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Chapitre I : L’art épistolaire à la Renaissance

A) Les manuels

Naturellement, les secrétaires français ont ressenti le besoin de constituer des formu-laires en langue vernaculaire, et de théoriser quelque peu leurs pratiques25. Georges Tessier constate néanmoins à cet égard que la chancellerie française à la fin du Moyen Âge se trouve en retard par rapport à celle des autres pays26.

1) La décadence des formulaires

Jusque vers 1370, les recueils de formules restent très rudimentaires, donnant parfois plus de détails sur le tarif des lettres que sur leur contenu. En 1427, un notaire et secrétaire du roi, Odart Morschene, rédige un formulaire qui marque un progrès très net sur les précédents,

en raison des commentaires et gloses dont il l‟enrichit, et de la variété des formules qu‟il ré-pertorie. Toutefois, l‟amélioration s‟arrête là : les formulaires suivants se contentent en effet

de se calquer sur lui. On retrouve les divisions de son recueil dans le formulaire classique des lettres royaux27 imprimé au XVIe siècle sous le titre : Le Grand Stille et prothocolle de la Chancellerie de France dont les nombreuses éditions attestent le succès. Cet ouvrage, ainsi

25 « Presque inaperçus dans les œuvres passées à la postérité, les secrétaires ont, cependant, composé quelques écrits d‟un caractère théorique sur la chancellerie. Tantôt ils ont reproduits ou complétés d‟anciennes

inscrip-tions, tantôt ils ont procédé à la rédaction des usages suivis à leur époque. Ces écrits figurent soit dans leurs

formulaires, soit dans les recueils manuscrits qu‟ils faisaient exécuter pour garder le texte des privilèges

accor-dés à leur confrérie, soit encore dans les grandes séries de copies entreprises sous la direction de personnages comme Séguier ou Achille de Harlay », explique Hélène Michaud. (La Grande chancellerie et les écritures royales au XVIe siècle (1515-1589), Paris, Presses Universitaires de France, 1967, Introduction, p. 7).

26 Georges Tessier, « Les formulaires de la chancellerie royale française », Diplomatique royale française, Paris, A. et J. Picard, 1962, p. 266.

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On appelle « lettres royaux » les lettres émanées du roi, scellées du grand ou petit sceau, signées « De par le roi et son conseil ». δ‟expression s‟oppose à « lettres missives ».

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que Le prothocole des notaires28, sont souvent accompagnés du Guidon des secrétaires et manières de rescrire lettres missives.

Le Guidon des secrétaires donne vingt-huit lettres modèles, en majorité des lettres du roi au pape, à des princes étrangers, ou à des prélats, mais aussi quelques lettres d‟un ami à un autre, ou d‟un sujet à son prince. δ‟ordre dans lequel elles se succèdent ne semble révéler

aucun principe organisateur. Les lettres-types du roi sont uniquement à la première personne du pluriel (« nous » de majesté) et toutes les lettres aux inférieurs commencent par « notre aimé et féal ». Certaines sont données en entier, d‟autres ne présentent que la salutation et,

pour le reste, des commentaires introduits par « nota ». En voici un exemple :

Nota que le roy ne dit a nul archevesque ou evesque de ce royaume reverend / Mais dit nostre amé et féal et leur prie et mande, neantmoins il fault en recommandation de benefice qui les prie et ne mande pas et dit donne. Et escript en parchemin et en queue, et ne dit point nostre seigneur soit garde de vous et

ne signe point se ce n‟est en recommandation de benefices, et dit conseiller, car de leur ordinaire tout

pré-lat de ce royaume sont conseiller du roi29.

Pour les exemples de lettres du roi, nous avons donc affaire à des lettres closes, caracté-risées par un protocole plus lourd que celui des lettres missives30, et qui ne peuvent intéresser que les secrétaires de métier. De plus, la reprise incessante du Grand Stille, qui ne tient pas

compte de l‟évolution des pratiques, aboutit à créer un décalage entre elles et des normes

de-venues désuètes : « δe traité de εorschene, qui, de par son autorité même, n‟est pas négli-geable, offre, en fait, peu de ressources pour l‟étude des lettres royaux expédiées au cours du

XVIe siècle, tant celles de ses affirmations qui peuvent être contrôlées apparaissent péri-mées », affirme Hélène Michaud31. C‟est seulement dans les années 1580 que des formulaires

vraiment nouveaux voient le jour. Pour le dire brièvement, le formulaire est alors un genre

décadent. Si la chancellerie a été à l‟origine de l‟élaboration d‟une nouvelle rhétorique

épisto-laire au Moyen Âge, en revanche, à la Renaissance, elle laisse les innovations à des manuels français davantage inspirés des théoriciens latins du XVe siècle.

28ζous avons consulté l‟édition suivante : Le prothocolle des notaires, tabellions, greffiers et sergents,

conte-nant la forme et manière de faire tous contrats, actes de justice, commissions et rapports de sergents à cheval et à verge, inventaires, comptes, demandes et autres choses singulières, nouvellement imprimé, auquel est ajouté le Guidon des secrétaires et manières de rescrire lettres missives. Ed. Galiot du Pré, 1528. Mais on le trouve publié dès 1517.

29

Le Guidon des secrétaires, op. cit., feuillet CCLII verso.

30 Hélène Michaud propose la distinction suivante : « C‟est par leur formulaire simplifié que ces lettres dites

lettres missives, se sont distinguées dans la série plus large des lettres closes. A la différence de ces dernières aussi, elles gardent, dans tous les cas, un caractère personnel et ne sont jamais destinées à la diffusion » (La Grande chancellerie, op. cit., p. 230).

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2) Les manuels français : valorisation du style familier

Guy Gueudet a établi que « les mêmes traités de la fin du XVe siècle, qui ont préparé et parfois influencé l‟épanouissement de la théorie épistolaire latine à l‟époque d‟Erasme, ont été

également utilisés par les premiers auteurs qui réglementèrent l‟art de l‟épître dans la langue

nationale32 ». δe premier d‟entre eux est Pierre δefèvre, dit Fabri, dont Le grand et vrai art de

pleine rhétorique a été édité de façon posthume en 1521. δ‟ouvrage, de portée très large,

comprend un chapitre consacré aux épîtres et un autre aux missives, sans que soit nettement précisé ce qui les distingue, mis à part que la lettre missive doit être brève. Il se montre encore

l‟héritier des artes dictaminis à travers une attention soigneuse portée aux salutations,

suscrip-tions et superscripsuscrip-tions, et reprend l‟assimilation des trois parties de la lettre à un syllogisme :

« Toute epistre est partie en trois, comme ung argument qui est de maieur, mineur et de con-clusion, que les orateurs disent la cause, l‟intention et la conséquence33

». Mais il se démarque des dictatores en considérant que ces trois parties peuvent être placées dans n‟importe quel ordre. De même, quand il édicte les étapes d‟une demande en bonne et due forme (démontrer que la demande est justifiée, qu‟il est possible de la satisfaire, et fixer une rémunération), il ajoute aussitôt que l‟on n‟est pas obligé de mentionner chacune de ces choses dans toutes les

lettres missives34.

Sa distinction des trois styles repose de manière très traditionnelle sur la position sociale du scripteur par rapport à son destinataire : on écrira « en ensuyvant la doctrine de haulte, basse et moyenne substance ia declarée au premier livre. Aussi est-il trois manieres de gens a

qui l‟en rescript μ ou c‟est a plus grand que soy, ou egal, ou a moindre35

». Pourtant, au-delà de cette répartition rebattue, on décèle une possible attention portée à la personnalité propre du correspondant : à ceux qui ne prennent pas plaisir à recevoir des lettres, on doit écrire

briè-vement, tandis qu‟on adressera des lettres élégantes et ornées à ceux qui aiment les lire36

.

No-tons aussi qu‟il n‟y a pas de normes dans l‟échange amical μ « Se l‟en rescript a son amy, l‟en

peult rescrire court ou long et a son plaisir, car l‟amy prend tout a plaisyr37

». Cette liberté préfigure le rejet des cérémonies qui deviendra dans les recueils de lettres familières la garan-tie de la sincérité. Il affirme en outre sa préférence pour le style « commun et familier » qu‟il

32 Guy Gueudet, L’art de la lettre humaniste, op. cit., p. 282.

33 Pierre Lefèvre, Le grand et vrai art de pleine rhétorique, Éd. A. Héron, Slatkine Reprints, Genève, 1969, p. 199. Voir ci-dessus note 6.

34

Ibid., p. 203. 35 Ibid., p. 194.

36 « Il est plusieurs gens qui de leur condition n‟en prennet a plaisir chose que l‟en leur rescripve, tant soit

joyeuse ν et a ceulx la sommairement et brief l‟en doibt rescripre. δes aultres sont ioyeuses de lire lettres, et a ceulx la l‟en doibt rescipre elegantement et tresaorneement ». Ibid., p. 204-205.

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présente comme un juste milieu : « Et soyez certains que le plus beau langaige qui soit cest le commun et familier qui nest de haultz termes trop scabreux et escumez du latin, ou de bas termes barbares, ou ne sont cogneuz que en ung lieu38 ». Un autre manuel, le Style et Manière de composer, dicter et escrire toute sorte d’Epistres ou lettres missives39

, place également le

style familier entre le bas et le grave, mais il va plus loin, recommandant de s‟en tenir partout

à ce moyen terme, susceptible de convenir en toutes circonstances. Cela implique donc que

l‟on puisse user de ce style avec des destinataires qui ne sont pas des familiers.

Étienne du Tronchet, auteur d‟un recueil modèle de deux cent quarante-neuf lettres,

inti-tulé Finances et thresor de la Plume françoise (1572), reprend, dans son introduction, la ré-partition classique des styles en fonction des destinataires et des matières traitées. Le style

élevé, qu‟il appelle « souverain », servira aux « lettres d‟affaires d‟Estat, de Princes et

Poten-tatz, qui sont personnes importantes et qui n‟escrivent guieres que de matieres graves40

». Il leur adjoint les édits, les promulgations de lois, les lettres de chancellerie, les instructions des ambassadeurs. La lettre « de compliment » qui représente un niveau de style intermédiaire, doit être consacrée à des sujets « de moyenne qualité » entre « personnes signalées et de quelque respect ». Enfin, le style familier est propre aux affaires « ordinaires et domes-tiques », « quand un Maistre escrit a son serviteur, un Mary a sa femme, un Pere a ses enfans, un homme de basse condition a un autre, ou un grand pour matiere de basse qualité ». Toute-fois, il ne se tient pas de manière rigide à cette règle μ d‟une part, le style familier pourrait être

très bien employé dans toutes sortes d‟écrits (« discours, dialogues et semblables choses ») parce qu‟il est propre à donner quelque enseignement, et d‟autre part, l‟épistolier talentueux doit être capable d‟éviter les fautes de goût, en mêlant « dextrement quelque traict parmy l‟un et parmy l‟autre qui vous face juger par une seule manière d‟escrire capable de toutes les

trois ». Il adopte donc finalement l‟apte dicere erasmien.

δes principaux manuels d‟art épistolaire en français, parce qu‟ils sont des synthèses d‟emprunts faits à des ouvrages antérieurs, présentent globalement une théorie un peu floue.

Le mélange des deux influences qu‟ils tentent de concilier (l‟influence médiévale, qui induit l‟usage des différents styles en fonction de la classe sociale des destinataires, et l‟influence

latine, qui associe le genre épistolaire au « sermo », style conversationnel) conduit à une

38

Ibid., p. 205.

39 La première édition de ce texte date vraisemblablement de 1553. Il reprend les considérations de Fabri. Pour avoir la liste des éditions connues du Stile et Maniere, on se reportera à Guy Gueudet, « Archéologie d‟un

genre : les premiers manuels français d‟art épistolaire », op. cit., p. 88-89.

40

Étienne Du Tronchet, Finances et Thresor de la plume françoise¸ Paris, Nicolas du Chemin, 1572. Cette

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taine indétermination concernant le style familier, dont l‟usage, qui tend à se généraliser en théorie, est laissé à l‟appréciation de l‟épistolier. δa variété des situations d‟énonciation et des

matières traitées montre bien que ces recueils ont peu de choses en commun avec des formu-laires destinés à la formation des secrétaires de chancellerie. A priori, on voit mal quel rapport il pourrait y avoir entre les pratiques hypercodifiées de ces derniers et l‟émergence de la lettre familière, qui vient de l‟épistolographie humaniste, et sans doute aussi des pratiques sociales,

mais nullement des écritures officielles. Pourtant, la figure du secrétaire reste présente à

l‟esprit des auteurs de manuels ν si, au départ, elle n‟est mentionnée que pour mieux être

écar-tée, elle finira, au siècle suivant, par avoir une place prépondérante, jusque dans les titres de ces ouvrages. Nous voudrions essayer de saisir l‟évolution de cette figure, et ce qu‟elle

im-plique en termes de déplacement des valeurs rhétoriques.

3) La place des secrétaires dans les manuels : une exclusion paradoxale

δes auteurs de manuels d‟art épistolaire, en latin comme en français, n‟écrivent pas pour

les secrétaires. Dans le De conscribendis epistolis, Erasme affirme (avec une pointe de con-descendance peut-être) qu‟il ne peut rien pour ceux « dont la plume n‟est pas libre » :

Mais tandis que je me précipite dans une autre direction, je suis rappelé en vol, pour ainsi dire, et je me fais tirer les oreilles par une horde de secrétaires qui sont chargés de la correspondance des princes. « Et nous, disent-il, nous ne sommes pas dignes d‟être mentionnés, comme les mégariens ? » La vérité est qu‟il serait difficile de donner une direction à ceux dont la plume n‟est pas libre. De même que εartial dit qu‟un cuisinier devrait avoir le palais de son maître, de même ils sont obligés de s‟incliner devant les

ca-prices des princes. Je leur donnerai seulement en passant ce conseil de rechercher en toute occasion un

empressement éclairé, un langage clair et de garder en particulier à l‟esprit les bienséances. Cela n‟a pas

de rapport avec leur propre inclination mais avec la « fortune » et le caractère de ceux au nom desquels ils écrivent41.

δ‟argument semble spécieux, dans une certaine mesure : Erasme conseille en effet par

ailleurs d‟écrire des lettres fictives pour s‟entraîner, mais qu‟est-ce qu‟être secrétaire, sinon écrire à la place d‟autrui comme on le fait pour répondre à un sujet d‟exercice ? Il nous semble que la remarque de l‟humaniste montre davantage son mépris pour ceux qui ne peu-vent, en raison de leur profession, accéder à l‟infinie liberté de la lettre, qu‟elle ne révèle une

incompatibilité fondamentale entre sa méthode d‟apprentissage et la formation d‟un

secré-taire.

41 « Sed ecce properanten alio, me velut e cursu revocat, auremque vellicat secretariorum chorus, qui principibus sunt ab epistolis. Itane nostri, inquiunt, ὥ π ῶ γ έω οὐ ἱ όγο ; Verum his difficile sit aliquid

praescribere, quorum calamus liber non est. Sed quemadmodum praecipit Martialis, ut coquus habeat gulam domini, itidem isti coguntur affectui principum servire ; quod illud tantum obiter admonebo, ut ubique doctam sermonis facilitatem, ac perspicuitatem sectentur, ac decori cum primis meminerint. Id metiendum erit, non ab ipsorum animo, sed ab eorum fortuna, moribusque, quorum nomine scribunt ». Erasme, De Conscribendis epistolis, Éd. Jean-Claude Margolin, Opera omnia Desiderii Erasmi Roterodami, North Holland Publishing Company, Amsterdam, 1971, Ordinis primi, t. II, p.314-315.

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Pierre Fabri ne prétend pas non plus s‟aventurer sur le terrain de ceux que l‟on pourrait

appeler les « professionnels » : « Je laisse les usages de la chancellerie, des tabellions, gref-fiers et notaires qui font leurs intitulations selon la noblesse de leur entendement et des cous-tumes localles ou ils escripvent42 ». Sans reculer, pourtant, devant la contradiction, il garde

pour la fin quatre types de lettres qu‟un prince peut écrire à un inférieur, illustrées par cinq

exemples. Il précise cette fois-ci : « Et touche ceste manière cy de rescripre aux secrétaires,

tabellions, notaires et greffiers, lesquelz, combien qu‟ilz ayent leur formulaire et stille de

pro-ceder, si en convient-il parler quelque pou en general43». En réalité, ces lettres n‟émanent pas d‟un quelconque formulaire de chancellerie qui garantirait leur authenticité ou leur réalisme : elles sont tout bonnement tirées d‟un manuel latin de Franciscus ζiger44

.

À y regarder de plus près, ces cinq exemples de missives royales apparaissent comme un ensemble peu cohérent et peu vraisemblable. Tout d‟abord, des lettres remplissant la même

fonction sont tantôt séparées et tantôt rassemblées dans la même catégorie45. Ensuite, les salu-tations sont celles qui conviennent à des lettres patentes (« Augustin, par la grace de Dieu, duc

de Venise, de… etc. », « Frederic par grace divine empereur des Rommains », etc.46

) alors

qu‟elles sont bien présentées comme des missives. Enfin, le jeu des pronoms personnels

semble quelque peu aléatoire : les exemples font alterner la première personne du singulier et le « nous » de majesté, sans qu‟on puisse y trouver une raison, et les destinataires sont systé-matiquement tutoyés, ce qui n‟est jamais le cas dans les vraies lettres des princes à leurs

infé-rieurs. Mais pour cette dernière bizarrerie, il existe une explication donnée par Guy Gueudet : Les quattrocentistes avaient fini par imposer le retour, en latin, au tutoiement cicéronien et Niger le confirmait par ses exemples ; aussi, tout en reconnaissant que " la manière de Françoys n‟est point de par-ler par toy l‟ung a l‟autre ", Fabri décide-t-il de suivre l‟usage de son modèle47.

42 Pierre Fabri, Le grand et vrai art de pleine rhétorique, op. cit., p. 196. 43 Ibid., p. 285.

44

Ibid., p. 284. Guy Gueudet note à ce propos que Fabri les a déplacées : tandis que la structure de Niger mettait

l‟accent sur l‟opposition entre les « lettres simples » (n‟abordant qu‟un seul sujet) et les « lettres mêlées »,

cette opposition se fait, chez Fabri, entre celles « qui se font des moindres aux greigneurs [plus grands] et de egaulx a leurs amys et compaignons » et « l‟aultre manière de lettres missives royalles », autrement dit, entre

les lettres écrites par le commun des épistoliers, et celles qui émanent des professionnels de la correspondance officielle.

45 Les deux premières lettres portent des noms différents (« lettre de foy » et « lettre de familiarité ») alors

qu‟elles ont le même objet : recommander un tiers au destinataire. La seule différence entre les deux est que,

dans le second cas, ce tiers est un « familier » du prince ; mais ni le plan ni le style ne semblent en être affec-tés. Au contraire, la catégorie suivante (« lettres missives édictives ») contient deux types de lettres : les inter-dictions (« lettres missives inhibitores ou commandement de deffense ») sont distinctes des résolutions prises sur des sujets comme la paix ou la guerre. Enfin, la « lettre promotive » serait consacrée à l‟annonce de l‟obtention d‟un bénéfice ou d‟un office à l‟intéressé. Pierre Fabri, Le grand et vrai art de pleine rhétorique,

op. cit., p. 285-293.

46 Selon les normes de la chancellerie française, les lettres patentes débutent par la suscription traditionnelle : « ζ… par la grâce de Dieu roi de France », susceptible éventuellement d‟additions. (Hélène εichaud, La

Grande chancellerie, op. cit., p. 212).

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Les lettres que Fabri nous propose sont donc des adaptations du latin, et non le reflet

d‟une pratique réelle : dans ce cas, quelle peut bien être la valeur de ces exemples ? On pour-rait invoquer l‟imitation servile de son modèle, mais cette imitation n‟est pas si servile,

puisque notre auteur a pris la liberté de les ordonner autrement et de les rassembler en fin de chapitre. Faut-il penser qu‟elles ont une fonction pour ainsi dire « décorative » ? Nous ne sommes pas loin de le croire. ζous formulerions volontiers l‟hypothèse que ces lettres par

secrétaires viennent augmenter la variété des missives, et que, bien qu‟il ne veuille pas