été fouillé par Ali Hakémi à partir de 1960 ; Jiroft par Yousef Madjidzadeh à partir de février 2003 (site de Konar Sandal).

Le site de Suse est particulièrement impressionnant, avec plus de trente siècles d’histoire. Son développement initial est contemporain de celui de Sumer, et très parallèle. L’écriture «proto-élamite » (non encore déchiffrée) a la même ancienneté que le sumérien, et la proximité de ces deux civilisations a conduit à d’innombrables conflits aux résultats très variés. Ainsi, les victoires de Suse sur Babylone ont permis aux Élamites de ramener des trophées importants, comme la stèle gravée du code de lois d’Hammourabi (musée du Louvre). En revanche Assurbanipal, en –648, met Suse à sac et réduit l’Élam en province assyrienne, avant que Darius y installe, vers –520, un superbe palais.

L’Iran 99

10.4. Les Indo-Européens en Iran

Les envahisseurs, venant du Nord-Est, sont arrivés en plusieurs vagues.

Une première vague a pénétré, au XVIesiècle, jusqu’au nord de la Mésopotamie et s’est imposée aux populations locales en tant qu’aristocratie dominante, formant ainsi le Mitanni. Cet État a ensuite englobé de petits royaumes, depuis Ugarit sur la Méditerranée jusqu’à Nazi dans l’Est.

L’apogée du Mitanni a eu lieu sous le règne du roi Saustatar à peu près vers –1560. Plus tard, cet État, après avoir joué le rôle d’écran entre l’Assyrie et le Hatti, finit par être morcelé entre ces deux puissances, à l’époque de Suppiluliuma (–1380 à –1346).

Une autre vague indo-iranienne s’arrête dans l’Azerbaïdjan iranien et constitue le royaume Mède autour de Hamadan, avec comme capitale Béhistun.

Enfin, une troisième vague descend vers le Sud et s’installe dans le Fars autour de Shirazen fondant le royaume Perse.

Les deux dernières vagues englobent, à partir de –835, les principautés locales et adoptent en gros la culture de leurs sujets, d’inspiration mésopotamienne, bien que leur art reste profondément original (bronzes animaliers du Luristan, par exemple).

La Médie est unifiée par Cyaxare, qui attaque l’Assyrie en –615, alors qu’elle a des problèmes avec Babylone. Il écrase l’Assyrie et vassalise la haute Mésopotamie en détruisant l’Urartu. Par ailleurs, il impose sa suzeraineté aux Perses, dont le royaume avait d’abord été vassal de l’Élam puis s’en était affranchi en s’installant en Anchan (au sud de Suse) et au Fars.

En –550, le roi perse Cyrus II (–556 à –530) se soulève contre les Mèdes, capture leur roi, Astyage, et unifie les Perses et les Mèdes grâce à la prise d’Ecbatane (Hamadan) en –550.

10.5. L’Empire achéménide

Quatre ans après Ecbatane, Cyrus envahit l’Asie Mineure, il s’empare de Sardes et du royaume Lydien. En –539, il prend Babylone et libère les déportés juifs. Il se tourne ensuite vers l’Asie centrale et va jusqu’à l’Iaxartès (Syr Daria). Il meurt en –530. Son fils Cambyse (règne de –530 à –522) prend la vallée du Nil jusqu’à Assouan puis la côte de Cyrénaïque mais meurt accidentellement en Égypte.

Son cousin, Darius, prend le pouvoir et mâte une révolte, peut-être fomentée par le frère cadet de Cambyse. Darius fait graver dans la falaise de Behistun une grande stèle le représentant, sous un symbole de Ahura-Mazda, recevant la reddition des neuf rois rebelles. Cette stèle comporte une grande inscription trilingue (vieux perse, élamite, suméro-akkadien).

Le déchiffrement du vieux perse (écriture alphabétique) par l’Allemand G. Grotefend permettra à l’Anglais H. Rawlinson de déchiffrer l’akkadien (1857), tandis que l’élamite le sera partiellement par F. H. Weissbach en 1890.

Darius agrandit son empire jusqu’à l’Indus (518), traverse le Bosphore et annexe la Thrace, la Macédoine, et remonte jusqu’au Danube. Il réprime très sauvagement la révolte des cités grecques d’Asie (de –499 à –493), mais il échoue à Marathon en –490.

Le successeur de Darius, Xerxès (–486 à –465), sera vaincu par les Athéniens à la bataille navale de Salamine (–480), puis sur terre par les Grecs coalisés à Platées (–479). Il doit alors évacuer toutes les îles de la mer Égée.

Figure 10.1. Persépolis, palais de Darius au lever du soleil.

Figure 10.2. Escalier du palais de Darius.

L’Iran 101

L’administration d’un territoire aussi diversifié est lourde et complexe. Les ordres sont archivés sur tablette d’argile en élamite, et transmis sur parchemin en araméen alors que la langue couramment parlée est le vieux perse. Il n’y a pas de capitale à proprement parler : le roi se déplace d’Ecbatane ou Persépolis en été vers Babylone ou Suse (où Darius a construit un palais) en saison froide. Une monnaie d’or (le darique) et d’argent (le sicle) facilite les échanges commerciaux à grande échelle.

Cet empire fut remarquablement stable, malgré son hétérogénéité ; un seul territoire, l’Égypte, échappa pendant deux générations, de –400 à –343, à la tutelle du Grand roi, et Artaxerxes III la ramena dans l’espace impérial.

10.6. Les Grecs et Alexandre - Les Séleucides

Après son débarquement en Asie Mineure et sa victoire à Issos (333), Alexandre descend la côte palestinienne, conquiert l’Égypte et fonde Alexandrie. Ensuite, il retourne au Moyen-Orient et écrase l’armée perse à Gaugamélès (le 1eroctobre 331). Darius III, en fuite, est assassiné par l’un de ses officiers.

Alexandre parcourt tout l’empire Perse, où il rencontre parfois de vives résistances, comme en Bactriane où il se livre à des massacres, mais prône une mixité de la culture grecque avec celle de l’Orient (mariages mixtes dont il donne l’exemple en épousant une fille du Grand roi, Roxane).

Il franchit l’Indus en –326, mais doit s’arrêter en raison de la grogne de son armée.

Après la mort du conquérant survenue en –323, son empire est démembré et, à la suite de diverses péripéties, Seleucos Nicator, chef de la cavalerie,

Dans le document Fondements des civilisations de l’Asie (Page 110-114)