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Chapitre II : État des publications des lettres

G) Élisabeth de Valois (1949)

En 1949, une biographie espagnole d‟Élisabeth de Valois, réalisée par Augustin

Gon-zales de Amezua y Mayo, a rassemblé en annexe toutes les lettres de la reine déjà parues. Les publications du XIXe siècle n‟étaient en effet pas négligeables : une vingtaine de missives de

la reine d‟Espagne avaient d‟abord été mises au jour en 184λ par Louis Paris dans les

Négo-ciations, lettres et pièces diverses relatives au règne de François II, d‟après les papiers du

secrétaire de l‟Aubespine. Parmi elles, 11 sont adressées à sa mère Catherine de Médicis, les

autres ayant pour destinataire Charles IX, ε. de l‟Aubespine, le cardinal de δorraine et des

ambassadeurs. En 1859, le marquis Du Prat, son seul biographe français, avait donné comme pièces justificatives quelques écrits de la reine, qui figuraient déjà dans les Négociations. En-fin, l‟apport de Célestin Douais dans Les dernières années d’Élisabeth de Valois (1896) avait

été heureusement plus substantiel, puisqu‟il avait donné plus de trente nouvelles lettres de la reine, adressées à l‟ambassadeur de Fourquevaux, que la reine sollicitait beaucoup et à qui

elle accordait semble-t-il toute sa confiance.

Augustin Gonzales de Amezua y Mayo a ajouté des inédits (en particulier une douzaine de lettres à Charles IX, deux à Montmorency, et quelques unes aux duchesses de Guise et de Nemours). Cette somme de 99 missives a été réunie avec sérieux : les textes sont restitués dans leur graphie originale, avec la référence des manuscrits et des éditions précédentes. Elle

44Sources citées par Bernard Berdou d‟Aas, Jeanne III d’Albret, Chronique 1528-1572, éditions Atlantica,

An-glet, 2002 ν voir aussi Jeanne d‟Albret et Catherine de εédicis, « Lettres inédites (1570-1572) » par G.

Bague-nault de Puchesse, Annuaire-Bulletin de la société de l'histoire de France, Paris, Nogent-le-Rotrou, impr de Daupeley-Gouverneur, 1910 : cet article décrit (sans les transcrire) les 54 lettres du manuscrit NAF 21603 co-piées à Saint-Petersbourg.

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présente en outre l‟avantage de ne rassembler quasiment que des lettres personnelles de la

reine, même lorsqu‟il s‟agit des billets à M. de Fourquevaux. Il ne semble pas rester d‟inédits

de la reine à la Bibliothèque nationale, et nous ignorons ce qui en est dans les bibliothèques espagnoles.

Pour Marguerite de Navarre, Antoine de Bourbon et les deux filles de Catherine de

Mé-dicis, nous disposons donc d‟un corpus publié en quantité importante mais non pas écrasante, et orienté principalement vers la famille et les proches. C‟est indéniablement la configuration

la plus favorable dans le cadre de notre étude. Malheureusement, la plupart de leurs

homo-logues n‟ont jamais vu leur correspondance rassemblée, et leurs lettres personnelles ont été

plutôt moins bien conservées que leurs lettres officielles. Nous sommes donc le plus souvent face à une multitude de publications de tailles différentes, parmi lesquelles nombre de lettres sont en réalité rédigées par des secrétaires.

III) Des livraisons plus modestes et souvent éparses (100 lettres ou moins)

Pour les personnages qui vont suivre, les livraisons sont tellement dispersées et

éche-lonnées dans le temps qu‟il n‟est pas possible de maintenir une organisation chronologique. C‟est pourquoi nous les classons ici en fonction du nombre de lettres, en allant des

souverain-e-s les mieux publié-souverain-e-s à ceux et celles qui le sont le moins bien.

A) Charles IX (environ 100 lettres)

Ses lettres demeurent peu publiées et n‟ont pas été rassemblées. Au XVIIIe

siècle, sa correspondance avec Brantôme (11 lettres) est incluse dans les Œuvres de ce dernier (édition de la Haye, 1743), puis l‟on trouve 7 missives dans les Pièces fugitives pour servir à l’histoire

de France d‟Aubais (175λ). Les très petites livraisons se multiplient au siècle suivant, tant

dans des recueils généralistes comme les Archives curieuses de l’histoire de France (1834-1837) que dans des publications uniquement consacrées au roi, dont on trouvera le détail dans la fiche bibliographique donnée en annexe. Certaines apparaissent également en notes dans les quatre premiers tomes des lettres de Catherine de Médicis (1880-1891), mais la plupart du temps, ce sont seulement les références des manuscrits ou de courts extraits qui sont cités. Ces

publications, pour une partie d‟entre elles, ont un lien avec la Saint Barthélemy, et se veulent

des pièces à charge dans le procès qui lui est fait. Ainsi, Paulin Paris pense apporter la preuve que le roi avait prévu le massacre à travers sa correspondance avec le gouverneur de Lyon,

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dans la Correspondance du roi Charles IX et du sieur de Mandelot, (1830), tandis que Phi-lippe Tamizey de Larroque tente de réhabiliter un peu la mémoire de ce prince en publiant 2 lettres dans la Revue des questions historiques (octobre 1867). Les publications sont plus rares au XXe siècle, mais elles se poursuivent tout de même jusqu‟à une date récente : quelques

pièces inédites figurent notamment dans le Bulletin de la Société des Lettres et Sciences du Saumurois en 1999.

Au-delà de cette dissémination, Charles IX nous pose un problème particulier : la pro-portion de lettres par secrétaire dans le corpus publié est très élevée, d‟autant que son règne débute pendant sa minorité. ζous n‟avons pas pu prendre en compte, dans le cadre de cette

étude, celles qui ont été écrites au début des années 1560. Même parmi les lettres envoyées

par le roi à l‟âge adulte, bien peu sont susceptibles d‟émaner directement de sa plume. δa

cor-respondance avec Brantôme en est un exemple : dans cette série de lettres de 1574, il n‟y en a

pas une seule qui ne soit contresignée par un secrétaire d‟État, le plus souvent Fizes. De plus,

elles sont accompagnées de lettres de la reine mère indiquant à Brantôme que le roi lui écrit, contresignées par le même secrétaire.

On pourrait être tenté de dire, pour ce personnage comme pour quelques autres, que l‟on

trouve ses lettres à la fois partout et nulle part : partout, car elles sont présentes dans des re-cueils de sources historiques et dans des revues, mais nulle part, car ce sont en général des lettres qui émanent non de lui-même mais de sa chancellerie. Signalons pourtant dans les Pièces fugitives pour servir à l’histoire de France (1759) une lettre à Mme de Crussol,

du-chesse d‟Uzès, qui commence par les mots « Ma vieille lanterne » et continue sur un ton

ba-din, à la façon des « poulets » de Henri III : sans aucun doute celle-ci n‟est pas l‟œuvre d‟un

secrétaire.

Charles IX est par ailleurs l‟un des rares souverains à avoir laissé d‟autres types d‟écrits.

Son traité de chasse a été édité déjà six fois depuis 1625, sans doute à titre de curiosité et pour son exploitation possible comme « bel objet » : la dernière édition, De la chasse royale (1945), est en effet illustrée de gravures sur bois. Ses rares vers à Ronsard ont été reproduits dans l‟édition des œuvres de ce poète fournie par Prosper Blanchemain en 1855, et dans le

premier tome de ses Œuvres complètes de l‟édition Pléiade de Jean Céard, Daniel εénager et Michel Simonin (1993).

La bibliothèque de Richelieu conserve plusieurs centaines de lettres de Charles IX, dont la plus grande partie demeure inédite.

77 B) Louis XII (plus de 80 lettres)

Le « Père du peuple » a été l‟un des premiers à voir une partie de sa correspondance

édi-tée. Tout commence en 1617, avec 11 lettres de celui qui n‟est alors que duc d‟ηrléans, don-nées dans l‟Histoire de Charles VIII, par Guillaume de Jaligny. Parmi elles, la série de 6

bil-lets écrits dans l‟urgence au duc de Bourbon, Pierre de Beaujeu, et à sa femme, au moment où

il se trouve assiégé à Ast en 1495, offre la garantie de la spontanéité. Les éditeurs du XVIIe siècle ne se sont toutefois pas souciés de retranscrire l‟orthographe du roi. εalheureusement,

la suite des publications est décevante.

En 1712, paraissent les quatre volumes de Jean Godefroy, Lettres du roi Louis XII et du cardinal d’Amboise, 1501-1514. Le titre prometteur se révèle trompeur μ il n‟y a en tout et pour tout que 17 lettres du roi dans ce recueil, et aucune n‟est adressée au cardinal d‟Amboise, son bras droit. Il s‟agit en fait d‟une correspondance diplomatique, dirigée

uni-quement vers des ambassadeurs et des souverains étrangers, en particulier vers Marguerite

d‟Autriche.

On trouve ensuite une douzaine de missives du roi dans les Documents historiques iné-dits publiés par Aimé Champollion-Figeac, dans les tomes I (1841) et IV (1848). Il s‟agit là

encore de courriers très officiels, adressés à la ville de Florence et à des cantons suisses, qui commencent par la formule « de par le roi » et sont contresignées par un secrétaire. Même déception du côté des lettres reproduites par Le Roux de Lincy dans les pièces justificatives de la Vie de la reine Anne de Bretagne (1860), qui ne comptent guère que 3 billets

auto-graphes du roi, adressées à Ferdinand roi d‟Espagne. En revanche, 3 lettres inédites au duc de

Bourbon, écrites pendant le siège d‟Ast en avril 15λ5 paraissent dans le compte rendu des

Deux années de mission à Saint-Petersbourg d‟Hector de la Ferrière (1867), et viennent

com-pléter la série connue depuis 1617.

La dernière décennie du XIXe siècle n‟apporte rien de mieux quant à la correspondance

personnelle du roi, malgré les quatre publications de Léon-Gabriel Pélissier (Mélanges d’Archéologie et d’Histoire, 1891 ; Les sources milanaises de l'histoire de Louis XII, 1892 ; Bulletin du comité des travaux historiques et scientifiques, 1893 ; Louis XII et Lodivic Sforza, 1896). δ‟exploration des archives italiennes a permis de faire connaître essentiellement des

ordonnances, des lettres en latin, des lettres par secrétaire, bref, uniquement une correspon-dance très officielle.

Il faut ensuite attendre un siècle pour que soient reprises les recherches sur les docu-ments relatifs à Louis XII. En 1996, France Thouvenot propose à la Société d’émulation de l’arrondissement de Montargis une « Lettre de Louis XII à la mère de Gaston de Foix tombé

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sur le champ de bataille en 1512 ». Hélas, le texte en est modernisé, jusqu‟aux tournures syn-taxiques qui n‟ont plus rien à voir avec la langue du XVIe

siècle, et les références du manus-crit ne sont pas citées ! Il nous a été impossible de retrouver la source de cette lettre. En 1999 paraissent encore deux petites livraisons d‟inédits, l‟une tirée des fonds d‟archives berruyers (dans l‟Annuaire-bulletin de la Société de l’Histoire de France) et l‟autre mêlant des textes de

divers souverains aux seigneurs de Montsoreau (Société des Lettres et Sciences du Saumu-rois). Mais les premières sont encore des lettres par secrétaires adressées à des communautés, et les secondes, en fait, avaient été publiées en 1896 dans La Province du Maine45. Nous dis-posons donc de plus de 80 lettres publiées, mais moins du quart sont autographes.

Il existe pourtant de nombreux originaux dans les seuls fonds de la Bibliothèque natio-nale de France : nous avons répertorié environ 200 inédits.