• Aucun résultat trouvé

Les échanges culturels et scientifiques pendant les croisades

Dans le document Fondements des civilisations de l’Asie (Page 144-148)

D’après les chroniqueurs arabes et chrétiens

Carte 12.1. Le théâtre des Croisades

12.10. Les échanges culturels et scientifiques pendant les croisades

À l’occasion de cette bataille, un groupe de soldats-esclaves, les Mameluks, tuent le dernier calife de la dynastie Ayyoubide fondée par Salah-ed-Din et prennent le pouvoir.

La huitième croisade et la dernière est à nouveau organisée par le roi de France et débarque à Carthage, près de Tunis, en l’été 1270, avec 6 000 hommes, mais le roi meurt sur place et son armée se rembarque.

12.9. L’agression mongole et la fin des croisés

Le vrai danger pour la Palestine, dans cette dernière période, ne vient plus d’Europe mais de l’est de l’Asie. Dirigés par Gengis Khan, les Mongols ont ravagé l’Asie centrale, le Moyen-Orient et l’est de l’Europe à partir de 1215.

Puis, à la mort du conquérant en 1227, des problèmes de succession les ont bloqués. Mais un petit-fils de Gengis Khan, Hülagü, reprend l’offensive au nord de l’Iran en 1257. Sur son chemin, il s’empare de la forteresse des Assassins, Alamout, réputée imprenable, et la détruit, y compris son immense bibliothèque. Il arrive à Bagdad le 10 février 1258 et massacre environ 80 000 personnes, y compris le dernier Commandeur des Croyants. Puis il se jette sur la Syrie et, au printemps 1260, il prend Alep et Damas.

Devant cette invasion, les Franjs sont divisés : Antioche aide franchement les envahisseurs, tandis que Acre se range du côté des Arabes. Mais le khan suprême des Mongols, Mongke, meurt, et Hülagü retourne précipitamment à la capitale mongole, Karakorum, pour participer à la succession. Il abandonne ainsi son armée, que des Mameluks venus d’Égypte écrasent en Galilée, à Ain Jalut, le 3 septembre 1260. Les Mongols refluent alors sur l’Iran.

En 1268, après la mort de Hülagü, les Mameluks décident de se venger de la collaboration d’Antioche avec les Mongols et ils rasent complètement la ville.

Le tour de Tripoli vient en 1289, lorsque le sultan mameluk Qalaoun apprend que Philippe le Bel négocie avec les Mongols un traité d’agression vis-à-vis des Arabes.

Il ne reste plus alors que Acre, qui a signé en 1283 un traité de paix de dix ans et profite du calme pour faire avec le monde arabe un intense trafic commercial, pour le plus grand bénéfice des deux parties. Malheureusement, la chute de Tripoli a alarmé le pape et les Occidentaux qui, croyant Acre en danger, lui envoient des milliers de combattants fanatisés, à partir de 1290. De provocation en provocation, la réaction de Qalaoun est définitive et la ville rasée le 17 juin 1291. C’est la fin de la présence des Franjs en Palestine.

12.10. Les échanges culturels et scientifiques pendant les croisades

La culture européenne doit quantité de ses racines à la culture arabe, mais la communication ne s’est pas faite en Palestine. C’est en Espagne, après la

reconquête de Tolède par Alphonse VI en 1085, et en Sicile, avec la victoire des Normands à Palerme en 1072, que les deux univers se sont appréciés et mélangés. C’est l’évêque Raymond de Tolède, réunissant des savants arabes et juifs avec des traducteurs latins, et les De Hauteville, développant à Palerme une culture islamo-normande, qui ont, dans le calme des bibliothèques et des débats philosophiques, permis à l’Europe de profiter de l’avance arabe en sciences et techniques comme en médecine.

Les croisades ont constamment été un affrontement violent dominé par une haine religieuse qui interdisait tout compromis. D’autre part les personnages en présence, foules fanatisées ou militaires, n’étaient pas les meilleurs représentants des deux cultures. Bien souvent, les Franjs ont été ressentis comme des barbares totalement incultes et leur médecine, en particulier, a soulevé le mépris des chroniqueurs arabes.

D’autre part, le réflexe normal d’un pays envahi est de rejeter sans nuance tout ce que peut apporter l’envahisseur, et la persistance de cette mentalité à travers les siècles a conduit le monde arabe à se refermer sur lui-même, excluant par ce manque de communication tout progrès venant de l’extérieur, ce qui n’est pas un des moindres aspects négatifs de ces événements.

Cependant, pour ne pas être totalement négatif, citons une ou deux transmissions de techniques incontestables :

- la technique du verre, fabrication et travail, très développée au Moyen-Orient, a été acquise par Antioche grâce à des spécialistes locaux et vendue par la suite aux Vénitiens, dont les installations de Murano ont acquis en Europe une très grande réputation ;

- la culture d’un produit voisin de l’oignon avait fait la réputation de la ville d’Ascalon ; il a été importé en Europe où il a pris, par déformation du nom de la ville d’origine, le nom d’échalotte ;

- il conviendrait certainement aussi de parler de médecine, mais comment distinguer la contribution du Moyen-Orient de celle, considérable, de l’Espagne ?

Références

E. Swan, L’Islam et la Croisade, Adrien-Maisonneuve, 1968.

A. Maalouf, Les Croisades vues par les Arabes, J’ai Lu, 1983.

Ibn al-Qalanissi (1073-1160), Damas de 1075 à 1154, Institut français de Damas et Maisonneuve, 1952.

G. de Nogent, Gesta dei per Francos,in Malet et Isaac, Hachette, 1932.

F. de Chartres, La conquête de Jérusalem,in Malet et Isaac, Hachette, 1932.

Villehardouin, La conquête de Constantinople, trad. E. Bouchet, Lemerre.

Les croisades 133

Chronologie des croisades 1re Croisade

- Arrivée des Croisés à Constantinople : à partir de juillet 1096 Débarquement et anéantissement des Pèlerins

Reprise de Nicée par Byzance juin 1097

Bataille de Dorylée 1097

Scission en 2 armées : Baudoin prend Edesse 1097

Bohémond prend Antioche juin 1098

(8 mois de siège) Prise de Jérusalem (15 jours de siège) juin 1099

- 2e vague de croisés à Nicée 1101

Prise de Acre 1104

Prise de Tripoli (grâce à la flotte génoise) 1109

Prise de Beyrouth mai 1110

Prise de Saïda décembre 1110

Au total 4 États latins d’Orient Royaume de Jérusalem Baudoin

Comté d’Edesse Baudoin II (cousin du Roi) Principauté d’Antioche Tancrède (neveu de Bohémond) Comté de Tripoli St Gilles

Les villes de Alep : Redwan

de Damas : Toghtekin paient tribut 2e croisade

Facteur déclenchant : reprise d’Édesse par Zinki 23 décembre 1144 Débarquement des croisés à Nicée (Conrad III + Louis VII) 1147 Échec et dislocation

L’armée d’Antioche est battue et Damas mis au pas Noureddin 1154 Inter croisade

Tremblement de terre en Syrie août 1157

Mort de Noureddin et d’Amaury (Roi de Jérusalem) 1174

Salah-al-Dîn (Saladin) prend Damas 1174

prend Alep 1183

prend Jérusalem 2 octobre 1187

3e croisade

Débarquement à Nicée Fr. Barberousse + Richard Cœur de Lion 1190

Mort de Barberousse 10 juin 1190

Richard Cœur de Lion prend Acre 11 juillet 1191

et se rembarque en signant une paix de 5 ans septembre 1192

Mort de Salah-al-Dîn 2 mars 1193

4e croisade

S’arrête à Byzance et pille la ville 1204

L’empire d’Orient est démantelé 5e croisade

Débarquement en Égypte et prise de Damiette (Jean de Brienne) 1218 Rembarquement précipité

6e croisade Al-Kamal sultan d’Égypte offre Jérusalem

à Frédéric II empereur d’Allemagne 1228

Reprise de la ville par les Arabes 1244

7e croisade

Louis IX (Saint Louis) envahit l’Égypte puis capitule 1249 8e croisade

Louis IX débarque à Carthage (Tunisie) puis meurt 1270 Chronologie des croisades (suite)

Chapitre 13

Dans le document Fondements des civilisations de l’Asie (Page 144-148)