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Subordonnées substantives

2.1. Les subordonnées substantives dont le verbe principal est perspectivant

2.1.4. Évolution diatopique de la (non-)concordance

2.1.4.4. Analyse critique

Après mandaron que, les 750 occurrences se répartissent de la façon suivante :

Fig. 15 : Pourcentage de non-concordance en fonction de la nature des textes

358 « Madrid comptait moins de dix mille habitants en 1560, trois fois moins que Valladolid et cinq fois moins que Tolède ». Joseph Pérez, op. cit., p. 222.

359 Rodger A. Farley, « Time and the Subjunctive in Contemporary Spanish », Hispania, 1970, vol. 53, n° 3, p. 466-475, p. 466.

mandaron que ... 

Textes non juridiques % de non-concordance :

XIIIe → 0 % (0/13) XIVe → 5 % (1/20) XVe → 10 % (18/179)

Textes juridiques

% de non-concordance : XIIIe → 0 % (0/4) XIVe → 9 % (2/22) XVe → 18 % (9/51)

Décrets royaux Documents administratifs % de non-concordance : XIIIe → 0 % (0/5) XIVe → 0 % (0/2) XVe → 75 % (341/454)

Dans le sous-chapitre 2.1. (partie 3), les verbes de volonté utilisés pour quantifier le degré d'application de la CDT sont tous conjugués à la même forme verbale : le passé actualisé (pidió que, mandaron que, ordenaron que, etc.)

Mais, tandis que la non-concordance n'est pas négligeable avec cette forme verbale, on peut se demander dans quelle mesure elle est réalisée (ou non) si l'on choisit le présent inactualisé : pedía que, mandaba que, ordenaba que, etc. On obtient ainsi la distribution suivante pour mandaba / mandava que pour chaque siècle de la période d'intérêt :

XIIIe XIVe XVe

mandaba que cantase 12 occ. (100 %) 17 occ. (100 %) 116 occ. (96,7 %)

mandaba que cante --- --- 3 occ. (2,5 %)

*mandaba que cantare --- --- 1 occ. (0,8 %)

TOTAL 12 occ. 17 occ. 120 occ.

Tableau 16 : Formes verbales utilisées après le présent inactualisé mandaba que

Comme le montre le tableau 16, les 4 exemples non concordants, outre le fait d'être numériquement marginaux (par rapport à l'ensemble des 149 occ.), datent tous de la fin du XVe siècle (après 1486). D'autre part, 2 des 3 manifestations de mandava + -e/-a proviennent de documents de nature juridique. On retrouve donc une tendance similaire à celle obtenue pour pidió que : la non-concordance tend à augmenter au fil du temps et se manifeste davantage dans les documents juridiques du XVe siècle, quoiqu'ici le niveau de non-concordance soit bien moindre360 : 2,5 % au XVe siècle pour mandaba que contre 18 % (dans les décrets royaux) et jusqu'à 75 % (dans les documents administratifs) pour mandaron que sur la même période. Mandaron et mandaban se distinguent respectivement par leur valeur actualisante et inactualisante. « Le choix du mode dans la ''principale'' peut déjà marquer que le locuteur a renoncé à relier l'événement à son actualité361 », ce qui est le cas ici avec la forme inactualisante mandaba. D'où les combinaisons les plus fréquentes :

360 En espagnol contemporain, sur 744 occurrences figurant dans la version en ligne du journal El País, pidió que peut être suivi des formes concordantes -ra (44 %), -se (14 %), de la forme non concordante -e/-a (36 %) et de la forme -e/-a guillemétée (6 %). [C. Pasquer, La concordancia de tiempos en español moderno: las subordinadas en subjuntivo, mémoire de Master 2, 2008, p. 70.]

Une recherche similaire de pedía que portant sur un échantillon plus réduit (399 occurrences) nous amène aux pourcentages suivants : -ra (74,5 %), -se (20,5 %), -e/-a (3,5 %), -e/-a guillemétée (1,5 %).

En conclusion, l'emploi de la forme -e/-a non concordante est dix fois plus faible aujourd'hui avec pedía que qu'avec pidió que.

361 G. Le Tallec-Lloret, La concordance des temps en espagnol moderne, op. cit., p. 147.

– forme verbale principale actualisante & forme verbale subordonnée actualisante ou inactualisante selon la visée du locuteur,

– forme verbale principale inactualisante & forme verbale subordonnée inactualisante.

Les exemples mandaba que + -e/-a sont non concordants si l'on se conforme à la règle de CDT qui préconise mandaba que + -se/-ra . Mais l'emploi de -e/-a au lieu de -se indique, selon la théorie des modes de G. Luquet, que le locuteur a choisi d'inscrire l'événement dans le non-révolu plutôt que de l'abstraire de tout repère temporel. C'est effectivement ce que l'on retrouve dans les différents exemples d'utilisation de la forme en -e/-a :

(49) [V1-aba/-ía que V2-e/-a] E luego el dicho señor corregidor dixo que todo lo quel dicho Benito Sánchez, procurador del conçejo del Burgo, dixo contra aquel cabeço que los sobredichos vezinos del Berraco dixeron que hera Santa Coloma, que, pues él dezía que non era aquél, que le mandava que para mañana, sábado, muestre testigos de yrformaçión cónmo non es aquél el çerro e cabeço de Santa Coloma362. [notre soulignement]

(50) [V1-a que V2-e/-a] [V1-aba/-ía que V2-e/-a] E luego los dichos señores dixeron quellos avian nonbrado procuradores que andavan en el dicho negoçio, qual cunplian, onbres honrrados y que con toda diligençia usavan los dichos ofiçios, que si aquellos non le contentavan a el, e el quería poner otros, quel los nonbre, quellos avrian plazer dello. E luego el dicho liçençiado dixo que pues a el le remitían el nonbramiento de los dichos procuradores, quel nonbrava e nonbro a Juan de Caçeres uno de los por ellos puestos, e para con el a Pedro Beltran, vezino desta dicha Villa, e les manda que, so pena de perdimiento de sus bienes para la Camara e Fisco de sus Altezas, lo açebten, e mandava que le sea notificado. E luego el dicho Juan de Caçeres que presente estava dixo quel açebtava e açebto el dicho cargo por fasta ser cunplido un año, desdel dia que començo a entender en ello.

Testigos: Diego de Logroño, vezino de Alcorcon, e Juan de Madrid e Juan de Carvoneras, vezinos de Madrid363. [notre soulignement]

Dans l'exemple (49) : la référence temporelle (mañana) est explicite et inscrit bien l'événement dans le présent-futur du locuteur. L'exemple (50) évoque la nomination de Juan de Caçeres à la fonction de procurador, charge débutant à compter du jour où il en aura pris connaissance (un año, desdel dia que començo a entender en ello) à savoir le jour de la

362 CORDE, Borrador del contenido de diligencias, 1489, Carmelo Luis López et Gregorio del Ser Quijano, Institución Gran Duque de Alba (Ávila), 1990-1991.

363 CORDE, Libro de Acuerdos del Concejo Madrileño, 1486-1492, Agustín Gómez Iglesias, Ayuntamiento de Madrid (Madrid), 1970.

requête puisqu'il était alors présent. La requête mandava que le sea notificado se justifie donc par l'existence d'une borne de début d'événement (la prise de connaissance de la notification) qui inscrit la nouvelle fonction dans le présent-futur (durée d'un an).

Et un exemple mixte -e/-a et -se (51) dans lequel les informations se situent sur deux niveaux d'inactualisation. La forme en -e/-a (mandava que los infantes y él lidien con otros tres cavalleros), la moins inactualisante, est associée à l'information de premier plan tandis que l'information située en arrière-plan (le choix des chevaliers est antérieur à la bataille les impliquant) est exprimée au moyen de la forme en -se (y los cavalleros fuessen los que el Cid diesse de su casa).

(51) [V1-aba/-ía que V2-e/-a + V2-se] Y fuese el rey para Pero Bermúdez y travóle por los cabeçones, y tomóle el espada y díxole:

- Pero Bermudes, si no me acordase de algunos grandes servicios que me avéis hecho, yo vos cortaría la cabeça.

Y desto se quexaron mucho los condes que eran de la parte de los infantes, y el rey los asosegó quanto pudo y les mandó que demandassen por justicia, que él les haría complidamente. Y el rey mandó llamar los juezes y apartóse con ellos a una cámara, y ovieron información de cómo don Suero Gonçales, tío de los infantes, fue aconsejador de la deshonra que hizieron a sus mugeres. Y por ende que mandava que los infantes y él lidien con otros tres cavalleros por salvar su derecho, y los cavalleros fuessen los que el Cid diesse de su casa. La qual sentencia el rey confirmó364. [notre soulignement]

Et un hapax en -re à l'authenticité douteuse :

(52) [V1-é/-í/-e que V2-se] [V1-aba/-ía que V2-re] Otrosí, quando se hallase que algún testigo depusiese falsamente contra persona o personas en alguna causa criminal, en la qual si se averiguase su dicho ser falso y aquel o aquellos contra quien depuso mereciese pena de muerte o otra pena corporal, que en tal caso fuese dada al dicho testigo la mesma pena, en su persona e bienes, como se le avía de dar [a] aquel o aquellos contra quien depuso, siendo su dicho verdadero. Lo qual mandó Su Alteza que se guardase en todos los delitos de qualquier calidad que fuesen. Y que en las otras causas criminales y civiles mandava que contra los dichos testigos falsos se executaren las leyes de sus reinos que contra aquellos disponían365. [notre soulignement]

Pour quantifier la (non-)concordance en fonction de la forme verbale de la proposition principale, différentes formes ont été recherchées dans le CORDE (V1-o, V1-é/-í/-e, V1-ré). Le choix du rang personnel se justifie soit par la volonté de réduire le

364 CORDE, Corónica del Çid Ruy Díaz, 1498, Nieves Baranda, Madrid : Turner Libros, 1995.

365 CORDE, Alonso de Santa Cruz, Crónica de los Reyes Católicos, 1491-1516, Juan de Mata Carriazo, Escuela de Estudios Hispano Americanos de Sevilla (Sevilla), 1951, p. II, 33.

nombre de données à dépouiller tout en conservant un échantillon représentatif (par exemple manda que renvoie plus de 600 occ., tandis que mandan que renvoie 251 occ.), soit pour lever des ambigüités (mande que / mandé que ; mando que / mandó que). La forme mandaria / mandaría renvoie ici indistinctement aux personnes de rang 1 et 3 à la différence de mandan (rang 6) et mandaré (rang 1).

cante cantase TOTAL

mandan que...(p6) 235 (99,2 %) 2 occ. (0,8 %) 237 occ.

mandaré que… (p1) 7 occ. (100 %) 7 occ.

mandaria (mandaría) que... (p1 + p3) 8 occ. (100 %) 8 occ.

Tableau 17 : Pourcentage de (non-)concordance après les formes mandan que, mandaré que et mandaría que

Ici encore, les deux non-concordances mandan que + -se datent de la fin du

XVe siècle – et proviennent de documents juridiques madrilènes : Libro de Acuerdos del Concejo Madrileño de 1486-1492 et de 1498-1501. Leur faible représentativité (0,8 %) incite à considérer la validité de cette combinaison avec prudence. Les formes en -e/-a concordantes sont au contraire représentées dans divers registres : juridique, récit (Amadís de Gaula, traduction de l'Énéide, etc.), historiographie, médecine, agriculture, héraldique, traités, mémoires, etc. Autre point commun des deux formes non concordantes : l'emploi d'une négation avant la forme en -se : « Madrid, 1 de julio de 1499 […] mandan que no uviese puercos en esta Villa », « mandan que no se guardase ». Il existe une autre version, antérieure et cette fois concordante, du premier exemple dans le Libro de Acuerdos del Concejo Madrileño (1493-1497) : « Madrid, 2 de marzo de 1496 […] sus Altezas entendieron ser conplidero a su serviçio e al bien e linpieza a salud de la dicha Villa non uviese puercos en ella ni en sus arravales ».

Les formes mandaré que et mandaría que ne permettent pas d'établir des statistiques, faute d'un nombre suffisant d'occurrences. On remarque toutefois l'absence de non-concordances dans les quinze exemples collectés.

2.2. Substantives dont le verbe principal