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Chapitre II : État des publications des lettres

C) Marguerite de Navarre (1841)

C) Marguerite de Navarre (1841)

δa première publication importante des lettres de la sœur de François Ier

date de 1841 : François Génin, après avoir fait des recherches au département des manuscrits de la Biblio-thèque nationale, donne le texte de 171 lettres de Marguerite, auxquelles il ajoute 90 lettres et billets résumés. Il faut noter que, comme bien des éditeurs du XIXe siècle, il publie à la de-mande du pouvoir, et il souhaite participer à la glorification du personnage : « Quand on est sûr de produire au procès des lettres victorieuses, on ne peut que gagner à un examen sévère et approfondi37 ». Il indique pour chaque missive si elle a été dictée ou écrite de la main de la reine, et conserve son orthographe ; en cas de lapsus ou de mot indéchiffrable, il prend la res-ponsabilité de le remplacer par un mot dont la graphie est attestée chez elle (L.M.A, t. I, pré-face, p. X-XI). Le principal destinataire est Anne de Montmorency ; on y trouve aussi quelques lettres au père de ce dernier, à François Ier, à Guillaume Briçonnet, et à quelques femmes (Mme de Rieux, Mme de La Rochefoucauld, Mme la maréchale de Chatillon…). δa faible place accordée au roi de France dans cette correspondance est compensée l‟année sui-vante par la publication d‟un second volume, qui contient 151 lettres, toutes autographes et

toutes adressées à lui.

δ‟intérêt pour εarguerite de ζavarre se maintient dans le temps, et les livraisons com-plémentaires s‟échelonnent du milieu du XIXe siècle jusqu‟à la fin du XXe

. Le Bulletin de la Société du Protestantisme français donne quatre lettres d‟elle à la duchesse de Ferrare en 1866, et l‟on en trouve quelques dizaines d‟autres semées dans des ouvrages plus généraux :

la Captivité du roi François Ier (1847) et les Documents historiques inédits (1847), tous deux édités par Champollion-Figeac, Le Mariage de Jeanne d’Albret par Alphonse de Ruble (1877), la Correspondance des Réformateurs dans les pays de langue française (1886), ou

encore dans l‟étude que lui consacre δa Ferrière (Marguerite d‟Angoulême, 18λ1).

36Pour connaître l‟historique des publications antérieures, se reporter à l‟introduction qui précède chacune des œuvres dans ce volume.

37Lettres de Marguerite d’Angoulême, sœur de François Ier, reine de Navarre, Éd. François Génin, 2 vols., Pa-ris, 1841 et 1842, t. I, notice, p. 2 (dorénavant abrégé en δ.ε.A). Pour l‟impulsion donnée par le pouvoir, voir la lettre au ministre de l‟Instruction publique qui figure avant la préface.

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En 1927, Raymond Ritter a proposé, dans ses Lettres de Marguerite de Valois-Angoulême, une quarantaine de textes inédits ou peu connus, en y ajoutant quelques missives déjà éditées. δ‟année suivante, Pierre Jourda a mis au jour un recueil de trente-six pages de

Lettres inédites, et surtout, il a fourni en 1λ30 un outil très intéressant pour l‟exploitation du

corpus épistolaire de la reine, le Répertoire analytique et chronologique de la correspondance de Marguerite d'Angoulême. C‟est là que l‟on trouve les références de toutes les publications

depuis Génin.

Longtemps, les chercheurs ont trouvé plus d‟intérêt à ses échanges avec Briçonnet qu‟à ceux qu‟elle pouvait avoir avec son frère, et les commentaires sur sa correspondance portent presque tous sur ses relations avec l‟évêque de εeaux. Cette curiosité pour l‟orientation

reli-gieuse de Marguerite se manifeste également à travers l‟édition de cette correspondance spiri-tuelle en 1λ75 par Christine εartineau et εichel Veissière. δ‟avantage de cette édition est qu‟elle permet d‟étudier les lettres de εarguerite en regard de celles de Briçonnet qui y

ré-pondent. Toutefois, même si les éditeurs semblent considérer que nous avons-là la succession

réelle de l‟échange, il ne faut pas perdre de vue que cette correspondance n‟est connue qu‟à travers une copie que la reine avait commandée, et qu‟elle a donc pu façonner dans un objectif

précis38. Il est prévu enfin que soient consacrés à sa correspondance deux volumes de ses Œuvres complètes, en cours de publication chez Champion, sous la direction de Nicole Ca-zauran39.

Concernant ses autres écrits, ils ont été pour une bonne part édités de son vivant. C‟est le cas d‟une partie de ses poésies et de son théâtre, qui a été imprimée en 1547, dans Les

Mar-guerites de la Marguerite des Princesses. δ‟Heptaméron, publié après sa mort, a connu un

succès constant, tandis que ses autres œuvres ont été peu à peu oubliées. Au XIXe

siècle, on a réédité Les Marguerites de la Marguerite, et l‟on a commencé à faire paraître ses dernières

poésies. Pour plus de détails, on peut consulter le « Tableau chronologique des publications de Marguerite de Navarre » établi par Pierre Jourda40, et les listes bibliographiques fournies

par les récentes éditions critiques. ηn dispose aujourd‟hui d‟éditions récentes de son théâtre,

de L’Heptaméron et de ses poésies, en particulier de plusieurs volumes déjà parus dans les Œuvres complètes.

38 Voir ci-dessous p. 64.

39Ce seront les tomes VI et VII de l‟édition des Œuvres complètes.

40

Pierre Jourda, « Tableau chronologique des publications de Marguerite de Navarre », Revue du Seizième siècle, XII, 1925, p. 209-255.

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D) François Ier (1847)

Personne n‟a entrepris de rassembler sa correspondance, ce qui peut paraître étonnant

pour un souverain qui passionne les chercheurs tout en plaisant au grand public, et alors qu‟il

subsiste de très nombreuses lettres toujours inédites.

Les premières publications de ses lettres ont pourtant débuté au XVIIe siècle, dans le premier volume des Lettres et Mémoires d’État de Guillaume Ribier (1666). Il s‟agit essen-tiellement de minutes par secrétaires d‟une correspondance diplomatique. D‟autres recueils que l‟on pourrait qualifier de généralistes recèlent une ou deux missives du roi, parfois un peu

plus (Lettres du roi Louis XII et du cardinal Georges d’Amboise, 1712 ; Histoire ecclésias-tique et civile de Bretagne, tome V, 1750 ; Papiers d’État du Cardinal de Granvelle, 1841-1842 ; Documents historiques inédits, 1841-48 ; Les grands faits de l'histoire de France ra-contés par les contemporains, t. III, 1879) μ il est possible que d‟autres nous aient échappées, disséminées qu‟elles sont dans les volumes de sources historiques.

C‟est toutefois dans les ouvrages de Champollion-Figeac consacrés à François Ier

que

l‟on trouve le plus de lettres. Dans la Captivité du roi François Ier

(1847), elles ne sont certes

pas aussi nombreuses que l‟on pourrait s‟y attendre Ŕ 15 Ŕ mais elles sont toutes adressées à

des personnages proches et importants (Louise de Savoie, Anne de Montmorency, Charles-Quint, l‟amiral Bonnivet). δes Poésies du roi François Ier

, de Louise de Savoie […] (1847) comprennent 26 lettres d‟amour écrites à une ou plusieurs dames qui ne sont pas nommées,

ainsi que quelques billets à des membres de son entourage (Montmorency, Marguerite

d‟Angoulême, et Éléonore d‟Autriche). De manière générale, il est difficile d‟évaluer la

fiabi-lité de ces deux éditions de Champollion-Figeac. Il affirme pour sa part, dans la Captivité,

qu‟il corrige les fautes de certains textes déjà publiés dans les Papiers d’État du Cardinal de

Granvelle, mais ne donne que très rarement les références des manuscrits qu‟il a consultés. Quant aux lettres d‟amour, la comparaison de sa version avec les manuscrits41

révèle

réguliè-rement des erreurs de lecture, qui n‟affectent pas le sens la plupart du temps. Cette faible

quantité est heureusement compensée par le caractère intime de cette correspondance ; peu de

nos royaux épistoliers, à l‟exception de Henri IV et Marguerite de Valois, nous donnent l‟occasion de lire des lettres d‟amour. Enfin, on trouve encore 6 missives de François Ier

au trésorier Semblançay dans le volume de Paulin Paris, Études sur François Ier, sur sa vie pri-vée et son règne (1885). Mais ces trois ouvrages sont les seuls, à notre connaissance, à réunir des séries cohérentes de lettres du roi.

41

Il ne donne pas non plus la référence des manuscrits, mais ce sont les indications de June Ellen Kane dans son édition des Poésies de François Ier qui nous ont permis de les consulter.

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Le XXesiècle s‟avère extrêmement pauvre en publications pour le « Père des Lettres » :

deux lettres sont mises au jour par Michel Veissière dans la Revue d'Histoire et d'Art de la Brie et du pays de Meaux (1982) et une par Pierre Dominjon dans la revue Bugey (1985) : aucune des trois ne relève de la correspondance personnelle. Si environ 110 lettres du roi ont

été publiées, il reste plusieurs centaines d‟inédits dans les fonds de la Bibliothèque nationale.

Les poésies du roi, bien que connues de ses contemporains, sont, après sa mort, restées

dans l‟ombre. δ‟édition déjà citée qu‟en a fourni Aimé Champollion-Figeac est peu fiable. Heureusement, l‟édition scientifique de J.E. Kane (Œuvres poétiques, 1984) permet enfin l‟étude de son œuvre poétique.