• Aucun résultat trouvé

Les modèles de production écrite de mots 2.

2.1. Le modèle à double voie de production écrite sous dictée de Rapp et al (2002)

La spécificité du modèle de Rapp et al. (2002) réside dans le fait que les deux voies, lexicale et sous lexicale, fonctionnent en parallèle, elles sont activées simultanément dès le début du traitement. Dans un premier temps, nous présentons l’interprétation classiquement répandue de la double voie de production écrite sous dictée, puis la proposition de Rapp et al. (2002) qui propose un mécanisme spécifique d’intégration des deux voies.

La production écrite de mots sous dictée, représentée dans la Figure 14, fait intervenir la procédure d’adressage ou voie lexicale qui permet au scripteur de récupérer l’orthographe des mots connus de manière globale.

Le stimulus auditif est analysé de manière à extraire les propriétés phonétiques et acoustiques du mot. Ces informations sont alors transmises au lexique phonologique qui récupère les formes phonologiques des mots stockées en mémoire à long terme. Une fois le mot reconnu par activation dans ce lexique, l’accès au sens s’effectue par l’intermédiaire du système sémantique. Puis, cette unité va à son tour permettre l’activation d’une représentation orthographique du mot dans le lexique orthographique, spécifiant la séquence de graphèmes qui forme le mot. Cette représentation est ensuite stockée dans une mémoire tampon graphémique, qui permet de maintenir l’information active pendant le traitement des composants périphériques. Cette procédure est utilisée pour les mots familiers, connus du scripteur.

Figure 14 Représentation de l’architecture fonctionnelle classique de la production orthographique.

Dans le cas où le mot n’est pas familier, ou bien lorsqu’il s’agit d’un pseudo-mot, les processus impliqués sont différents. Dans ce cas, c’est la procédure d’assemblage ou la voie non lexicale qui va être utilisée. Cette dernière permet de construire l’orthographe d’un mot grâce à une procédure qui convertit les unités phonologiques en unités orthographiques. Après l’analyse phonétique et acoustique du mot, la représentation phonologique est stockée dans une mémoire tampon phonologique. Lorsque la forme phonologique n’est pas reconnue, c’est la procédure d’assemblage qui prend en charge son traitement. Ces informations sont ensuite transmises au système de conversion phonie-graphie. La segmentation de la séquence phonologique aboutit à des unités plus petites qui peuvent être des phonèmes, des groupes de phonèmes et/ou des syllabes. Chaque unité phonologique est ensuite associée à une unité orthographique. Cette association est réalisée sur la base des probabilités phonie-graphie les plus élevées, c’est-à-dire sur la base de la fréquence de leur occurrence dans la langue. Il semble donc évident que l’orthographe produite par cette voie aura plus de chance d’être correcte pour les mots réguliers. Les unités orthographiques sont alors assemblées, puis stockées dans la mémoire tampon graphémique. Enfin, les processus périphériques prennent en charge l’exécution motrice.

Cette interprétation classiquement répandue de la double voie de production écrite sous dictée diffère, selon Rapp et al. (2002), de leur proposition d’un mécanisme spécifique d’intégration. Selon la conception classique, illustrée dans la Figure 14, le lexique orthographique de sortie et le système de conversion phonème-graphème contactent et assemblent respectivement les représentations orthographiques qui sont maintenues actives par le buffer graphémique. Ainsi, le buffer graphémique est considéré soit comme une structure mémorielle, à laquelle est envoyée l’information orthographique, soit comme un processus partagé qui permet de maintenir l’activation des représentations orthographiques, qu’elles soient générées par le lexique orthographique de sortie ou par le système de conversion phonème-graphème.

Selon la conception de Rapp et al. (2002), représentée dans la Figure 15 ci-dessous, le lexique orthographique de sortie correspond en fait aux lexèmes orthographiques et à leurs relations avec les graphèmes. Ainsi, le lexique orthographique de la conception traditionnelle correspond, dans la conception de Rapp et al. (2002), aux connexions entre ces deux niveaux (lexèmes orthographiques et graphèmes).

La proposition d’un mécanisme spécifique d’intégration des deux voies de Rapp et al. (2002) implique d’une part, que les processus lexical et sous-lexical intègrent l’information au niveau des graphèmes et que, d’autre part, une rétroaction s’opère entre le niveau des graphèmes et le niveau des lexèmes orthographiques. Ainsi, le point clé du modèle est qu’en dictée, les processus lexical et sous-lexical sont simultanément engagés par un stimulus phonologique et les deux processus activent les éléments graphémiques candidats à partir

Figure 15 Représentation de l’intégration des processus lexical et sous-lexical en production écrite sous dictée de Rapp et al. (2002)

d’un ensemble commun d’éléments contenus dans le niveau graphémique (Rapp et al., 2002). C’est précisément parce que les deux processus activent le même ensemble d’éléments graphémiques, qu’un mécanisme d’intégration de l’information des deux processus est permis.

Ainsi, ce modèle met l’accent sur l’interaction entre les codes phonologiques et orthographiques de par l’activation conjointe des deux voies, lexicale et sous lexicale, en production écrite sous dictée.

La production écrite en copie fait également intervenir la voie d’assemblage et la voie d’adressage. Nous présentons deux modèles de copie : le premier, récent, de Kandel et al. (2017), et le deuxième de Pérez (Pérez et al., 2012; 2013) qui est particulièrement intéressant dans le cadre de notre travail, puisqu’il propose une modélisation comparative des processus impliqués en tâche de copie et de dictée.