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1.3. Concordance des temps, concordance des modes

1.3.2. Exemples non concordants

D'après la RCT des grammaires françaises, le choix entre les formes subordonnées du mode dit « subjonctif » -e/-a d'une part et -ra~se d'autre part, dépend uniquement de la forme verbale du verbe situé dans la proposition principale. Les formes dites « subjonctif présent » ou « subjonctif imparfait » (si l'on s'en tient aux formes non auxiliées) semblent appartenir à deux compartiments étanches : la sphère du présent-futur et celle du passé. Selon la « règle », la concordance nécessite logiquement de faire coïncider un V1 au présent avec la forme subjonctive associée au présent-futur (-e/-a). De même, un V1 au passé doit être accompagné d'un V2 aux formes en -ra~se. Évoquer la non-concordance revient alors à constater (puisqu'il s'agit d'« exceptions » relevées à l'oral, dans la presse, etc.) une perméabilité des deux compartiments -e/-a et -ra~se lorsqu'une forme est employée au lieu de celle prescrite par la RCT :

(1) [E]l dicho Rodrigo Barragan pidio que las obedezca e cunpla en todo90. (-e/-a au lieu de -ra~se)

(2) [S]i non oviese benefiçio manda que fuese de la yglesia onde seruia ca razon es que aquella sea su heredera que lo allego a dios pues que otro pariente non avia91. (-ra~se au lieu de -e/-a)

La seconde possibilité n'est envisagée dans aucune des grammaires françaises consultées (Bouzet, Ligatto-Salazar, Bedel, Coste-Redondo, Gerboin-Leroy, J. de Bruyne). On la trouve en revanche dans l'Esbozo (No creen que hubiera tales caballeros en el mundo [notre soulignement], p. 520) avec un verbe principal non perspectivant (CREER)92. Dans les

90 CORDE, Libro de Acuerdos del Concejo Madrileño, 1486-1492, Agustín Gómez Iglesias, Ayuntamiento de Madrid (Madrid), 1970.

91 CORDE, Siete Partidas de Alfonso X. BNM I 766, 1491, Pedro Sánchez Prieto, Universidad de Alcalá de Henares (Alcalá de Henares), 2004, p. I, 68V.

92 En italien également « on peut employer un imparfait du subjonctif dans une subordonnée dépendant d'un verbe principal au présent, ex.''credo che tu avessi ragione'' (''je crois que tu avais raison''). » Paul Teyssier, Comprendre les langues romanes, Paris : Chandeigne, 2004, p. 275.

grammaires françaises qui traitent de la non-concordance, la combinaison systématiquement citée est du type pidió que sea, dans laquelle sea remplace la forme concordante fuera / fuese.

En ce qui concerne les grammaires espagnoles, les cas de non-concordance sont qualifiés de « casos especiales de concordancia » (Esbozo), de « casos no canónicos de concordancia de tiempos » (GDLE) ou d'« alteraciones » (Gili Gaya). On n'observe pas de cohérence vis-à-vis de la classification en cas concordants (codifiés +CDT) ou non (-CDT), qu'il s'agisse de la comparaison entre grammaires françaises et espagnoles ou même entre la grammaire normative de la Real Academia et la grammaire descriptive GDLE :

Exemples Gram. fr. Esbozo empresa dentro de unos días y se vaya a trabajar a una multinacional.

(8) El general ordena que se reforzaran los puestos avanzados Tableau 2 : Répartition des cas concordants ou non concordants en fonction des grammaires

La première combinaison présentée dans le tableau 2, pidió que sea, est toujours considérée comme une exception à la CDT dans les grammaires françaises. Dans les grammaires espagnoles on peut distinguer trois configurations : soit la combinaison est en dehors de la CDT (GDLE), soit elle est considérée comme une application normale de la CDT (la concordantia temporum tiene lugar en español del modo siguiente [...] chez Gili Gaya, « la gramática no rechaza oraciones como [el ejemplo 5] »), soit la mise en jeu des mêmes formes verbales amène à considérer l'exemple comme concordant (exemple (3) ou non (ex. 4) comme

93 La codification ± CDT indique que, pour une même combinaison de formes verbales (V1-é/í-e et V2-e/-a), certains des exemples sont considérés comme concordants et d'autres non.

94 Exemple qualifié d'« alteración ».

95 « Con los demás verbos [i.e. verbes qui ne sont pas de volonté] en presente o futuro, el subordinado puede hallarse en cualquier tiempo » (§ 221, p. 292).

on le remarque dans l'Esbozo. Dans la NGLE, la combinaison pidió que sea est mentionnée à trois reprises, dont deux justifiées par le doble acceso. La première fois (§ 24.8n, p. 1854) sans limitation (ex. 6) tandis que la seconde fois, cette association apparaît limitée à certaines aires géographiques d'Amérique et principalement au langage « popular o coloquial » (§ 24.8q, p. 1856) alors qu'en « español general de hoy se prefiere […] fuera o fuese ».

La prise en considération de facteurs géographiques amène également Alexandre Veiga96 à interpréter les deux séries d'exemples ci-après (initialement mentionnées par Kany97).

a. la date du prêt n'est pas spécifiée :

a1. fui a verla para que me prestara~se un libro a2. fui a verla para que me preste un libro

b. la date du prêt est antérieure au moment d'énonciation : b1. fui a verla para que me prestara~se el libro y me lo prestó b2. fui a verla para que me preste el libro y me lo prestó

L'emploi de la forme en -e/-a dans l'exemple a2 est caractéristique, selon l'auteur qui reprend les propos de Lapesa98, de « gran parte de Suramérica » tandis qu'en a1 : « En español peninsular, cuando el contenido modal es el del SUBJ 0 [dont les caractéristiques modales sont : subjetivo + no irreal99], la expresión de las tres relaciones [temporales pos-pretérito, co-pretérito y pretérito] sigue siendo encomendada por el sistema a cantara~se. »

Lorsque l'événement s'inscrit dans le passé, « en español resulta aceptable, por ejemplo, una secuencia como la de [b1], y no, en cambio, la correspondiente construcción con cante […]. En el ejemplo de [b2], en cambio, resulta perfectamente gramatical en las áreas geográficas en que se ha producido la decadencia en el uso de las formas en -ra~se y la consiguiente extensión de cante a significados temporales de anterioridad originaria en un proceso de reconstrucción diacrónica que ofrece visibles concomitancias con lo sucedido en el subjuntivo francés, aunque los resultados no hayan sido enteramente idénticos. »

96 Alexandre Veiga, « Las formas verbales subjuntivas. Su reorganización modo-temporal », in Concepción Company Company (éd.), Sintaxis histórica de la lengua española, Primera parte : la frase verbal, México : UNAM, 2006, vol. 1, p. 95-240, p. 135.

97 Charles Kany, Sintaxis hispanoamericana, Madrid : Gredos, 1945/1969, p. 221.

98 Rafael Lapesa, Historia de la lengua española, Madrid, Gredos, 1942/1981, p. 591.

99 Voir Alexandre Veiga, « Las formas verbales subjuntivas... », op. cit., p. 120.

Dans les constructions du type « fui a verla para que me preste un libro », Rafael Lapesa avance deux hypothèses pour expliquer l'emploi de la forme en -e/-a quand l'événement subordonné est antérieur au moment d'énonciation. Il s'appuie sur le constat de leur existence au XVIe siècle dans les Comentarios Reales de Garcilaso de la Vega, El Inca.

Voici à titre d'exemple un énoncé non concordant au regard de la RCT (prétérit en liaison avec une forme en -e/-a), :

(10) De un aviso que una fantasma dio al principe para que lo lleve a su padre100. Il pourrait s'agir d'un « antecedente de un rasgo de la sintaxis hispanoamericana (ya señalado por Kany), especialmente en América del Sur […] [y son] habituales en escritores chilenos, bolivianos, ecuatorianos (sobre todo), en el habla argentina, etc. Para tal fenómeno se ha pensado en el influjo del quechua, lo que se apoyaría en que algunos de los primeros ejemplos se den en el Inca Garcilaso. Pero puede basarse también en un rasgo general del español del

XVI, eliminado luego, y sólo persistente en zonas con influjo de sustrato quechua101. »

A. Veiga « corrige » l'énoncé c1 (« construcción hispanoamericana102 »), dans lequel la forme en -ría de la principale est associée à deux formes en -e/-a, par l'énoncé c2 (« tal como exige el español peninsular ») :

c1. a ellas les gustaría que él les HABLE... a ellos les gustaría que ella GRITE...

[Mujeres alteradas103, 23]

c2. a ellas les gustaría que él les HABLARA~-SE... a ellos les gustaría que ella

GRITARA~-SE... [Mujeres alteradas, 23]

Contrairement aux grammaires françaises, il n'y a pas de consensus sur ce point dans les grammaires espagnoles. De plus, comme le montre le tableau 2, deux combinaisons sont absentes de la présentation de la CDT dans les grammaires françaises : creo que fuera et creeré que fuera. Mais étant donné que la RCT consiste en une distribution complémentaire des formes -e/-a et -ra~se, et que les formes pido et pediré sont systématiquement associées à la forme -e/-a, de telles associations seraient certainement jugées non concordantes. En revanche, pour l'Esbozo, ces deux combinaisons ne font pas partie de la catégorie des casos

100Garcilaso, Comentarios Reales, IV, Ch. XXI, cité par R. Lapesa, Estudios de morfosintaxis histórica del español (2 vol.), Madrid : Gredos, 2000, vol. 2, p. 874.

101 Rafael Lapesa, op. cit. p. 874.

102 Alexandre Veiga, « Las formas verbales subjuntivas.. », op. cit., p. 223.

103 Maitena, Mujeres alteradas 3, Buenos Aires-México : Atlántida, 1997.

especiales de concordancia, il s'agit donc de cas « normaux », à la différence de la GDLE qui inclut pido que fuera dans les cas non canoniques.

Par ailleurs, en espagnol médiéval, on remarque la présence de formes indicatives au lieu de la forme subjonctive attendue dans les subordonnées temporelles du type vendré cuando podré (au lieu de cuando pueda). Il s'agirait donc d'un autre type de concordance (intra-modale et non inter-modale). Par conséquent, la définition la plus large de la non-concordance intègre toutes les combinaisons distinctes de celles du tableau 1 (p. 38).

La nature à la fois descriptive et contrastive des grammaires destinées aux apprenants francophones implique que la RCT soit décrite mais jamais expliquée. Pour Jean-Claude Chevalier, parler d'« affinité » pour rendre compte de la CDT est « une façon de nommer ce que l'on ne comprend pas104 ». Seuls les exemples non concordants, dans la mesure où ils sont mentionnés, font l'objet d'une approche explicative dont la finalité est de ne pas contredire la validité de la RCT, puisque ce sont des nuances liées au contexte qui justifient les emplois non concordants. Ainsi, pour expliquer des exemples du type pidió que sea :

– dans l'exemple (6) de la NGLE, « vaya está orientado prospectivamente, en cuanto que se refiere a un hecho futuro, pero también está orientado en relación con negó.

Presenta, por tanto, una doble orientación temporal105. »

– dans l'Esbozo, à propos des « casos especiales de concordancia », il est dit qu'il s'agit d' « excepciones [que] deben ser explicadas en cada caso por el contexto, que puede alterar la relatividad temporal de los verbos subordinante y subordinado106 ».

– dans la NGLE (§ 24.7r) : « La gramática no rechaza oraciones como Le reprocharon duramente que abandone la empresa dentro de unos días y se vaya a trabajar en una multinacional, donde abandone (V2) significa ''vaya a abandonar'', es decir expresa una situación posterior a V1. »

104 Jean-Claude Chevalier, Verbe et phrase (Les problèmes de la voix en espagnol et en français), Paris : Éditions hispaniques, 1978, p. 60.

105 NGLE, op. cit., § 24.8n, p. 1855. [Notre soulignement]

106 Esbozo, op. cit., p. 519. [Notre soulignement]

– dans la Grammaire de l'espagnol moderne de Bedel : « cet emploi du subjonctif présent se justifie généralement par le fait que l'action envisagée, même dépendant d'un verbe au passé, est vue dans une perspective présente ou future107. »

– dans la Grammaire de l'espagnol courant (D. Ligatto, B. Salazar, 1993) : rechazó que su propósito sea acceder a la independencia de Cataluña [notre soulignement],

« l'association d'un prétérit et d'une forme en a/e [est] justifiée par un “procès postérieur […] envisagé comme non accompli”108. »

– dans la Grammaire d'usage de l'espagnol contemporain de Gerboin-Leroy : « la volonté qui s'est bien exprimée dans le passé sera éventuellement suivie d'effet (subjonctif) dans le présent ou dans l'avenir (présent de ce subjonctif)109. »

– dans la grammaire de J. de Bruyne : « Après les verbes exprimant l'ordre, la volonté, le souhait ou l'interdiction, on peut avoir dans la subordonnée n'importe quel temps du subjonctif, à condition que la forme verbale choisie indique une action QUI SUIT celle du verbe principal110. »

– dans le Curso superior de sintaxis española (Gili Gaya), après un verbe de volonté,

« el tiempo subordinado debe ser posterior al del verbo principal111 ».

Toutes ces explications présentent un même défaut, celui de considérer que le « temps » subordonné au subjonctif se situe sur la même ligne temporelle mais dans l'au-delà du

« temps » principal à l'indicatif, comme s'il existait une « relación temporal » (Gili Gaya,

§ 221 bis) entre pidió et sea. Le concept du « doble acceso » est utilisé dans la NGLE pour justifier que « la sintaxis no excluye la posibilidad de que V2 se oriente en relación con el momento del habla, además de respecto de V1112 ».

Les explications associées aux cas non concordants rejoignent celles que l'on retrouve en français dans la dernière édition du Bon usage113 publiée du vivant de Grevisse (1980). Comme le soulignent Laurence Rosier et Marc Wilmet, « L'auteur […] commence par

107 Jean-Marc Bedel, op.cit., p. 466. [Notre soulignement]

108 Dolores Ligatto, Béatrice Salazar, Grammaire de l'espagnol courant, Paris Milan Barcelone : Masson, 1993, p. 262. [Notre soulignement]

109 P. Gerboin, C. Leroy, op. cit., p. 224-227. [Notre soulignement]

110 Op. cit., p. 646. [Notre soulignement]

111 Op. cit., § 220, p. 292. [Notre soulignement]

112 Op.cit., § 24.8i, p. 1853.

113 Maurice Grevisse, Le bon usage, 11e éd., 1980.

se distancier des ''règles mécaniques'', appliquées ''sans discernement'' (§ 2728), étant donné qu'il est permis d'observer tantôt une concordance ''qui règle le temps de la subordonnée par rapport au temps du verbe principal'' et tantôt une discordance qui marque le temps de la subordonnée par rapport au moment où l'on parle ». En d'autres termes, « les dérives sont traditionnellement imputées à des éléments contextuels perturbateurs114 », ce qui est le cas chez Gili Gaya quand il affirme « la presencia de complementos circunstanciales de tiempo puede alterar asimismo la relación entre el verbo principal y el subordinado115 ».

En définitive, comme le résume Gabrielle Le Tallec-Lloret, les justifications proposées sont des « pirouettes » consistant à « exclure le locuteur lorsque l'on juge que les temps d'événement concordent, mais [à] le réintégrer dans l'interprétation lorsque les temps d'événement ne concordent plus et qu'on a besoin, une fois de plus, d'assimiler un présent linguistique – le « subjonctif présent » – au présent d'expérience116 ».

Une autre critique peut être soulevée : « dès lors qu'un temps dans un certain type d'emploi contextuel ne peut plus être interprété comme véhiculant une information temporelle, il est considéré comme véhiculant une information modale117. »

Face aux cas non concordants, une dernière « pirouette » consiste à assimiler une forme verbale non concordante à une forme verbale concordante. La forme verbale originale n'est donc pas considérée pour ce qu'elle est, mais pour ce qu'elle devrait ou aurait dû être, éliminant du même coup ses particularités pour mieux satisfaire à la « règle ». La RCT est alors contournée en attribuant une forme verbale à une autre sphère temporelle. Par exemple, lorsque le verbe principal est conjugué à la forme en -ría :

El condicional (imperfecto o perfecto) es hipotético, de modestia o de cortesía (casos estos últimos en que expresa en realidad tiempo presente); el presente y el perfecto de subjuntivo tienen sus valores normales.

(1) Querría que estés aquí antes de las 12.

(2) Sería bueno que no te pongas más esa chaqueta.

(3) Yo no diría que Adolfo sea el más guapo.

(4) Haz lo que quieras, pero me parecería mejor que te quedes en casa.

(5) (Si pudiera) Te ordenaría que no te muevas de aquí.

114 Laurence Rosier, Marc Wilmet « La ''concordance des temps'' revisitée ou de la ''concordance'' à la ''convergence'' », Langue française, 2003, n° 138, p. 97-110, p. 97.

115 Gili Gaya, op. cit., p. 293, § 221 bis.

116 Gabrielle Le Tallec-Lloret, op. cit..

117 Jean-Paul Confais, Temps, mode, aspect. Les approches des morphèmes verbaux et leurs problèmes à l'exemple du français et de l'allemand, 2e éd., Toulouse : Presses universitaires du Mirail, 1995, p. 21.

(6) Yo lo haría, si fuese necesario, para que te quedes tranquilo.

(7) Sería una vergüenza que haya dejado a la familia en la miseria.

(8) Francamente, preferiría que no te hayas mojado los pantalones.

[…] En todos estos casos es posible usar imperfecto o pluscuamperfecto de subjuntivo en el verbo subordinado, de acuerdo con la regla general, pero el hablante ha usado presente para marcar más explícitamente que se trata de acciones presentes (3), o futuras (1), (2), (4), (5), (6), con respecto al momento en que se habla; y ha usado pretérito perfecto para señalar con toda nitidez y claridad que la acción ha terminado recientemente [o que, en realidad, el hablante no sabe si de hecho la acción se ha llegado a producir o no; véanse, en este sentido, los casos (7) y (8), por ejemplo].

En realidad estas dos últimas reglas responden al principio más general: en todas aquellas estructuras que con el verbo subordinado permitan referirse a una acción posterior o simultánea al acto de habla, es posible el presente en el verbo subordinado; véase a este respecto el ejemplo (11):

(11) Lo guardó para cuando vengas.

Si la acción es inmediatamente anterior al acto de habla, en el verbo subordinado es posible pretérito perfecto de subjuntivo118. [notre soulignement]

Citons pour conclure l'analyse de Jean-Claude Chevalier dans Verbe et Phrase à propos de la CDT en français :

[A]ujourd'hui par exemple, on fournira sans peine des exemples de

« concordance » et de « discordance ». On s'empressera bien sûr d'en déduire que l'on est là devant un idiome dans lequel A, avec une orientation inverse, possède la même extension que Ω. Mais la vérité pourrait bien être autre. Derrière pareille déduction il y a le postulat, inaperçu, que le français est un et que l'on est en droit de le considérer indépendamment de celui qui en use. De sorte que si l'on relève des variations d'un sujet à un autre on déclarera que ce ne sont que différentes exploitations d'un même système. Or cette hypothèse est loin d'aller de soi.

L'individu qui respecte la « concordance » pourrait bien user d'un système X distinct de celui qui a les préférences d'un sujet qui ne les respecte pas. Et le cas est vraisemblable d'un même individu qui, selon les moments et les circonstances, feraient usage du système X ou du système Y. Une telle supposition n'est pas plus irrecevable que celle d'une langue indépendante de ses usagers119. [notre soulignement]

118 Julio Borrego, José Gómez Asencio, Emilio Prieto, El subjuntivo. Valores y usos, Madrid : SGEL, 1985, p. 26-27.

119 Jean-Claude Chevalier, op. cit., p. 60-61.