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tradition grammaticale

3.2. Descriptif des modes et temps

3.2.2. Mode subjonctif

Le terme « subjonctif » vient du latin subiungo et évoque la soumission, la subordination. Le lien de dépendance principale-subordonnée est donc assimilé à une dépendance hiérarchique comme si la forme utilisée dans la principale dominait celle de la subordonnée et lui en imposait de fait la forme. Soit l'énoncé : quiero que vengas, la relation univoque de subordination serait illustrée par le schéma suivant :

Fig. 1 : Lien de subordination vu comme une dépendance hiérarchique

Un synonyme du lien de subordination, l'hypotaxe (du grec : hypo = dessous) souligne une fois de plus la hiérarchie entre l'énoncé principal et le subordonné. Or « on pose que le verbe principal régit le verbe subordonné, et de là, il n'y a qu'un petit pas à franchir

160 Op. cit.

161 J.-C. Chevalier, op. cit., p. 68.

162 Selon l'expression de Jacques Damourette et Édouard Pichon.

quiero Proposition

Principale Indicatif Verbe régissant

quiero

que vengas Proposition

subordonnée Subjonctif Verbe régi

pour poser que le temps du verbe principal régit le temps du verbe subordonné163 ». Maurice Molho associe l'idée regardante de la proposition principale à l' « idea mayor164 » et l'idée regardée de la subordonnée à l'« idea menor ». Or, comme le fait remarquer Christian Touratier :

[L]e couple subordonnée ~ principale invite ordinairement à voir dans la subordonnée ce qui est moins important, ce qui est secondaire, voire accessoire, par opposition à l'essentiel qui serait dans la principale. Mais à quel point de vue la subordonnée serait-elle moins importante ? Ce ne peut être au niveau du contenu du message, car, comme le remarque Sandfeld165, bien souvent ce qui est dit dans la subordonnée est précisément ce qui est le principal de la communication166.

L'exemple choisi utilise deux formes verbales quiero et vengas appartenant respectivement aux modes « indicatif » et « subjonctif », à l'instar des énoncés « modèles » proposés dans les grammaires pour décrire la CDT.

Le subjonctif est souvent associé au virtuel : « action non réalisée ou non réalisable » (Gerboin-Leroy : 224), « carácter ficticio, no real » (E. Alarcos Llorach : § 216, p.

154), « miembro marcado de la oposición irrealidad / realidad » (Esbozo RAE : § 3.15.1.),

« el subjuntivo expresa hechos que existen sólo en nuestra imaginación » (Hanssen : § 584, p. 236), « irrealidad propia del subjuntivo » (Seco : 78). Le risque est alors d'extrapoler la notion de virtualité liée à la conception du locuteur et de corréler ainsi subjonctif et irréel (termes employés par J. Bouzet et E. Alarcos Llorach).

Or la division en indicatif-mode du réel et subjonctif-mode de l'irréel n'est pas pertinente. « [H]ay contextos en los que el indicativo es irreal – así en imagínate que eres Julio César – y otros en que el subjuntivo se manifiesta como real – me molesta que no haya dicho nada167 ». En témoigne également Gustave Guillaume : « Ceux qui ont appris – ce qui est parfaitement inexact – que le subjonctif est le mode du doute s'étonneront sans doute, en y réfléchissant, de voir employer le mode indicatif après il est probable […] de même qu'après

163 Gabrielle Le Tallec-Lloret, op. cit., p. 149.

164 Maurice Molho, Sistemática del verbo español, Madrid : Gredos, 1975, vol. II, p. 363.

165 Kristian Sandfeld, Les propositions subordonnées, p. X.

166 Christian Touratier, La relative. Essai de théorie syntaxique (à partir de faits latins, français, allemands, anglais, grecs, hébreux, etc.), Peeters Publishers, 1980.

167 Angel López García, « La interpretación metalingüística de los tiempos, modos y aspectos del verbo español: ensayo de fundamentación », in Ignacio Bosque (éd.), Tiempo y aspecto en español, Madrid : Cátedra, 1990, p. 107-175, p. 136.

il est certain, l'idée de certitude excluant le doute, mais l'idée du probable l'impliquant168 ». De la même façon, Julio Borrego, José J. Gómez Asencio et Emilio Prieto affirment :

El valor general [del subjuntivo] no es la « duda », la « realidad », la « no-efectividad », la « anticipación », etc., como a menudo se dice. ¿ Es que acaso es posible hallar esos valores en todo subjuntivo que aparece con el hecho de que, las concesivas de presente, lo malo es que y tantas y tantas estructuras ? […] [C]on el subjuntivo el hablante suspende todo compromiso con la verdad de la oración porque no quiere o no es necesario afirmarla […] o porque no está en condiciones de hacerlo, podría añadirse169. [notre soulignement]

Gustave Guillaume soulignait que « le problème du mode est essentiellement un problème de visée. Le mode ne dépend à aucun degré du verbe regardé, mais de l'idée à travers laquelle on regarde ce verbe » (« l'idée regardante170 »). Le mode subjonctif est plus fréquent dans les subordonnées substantives dont l'idée regardante est hypothétique, ce qui dépend entre autres du sémantisme du verbe de la proposition principale. Comme le résume Paul Imbs171 : « le subjonctif s'emploie chaque fois que le fait relaté n'est pas entièrement actualisé, ou que sa réalité actuelle n'est pas la visée principale du sujet parlant. »

Dans son ouvrage consacré à l'emploi du subjonctif dans les subordonnées en français, Marcel Barral172 s'intéresse aux « verbes porteurs d'une idée regardante qui maintient l'idée regardée en visée, pour différentes raisons, inhérentes soit à leur sémantisme (subordination acritique), soit à une altération de ce sémantisme due à un accident syntactique ou à une pesée du locuteur (subordination critique) ».

La subordination acritique concerne les verbes ou structures perspectivantes exprimant la volition (querer, desear...), l'ordre (pedir, ordenar, mandar, exigir...), la nécessité (necesitar, requerir, es necesario que...) l'exhortation (animar, incitar, aconsejar, recomendar...), l'interdiction (prohibir, impedir...) ou le consentement (permitir, consentir, tolerar...). On peut également ajouter le factitif (hacer que...) qui consiste en une « action

168 Gustave Guillaume, Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 1938-1939, R. Valin, W. Hirtle et A. Joly (éd.), Québec : Presses de l'Université Laval, et Lille : Presses universitaires de Lille, 1992, p. 235-248 (Leçon du 28 avril 1939).

169 J. Borrego, J.G. Asencio, E. Prieto, El subjuntivo. Valores y usos, Madrid : Sociedad General Española de Librería, 1985, p. 8.

170 Cité par Michel Benaben, Manuel de linguistique espagnole, Paris : Ophrys, 1993, 262 p, p. 192.

171 Paul Imbs, op.cit., p. 49.

172 Marcel Barral, op. cit., p. 496.

exprimée par le verbe [qui] est le résultat d'une autre action accomplie par le sujet ou par d'autres que le sujet173 » et le conatif (procurar, intentar...) qui exprime l'effort174.

La subordination critique exprime un point de vue supposant une alternative non résolue entre deux options, qu'il s'agisse d'un jugement critique (es mejor que, es una lástima que...) ou d'une probabilité (es posible que, es probable que...). Ces expressions reflètent la subjectivité du locuteur.

La NGLE dresse un bilan des différentes définitions du mode subjonctif :

Se ha señalado en múltiples ocasiones que el modo subjuntivo aparece de forma destacada en una serie de contextos modales o modalizados que suelen llamarse NO FACTUALES (es decir, no reales, no verificados o no experimentados), lo que sugiere que la flexión del subjuntivo podría considerarse la manifestación en forma gramatical de las nociones abstractas que corresponden a esos contextos.

Otros autores prefieren evitar el enfoque según el cual ciertos predicados eligen ciertas inflexiones modales, y optan por una descripción más neutra, de acuerdo con el cual el significado de los predicados ha de ser compatible con el de la flexión modal. (§ 25.1c, p. 1866)

puis rejoint les analyses précédentes en affirmant la nécessité de prendre en considération les paramètres syntaxiques et lexicaux :

En general, el modo verbal es sensible al hecho de que los estados de cosas se presenten como conocidos, aprendidos, imaginados, deseados, logrados, negados o fingidos, entre otras posibilidades. No obstante, como la selección del modo por un predicado es solo una de las formas en las que esos contenidos pueden manifestarse, el análisis del modo ha de manejar a la vez variables léxicas y sintácticas. Unas y otras han de ser consideradas para analizar la forma en que el contenido proposicional se relativizan se modula o se asume en función de muy variados recursos gramaticales. (§ 25.1d, p. 1866) [notre soulignement]