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Chapitre 3 – Méthodologie

3.2 Considérations théoriques

3.2.5 Microentrepreneur et microentreprise

Les définitions de microentrepreneur et de microentreprise varient dans la littérature, comme le remarque entre autres Cahn (2008). Elles tendent aussi à chevaucher le travail autonome ou le fait d’être à son propre compte (Chowdhury, 2009; Azevedo, 2006; Orr et Orr, 2002), résultant en des définitions floues (« blurred »; Llanes et Barbour, 2007 :16), ces termes étant même employés de façon interchangeable en ce qui a trait aux microentrepreneurs (« We will use the terms self-employed and micro-entrepreneur interchangeably », Montes Rojas et Siga, 2009 :2670).

Les définitions de microentreprise tendent à rester relativement brèves, sommaires et techniques lorsqu’elles sont explicites, faisant plus souvent qu’autrement référence au nombre de travailleurs (presque toujours moins de 10) comme seul critère formellement retenu (voir entre autres OECD, 2017 et 2000; Kushnir et al., 2010; Montes Rojas et Siga, 2009; Cahn, 2008; Katwalo et Madichie, 2008; Shaw, 2004; Orr et Orr, 2002). Il arrive que l’absence d’une telle information ou que les pratiques locales résultent en une définition basée sur le (faible) volume des ventes (OECD, 2017; Kushnir et al., 2010). Dans quelques cas, des caractéristiques additionnelles leur sont attribuées, plutôt dans un esprit descriptif et indicatif général sans toutefois nécessairement employer ces caractéristiques comme filtres discriminants pour la sélection des activités. Par exemple, certains chercheurs mentionneront que ces activités tendent

à être informelles, de faible ampleur, au capital et aux actifs limités, tenues par une seule personne à son compte et parfois soutenue par des membres du ménage ou de la famille et comptant dans certains cas une poignée d’employés ou d’apprentis (Hassan et al., 2015; Yogendrarajah et Semasinghe, 2015; Otoo, 2012; Hiralal, 2010; Chowdhury, 2009; Montes Rojas et Siga, 2009; Cahn, 2008; Azevedo, 2006; Roy et Wheeler, 2006; Orr et Orr, 2002). Au Cameroun, Sosale et Majgaard (2016 : 30) définissent les microentreprises comme « celles de moins de 5 employés » à partir des données et des indicateurs de l’INS et de la Banque mondiale. Celles-ci représentaient 75% de toutes les entreprises au Cameroun en 2009 (Sosale et Majgaard, 2016).

Dans de nombreux cas, aucune définition explicite n’est donnée par les chercheurs et c’est donc une définition implicite se rapportant souvent aux idées et aux critères précédents ou encore aux activités faisant l’objet de programmes de microfinance qui semble être entendue de facto (Kurgat et al., 2017; Subeyr, 2017; Al Mamun et Ekpe, 2016; Hassan et al., 2015; Yogendrarajah et Semasinghe, 2015; Gichuki et al., 2014; Williams, 2014; Otoo, 2012; Saad, 2011; Madichie et Nkamnebe, 2010). Les définitions de microentreprise comprennent le travail autonome qui se rapporte à des activités commerciales à son propre compte (Falco et Haywood, 2016; Simen Njugnia et Koukam Fozeu, 2014; Chen, 2012; Brown et Lyons, 2010; Heintz et Valodia, 2008; Lyons et Brown, 2007), ce que nous avons également retenu pour notre recherche.

Dans le cadre de notre recherche, nous avons opté pour une définition relativement souple et qui ratisse large dans le même esprit que Cahn (2008) qui arrivait à des constats similaires aux précédents sur les définitions explicites et implicites dans la littérature traitant des microentrepreneurs et des microentreprises. De plus, dans son cas, l’accent de ses recherches était aussi mis sur les microentrepreneurs et sur les stratégies de subsistance des ménages, la microentreprise étant alors comprise comme une activité au sein des stratégies des microentrepreneurs et de leurs ménages pour subvenir à leurs besoins de subsistance76 (Cahn,

76 En effet, les microentreprises étudiées ici ne sont pas tant gérées comme des entreprises mais plutôt comme des

sources et des activités génératrices de revenus au sein du portefeuille d’activités et d’actifs des microentrepreneurs et de leurs ménages, des stratégies de subsistance qui répondent quant à elles aux impératifs du quotidien comme la gestion de la vulnérabilité et non seulement aux considérations d’affaires comme la maximisation du profit dans

2006 dans Cahn, 2008 :7), une conclusion qui ressort aussi des travaux de Roy et Wheeler (2006) auprès des microentrepreneurs en milieu urbain au Bénin, au Burkina Faso, au Niger et au Togo. En paraphrasant la définition retenue par Cahn et en la combinant aux constats précédents, la définition théorique officielle et formelle retenue est la suivante : Les microentreprises sont des activités commerciales, enregistrées ou non, qui comptent moins de 10 employés. Ces activités sont souvent l’affaire d’une seule personne qui travaille à son compte et qui reçoit parfois le soutien d’autres membres du ménage. Comme le soulignent Cahn (2008), Roy et Wheeler (2006) ainsi qu’Azevedo (2006), la microentreprise contribue à subvenir aux besoins de subsistance des microentrepreneurs et de leurs ménages. Cette définition officielle correspond aux définitions généralement employées dans la littérature lorsqu’elles sont explicites et elle conserve donc un certain niveau de comparabilité.

En raison de notre échantillon de recherche et des données recueillies, la définition de facto peut toutefois être précisée encore davantage et la première portion peut être limitée à moins de 5 employés, ce qui correspond dans les faits aux critères employés par l’Institut National de la Statistique du Cameroun de même que par la Banque mondiale comme le rapportent Sosale et Majgaard (2016). En pratique, dans le cadre de notre recherche, les microentrepreneurs interviewés sont donc des individus qui opèrent des activités commerciales, enregistrées ou non, qui reçoivent parfois de l’aide d’autres membres du ménage et qui comptent tout au plus 2 apprentis ou employés.

Au niveau des chapitres de résultats et d’analyse, nous référons aux « activités génératrices de revenus (AGR) des microentrepreneurs » comme celles se rapportant directement aux activités commerciales des microentrepreneurs, dans le même esprit que Napier et Liebermann (2006). Nous référons aussi à la microentreprise comme l’ensemble des activités commerciales établies et gérées par un même microentrepreneur et l’endroit où elles sont établies, comme un même microentrepreneur cumule parfois plus d’une activité commerciale différente sous la même enseigne, par exemple le petit commerce et un moulin à écraser, alors comptabilisés comme

le cas des entreprises régulières. C’est dans cette perspective et à l’intérieur de ce cadre que les microentreprises sont comprises et étudiées dans la thèse, dans le même esprit que Cahn (2008) à Samoa ou encore que Roy et Wheeler (2006) auprès des microentrepreneurs en milieu urbain au Bénin, au Burkina Faso, au Niger et au Togo.

deux activités génératrices de revenus de nature différente. Les activités génératrices de revenus liées à la microentreprise se rapportent donc aux activités commerciales du microentrepreneur à son propre compte et n’incluent pas, par exemple, le travail occasionnel comme journalier dans les champs au profit d’une tierce personne.