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Chapitre II : État des publications des lettres

H) Marie de Guise (19 lettres)

La mère de Marie Stuart, tout au long de sa régence écossaise, a dû avoir une importante correspondance avec les membres de sa famille ainsi qu‟avec le roi de France, mais nous en

avons retrouvé peu de choses. Seules 19 de ses lettres ont été publiées en tout, à notre con-naissance. Il y en a 11 dans les Mémoires-Journaux de François de Lorraine (Michaud et Poujoulat, 1839) et 7 dans les Papiers d’État relatifs […] à l’histoire d’Écosse (Teulet, 1852-1860) ; elles ont pour destinataires ses frères, le duc d‟Aumale et le cardinal de Lorraine, et plus rarement son père. εalgré leur nombre restreint, elles présentent l‟intérêt d‟être relati-vement longues, et d‟avoir pour sujet principal les campagnes militaires menées contre les

Anglais ; cela nous permet de voir comment une femme se représente en chef d‟armée et de

comparer ses lettres de guerre à celles d‟autres hommes et femmes. Enfin, la dernière lettre à avoir été mise au jour, adressée à sa mère, figure dans l‟ouvrage de Pimodan, La mère des

Guises : Antoinette de Bourbon (1494-1583) (1889).

Il semble que les missives de la reine aient été mal conservées Ŕ à moins qu‟elles ne le

soient dans des bibliothèques étrangères, ou bien en province. Une douzaine d‟inédits de

εa-rie de Lorraine sont au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale, et on en trouve à peu près le même nombre aux Archives des Affaires Étrangères.

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Les souverain-e-s que nous venons de citer ont donc vu leurs lettres éditées dans

quanti-té d‟ouvrages Ŕ quantiquanti-té qui quanti-témoigne moins de l‟abondance de ce corpus que de son

éparpil-lement. En outre, il faut parfois parcourir plusieurs volumes et répertorier des dizaines de lettres officielles avant de découvrir quelques mots révélant une écriture personnelle. Il s‟en

faut de beaucoup que tout soit publié, et il faudrait des années de travail pour mettre à la por-tée du public les lettres de certains rois et reines de la Renaissance... Enfin, il reste à examiner le cas de trois personnages encore plus déshérités, et dont les lettres ne sont connues que de manière anecdotique.

IV) Des publications rares (moins de dix lettres)

A) Henri d’Albret (9 lettres)

δ‟indifférence repérée pour le second époux de Marguerite de Navarre se manifeste

lo-giquement par des publications très limitées. La plupart des lettres connues de lui se

rappor-tent à l‟épisode de son emprisonnement en Italie après la défaite de Pavie et à l‟évasion qui s‟est ensuivie. Champollion-Figeac est le premier à les publier : il place dans la Captivité du

roi François Ier (1847) un billet au roi de France, et dans le troisième tome des Documents historiques inédits (1847) une série de 5 courriers datant de la même période. Le tome IV en présente également 2 qui ont la particularité d‟être rédigées en béarnais. δes missives en

fran-çais sont reprises et complétées (pour arriver à un total de 8) dans La Captivité d'Henri d'Al-bret, roi de Navarre (1942). À cette courte série vient s‟ajouter une lettre du roi à sa fille pour

lui faire part de sa joie de la savoir enceinte, reproduite dans les Lettres d’Antoine de Bourbon et Jeanne d’Albret.

Une cinquantaine d‟inédits du roi de ζavarre, principalement adressées à Anne de

Montmorency, bien plus rarement à François Ier et à quelques autres destinataires sont conser-vées à Richelieu.

B) Élisabeth d’Autriche (4 lettres)

Nous avons repéré seulement 4 lettres de cette reine, publiées par Philippe Tamizey de Larroque, dans la Revue des Questions Historiques (1868). Deux sont autographes, l‟une en

espagnol au roi Henri III, et l‟autre en français47

. Le destinataire des deux autres lettres

47 δ‟éditeur pense que cette lettre est adressée au duc d‟Alençon. εais son sujet (le douaire de la reine et l‟évaluation du domaine qui lui avait été concédé), nous fait supposer plutôt qu‟elle est aussi adressée au

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(d‟écriture de secrétaire mais signées par la reine seule48) est le secrétaire d‟État Brulart :

Éli-sabeth le remercie pour les nouvelles qu‟il lui a transmises. ζous avons donc la chance, dans

cette infime quantité de lettres, d‟avoir accès à des échanges relativement personnels. De plus,

bien que les notes de l‟éditeur nous semblent parfois erronées, il respecte scrupuleusement l‟orthographe de la reine, jusqu‟aux erreurs de genre qu‟il lui arrive de commettre.

ζous avons repéré à la Bibliothèque ζationale quatre inédits d‟Élisabeth μ l‟un est

adressé au secrétaire Brulart, un autre à Mme de Savoie (Marguerite de France, tante de son mari) et les deux derniers sont insérés dans un recueil de lettres-types, qui forment

apparem-ment un manuel à l‟usage d‟un secrétaire. Le titre de la partie dans laquelle sont inclues ces

lettres est « Forme d‟envoyer l‟ordre à quelqu‟un ». C) Claude de France (1 fragment)

Un seul billet de la reine Claude a été publié, à notre connaissance, dans un article con-sacré à la première régence de Louise de Savoie (Revue d'Histoire de Lyon, 1902). Il s‟agit d‟une recommandation pour un porteur envoyé à M. de La Fayette ; encore n‟est-elle pas

donnée en entier. Nous avons pu récupérer sur le manuscrit les deux lignes qui manquent.

Conclusion

δ‟hétérogénéité des publications est assez frappante pour que nous n‟insistions pas

da-vantage. À quelques exceptions près, on remarque (et cela paraît logique) que les personnages dont la correspondance est la mieux éditée sont aussi les mieux étudiés. La remarque vaut également pour les autres genres littéraires pratiqués par les souverain-e-s, qui sont également édités de manière très inégale μ tandis, par exemple, que les œuvres poétiques de François Ier

ont été rassemblées, le même effort n‟a pas été fait pour Henri II, Charles IX et Henri III. De même, les œuvres de εarguerite de ζavarre et de εarguerite de Valois sont publiées aussi bien chez Honoré Champion qu‟en livre de poche, le traité de chasse de Charles IX a fait l‟objet d‟une édition illustrée en 1λ45, mais il faut lire le « Journal » de Louise de Savoie et le

mémoire justificatif de Jeanne d‟Albret dans des éditions anciennes. Ces disparités de traite-ment s‟expliqueraient-elles aussi par les différents statuts que l‟on a accordés à ces textes, suivant qu‟ils ont été lus et utilisés comme sources historiques ou comme œuvres littéraires ?

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Tamizey de Larroque indique faussement que la première des deux lettres est autographe. Elle est bien de la main du secrétaire, nous l‟avons vérifié sur le manuscrit.

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Il importe à présent de faire le point sur les différents types de lecture proposés par la critique sur les écrits de chacun de ces souveraines et souverains.

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Chapitre III : Angles d’approche des écrits des souverains et

souveraines

La production écrite des rois et reines qui nous intéressent ici a été étudiée, tout comme ces derniers, de manière inégale. Beaucoup de leurs textes n‟ont jamais été véritablement

uti-lisés ni commentés μ ceux de Claude de France, Éléonore d‟Autriche, Élisabeth de France,

François II, Henri d‟Albret, δouis XII, Marie de Guise, ont laissé les chercheurs indifférents. δa difficulté d‟accéder à ces textes, au demeurant peu nombreux, explique sans doute en

par-tie ce manque d‟intérêt. εais il est aussi des correspondances publiées qui ne suscitent pas d‟études ou bien peu μ celle d‟Antoine de Bourbon, par exemple, n‟a guère été exploitée que

par son biographe, Alphonse de Ruble. Les textes des autres souverain-e-s ont été abordés tant par des historiens que par des littéraires : de fait les approches se sont succédé et de plus en plus entrecroisées.

D‟abord, et de la manière la plus traditionnelle, les écrits des souverain-e-s ont été ex-ploités comme sources pour l‟histoire événementielle, dans la mesure où ils apportent des

informations factuelles. Au XXe siècle, ils ont aussi alimenté les recherches sur l‟histoire des

mentalités. Plus récemment encore, étant donné qu‟ils se trouvent souvent au carrefour de la

politique et de la littérature, certains ont été décrits à travers leur fonctionnement rhétorique.

Enfin, on s‟est aussi demandé dans quelle mesure ces textes, mémoires, poésies, ou simples

lettres, méritaient leur « place » dans la littérature française, et si on devait considérer leurs auteur-e-s comme des écrivains.

I) L’Histoire événementielle