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Le monde de la vie historique, ou la question de la responsabilité

IV / Le monde de la vie, comme la matrice de toute communauté chez Husserl

4.4 Le monde de la vie historique, ou la question de la responsabilité

Nous verrons que ce monde de la vie (considéré à toute époque) n'est rien d'autre que le monde historique.496

Le monde de la vie se caractérise comme « support » historique de mes actes, tel que le devenir-monde de ma vie immanente se constitue comme horizon de sens

493 Husserl, Edmund, La crise des sciences..., op. cit., p. 289. 494 Ibid., p. 291.

historique. La compréhension phénoménologique de l'historicité se distingue-t-elle de l' « historicité naturelle » ou « objective » dont nous avons déjà fait longuement la critique ? Car Husserl parle de la nécessité d'un « nouveau régime d'historicité ». Il nous semble plutôt que, de la même manière que pour le monde « objectiviste » ou « naturaliste », il s'agit de dévoiler les fondements subjectifs et immanents de tout processus d'historicité alors oubliés comme tels. En effet, comme nous l'avons déjà mentionné à plusieurs reprises, le « processus historique » comme tel est né avec la philosophie en tant que déploiement du principe de la raison connaissante universelle. La philosophie s'est déployée comme science de la totalité, par la production inaugurale de l'idéalité, en créant « le » Monde unique dont la détermination « englobante » est devenue l'enjeu et le but universel commun de la science. Autrement dit, la production idéale « du » monde coïncide avec la production du temps et de l'espace universels communs, en tant que réalité spatio-temporelle « objective ». Le processus historique s'est donc inauguré comme extension temporelle du règne de la transcendance : l' « Histoire » est celle de l'ek-stasis et de ses implications phénoménologiques. C'est pourquoi nous pouvons parler d'une « historicité naturelle » propre à l'attitude naturelle, tel que l'horizon de sens historique correspond à l'horizon de « sens du monde » compris comme Universum. Le processus historique renvoie donc à la question de la transmission générationelle des formations de vérité et aux développements de la « raison universelle ». Finalement, ce que l'attitude naturelle considère comme « Histoire » désigne l'horizon de déploiement abstrait du « Dehors » extatique et « objectif » lui-même. Une telle « Histoire » objective de l'objectivité, considérée ainsi dans l'attitude naturelle, est donc elle-même le produit historique du déploiement de l'objectivisme naturaliste. Nous avons également considéré que le mouvement d'autonomisation de l'objectivité entraîne l'oubli des fondements subjectifs et immanents de toute donnée objective transcendante ; ainsi l'oubli du monde de la vie est lui-même déterminé par l'objectivisme naturaliste qui a « ouvert » un certain régime d'historicité. Pourtant, comme nous l'avons vu, la Lebenswelt est pensée comme le sol de l'horizon-de-sens

historique de la réduction phénoménologique et de la dimension transcendantale. Or, la première apparition du monde de la vie, comme ce qui est perdu et absent dans

l'histoire, plus particulièrement depuis l'avènement du principe « physiciste »

galiléen, coïncide avec l'oubli de la « phénoménalité » du « fait historique », de sa condition de possibilité. Il s'agit donc de « remettre en cause à nouveau le fait lui- même à la lumière de la possibilité. »497 Nous avons déjà fait remarquer que Husserl a pensé une « histoire de la philosophie moderne », en revenant de manière réflexive sur le tournant cartésien qui n'a pas su dépasser la certitude galiléenne de la prétendue intuition géométrique, d'où est ressorti le dualisme corps-esprit. Un dualisme sur lequel est né le psychologisme naturaliste et qui explique l'incapacité de Kant à dévoiler toutes les implications de la dimension transcendantale. Dès lors, le retour au monde de la vie comme monde de l'expérience pré-scientifique et pré-logique s'est révélé comme fondement de sens oublié de la méthode objectiviste des sciences de la nature. Or, Husserl a inauguré les questions de l'auto-responsabilité et de l'auto- compréhension de soi comme la tâche historique à même de fonder une liberté apodictique et une nouvelle idée de la scientificité. Aussi, le retour au monde de la vie désigne le retour aux conditions phénoménales du « fait historique » qui relève de formations subjectives communisées et en devenir. Autrement dit, c'est parce que l'ego se caractérise comme expérience communautaire que sa vie est communisée ; et c'est parce que la vie égoïque est communisée qu'elle contient son propre télos, lui- même toujours-déjà communautaire. Car l'ego personnel doit se décider dans des actes qui engagent la responsabilité des autres personnes de la « collectivité sociale » de son monde environnant, à travers des buts à atteindre qu'il s'est lui-même assigné. Ainsi, si la vie transcendantale de l'ego est son propre horizon de monde, alors tout acte de l'ego est « historique » : le monde de la vie se caractérise comme monde historique en tant qu'il désigne une communauté téléologique. Cependant, y a-t-il une historicité de la réciprocité associative ? En effet, s'il y a plusieurs strates constitutives de la communauté, est-il possible de penser plusieurs strates

constitutives de l'historicité ? Ainsi de l'historicité de l'ego personnel comme historicité communautaire, par un transfert associatif entre mes formations de sens immanentes depuis ma chair et les processus de formations de sens communautaires à des degrés plus élevés.

Il s'agit donc de comprendre toute la fonction phénoménologique historique de la

Lebenswelt comme auto-responsabilité et auto-méditation de l'humanité, par un retour

au moi en tant qu'ego éveillé conscient de son monde ambiant quotidien et environnant comme son monde de la vie propre. C'est en tant que terme achevé de la constitution que le monde de la vie est historique, comme l'horizon de sens téléologique de la subjectivité sociale, ou de l'ego personnel. Mais nous avons souligné que le monde de la vie n'est pas « statique » et se caractérise également comme un mouvement constant de constitution ; et l'horizon de « sens du monde » est la signification phénoménologique de ce mouvement. Il y a donc un mouvement de réduction phénoménologique qui nous dirige vers la dimension du monde de la vie, à la suite de laquelle une deuxième réduction doit s'opérer afin de déployer le terrain du moi dont la constitution détermine le devenir du monde. Il s'ensuit un mouvement de retour vers la Lebenswelt reconsidérée comme « support historique » de mes actes et terrain de mes décisions, par lequel seulement se constitue une communauté qui se définit comme faire-monde et, simultanément, faire-histoire. Si nous avons souligné que le moi est à l'origine de lui-même par sa capacité à l'archi- décision entre ses différentes facultés pratiques, comme son champ des possibles qui implique sa propre temporalité constitutive, alors les conditions de possibilité du moi sont un préalable à toute communauté : en tant que les conditions de possibilité

(phénoménologiques) du moi impliquent celles de la communauté, elle-même transcendantale. Ceci par la réduction capable de nous extraire à la passivité

« naturelle ». En d'autres termes, il s'agit de fonder la responsabilité individuelle à partir de l'histoire, celle-ci reconsidérée depuis la découverte phénoménologique de l'intentionnalité circonscrite dans le monde de la vie qui est toujours mon monde de la vie : toute responsabilité personnelle (au sens de l'attitude personnaliste) est une

reponsabilité « historique » ou « historiale ». Autrement dit, interroger l'histoire à

partir de la responsabilité, en tant qu'elle relève de processus de formations

communautaires immanents contenus dans l'action et la volonté du moi, que nous comprenons comme « faire » praxologique. Finalement, c'est parce que la subjectivité transcendantale est constituante qu'elle est historiale. De même, c'est parce que la subjectivité sociale est constitutive qu'elle est communautaire. Selon ses propres mots, Husserl nous expose une « thèse de la volonté », telle « qui institue tout simplement la volonté dirigée de manière persistante vers le but persistant, persistant par-delà l'acte momentané qui s'écoule. »498 Ainsi, « exister en tant qu'ego, en tant que personne, c'est, comme on le voit, exister d'une manière spécifique, personnelle, en demeurant et en étant le même à travers les changements. »499 Ou encore :

Dans la vie éveillée, j'accomplis des actes et encore et toujours de nouveaux actes, tous unis en ceci qu'ils rayonnent d'un seul et même centre égoïque, en tant qu'ils sont mes positions. Chaque « nouvelle » position, caractérisée comme première, institue une nouvelle modalité de mon être persistant (…)500

Ainsi, si « je suis celui qui s'est décidé ainsi, celui qui a voulu ainsi »501, alors la volonté de l'ego est un « champ temporel immanent. »502 Dès lors, tout acte réalisé implique une volonté sous-jacente, elle-même impliquée dans une décision. Ainsi, ce rapport entre acte et volonté/décision, au sein d'un champ temporel immanent dans lequel l'acte singulier et momentané implique la persistance de la volonté en tant qu'archi-décision, est un rapport élaboré consciemment par l'ego éveillé et qui constitue l'horizon de sens téléologique du monde de la vie. Aussi, en tant que le monde de la vie est toujours mon monde de la vie, il n'est plus la genèse collective de l'anonymat naturel mais bien une communauté vivante, au sens où l'auto- compréhension de l'ego est à l'origine de toute décision qui « fait » communauté : « avec cela un monde environnant toujours nouveau à l'intérieur et à partir de notre

498 Ibid., p. 24. 499 Ibid., p. 25. 500 Ibid. 501 Ibid.

vie prestative »503, de « (…) l'horizon environnant compris dans la teneur de sens de la volonté, de l'intention elle-même, la situation dont le sujet de volonté a une conscience préalable et dont il a effectivement conscience au cours de la réalisation effective, comme ce qui est donné en soi. »504 Dès lors, « toute vie éveillée est une vie volontaire »505 telle que « la conscience de ce pouvoir est celle de la liberté de pouvoir se rendre responsable ».506 Ceci complète nos analyses précédentes sur la liberté apodictique, comme « la liberté « accomplie » qui implique donc un pouvoir multiple, un pouvoir évidemment libre de multiples manières. »507 Nous avons vu que la réflexion husserlienne oscille constamment entre la détermination spirituelle du corps propre actif et le soubassement sensible où la « liberté » s'inscrit dans mes mouvements kinesthésiques. Pour notre part, nous proposons la thèse suivante : par la prise en compte et l'explicitation de la « synthèse charnelle » - comme mouvement d'identification de la chair à elle-même comme chair d'ego depuis un chiasme tactile -, sur laquelle nous reviendrons par la suite, nous considérons que la production incessante de soi relève simultanément d'un processus constant de formation communautaire ; c'est-à-dire qu'ils relèvent du double mouvement d'auto- incoporation et de constitution intersubjective des choses par leur transformation pratique, en tant que tout mouvement d'auto-incorporation implique l'inter-corporéité praxologique. C'est ce que nous proposons de désigner par forme de vie, qui se fonde donc sur le rôle constitutif déterminant de la chair, au sens où la chair renvoie à cette excédence perpétuelle, qui est à la fois le commencement du monde et le moment- lieu du mouvement continu de ma propre histoire égoïque. Ainsi, toute forme de vie est mouvante, dynamique et aléatoire, en tant que faire-communauté et faire-histoire ; de telle sorte que le monde de la vie désigne en définitive l'ensemble constitué de mes multiples formes de vie constituantes. Et c'est en cela qu'il s'agit toujours de mon monde de la vie. Autrement dit, le mouvement continu de ma vie propre, comme

503 Ibid., p. 31. 504 Ibid., p. 36. 505 Ibid., p. 37. 506 Ibid., p. 43. 507 Ibid., p. 40.

« travail » ou « activité » communautaire avec autrui, est ce qui rend possible le mouvement continu du devenir du monde, et c'est cet « ensemble » qui constitue une historicité vivante. Toute historicité est basée sur l'histoire de ma propre vie, comme parcours « conscient » de mes choix et de mes actes « libres » au sein d'un « contexte » environnant chosique et réal. Par ailleurs, la primauté de ma chair dans le mouvement d'auto-incorporation « garantit » la primauté de l'ego que je suis dans tout processus de formation communautaire. La constitution du monde renvoie donc à la constitution de moi-même, par la connaissance de mes motivations, de ma tâche et de mon but, puisque « toute tâche désigne un but à réaliser au moyen d'une certaine activité, d'un certain agir. »508

Cette connaissance, plus précisément cette connaissance pré-scientifique dans l'universalité de cette vie hors de la science, sert ainsi de terrain à ce vouloir-vivre et à ce pouvoir-vivre.509

C'est en décidant de moi-même que je me décide comme responsable de mon historialité propre (de mon vouloir en tant que mon propre advenir historial, l'effectivité de ma liberté concrète) et, partant, de l'histoire de ma co-humanité. Par ailleurs, tout geste, tout faire, est toujours-déjà communisé ; au sens où nous comprenons un tel geste, ou faire, comme vouloir et agir simultanés. En cela, mon geste ouvre un horizon que l'on peut qualifier d'historial, car il ouvre l'horizon de ma propre histoire, l'histoire de ma vie, toujours-déjà pluri-personnelle. Ce qui implique l'historialité du geste, du faire, en tant qu'il est toujours-déjà communisé et, en cela, pose un advenir. Dès lors, se décider soi-même constitue l'histoire (consciente) de mes formations de sens, dont tout acte réalisé est l'actualisation de cette histoire en son maintenant. Aussi, si je me l'applique à moi-même, et je me décide en cela, la question-en-retour (Rückfrage) est également toujours-déjà communautaire en tant qu'elle implique l'horizon de ma co-humanité. A la base de l'advenir historial donc, mon geste, mon faire, toujours-déjà savoir-faire et faire-partagé.

(…) Le commencement réel est l'activité elle-même, elle seule avère parfaitement la possibilité dans la réalité effective. (…) L'évidence anticipatrice de la méditation est un préliminaire nécessaire, mais ce n'est qu'un préliminaire. Le commencement véritable est donc l'activité (…).510

Le monde de la vie ne relève donc pas d'un idéalisme transcendantal fermé sur lui- même. Il est question d'agir et de transformation concrète du monde, en tant que « le chemin vers une historicité subjective transcendantale, [comme] la seule historicité authentique et originaire. »511 C'est donc avec et par les actes que les idées sont des puissances historiques, même quand il s'agit de l'idée téléologique de la philosophie. Car la philosophie relève de la responsabilité personnelle, et c'est parce que le monde de la vie est le lieu de mon vouloir et de mon agir qu'il ne faut pas le laisser indéterminé comme certitude non problématique.

Tout projet d'une personne est un projet dans sa situation, toute question a son sol, toute tâche a un sol. Une question, un projet, une tâche intersubjectivement identique présuppose un sol de questions intersubjectivement identiques en tant qu'évidence allant de soi fondatrice, au sein duquel la teneur de sens du projet s'enracine. (…) Le fait que tout ceci, le fait que ce monde présupposé ne soit, l'un dans l'autre, donné que par des affections subjectives, c'est une vérité qui précède toutes les théories et, à bien y regarder, qui est présupposée par elles (…)512

En cela, nous pouvons comprendre « le monde » comme produit et résultat de l'agir humain en communauté dont la formation originaire détermine toutes les formations ultérieures. Ce qui explique chez Husserl l'objectif permanent, le but, la tâche, l'exigence continue de fonder la connaissance car la liberté apodictique se confond avec la philosophie si celle-ci se définit comme la responsabilité ultime et effective. Et « il n'existe pas de philosophie, il n'existe pas de science procédant d'une responsabilité ultime et effective sans une méditation portant sur la totalité des présuppositions. »513 L'attitude transcendantale consiste ainsi en la capacité d'opérer

510 Ibid., p. 75. 511 Ibid., p. 81. 512 Ibid., p. 95. 513 Ibid., p. 99.

une épochè, même après coup, de dévoiler l'originaire, même après coup. Car « le sujet ne veut laisser valoir itérativement aucune passivité qu'il ne puisse être en capacité d'interroger toujours et encore, qu'il ne puisse porter à la clarté et dont il ne puisse être responsable. »514 L'attitude transcendantale se caractérise donc comme un

mouvement constant vers la réduction, ou plutôt de la réduction comme mouvement perpétuel d'Archi-décision de soi-même, dans le « travail colossal du problème des

présuppositions ultimes et de l'apodicticité. »515 En effet, pour Husserl, « notre tâche doit consister à faire ressortir la totalité des évidences tenues pour allant de soi en tant que sol d'ensemble à partir duquel seulement le problème, l'intention de la philosophie trouve sens - lorsqu'elle le trouve, lorsqu'elle en a la possibilité. J'ai dit : la totalité. »516 Dès lors, comme le souligne Jacques Derrida dans son introduction à

L'Origine de la géométrie, la question fondamentale de Husserl est de comprendre

comment une tradition de la vérité est possible en général. Une certaine dépendance de l'histoire comme science empirique à la phénoménologie se fait jour car seule la phénoménologie peut révéler à l'histoire « son fonds de présuppositions eidétiques. »517 Dès lors, répondre au phénomène de « crise » comme oubli des origines, signifie à la fois « prendre conscience des origines (…) et se rendre responsable du sens. »518

Dans un Appendice de la Krisis intitulé L'Origine de la géométrie, Husserl se propose d'élucider le sens originaire de la géométrie, tel qu'il ne cesse jamais d'avoir cours avec ce même sens du proto-géomètre, et en même temps tel qu'il continue à s'édifier à travers toutes ses nouvelles formes, tout en demeurant « la géométrie ».519

C'est par la question-en-retour, ou Rückfrage, que l'on peut élucider la question de l'origine : « L'origine ici, c'est un acte d'idéalisation qui a constitué non pas la géométrie comme corpus d'énoncés, mais le thème géométrique comme pôle d'unité

514 Ibid., p. 43. 515 Ibid., p. 103. 516 Ibid., p. 105.

517 Derrida, Jacques, Introduction à L'origine de la géométrie de Husserl, PUF, Paris, 2010 : p. 9. 518 Ibid., p. 11.

pour un complexe d'enchaînement d'actes. »520 Ainsi, dans L'Origine de la géométrie, Husserl s'interroge sur le processus historique de la « crise », c'est-à-dire sur

l'historicité de l'oubli des origines. Si, comme nous l'avons dit précédemment, c'est

parce que le monde de la vie est le lieu de mon vouloir et de mon agir qu'il ne faut pas le laisser dans la certitude non problématique de l'anonymat naturel, il est présupposé que le dévoilement transcendantal de la Lebenswelt révèle simultanément les conditions phénoménales de son oubli historique. Jusqu'à présent, nos réflexions nous ont permis d'élucider le comment d'un tel oubli, mais la question sous-jacente est la suivante : qu'est-ce qui m'a permis de m'arracher à cet oubli ? En effet, la recherche d'un « a priori » historique est elle-même [un produit] historique : « le dévoilement historique est en soi-même et essentiellement un acte historique et en tant que tel, par une nécessité d'essence, porte en lui l'horizon de son histoire. »521 La

Rückfrage permet de répondre à cela. En effet, dans l'attitude naturelle, la

communauté dans sa tradition et son histoire me précèdent moi comme individu « noyé » dans l'anonymat de la vie naturelle qui se voit léguer des acquis culturels d'abord « tout-prêts »522, « consignés ». Autrement dit, le monde de la vie dissimulé comme tel dans l'attitude naturelle me « précède » tant que je n'ai pas opéré à la réduction phénoménologique qui m'ouvre à la dimension transcendantale, dans laquelle le moi est à l'origine immanente de lui-même, donc simultanément l'origine immanente de son propre monde de la vie - alors seulement concevable comme tel, puisque dévoilé. Au sein de l'attitude naturelle, je dispose donc de ces acquis culturels