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Chapitre 4 – Profil socioéconomique, santé et éducation

4.1 Profil socioéconomique des microentrepreneurs et de leurs ménages

4.1.2 Conditions de logement

Les logements varient en taille109, mais demeurent généralement modestes à quelques exceptions près, surtout en relation aux ménages relativement nombreux pour des espaces souvent restreints, avec une moyenne de 5,67 membres par ménage110, soit une moyenne un peu plus élevée que celle qui peut être calculée à 4,67 à partir des estimés de Ngnikam et al. (2014) pour l’ensemble de la zone. Ceci s’explique probablement par le fait que notre échantillon comporte une plus grande proportion de familles et une plus faible proportion d’étudiants ou de gens seuls. En effet les personnes seules sont rares (4,3%) et à peine 2,9% des ménages comptent seulement deux membres. La majorité des ménages de l’échantillon comprennent entre 3 et 5 membres (50,1%) et les deux tiers entre 3 et 7 membres (67,2%), pour un total des trois quarts des ménages composés de 7 membres ou moins (74,3%).

Il est à noter que, comme cela avait également été rapporté dans la littérature (au Cameroun : Ngueyap, 2006; en Afrique : Owusu, 2007; Pilon et Vignikin, 1996; dans les PED : Farrington et al., 2002; Wood, 2001; Beall et Kanji, 1999; Rakodi, 1999; Moser, 1998; Dunn et al., 1996; Rakodi, 1995; Amis et Rakodi, 1994), les ménages se fondent et se refondent régulièrement en fonction de changements internes (naissance, décès, mariage, etc.) et de changements externes (problèmes de logement ou d’emploi). Durant les périodes de difficultés économiques, les ménages ont tendance à prendre en charge des personnes additionnelles et à former ainsi des ménages élargis au Cameroun (Ngueyap, 2006), en Afrique (Owusu, 2007; Pilon et Vignikin, 1996) et dans les PED (Farrington et al., 2002; Wood, 2001; Beall et Kanji, 1999; Rakodi, 1999; Moser, 1998; Dunn et al., 1996; Rakodi, 1995; Amis et Rakodi, 1994). Ainsi, certains vivent chez des parents ou encore en abritent chez eux, comme dans le cas d’Athanase (homme, 34

109 Nous n’avons pas pu recenser de données fiables sur la taille des logements, puisque la situation était délicate

et volatile durant la période de recherche. En effet, plusieurs craignaient pour leur logement en raison de l’insécurité foncière et de la menace d’expulsion soutenue par un programme de « désenclavement » des quartiers du Centre. De ce fait, la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY) avait émis des avis à cet effet et avaient commencé à marquer les premiers logis visés par le programme dans les derniers jours de notre séjour de recherche. Les données que nous avons compilées ont parfois été confirmées par les résidents ou ont encore été estimées avec l’aide de notre assistant de recherche, un exercice fait à titre indicatif dans les circonstances et dont les chiffres ne peuvent être rapportés de manière rigoureuse.

ans, marié, préparation et vente de « soya »)111, qui héberge et qui soutient deux sœurs durant leur formation en couture, ou encore, à l’inverse, comme Michel (homme, 40 ans, séparé, moulin à écraser) qui a dû se résoudre à envoyer son enfant vivre chez sa grande sœur durant une période prolongée de maladie, une stratégie aussi rapportée par Ngueyap (2006) au Cameroun.

Quant au logement comme tel, la stratégie de nidification (nesting) observée par Moser (1998) peut également être trouvée dans notre contexte de recherche, i.e. une sorte de partage ou de morcellement du logement et du lot familial entre les enfants d’une même famille (« On répartit entre tous les enfants », comme le dit Véronique, femme, 45 ans, mariée, moulin à écraser et couture), minimisant les coûts d’accès au logement d’un côté, mais diminuant comme peau de chagrin l’espace disponible pour chaque logis.

Au niveau des matériaux de construction, la majorité des murs des logements des répondants (57,1%) sont faits de « poto-poto », i.e. de « l’argile malaxée et parfois mêlée de paille hachée » (Duriez, 2002 :184). Seulement 12,9% sont composés de bois ou de planches et 30% sont faits de parpaings de ciment. Les murs en poto-poto et en parpaing sont parfois « crépis », i.e. revêtus d’un enduit de ciment. L’ensemble des logements des répondants (100%) est recouvert d’un toit de tôle ondulée et le plancher est très largement « fait en dur », i.e. en ciment ou béton (91,4%). Seulement 5,7% ont un plancher en terre et 2,9% en carrelage.

La très forte majorité de l’échantillon fait usage d’une latrine traditionnelle à fond perdu112 (84,3%), avec quelques latrines « à canon »113 (3,9%) et une seule latrine améliorée ventilée

111 Afin de préserver la confidentialité des participants, tous les noms ont été changés et ont été remplacés par des

noms utilisés au Cameroun, de manière à conserver une consonance locale.

112 « Ce type de latrines se caractérise par l’ouverture de la fosse jusqu’à la nappe phréatique ou tout autre obstacle

(blocs rocheux) recouverte par une dalle en béton armé sur laquelle est érigée la superstructure généralement en matériaux provisoires. Les latrines sont généralement en contact direct avec la nappe d’eau souterraine car les populations résidentes du bassin versant ont coutume de déclarer que « l’arrêt du fonçage de la fosse de la latrine est dû à l’atteinte de l’eau » ou du moins que la profondeur de la fosse est liée à la profondeur de la nappe. » (Tabué et al., 2009 :81)

113 Latrines dont la capacité de la fosse est renforcée « en surélevant cette dernière avec des rangées de parpaings »

traversées par « un tuyau de PVC 100. Ce tuyau permet d’évacuer les déchets de la fosse généralement en saison des pluies dans un milieu récepteur (cours d’eau ou rigole) suivant le principe du trop plein. D’où le vocable de latrines à canon. » (Tabué et al., 2009 :81)

sèche. Les fosses septiques ne comptent que pour 8,6% de l’échantillon et une seule toilette « moderne » avec chasse a été recensée auprès d’un des ménages les mieux nantis du lot, soit une veuve qui a hérité du logement et de la pension de son mari.

Seulement 10% de l’échantillon rapportent avoir une connexion à la SNEC (Société nationale des eaux du Cameroun) contre 85,7% qui déclarent acheter l’eau chez un voisin. Quelques rares cas profitent d’arrangements favorables grâce à leur capital social, comme Aline (femme, 43 ans, non mariée, coiffure) et Yvette (femme, 37 ans, non mariée, petit commerce) qui puisent l’eau directement et gratuitement du camp de la gendarmerie à proximité.

Si l’eau de consommation provient principalement d’une connexion à la SNEC, les microentrepreneurs et leurs ménages ont souvent recours aux nombreux puits et quelques sources114 de la zone surtout pour les autres usages domestiques, bien que quelques-uns admettent consommer parfois l’eau qui en provient, un phénomène également relaté par Tabué et al. (2009) pour la zone en question et par Sietchiping et Nguendo Yongsi (2008) pour les quartiers informels de Yaoundé en général. Ces auteurs confirment également l’importance de la nappe phréatique sous les quartiers, alors que « près de 80% des ménages de la zone exploitent cette ressource pour satisfaire leurs besoins en eau à travers les puits et les sources » selon les recherches du LESEAU.

Les chercheurs mentionnent aussi le risque associé aux maladies hydriques et intestinales, un sujet sur lequel nous reviendrons ultérieurement avec, entre autres, un exemple concret dans le cas de Josiane (femme, 52 ans, veuve, bois de chauffage) pour qui les effets se sont étendus aussi aux problèmes cutanés. Tabué et al. (2009 :89) expliquent ainsi les principaux facteurs qui contribuent à la piètre qualité « microbiologique » de l’eau dans les quartiers étudiés, une problématique aussi relevée par Nguendo-Yongsi (2016) pour les quartiers spontanés de Yaoundé et par Ngnikam et al. (2014) spécifiquement pour les quartiers étudiés :

« Dans le bassin versant de la Mingoa, la qualité de l’eau des puits et sources est très mauvaise (…) en tout point de prélèvement et est liée non seulement au contact direct

entre les nappes phréatiques et les fèces des latrines induisant la migration bactérienne mais aussi à la densité des latrines autour des points d’eau. »

Seulement 2,9% des foyers de l’échantillon sont exempts d’électricité, ces ménages affirmant avoir dû couper leur connexion faute de moyens. Ces données concordent avec les résultats de l’INS (2002 :14) qui cantonne qu’à Yaoundé tout comme à Douala, « presque toute la population est électrifiée ». Un peu plus des deux tiers (68,6%) se connectent par l’entremise d’un voisin, soit une connexion informelle moyennant paiement auprès dudit fournisseur, généralement un montant mensuel fixe. Le reste (28,6%) possède un compteur de la SONEL (Société nationale d’électricité du Cameroun).

Près de la moitié (47,1%) rapporte le besoin de réparations urgentes, allant de murs effondrés à la toiture qui coule, cette dernière faisant le malheur d’au moins une quinzaine de foyers de l’échantillon qui s’en plaignent explicitement. Dans la quasi-totalité des cas, c’est le manque de fonds qui explique que les réparations n’ont pas été effectuées malgré les besoins pressants. Dans quelques rares cas, comme celui de Sylvestre (homme, 27 ans, non marié, coiffure), ce sont des mésententes avec le propriétaire ou le « bailleur » qui retardent les travaux.

Les travaux sont parfois accomplis par le propriétaire, mais cela peut conduire à une hausse du coût du logement redoutée par les résidents. C’est entre autres le cas de Daniel (homme, 27 ans, non marié, boutique et bar), dont le propriétaire repousse les travaux, mais qui craint que s’ensuive une hausse : « on ne veut pas qu’il augmente le loyer », une préoccupation aussi partagée par Evelyne (femme, 31 ans, mariée, préparation et vente d’« okok » et petit commerce).

Si plusieurs s’entendent pour faire et pour financer les travaux eux-mêmes en échange d’une déduction sur le loyer de la part du propriétaire comme l’explique Aissatou (femme, 21 ans, mariée, moulin à écraser; « on coupe l’argent sur le loyer »), certains propriétaires donnent leur aval sans pour autant changer le montant du loyer, comme ce fut le cas pour Yvette (femme, 37 ans, non mariée, petit commerce) dont le ménage a dû remplacer le toit à ses frais et par ses propres moyens. Le financement comprend l’épargne individuelle, comme dans le cas de

Romain (homme, 24 ans, non marié, boutique et bar), mais aussi l’emprunt et le recours aux tontines : « J’ai bouffé dans les tontines », comme le dit Réjeanne (femme, 32 ans, non mariée, coiffure et vente de friandises) en décrivant le processus au moyen de cette expression populaire.

D’autres obtiennent de l’aide de la parenté ou de connaissances, mettant à profit leur capital social pour réduire leurs coûts ainsi que la pression sur leur capital financier qui fait souvent défaut, arrivant par ces moyens à développer et à consolider leurs actifs physiques comme le logement. Cette stratégie présente des avantages évidents en compensant la faiblesse d’une forme de capital par le recours à une autre qui est plus accessible et disponible. Comme le soulignaient Ballet et al. (2004), alors que le capital financier se fait rare, les stratégies des populations moins nanties reposent plus fortement sur le capital humain et le capital social.

Lorsque des constructions ou des rénovations sont exécutées, plusieurs, comme Asma (femme, 27 ans, mariée, petit commerce), ont « engagé des gens », i.e. qu’ils ont recours à de la main- d’œuvre rémunérée. Certains vont combiner l’aide extérieure avec leurs propres capacités, comme Laurent (homme, 41 ans, non marié, boutique et « call-box ») qui a embauché deux personnes pour l’aider dans l’exécution des travaux. Cette réalité correspond à ce que Davis (2006) qualifie d’illusion ou de mythe de l’auto-construction (Illusions of Self-Help), critiquant la position fortement ancrée dans les travaux de John Turner depuis la fin des années soixante qui suggèrent que les populations dans les quartiers informels construisent leurs propres demeures à moindre coût grâce à l’auto-construction, contribuant ainsi à résoudre les problèmes de logement dans les pays du Sud global, particulièrement au niveau quantitatif.

Ce discours rejoint celui de Burgess, célèbre critique néo-marxiste et pourfendeur de grands pans de cette approche et des travaux de Turner dans un débat épique entre les deux penseurs, décriant le désengagement progressif de l’État et l’expansion du capitalisme et de l’économie de marché dans le secteur du logement pour les populations moins fortunées (Jenkins et al., 2007). Davis et Burgess reprochent entre autres de tomber dans un romantisme qui exagère les capacités des ménages et le niveau d’entraide entre les populations de ces quartiers et qui masque l’économie de marché présente dans l’informel, alors que ces populations se retrouvent souvent à payer la main-d’œuvre requise pour la construction, parfois à fort prix.

L’idée ici n’est pas d’entrer dans les détails de ce débat complexe dont le sujet dépasse les propos de cette thèse, mais plutôt de souligner la diversité présente dans les solutions et les stratégies poursuivies par les populations de notre échantillon, rappelant que différentes approches et combinaisons peuvent être observées dans notre contexte de recherche. Un autre point à retenir est que pour plusieurs, la construction, la réparation et la rénovation du logement implique des coûts parfois substantiels qui peuvent en effet inclure la main-d’œuvre. Il est ainsi possible de distinguer l’autofinancement de l’auto-construction comme telle, soit lorsque les populations en question couvrent les frais de construction et de réparation sans nécessairement participer physiquement à l’exécution des travaux.

Quelques-uns ont donc construit et financé eux-mêmes, comme dans le cas de Nathalie (femme, 52 ans, séparée, petit commerce et « call-box ») ou encore de Florence (femme, 33 ans, mariée, petit commerce), dans un exemple d’auto-construction, un phénomène reconnu et répandu dans les PED et en Afrique subsaharienne (Jenkins et al., 2007; Gough et Kellett, 2001; Gough, 1999 et 1998; Macoloo, 1994). Celle-ci raconte en effet que la construction s’est faite de façon progressive au fil du temps et que « toute la famille participait », même « les enfants en congé ». Il est à noter que les enfants en question comptaient un technicien d’âge adulte. À l’opposé, Jonas (homme, 32 ans, marié, garage automobile) relate avoir dû à la fois emprunter de l’argent et embaucher de la main-d’œuvre pour effectuer les travaux.

Les améliorations sont généralement faites de manière progressive et sont ponctuées de pauses, comme Lise (femme, 50 ans, non mariée, préparation et vente de « punch coco ») l’exprime clairement : « De temps en temps, je casse et je construis un peu ». Les travaux suivent ainsi les aléas de la situation financière et des besoins et des défis du ménage, comme le décrit Mireille (femme, 34 ans, non mariée, moulin à écraser et petit commerce) qui dit repousser la réparation du toit qui « coule et tombe (…) pour permettre aux enfants d’aller à l’école ». Comme exposé au niveau théorique au chapitre 2, Mireille se voit gérer une fois de plus un compromis entre deux besoins importants et se doit de faire le choix d’en prioriser un. Dans le cas présent, la pauvreté et la vulnérabilité socioéconomique ont préséance sur la vulnérabilité physique causée par les conditions de logement, mettant la famille à tout le moins partiellement à la merci des intempéries.

Tout comme Boullé et al. (1997), Tipple (2005) souligne que ces deux types de vulnérabilité tendent à être liées, ajoutant que la vulnérabilité socioéconomique limite les options des populations moins nanties et force les gens à s’installer dans des zones de haute vulnérabilité physique et environnementale, un constat aussi relevé par Ombati et Ombati (2016). Notre échantillon ne fait pas exception alors qu’il compte plusieurs logements érigés dans des zones à risque d’inondation de même que sur des pentes boueuses, des zones non aedificandi en raison des risques environnementaux jumelés à des préoccupations écologiques pour les bas-fonds qui abritent des milieux humides.

Ebert et al. (2009) associent les conditions de logement, d’occupation des sols et de l’environnement bâti aux expressions physiques de la vulnérabilité sociale ou socioéconomique. Les auteurs réfèrent aux travaux de Rashed et Weeks (2003b) pour conclure eux aussi que les conditions physiques et sociales de la vulnérabilité seraient intimement liées, les deux se retrouvant souvent de pair dans les quartiers informels (Ombati et Ombati, 2016). Ce constat concorde également avec Mooya et Cloete (2007a :148) qui s’appuient entre autres sur les recherches de Durand-Lasserve et Royston (2002) pour stipuler que les cartes des quartiers informels ou sous-équipés en milieu urbain peuvent à toutes fins pratiques être juxtaposées aux cartes de pauvreté (« Within urban areas, the map of poverty can be superimposed on informal settlements with a fair degree of accuracy »), même s’il existe généralement des disparités et une hétérogénéité socioéconomique dans les quartiers informels (Laquian, 2007; Tannerfeldt et Ljung, 2006; Davis, 2006). Les données et les résultats exposés précédemment à la sous-section 4.1.1 de même que dans la présente sous-section au niveau des conditions socioéconomiques et des conditions de logement abondent dans le même sens et corroborent les conclusions des chercheurs susmentionnés à propos du lien entre ces deux aspects dans notre contexte de recherche.

Une autre dimension cardinale du profil de l’échantillon ayant un impact sur les stratégies des microentrepreneurs et de leurs ménages se veut la question du statut foncier et d’occupation de même que l’insécurité qui en découle, un thème qui sera abordé à nouveau au chapitre 6 au niveau des implications pour les stratégies et les moyens de subsistance des microentrepreneurs et de leurs ménages et pour les AGR comme telles. Michel (homme, 40 ans, séparé, moulin à

écraser) souhaitait par exemple investir dans son logement, mais il juge que « le déguerpissement pose maintenant problème », le sentiment d’insécurité foncière et le risque d’expulsion qui pèse sur les quartiers freinant ainsi ses ambitions. Cette préoccupation a également contribué à stopper les travaux de la part d’Emilienne (femme, 35 ans, non mariée, petit commerce), elle aussi troublée par la crainte du « déguerpissement ». Thérèse (femme, 35 ans, non mariée, préparation et vente de beignets) affirme que le sentiment est largement partagé et répandu, alors qu’elle juge qu’il y en a « plusieurs concernés par le déguerpissement ».

Bien réelle, cette « menace de déguerpissement », comme la qualifie Michel (homme, 40 ans, séparé, moulin à écraser), était galvanisée entre autres par le programme de « désenclavement » des quartiers d’habitat spontané de la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY) qui visait les quartiers de l’étude115. Ces craintes s’avéraient malheureusement justifiées alors que des croix rouges avaient été peintes sur plusieurs bâtisses des bas-fonds à la toute fin de notre séjour de recherche, suggérant une première vague de démolition à venir.

En pratique, 38,6% de l’échantillon sont propriétaires, mais moins d’un sur cinq (18,5%) parmi ceux-ci affirment détenir un titre foncier formel. Cette situation est courante selon l’Institut national de la statistique du Cameroun qui relate que si de nombreux ménages « déclarent être propriétaires de leur logement, beaucoup d’entre eux ne disposent cependant pas d’un titre foncier matérialisant la propriété officielle » (INS, 2002 :7). Le restant dispose d’un titre de cession des droits coutumiers ou d’un acte de vente dont les droits sur la parcelle pourraient être contestés par des droits concurrents réclamés par diverses parties, comme le note Amanor (2009) dans le cas du Ghana.

Les locataires forment la plus grande partie de l’échantillon (55,7%), ce qui correspond à la situation de Yaoundé où « les ménages ne sont pas majoritairement propriétaires de leur logement », à l’opposé de la situation au niveau national (INS, 2002 :7). En effet, l’INS (2002 :7) rapporte que le « phénomène de location est quasi exclusivement urbain » où « plus

115 De ce fait, la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY) avait émis des avis à cet effet et avaient commencé à

de 52% des ménages sont locataires contre environ 9% seulement dans le milieu rural »116, des chiffres qui concordent avec nos résultats.

Parmi les microentrepreneurs de l’échantillon qui disposent d’un espace commercial distinct du foyer du ménage, près des deux tiers (64,3%) paient un loyer, les autres profitant de différents arrangements, comme le fait d’établir l’activité chez un parent ou chez un voisin permissif, ou encore d’occuper directement l’espace public dans les quartiers.

En somme et en conclusion de cette section, notons que les données et les résultats présentés dans les sous-sections 4.1.1 et 4.1.2 font ressortir plusieurs défis pour les microentrepreneurs et leurs ménages au niveau de leurs conditions de vie, des dimensions monétaires et de la faiblesse