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LES MODELISATIONS DE L'ANIMATION PROFESSIONNELLE C'est à partir de différents types de combinaison possibles entre les différentes

Jean-ClaudeGILLET

sent des écarts d'analyse), telles qu'une sociologie de l'adeur, concernant par exempleles aspectsde la prise de décision dansles situationssociales, la psycho¬

sociologiepourcequi concernelesfonctionsdemédiationdescorpsintermédiaires que sontlesgroupes sociaux, etunesociologie politique etsystémiquepermettantde fairelelienentre lelocaletleglobal.

LES

MODELISATIONS

DE

L'ANIMATION

PROFESSIONNELLE

Praxéologie del'animationprofessionnelle

Un second modèle que l'on pourrait qualifierd'« animation abstaite », plutôt à valeur d'échange, correspondrait àuntyped'animationqui, outre la consommation possible deproduits, seraitunlieu de création, de transfertdevaleurssymboliques del'intérieurversl'extérieur,unvedeurpossibled'unéchangeplutôtabstraitautour de la question fondamentale qui concernerait toute lasociété:celledelastructura¬

tion du lien social.

Bien sûr, leschémaquenousproposons (voirplusloin, schémaA),nel'estqu'àtitre indicatif. Il repose plus sur une certaine représentation des pratiques d'animation que sur la réalitédecespratiques. Ilexistedonc des modèlesintermédiaires, ef le mêmeanimateur,lemêmegroupe, dansdesconditionsnouvelles,dansdescircons¬

tancesparticulières,selondessituations changeantes, lavolontédesparticipants, les prises de conscience, l'évolution des rapports sociaux (macro-sociaux et micro¬

sociaux), lesopportunités, pourrontpasserde l'un à l'autre effairedes retoursen arrière. Rienn'estjamais acquis définitivement. Lavieetla mort traversentlesindi¬

vidus,lesgroupes,les institutions, lessociété. Laréalitéestdonc toujours pluscom¬

plexequeïesschémas etconstructionsàvocationpédagogique qui ont toujoursten¬

dance à maximiser les différences en oppositions et les situations particulières en tendances générales. Lessystèmesexplicatifsquenousavons utiliséssontutilesàla connaissance, à la conditionqu'onnelestransforme pasencertitudes. Dupointde vueépistémologique, lesthéoriesen Scienceshumaines, surtoutcellesconcernant le changement social, ne sont pas des« lois», maisseulement des construdionsqui n'accèdent à la scientificité quesielles sont tenues pourpartiellesetlocales. Ainsi faut-il distinguer la notiondeloioui relèvedelatraditiondite réaliste,confondant le rationneletleréel(parexemplecriezHegel), entendant à décelerlesloisauxquelles lessystèmessociaux seraientcensésobéir,de cellede modèle,qui relèvede la tra-124 I ditionformaliste, assimilable à larecherchede «schémasd'intelligibilitésusceptibles dé~rendré~compte~de~situations~diverses~mais~auineprétendent pasàtuniversalité,-ni àcirconscrirela totalité du réel. »(P.Ansartj

Unmodèleestuneconstrudionofferte pour servir d'exemple, de représentation,per¬

mettant la reproduction,l'imitation,commec'est lecas enartplastique ou dans la mode: lastatue, letableau, la femme habillée surlestylede la hautecouture sont une imitation de la réalité, mais non l'exacte réplique de la réalité première. Le modèle,c'est un ensemblecohérentdepensées, de sentimentsefd'attitudes, d'ac¬

tionsqui dessinent et figurent une« forme»(2).

Les schémas explicatifs colledés dans notreouvrage ef résumés au débutde cet article tendent à nous ramener souvent, chacun pour leurpart, à l'unicité par la survalorisafion du système ou celle du sujet. Pour ce qui nous concerne, notre approcherestecelledel'unitéetde ladiversitédumonde del'animation. Comment 2 - L'imprévisibilitédessituationssocialestellesqueY.Barellesconsidère àtravers leconcept d'« indécidabilité» nousengageencoreplusavant à retenircommepertinentela méthode plus«soft»dumodèle.

RECHERCHEet FORMATION 23 - 1996 Praxéologie del'animationprofessionnelle

Un second modèle que l'on pourrait qualifierd'« animation abstaite », plutôt à valeur d'échange, correspondrait àuntyped'animationqui, outre la consommation possible deproduits, seraitunlieu de création, de transfertdevaleurssymboliques del'intérieurversl'extérieur,unvedeurpossibled'unéchangeplutôtabstraitautour de la question fondamentale qui concernerait toute lasociété:celledelastructura¬

tion du lien social.

Bien sûr, leschémaquenousproposons (voirplusloin, schémaA),nel'estqu'àtitre indicatif. Il repose plus sur une certaine représentation des pratiques d'animation que sur la réalitédecespratiques. Ilexistedonc des modèlesintermédiaires, ef le mêmeanimateur,lemêmegroupe, dansdesconditionsnouvelles,dansdescircons¬

tancesparticulières,selondessituations changeantes, lavolontédesparticipants, les prises de conscience, l'évolution des rapports sociaux (macro-sociaux et micro¬

sociaux), lesopportunités, pourrontpasserde l'un à l'autre effairedes retoursen arrière. Rienn'estjamais acquis définitivement. Lavieetla mort traversentlesindi¬

vidus,lesgroupes,les institutions, lessociété. Laréalitéestdonc toujours pluscom¬

plexequeïesschémas etconstructionsàvocationpédagogique qui ont toujoursten¬

dance à maximiser les différences en oppositions et les situations particulières en tendances générales. Lessystèmesexplicatifsquenousavons utiliséssontutilesàla connaissance, à la conditionqu'onnelestransforme pasencertitudes. Dupointde vueépistémologique, lesthéoriesen Scienceshumaines, surtoutcellesconcernant le changement social, ne sont pas des« lois», maisseulement des construdionsqui n'accèdent à la scientificité quesielles sont tenues pourpartiellesetlocales. Ainsi faut-il distinguer la notiondeloioui relèvedelatraditiondite réaliste,confondant le rationneletleréel(parexemplecriezHegel), entendant à décelerlesloisauxquelles lessystèmessociaux seraientcensésobéir,de cellede modèle,qui relèvede la tra-124 I ditionformaliste, assimilable à larecherchede «schémasd'intelligibilitésusceptibles dé~rendré~compte~de~situations~diverses~mais~auineprétendent pasàtuniversalité,-ni àcirconscrirela totalité du réel. »(P.Ansartj

Unmodèleestuneconstrudionofferte pour servir d'exemple, de représentation,per¬

mettant la reproduction,l'imitation,commec'est lecas enartplastique ou dans la mode: lastatue, letableau, la femme habillée surlestylede la hautecouture sont une imitation de la réalité, mais non l'exacte réplique de la réalité première. Le modèle,c'est un ensemblecohérentdepensées, de sentimentsefd'attitudes, d'ac¬

tionsqui dessinent et figurent une« forme»(2).

Les schémas explicatifs colledés dans notreouvrage ef résumés au débutde cet article tendent à nous ramener souvent, chacun pour leurpart, à l'unicité par la survalorisafion du système ou celle du sujet. Pour ce qui nous concerne, notre approcherestecelledel'unitéetde ladiversitédumonde del'animation. Comment 2 - L'imprévisibilitédessituationssocialestellesqueY.Barellesconsidère àtravers leconcept d'« indécidabilité» nousengageencoreplusavant à retenircommepertinentela méthode plus«soft»dumodèle.

RECHERCHEet FORMATION 23 - 1996

Jean-ClaudeGILLET

rendrecomptedecette«dialogique»? Nousproposonsleconceptde« modélisa¬

tion »pourintégrercetécueil, avec ladéfinition suivante: «Actiond'élaboration et de construction intentionnelle,parcompositiondesymboles,de modèlessusceptibles derendre intelligibleunphénomèneperçucomplexe, etd'amplifierleraisonnement de l'acteur projetantune intervention délibéréeau sein duphénomène; raisonne¬

ment visant notamment àanticiperles conséquences de cesprojets d'actionspos¬

sibles. »(J.L. Lemoigne) Si nousposonscommehypothèse que l'animation, comme phénomène complexe, peut être appréhendée,suite à la démarchepsychosociolo¬

giqueetpraxéologiquequiestla nôtre,selondeuxmodèles(lepremier consomma-toire, àvaleurd'usage, lesecondde transfert,à valeur d'échange), nouspouvons affirmeren mêmetemps, pour reprendre la terminologie deF. deSaussure,qu'au¬

tour du signe animations'unissent un signifiant, comprenantune « imageacous¬

tique», etdeux «signifiés »dérivés, qui «ontl'avantagedemarquerl'opposition quilesséparesoitenteeux,soitdutotal dontilsfontpartie.»Ilnousfauttravailler cettedualité(etmêmecettetriangulation) par l'élaborationd'une modélisation qui nouspermette decomprendreetdedonnerdusensàcettecomplexité:àla méthode explicative qui simplifieun systèmecompliquépouren découvrirson intelligibilité, nouspréférons une méthode comprehensivequimodéliselesystèmecomplexepour construireparapprochessuccessivesetcorrectives sonintelligibilité.

Enconséquence, lafonctiond'animation,danssonapproche psychosociologique et praxéologique, nousinvite àdégager detoutesituationd'animation septinvariants constitutifs (placés dans la colonne degauchedenotre tableau àdoubleentrée). Il

s'agitd'items centraux quel'on retrouve à la croiséedes sous-fonctionsdeproduc¬

tion, de facilitation et d'élucidation, à savoirle FAIRE (de l'ordre de l'objectifdu groupe),le(s) PARTICIPANT(S) (y compris l'animateur)qui composent le groupe, le TEMPS (danssonaspedde gestion et de duréepour atteindre l'objectif), T'INSTITU-TION (quiest lecadrejuridico-politiquedel'intervention),le UENSOCIAL (quistruc¬

ture le processusd'animationà/la foisàl'intérieur dugroupe ainsi que dansson rap¬

port à l'extérieur), la STRATÉGIE (qui représente l'adaptation des moyens aux objectifs del'animation)etenfinla PHILOSOPHIE (qui sous-tend lesfinalités del'in¬

tervention).

Àcesseptinvariantssecombinentdesvariables pertinentes qui structurentlesdeux modèles d'animation dont nous avons envisagé l'hypothèse (partie de droite de notre tableau). Selon lesdeux modèles, chaquesignifiant pourrait nous proposer, chaque fois, une alternative de signifiés :

-

lefaire : adivité/action

-

leparticipant : agent/adeur

-

letemps : programme/projet

-

l'institution : institué/instituant

-

lelien social : socialisation/sociabilité

-

lastratégie : consensus/conflit

-

laphilosophie: pratique/praxis.

RECHERCHEetFORMATION 23 - 1996

125

Jean-ClaudeGILLET

rendrecomptedecette«dialogique»? Nousproposonsleconceptde« modélisa¬

tion »pourintégrercetécueil, avec ladéfinition suivante: «Actiond'élaboration et de construction intentionnelle,parcompositiondesymboles,de modèlessusceptibles derendre intelligibleunphénomèneperçucomplexe, etd'amplifierleraisonnement de l'acteur projetantune intervention délibéréeau sein duphénomène; raisonne¬

ment visant notamment àanticiperles conséquences de cesprojets d'actionspos¬

sibles. »(J.L. Lemoigne) Si nousposonscommehypothèse que l'animation, comme phénomène complexe, peut être appréhendée,suite à la démarchepsychosociolo¬

giqueetpraxéologiquequiestla nôtre,selondeuxmodèles(lepremier consomma-toire, àvaleurd'usage, lesecondde transfert,à valeur d'échange), nouspouvons affirmeren mêmetemps, pour reprendre la terminologie deF. deSaussure,qu'au¬

tour du signe animations'unissent un signifiant, comprenantune « imageacous¬

tique», etdeux «signifiés »dérivés, qui «ontl'avantagedemarquerl'opposition quilesséparesoitenteeux,soitdutotal dontilsfontpartie.»Ilnousfauttravailler cettedualité(etmêmecettetriangulation) par l'élaborationd'une modélisation qui nouspermette decomprendreetdedonnerdusensàcettecomplexité:àla méthode explicative qui simplifieun systèmecompliquépouren découvrirson intelligibilité, nouspréférons une méthode comprehensivequimodéliselesystèmecomplexepour construireparapprochessuccessivesetcorrectives sonintelligibilité.

Enconséquence, lafonctiond'animation,danssonapproche psychosociologique et praxéologique, nousinvite àdégager detoutesituationd'animation septinvariants constitutifs (placés dans la colonne degauchedenotre tableau àdoubleentrée). Il

s'agitd'items centraux quel'on retrouve à la croiséedes sous-fonctionsdeproduc¬

tion, de facilitation et d'élucidation, à savoirle FAIRE (de l'ordre de l'objectifdu groupe),le(s) PARTICIPANT(S) (y compris l'animateur)qui composent le groupe, le TEMPS (danssonaspedde gestion et de duréepour atteindre l'objectif), T'INSTITU-TION (quiest lecadrejuridico-politiquedel'intervention),le UENSOCIAL (quistruc¬

ture le processusd'animationà/la foisàl'intérieur dugroupe ainsi que dansson rap¬

port à l'extérieur), la STRATÉGIE (qui représente l'adaptation des moyens aux objectifs del'animation)etenfinla PHILOSOPHIE (qui sous-tend lesfinalités del'in¬

tervention).

Àcesseptinvariantssecombinentdesvariables pertinentes qui structurentlesdeux modèles d'animation dont nous avons envisagé l'hypothèse (partie de droite de notre tableau). Selon lesdeux modèles, chaquesignifiant pourrait nous proposer, chaque fois, une alternative de signifiés :

-

lefaire : adivité/action

-

leparticipant : agent/adeur

-

letemps : programme/projet

-

l'institution : institué/instituant

-

lelien social : socialisation/sociabilité

-

lastratégie : consensus/conflit

-

laphilosophie: pratique/praxis.

RECHERCHEetFORMATION 23 - 1996

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Praxéologie del'animationprofessionnelle

Onaboutitau schémamodélisant suivant (tableauà doubleentrée):

126

Les invariantsdes situationsd'animation

lefaire

leparticipant(ycompris l'animateur)

letemps l'institution leliensocial la stratégie laphilosophie

Lesvariables des situationsd'animation Modèle

consommatoire variablesA adivité

agent

programme institué socialisation consensus

pratique

Modèle dutransfert

variablesB

adion acteur versleprojet instituant sociabilité conflit praxis SchémaAdesmodèlesthéoriquesd'animation

Ayantainsidégagéunschémade compréhension intelligente(certesprovisoire)des situationsd'animation, notreouvrage passe à la phased'une étude permettant de reconstituerlesparamètresnécessaires à lacompréhensionde celles-ci,pourvalider notre théorie fondée sur les critères usuelsde la preuve etde la réfutabilité, inhé¬

rentes àtouterecherche : nousen ferons ici l'économie dans unarticle parnature informafif. Disonscependantque l'ensembledesitems présentésicidefaçonrapide sonttravaillés dans uneconstrudion théorique soumiseàvalidationempirique par la relecture qu'elle autorise de quatorzecasd'animations concrètes. L'épreuvedes faitsconsisteà présenteruncas pourchaquealternativedesseptcouplesdesigni¬

fiésentrant danslemodèle.Ils'agitd'une description armée, avecl'ambitiondepro¬

poser un instrumentde lecture systémiqueef structurée des situations d'animation dontnousavonsété letémoin, l'observateur etparfoisaussil'acteur,depuis plusde dixans. Desnotes personnellespourgarder la mémoire decesobservations, d'en¬

tretiens avecles professionnelsconcernés, de communications lorsdecolloaues ou d'écrits de rechercheaccumulésdanscettepériode, constituent donc labasedenotre documentation. Lapertinencedenotre modélisationestainsimise enquestionàpar¬

tirdeseptcouplesde variables, chaque couple représentépardeuxcas successifs.

RECHERCHE etFORMATION N" 23 - 1996 Praxéologie del'animationprofessionnelle

Onaboutitau schémamodélisant suivant (tableauà doubleentrée):

126

Les invariantsdes situationsd'animation

lefaire

leparticipant(ycompris l'animateur)

letemps l'institution leliensocial la stratégie laphilosophie

Lesvariables des situationsd'animation Modèle

consommatoire variablesA adivité

agent

programme institué socialisation consensus

pratique

Modèle dutransfert

variablesB

adion acteur versleprojet instituant sociabilité conflit praxis SchémaAdesmodèlesthéoriquesd'animation

Ayantainsidégagéunschémade compréhension intelligente(certesprovisoire)des situationsd'animation, notreouvrage passe à la phased'une étude permettant de reconstituerlesparamètresnécessaires à lacompréhensionde celles-ci,pourvalider notre théorie fondée sur les critères usuelsde la preuve etde la réfutabilité, inhé¬

rentes àtouterecherche : nousen ferons ici l'économie dans unarticle parnature informafif. Disonscependantque l'ensembledesitems présentésicidefaçonrapide sonttravaillés dans uneconstrudion théorique soumiseàvalidationempirique par la relecture qu'elle autorise de quatorzecasd'animations concrètes. L'épreuvedes faitsconsisteà présenteruncas pourchaquealternativedesseptcouplesdesigni¬

fiésentrant danslemodèle.Ils'agitd'une description armée, avecl'ambitiondepro¬

poser un instrumentde lecture systémiqueef structurée des situations d'animation dontnousavonsété letémoin, l'observateur etparfoisaussil'acteur,depuis plusde dixans. Desnotes personnellespourgarder la mémoire decesobservations, d'en¬

tretiens avecles professionnelsconcernés, de communications lorsdecolloaues ou d'écrits de rechercheaccumulésdanscettepériode, constituent donc labasedenotre documentation. Lapertinencedenotre modélisationestainsimise enquestionàpar¬

tirdeseptcouplesde variables, chaque couple représentépardeuxcas successifs.

RECHERCHE etFORMATION N" 23 - 1996

Jean-ClaudeGILLET

D'UNE MODELISATION A UNE

AUTRE EN PASSANT